Ce tome fait suite à The horned God. Il contient les épisodes parus dans les numéros (progs) de "2000 AD" suivants : annuel 1992, 850 à 859, 889 à 896, "Poster prog" et "Sláine gaming book", initialement parus entre 1991 et 1994. le tome suivant est Lord of Misrule.
-
- High King (9 pages, peintes par
Glenn Fabry) - En tant que Haut Roi, Sláine assiste au sacrifice rituel à l'occasion de la fête des morts.
Après les affrontements narrés dans "Horned God", le temps de la paix est venu. Sláine a du mal à supporter ce manque de stimulation et d'antagonisme.
Pat Mills le montre comme un individu brutal et hargneux, s'en prenant aux participants du sacrifice qui font de leur mieux pour ne pas attiser son courroux. À nouveau, Mills dresse le portrait d'un grand gaillard viril et belliqueux, pas vraiment sympathique. Il incorpore quelques effets comiques réussis, sur la base d'un rituel celte qui rappelle toute la distance qui existe entre les valeurs de cette civilisation et la morale chrétienne.
Glenn Fabry réalise des planches superbes, en utilisant exclusivement des camaïeux de gris, couleur à l'opposé du sentiment de sérénité accompagnant la paix, mais traduisant la morosité de Sláine. 5 étoiles.
-
- Jealousy of Niamh (12 pages, peintes par
Greg Staples) - Sláine profite également du temps de paix pour aller compter fleurette à la déesse mère Danu, dans le Chaudron de Sang, et pour remplir ses devoirs de Haut Roi en déflorant toutes les nouvelles épouses. Niamh finit par prendre ombrage de ces occupations.
Toujours sur un ton primesautier,
Pat Mills raconte une nouvelle histoire courte, toute en ironie douce amère et en second degré, drôle et émouvante.
Greg Staples réalise des planches mariant les couleurs franches de
Simon Bisley, et les formes de
Glenn Fabry, pour un résultat qui ne dépare pas, sans avoir la fougue de Bisley. 5 étoiles.
-
- Demon killer (48 pages, peintes par
Glenn Fabry, et
Dermot Power pour les 6 dernières pages) - Ukko continue d'écrire la biographie de Sláine. Au bout de 7 ans en tant que Haut Roi, le temps de sa mise à mort rituelle vint, et ce fut la fin de sa vie et de ses aventures. Sous l'emprise d'un torque de vérité, Ukko doit se résigner à poursuivre son oeuvre et écrire la vérité. Sláine est transporté avec Ukko au premier siècle où il se bat aux côtés de la reine celte Boadicée (30 - 61) et de son peuple, contre l'occupant romain, sous l'autorité du procurateur Catus Decianus. - Queen of witches (48 pages, peintes par
Dermot Power) - Toujours au premier siècle aux côtés de Boadicée, Sláine participe à la bataille contre Suetonius Paulinus, dans la plaine de Mancetter.
À nouveau,
Pat Mills envoie son héros et son faire valoir dans les couloirs du temps pour changer d'époque. Par opposition aux récits de science-fiction des tomes 2 et 3, cette fois-ci, Sláine se retrouve le garant et le protecteur de la culture celte, alors que celle-ci est menacée par l'impérialisme et le colonialisme romain. Mills s'inspire de l'histoire réelle de la reine Boadicée (y compris du viol de ses filles) pour mettre en scène la culture celte, avec respect et fidélité, dans ce qu'elle peut avoir d'étrange, de farouche et de cruel. Il se fait un plaisir de mettre en scène la vengeance de la reine, jusqu'au millier de cadavres charriés par la Tamise. Sláine a pu emmener Brainbiter (sa hache préférée, aux dimensions démesurées) et il s'en sert avec largesse, Ukko est toujours à l'affut de la bonne affaire. Les batailles sont l'occasion de carnages sans pitié. Mills intègre plusieurs pratiques réelles, telles que la formation en tortue de la légion romaine, où le bucher en forme de géant d'osier (Wicker Man) réservé aux traîtres.
Pat Mills s'appuie sur la réalité historique pour une narration chronologique bien posée. Il prend le temps de mettre en valeur des spécificités des pratiques celtes, dans ce qu'elles peuvent avoir de libertaire, mais aussi de barbare (la lapidation de soldats romains, ou la mise à mort rituelle du chef). Comme à son habitude, il déforme certains aspects pour les faire coïncider avec son parti pris narratif, parfois avec talent (la profanation du nombril de la Bretagne), parfois avec maladresse (le retour d'Elfric, un ennemi surnaturel trop simpliste). Il joue également avec l'écoulement du temps pour s'attarder sur les passages qui l'inspirent, au détriment de ceux qu'il juge répétitifs, aboutissant à des ellipses plus ou moins digestes.
Glenn Fabry et
Dermot Power collent à l'identité visuelle définie par
Simon Bisley dans "Horned God", en particulier l'usage de la peinture (huile ou acrylique) et l'usage des couleurs pour accentuer une ambiance, tirer l'atmosphère d'une scène vers l'abstraction ou le conceptuel. Ils sont aussi à l'aise dans les cases descriptives (l'assemblée de la reine Boadicée, la couche funéraire de Boadicée et Sláine), que dans la mise en scène de bataille, ou les exagérations propres à la série (les spasmes de déformation de Sláine, l'apparence démoniaque d'Elfric, l'apparition de Crom-Cruach).
La capacité de visualisation de Fabry et Power est mise à forte contribution par le scénario qui exige de montrer la couronne de bougies de Boadicée, les grimaces d'Ukko, le corps généreux de Danu (quelles fesses !), un bras tenant une épée sortant de l'eau (l'évocation de la Dame du Lac et d'Excalibur), la sauvagerie de Sláine au combat, la formation en tortue de la neuvième légion, la formation géologique constituant le nombril de la déesse, etc. Les 2 peintres doivent à chaque fois composer des images qui relèvent soit de la description réaliste, soit de l'évocation de représentation relevant plus de la sphère spirituelle, ce dont ils s'acquittent avec talent, sans tomber dans le ridicule, sans créer de hiatus d'un mode de vision à l'autre.
À l'évidence,
Pat Mills ne retrouve pas l'alchimie de "Horned God", ni la symbiose exceptionnelle réalisée avec
Simon Bisley. de ce point de vue, cette histoire est un cran en dessous. Toutefois il ne se contente pas d'une redite, ou d'une variation facile sur la précédente histoire. Il continue d'aller de l'avant en mettant en scène la culture celte par le biais de Sláine, dans un contexte historique (la révolte menée par la reine Boadicée). Il amalgame avec dextérité son héros, la réalité historique, le souffle de l'épopée, l'évocation de pratiques révolues, et un humour pas toujours très léger, mais souvent original (difficile de résister à la participation du collecteur d'excréments, profession qui revient également dans Defoe).
Glenn Fabry et
Dermot Power ne font pas montre de la même fougue échevelée que
Simon Bisley, mais ils réussissent à respecter l'identité graphique qu'il a établie, sans la copier servilement, et en donnant une apparence cohérente aux scènes hétéroclites imaginées par
Pat Mills.
-
- Return of the High King (6 pages, peintes par
Dermot Power) - Sláine et Ukko émergent au moyen-âge et discutent avec un moine qui leur indique qu'ils sont morts il y a plusieurs milliers d'années et que seule la légende de Sláine et Niamh lui est parvenu. Il s'en suit un échange de point de vue entre le moine et Sláine sur les tenants du dogme chrétien appliqués par l'église.
À nouveau
Pat Mills s'amuse à faire réagir Sláine sur un dogme dont il estime qu'il contraint trop ses fidèles. le dialogue est enlevé et il fustige plus la religion organisée que le dogme en lui-même. Comme d'habitude, Ukko sert de ressort comique, en s'intéressant de près au crucifix en or du moine.
Dermot Power s'inspire toujours fortement de l'esthétisme initié par Bisley, avec un usage de couleurs saturées très pertinent. 4 étoiles.
-
- Cauldron of blood (19 pages en noir & blanc, dessinées et encrée par
David Lloyd) - Il s'agit d'une "histoire dont vous êtes le héros", avec tirage de dé pour déterminer l'issue des combats, et choix de case à laquelle se rendre. Les dessins de
David Lloyd sont plus descriptifs que son style habituel, avec un manque de finesse dans l'encrage. L'histoire est assez linéaire. 2 étoiles.