Dans la forêt de Rambouillet, La Bête a encore sévi. Une septième jeune femme blonde aux cheveux raides vient d'être pendue et éventrée. le mode opératoire du tueur est toujours le même.
La police est sur le pied de guerre mais ne trouve aucun indice pour coincer le monstre.
Le capitaine Sandrine Wermer est détachée de Paris dans les Yvelines pour prêter main forte au capitaine Marc Desprées.
Pendant ce temps un écrivain de cinquante ans Grégoire Mercier, recherche désespérément la femme de sa vie.
Il a vécu une belle histoire d'amour très forte avec Aurore, également auteure.
Grégoire a même quitté la Provence pour s'installer à Paris et être plus près de sa belle.
Aurore devait revenir vers lui à la fin de ses vacances qu'elle a passées en compagnie de sa fille et de l'homme avec qui elle vivait et qui désormais lui mène une vie d'enfer afin qu'elle reste avec lui.
L'attente d'un SMS, d'un coup de fil le ronge et il la bombarde de textos.
Finalement Grégoire reçoit un e-mail où Aurore le plaque purement et simplement.
A son inquiétude s'ajoute le pourquoi.
Il s'entête à penser et à dire que la jeune femme l'aimait.
Je ne sais pourquoi j'ai fini par en douter fortement.
Quelque part ce livre est très déstabilisant car
l'auteur avertit ses lecteurs dès le début que ses mots sont pour "Elle" et qu'il mêle fiction, réalité et des bribes de sa propre vie. Alors c'est presque gênant de se permettre de faire une critique car automatiquement on émet un jugement.
Tant pis, je me lance. le récit de l'histoire d'amour ne m'a pas dérangée au début, et je précise bien au début seulement car c'est une jolie love story comme il en existe beaucoup.
Quand Aurore le plaque cet homme devient l'ombre de lui-même. Il se lève Aurore, il pense Aurore, il survit Aurore. Aurore est partout. Aurore est omniprésente. Et ç'en est lassant de voir Grégoire pleurer, se lamenter en permanence sur son amour perdu.
Il va s'en rendre fou jusqu'à tomber dans l'anorexie et devenir un zombie errant dans l'unique but de la retrouver.
Aurore, son obsession de tous les moments. A chaque seconde que son coeur bat encore il bat pour Aurore.
En bref Grégoire a fini par me lasser et à m'irriter fortement. J'aurais voulu le baffer pour qu'il agisse en adulte et non pas en homme immature.
Je sais qu'en amour chaque personne va réagir différemment mais Grégoire en devient lourd à bombarder la femme qu'il aime de messages, d'appels sans réponse, et de passer des heures dans sa voiture à épier devant chez elle et sur son lieu de travail.
Quant à la partie thriller avec la Bête, eh bien elle est passionnante mais dommage car elle n'occupe même pas la moitié du livre.
D'ailleurs l'enquête piétine, elle en est au point mort.
Ça m'a révoltée aussi de voir combien des flics peuvent manquer à ce point d'imagination pour essayer de traquer un tueur en série schizophrène.
Sept victimes sont massacrées et étripées et que fait la police? Pas grand chose...
Il aurait fallu employer les grands moyens et commencer par interdire aux femmes ciblées de faire de la randonnée ou du footing sur le territoire de la Bête.
Je trouve bizarre aussi qu'il n'y ait pas eu plus de tapage médiatique et qu'autant de jolies blondes se baladent dans la forêt sans avoir peur. Je sais que personnellement j'aurais été terrifiée.
Sandrine et Marc sont les seuls personnages qui m'ont été sympathiques. Même si je me demande comment une femme de caractère comme Sandrine a pu, un tant soit peu, être attirée par un homme comme Grégoire.
La jeune fliquette a les pieds sur terre, elle est dynamique et réfléchie, c'est un beau personnage.
"
L'Affaire Aurore S." est censé être le genre thriller à part entière mais il est finalement inclassable.
L'intrigue concernant la Bête est court circuitée par la disparition d'Aurore et par le récit des journées de Grégoire où il parle d'Aurore à longueur de pages, du manque et de sa souffrance en permanence. Il se morfond en lamentations et ça devient pesant car il en fait vraiment trop.
Je l'ai trouvé pessimiste et de mauvais conseil pour celui ou celle qui se retrouverait à perdre l'amour de sa vie. Je cite :
"Il savait déjà que le gouffre n'était pas loin. Il ne pourrait pas vivre sans elle et il l'affirmait d'autant mieux qu'il avait cru pendant quelque temps qu'elle était morte. Sans Aurore, la vie ne l'intéressait plus. C'était aussi simple que ça."
Quand il dit que la vie sans elle ne vaut plus la peine d'être vécue c'est limite dangereux pour les fans ou les personnes fragiles qui vont lire ce livre. Alors attention aux conséquences !
A part bien sûr si ces réflexions ne sont que des "réflexions fictives" et pas les réflexions réelles de l'auteur puisque dans ce roman il est assez ambigu. Comment détecter le vrai du faux ?
Grégoire se complaît dans la mélancolie et
s'autodétruit. Déjà il ne s'alimente plus donc perd toutes ses forces et son cerveau en souffre. Encore un point négatif.
L'amour est plus fort que tout mais pas à n'importe quel prix.
J'aime la poésie, les beaux mots et la nostalgie mais pas quand ça bascule dans un romantisme morbide avec anorexie et idées d'auto-destruction voire de suicide.
Voilà pourquoi Grégoire je n'ai pas réussi à le trouver attachant.
Trop de passages saoûlants sur sa "descente aux enfers" et ses pensées les plus intimes concernant Aurore.
Il existait d'autres moyens "d'agir" sans se laisser tomber au fond du gouffre comme il le fait.
Sinon ce roman de
Gilles Milo-Vacéri est très bien écrit et se lit rapidement.
Une lecture qui aurait pu s'avérer bien plus délectable si elle était restée uniquement dans le cadre du thriller.