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EAN : 978B001BW414M
J.-O. Fourcade (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
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CANTIQUE DU PRINTEMPS

…Maintenant, tu lèves la tête et de l’ombre des cils
Un rayon divisé
Me vient comme à travers la profondeur
De la feuillée :
Et c’est là un moyen de lire dans le cœur.
Que tu sois à ce point un songe que l’on touche...
— Écoute ! Écho a joint ses mains d’écorce sur sa bouche,
Il nous appelle. Et la forêt est vêtue de candeur.
Viens ! je veux te montrer à mes frères, mes sœurs,
Aux grenades du Sud, aux ceps de la montagne :
« Voici ma sœur, voici ma compagne,
Voici mon amour vêtu de couleurs.
Il m’a fait entrer au royaume de l’enfance :
Ma pauvre tête était au fond du fleuve obscur de la science :
Il est venu, il m’a ouvert la porte du tombeau ! »
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !
O sœur de ma pensée ! quel est donc ce mystère ?
Éclaire-moi, réveille-moi, car ce sont choses vues en songe.
Oh ! très certainement je dors.
Comme la vie est belle ! plus de mensonge, plus de remords
Et des fleurs se lèvent de terre
Qui sont comme le pardon des morts.
O mois d’amour, ô voyageur, ô jour de joie !
Sois notre hôte ; arrête-toi ;
Tu te reposeras sous notre toit.
Tes graves projets s’assoupiront au murmure ailé de l’allée.
Nous te nourrirons de pain, de miel et de lait.
Ne fuis pas.
Qu’as-tu à faire là-bas ?
N’es-tu pas bien ici ?
Nous te cacherons aux soucis.
Il y a une belle chambre secrète
Dans notre maison de repos ;
Là, les ombres vertes entrent par la fenêtre ouverte
Sur un jardin de charme, de solitude et d’eau.
Il écoute... il s’arrête...
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !

p.54-55
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Insomnie.


Je dis : ma Mère. Et c’est à vous que je pense, ô Maison !
Maison des beaux étés obscurs de mon enfance, à vous
Qui n’avez jamais grondé ma mélancolie, à vous
Qui saviez si bien me cacher aux regards cruels, ô
Complice, douce complice! Que n’ai-je rencontré
Jadis, en ma jeune saison murmurante, une fille
À l’âme étrange, ombragée et fraîche comme la vôtre,
Aux yeux transparents, amoureux de lointains de cristal,
Beaux, consolants à voir dans le demi-jour de l’été !
Ah ! j’ai respiré bien des âmes, mais nulle n’avait
Cette bonne odeur de nappe froide et de pain doré
Et de vieille fenêtre ouverte aux abeilles de juin !
Ni cette sainte voix de midi sonnant dans les fleurs !
Ah ces visages follement baisés ! ils n’étaient pas
Comme le vôtre, ô femme de jadis sur la colline !
Leurs yeux n’étaient pas la belle rosée ardente et sombre
Qui rêve en vos jardins et me regarde jusqu’au cœur
Là-bas, au paradis perdu de ma pleureuse allée
Où d’une voix voilée l’oiseau de l’enfance m’appelle,
Où l’obscurcissement du matin d’été sent la neige.
Mère, pourquoi m’avez-vous mis dans l’âme ce terrible,
Cet insatiable amour de l’homme, oh! dites, pourquoi
Ne m’avez-vous pas enveloppé de poussière tendre
Comme ces très vieux livres bruissants qui sentent le vent
Et le soleil des souvenirs et pourquoi n’ai-je pas
Vécu solitaire et sans désir sous vos plafonds bas,
Les yeux vers la fenêtre irisée où le taon, l’ami
Des jours d’enfance, sonne dans l’azur de la vieillesse ?

p.79
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Insomnie.


…Beaux jours ! limpides jours ! quand la colline était en
fleur,
Quand dans l’océan d’or de la chaleur les grandes orgues
Des ruches en travail chantaient pour les dieux du sommeil,
Quand le nuage au beau visage ténébreux versait
La fraîche pitié de son cœur sur les blés haletants
Et la pierre altérée et ma sœur la rose des ruines !
Où êtes-vous, beaux jours ? où êtes-vous, belle pleureuse,
Tranquille allée ? aujourd’hui vos troncs creux me feraient
peur
Car le jeune Amour qui savait de si belles histoires
S’est caché là, et Souvenir a attendu trente ans,
Et personne n’a appelé : Amour s’est endormi.
— Ô Maison, Maison ! pourquoi m’avez-vous laissé partir,
Pourquoi n’avez-vous pas voulu me garder, pourquoi, Mère,
Avez-vous permis, jadis, au vent menteur de l’automne,
Au feu de la longue veillée, à ces magiciens,
Ô vous qui connaissiez mon cœur, de me tenter ainsi
Avec leurs contes fous, pleins d’une odeur de vieilles îles
Et de voiliers perdus dans le grand bleu silencieux
Du temps, et de rives du Sud où des vierges attendent ?
Si sage vous saviez pourtant que les vrais voyageurs,
Ceux qui cherchent la Baie du Sincère et l’Île des Harpes
Et le Château Dormant ne reviennent jamais, jamais !
Mon cœur est tout seul dans la froide auberge et
l’insomnie
Debout dans le vieux rayon contemple mon vieux visage
Et nul, nul avant moi n’avait compris de quelles morts
Sourdes, irrémédiables sont faits ces jours de la vie !

p.79-80
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CANTIQUE DU PRINTEMPS

…Viens, suis-moi ! je connais les confins de la solitude,
La femme des ruines m’appelle de la fenêtre haute :
Vois comme sa chevelure de fleurs folles et de vent
S’est répandue sur le chéneau croulant.
Et j’entends le bourdon strié,
Vieux sonneur des jours innocents.
Le temps est venu pour nous, folle tête,
De nous parer des baies qui respirent dans l’ombre.
Le loriot chante dans l’allée la plus secrète.
Il nous attend dans la rosée de la solitude.
O beau visage sombre, long et doux,
Lampe de minuit de juillet
Allumée au profond du tulipier en fleur !
Je te regarde : toute mon âme est noyée
Dans les pleurs :
Viens, mon amour, viens, mon juillet,
Viens, ô ma nuit !
Ne me crains pas : mon cœur est la coupe de pluie
Offerte par l’orage à l’oiseau migrateur !
Il y a sur ta tempe une veine au cours calme,
Ensommeillée.
C’est ma couleuvre du foyer,
Nourrie de pain et de miel blanc de l’autre année.
Il y a dans tes yeux le secret de la nuit,
Le charme de l’eau. Comme dans la nuit, comme dans l’eau
Il y a là maint danger.
Dis-moi, ton cœur va-t-il lui aussi, lui aussi, changer ?
Tu ris ; et pour rire, ma sœur,
Tu inclines la tête, tu allonges le cou,
Cygne noir, cygne apprivoisé, cygne très beau :
Et l’épaule tombante se creuse d’un pli d’eau.
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !...

p.53
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CANTIQUE DU PRINTEMPS

Le printemps est revenu de ses lointains voyages,
Il nous apporte la paix du cœur.
Lève-toi, chère tête ! Regarde, beau visage !
La montagne est une île au milieu des vapeurs : elle a repris sa riante couleur.
O jeunesse ! ô viorne de la maison penchée !
O saison de la guêpe prodigue !
La vierge folle de l’été
Chante dans la chaleur.
Tout est confiance, charme, repos.
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !
Un grave et pur nuage est venu d’un royaume obscur.
Un silence d’amour est tombé sur l’or de midi.
L’ortie ensommeillée courbe sa tête mûre
Sous sa belle couronne de reine de Judée.
Entends-tu ? Voici l’ondée.
Elle vient… elle est tombée.
Tout le royaume de l’amour sent la fleur d’eau.
La jeune abeille,
Fille du soleil,
Vole à la découverte dans le mystère du verger ;
J’entends bêler les troupeaux ;
L’écho répond au berger.
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !...

p.51
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Videos de Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz
O. V. de MILOSZ – Le chant du feu nocturne (France Culture, 2002) Émission "Surpris par la nuit" diffusée, le 6 mars 2002, sur France Culture. Jean Pietri, accompagné des lectures réalisées par Emmanuel Lemire, s'entretenait avec Alexandra Charbonnier, Jean Bellemin-Noël, Jean-Baptiste Para, Laurent Terzieff, André Silvaire, Krzysztof Yezewski et Czeslaw Milosz.
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