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EAN : 9782882505644
560 pages
Noir sur blanc (04/04/2019)
4.34/5   19 notes
Résumé :
Soixante-quinze ans ont passé depuis le jour du débarquement de Normandie. Ce petit matin de juin, la plus grande invasion par la mer jamais organisée dans l'Histoire allait s'avérer cruciale dans le dénouement de la Deuxième Guerre mondiale. La bataille, aux dimensions épiques, impliqua 156 000 hommes, 7 000 bateaux et 20 000 véhicules blindés. Les événements du 6 juin 1944 furent menés par des individus héroïques, qui combattirent jusqu'à ce que les défenses allem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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🎖🎙D-Day : Les soldats du débarquement🎖🎙


Les livres d'histoire abordant la Seconde Guerre mondiale ou les manuels scolaires ne peuvent faire l'impasse sur cette journée où le débarquement eut lieu sur les plages de Normandie. Malheureusement, tout cela reste vague, académique. Giles Milton nous offre une plongée dans cette unique journée au travers d'un livre incroyablement vivant. L'Histoire prend ici une consistante plus vivante, plus humaine avec les témoignages, les récits de soldats, de civils l'ayant vécu. le lecteur sort complètement de sa sphère passive pour se retrouver plonger dans l'horreur et l'innommable.


Giles Milton revient sur les grands événements de ce jour mémorable comme le débarquement sur les plages de Normandie, les bombardements sur Caen en nous offrant des témoignages poignants de protagonistes de l'époque. Les soldats alliés relatent leur arrivée sur les plages, les tirs nourris, les amis fauchés en pleine course... Les soldats allemands dans leur bunker voyant cet incessant arrivage de soldats, et sentant que le vent tourne. L'auteur met en avant des héros moins connus qu'Einsenhower, Lord Lovat en donnant la parole à de simples soldats sans grades, de simples héros qui le jour J ont été là.


Cet ouvrage met également en exergue la fragilité de ce débarquement qui à tout instant aurait pu mal se passer. Entre le mauvais temps, les nombreuses barges coulées, le matériel inutilisable, les radios défectueuses, l'inexpérience des soldats au combat pour beaucoup, les mauvaises décisions, Giles Milton nous dresse un récit palpitant et émouvant de cette journée unique.


Giles Milton nous dresse un constat sinistre de cette journée qui émotionnellement est très intense. le lecteur perd rapidement la notion de soldats alliés vs ennemis pour les remplacer par des noms, des histoires vécues. le tout est adouci par des anecdotes comme Billie Millin jouant de la cornemuse lors du débarquement, une vache tellement effrayée par les bruits des obus et de la mitraille que son lait tourne et est bu par un soldat ; l'anniversaire de la femme de Rommel dont le mari lui offrit des chaussures parisiennes trop petites.


Le livre est constitué de 28 chapitres, regroupés en 8 parties, permettant de suivre heure par heure, point par point l'évolution de cette journée. La carte au début du livre et les photos accompagnant chaque chapitre permettent de visualiser les grands moments et de suivre l'avancée du récit.


Au final, un livre intense en émotion et qui ne laissera pas indifférent son lecteur. le jour J relaté de manière vivante et humaine, rendant hommage aux hommes l'ayant vécus et ayant été fauchés trop tôt.


Un énorme merci aux Éditions NOIR sur BLANC pour cet envoi et un autre énorme merci à Babelio pour m'avoir sélectionné pour pouvoir le découvrir en avant-première.👌
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Quel livre extraordinaire ! Je conseille vraiment à chacune et à chacun de le lire pour ne pas oublier le sacrifice de tous ces hommes qui sont venus libérer notre pays et le reste du monde de l'oppression et de la barbarie nazie.
Giles Milton a su raconter le fameux D-Day de façon vivante et surtout extraordinairement documentée. Surtout, il n'oublie pas ce qui se passait côté Allemand, le rôle de la Résistance et le sort des civils sous les bombes des Alliés…
La machine de guerre nazie ne s'est pas effondrée ce jour-là, bien au contraire. Elle a démontré pendant des mois encore toutes ses capacités à semer mort et désolation et cela, l'auteur le mentionne en fin d'ouvrage.
Ouvrage historique basé sur une quantité énorme de documents et de témoignages, tous cités à la fin du livre, D-Day : Les soldats du Débarquement propose d'abord une carte et deux gros plans sur les cinq plages choisies par le haut commandement des forces alliées aux ordres de Churchill et Roosevelt mais dirigées par Dwight Eisenhower, secondé par neuf cents personnes.
Overlord, comme on l'a nommée, s'est déroulé sur une centaine de kilomètres entre Sainte-Mère-Église et Lion-sur-Mer, impliquant cent cinquante-six mille soldats débarquant sur Utah Beach et Omaha Beach (USA), Gold Beach (Grande-Bretagne), Juno Beach (Canada) et Sword Beach (GB). Ces noms codés désignaient des plages bien tranquilles, des villages charmants que la folie hitlérienne avait bunkérisés, tentant d'ériger un Mur de l'Atlantique infranchissable.
Avec une écriture précise, prenante, l'auteur sait prendre son lecteur et lui faire partager l'ambiance d'un centre radio qui tente d'intercepter tous les messages venant d'Angleterre puis il nous plonge dans le centre météo de Fort Southwick où sept cents personnes travaillent avant de nous faire survoler la Manche à bord des planeurs devant larguer les parachutistes. le fait de nommer les gens, de les décrire un peu, de donner parfois leurs goûts, leurs passions – tout cela sans rien inventer – rend le récit captivant de bout en bout.
Une liste impressionnante de personnages entraîne au coeur de la bataille mais aussi sur les traces de Guillaume Mercader, ce champion cycliste qui s'entraîne entre Courseulles-sur-Mer et Grandcamp, avec l'autorisation de la Gestapo, et récolte tous les renseignements sur les postes de défense allemands, renseignements transmis ensuite en Angleterre par la Résistance.
Les heures précédant le jour J sont angoissantes, des deux côtés de la Manche puis c'est la nuit du 5 au 6 juin, cette météo exécrable, atout et handicap terrible. Les premiers parachutistes sont là puis, à l'aube, les premiers hommes tentent de débarquer. C'est précis, plage par plage. Chaque partie des vingt-huit chapitres est introduite par une photo d'archives commentée. La journée sera longue, les blessures, les morts seront abominables. L'auteur n'oublie pas les bombardements de Caen où huit cents personnes ont été tuées en vingt-quatre heures par les bombes alliées
Certains Allemands se rendent mais beaucoup trop résistent, fanatisés, la plupart sont très jeunes, d'autres, Polonais, Tchèques, ne parlent même pas allemand… À chaque page, je me demande pourquoi ces hommes ont été capables d'aller au bout de tant d'atrocités pour obéir à des officiers qui vivent dans des châteaux, à un Führer qui s'isole à Berchtesgaden mais je n'oublie pas que, pendant ce temps, dans les camps de la mort, on continue d'exterminer enfants, femmes et hommes…
Il faut lire ce récit du D-Day, journée si importante pour nos démocraties, même si beaucoup d'autres livres ont déjà été publiés, si de grands films ont tenté de nous faire prendre conscience de l'ampleur de la bataille.
Dans D-Day : les soldats du Débarquement, Giles Milton accomplit une tâche admirable qui m'a passionné. Je remercie Babelio et les Éditions Noir sur Blanc de m'avoir permis cette lecture essentielle.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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JOUR-J...

... Il suffit d'écrire ou de prononcer ces cinq lettres pour que tout un chacun - ou peu s'en faut - sache au moins grossièrement de quoi il retourne : le fameux débarquement alliés sur les plages de la Manche et du Calvados une certaine nuit de très mauvais temps du 5 au 6 Juin 1944. Cette opération aussi spectaculaire que monstrueuse - en terme d'hommes engagés, de moyens matériels, d'heures passées à la planifier, etc - c'est OVERLORD. Ces plages, partant des hauteurs de Quinéville dans le Cotentin jusqu'au plaine marécageuses (et inondées par les allemands) de l'embouchure de l'Orne, ce sont les désormais célèbres UTAH, OMAHA, GOLD JUNO et SWORD Beaches, rebaptisées pour la cause.

C'était il y a (bientôt) soixante-quinze ans tout juste.

Giles Milton, journaliste et écrivain d'origine britannique, «spécialiste de l'histoire des voyages et de l'exploration» nous résume sa bio wikipedia, songeait depuis plusieurs années déjà à rendre hommage aux acteurs directs de ce fameux jour interminable. Voilà qui est chose faite avec cet ouvrage intitulé D-Day : Les soldats du débarquement pour lequel il nous faut remercier vivement l'excellente petite maison d'édition suisse Noir sur Blanc ainsi que notre site bibliophile préféré, Babelio, pour cette Masse Critique spéciale : l'ouvrage se lit, se dévore même, plutôt plaisamment, comme une sorte de "roman vrai" du Jour-J, et il n'a pas été sans nous rappeler une lecture aujourd'hui un peu lointaine dans notre souvenir, le fameux "Le jour le plus long" écrit par Cornelius Ryan, publié en 1959 et qui demeure, par bien des aspects, une source tout à fait précieuse de témoignage directs (contrairement au film qui en fut tiré qui, s'il remporta un succès mondial, n'en demeure pas moins truffé d'erreurs, de contre-vérité historiques, etc. Mais il s'agissait alors de mettre en avant les grandes stars hollywoodiennes de l'époque plutôt que de réaliser un film sérieux !). Les deux ouvrages ont d'ailleurs plusieurs points communs : leurs rédacteurs ne sont pas des historiens, a proprement parler, mais l'un comme l'autres sont bel et bien des journalistes qui savent avant tout rédiger des histoires, mettre en scène des témoignages. Parfois au mépris d'un certain recul, d'une certaine confrontation de leurs sources. L'un comme l'autre se basent en grande partie sur les témoignages directs (un peu plus indirects pour le second, du fait même de la disparition au fil des années de la plupart des survivants), bien plus que sur les sources écrites (ce qui était logique pour le premier, nombre de documents étant alors encore classés), l'un comme l'autre donnent la parole au "soldat de base", et c'est même encore plus flagrant et quasi exclusif dans ce texte de Giles Milton qui apparaît parfois comme une espèce de revanche des petits, des sans grades (et cette fois, au propre encore plus qu'au figuré), les remarques personnelles de l'auteur, et plus qu'amènes en direction de ces chefs donnant des ordres du lointain de leurs QG, y foisonnent (même ceux sur le terrain en prennent bien souvent pour leur grade, jeu de mot compris)... Enfin, l'un comme l'autre ont essayé de donner une sorte de panorama complet, total, omniscient de ces 24 heures d'une densité, d'une puissance quasiment invraisemblable et indicible, tant ce débarquement parvint à réunir de superlatifs : le plus grand débarquement de tous les temps, la plus grande armada jamais réunie en un endroit, l'une des plus grandes opérations aéroportée jamais menée, 156 000 hommes débarqués en 24h, plus de 200 000 véhicules transbordés... Au nombre des victimes de cet assaut faramineux (les chiffres donnés par Giles Milton dans son épilogue sont, de ce point de vue, sujets à caution, même s'il semble qu'aujourd'hui encore aucun spécialiste ne parvienne vraiment à s'entendre sur aucun d'eux, sauf, sans doute, sur les pertes du côté troupes alliées) environ 10 000 soldats alliés, potentiellement autant de soldats allemands (les fourchettes de l'horreur varient entre 6 000 et 9/10 000) mais, chiffre méconnu (et très minimisé de l'auteur), nombre de spécialistes estiment les morts et disparitions de civils français ce jour là aussi important que l'ensemble des soldats tombés d'un côté ou de l'autre ! (Giles Milton sous-estime dangereusement ce chiffre, certes complexe à évaluer puisqu'il donne malgré tout celui, déjà important, de 3 000 enfants, femmes et hommes morts ce jour-là sous les bombes).
Pourquoi de telles macabres comptabilités ? En aucun cas par goût du sang : le sang versé par ces hommes et femmes d'hier mérite, avant toute autre considération, notre respect le plus définitif, à tout le moins notre commisération - impossible d'oublier tout à fait que parmi ces morts innombrables, un tiers d'entre eux étaient dans "le mauvais camp". Qu'ils sont, ordres ou pas, co-responsables de la fin tragique de tous les autres -. En revanche, cela donne pour partie le genre d'ouvrage auquel l'auteur nous convie : ce n'est pas un "livre historique" que nous avons ici mais, l'auteur en donne lui-même la définition dans ses quelques pages de remerciements, ceci est une "enquête journalistique" réalisée grâce au soutien attentif d'archivistes du monde entier, lesquels ne sont pas eux-même exactement des historiens professionnels, même si d'aucuns jugulent très probablement les deux casquettes.

Ainsi, à la manière d'une - excellente, précisons-le définitivement - enquête journalistique, Giles Milton nous raconte "une" histoire du D-Day : intense, humaine, très liée aux témoignages des soldats les moins gradés (c'est surtout vrai côté alliés, beaucoup moins dans sa description du débarquement vu par les "boches" où il ), tâchant même de leur rendre honneur lorsque, selon lui, certaines archives ou vérités historiques "officielles" ont "oublié" des faits qui n'ont pas été, par la suite, attribués aux bonnes personnes. Ainsi de la ville de Bayeux qui aurait été "prise" momentanément par le soldat Donald Gardner et la poignée de survivants de son commando 47 de la Royal Marine peu avant minuit au soir de ce 6 juin, alors que tous les ouvrages historiques l'attribuent au 2nd Battalion Gloucestershire Regiment, mais seulement le lendemain. Erreur historique, insupportable oubli, injustice à l'égard d'un de ces soldats sans grade et quasi anonyme de ce débarquement ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, il est aussi historiquement admis que des éclaireurs de ce 2nd bataillon furent envoyés dans les faubourg de la ville dès la fin du 6 juin, sans qu'aucun de ces hommes n'aient jamais prétendu à la prise de la ville... Pénétrer dans une ville sous contrôle ennemi, c'est une chose absolument digne d'être mentionnée. La "prendre" répond à de toutes autres exigences, qui n'enlèvent rien à la bravoure des premiers qui méritent largement qu'on se souvienne d'eux. de ce strict point de vue-là, il semble que Bayeux ait bien été prise et libérée le 7 seulement. Ce sera d'ailleurs l'une des très rares villes n'ayant subit aucune destruction de toute la bataille de Normandie, contrairement à Caen pour ne citer qu'elle, la plus grande agglomération bas-normande, qui fut rasée à près de 70% !!!

Avec un art consommé du "storytelling" ainsi qu'un plan en béton armé qui permet de passer en revue les principales phases de cette journée tellement hors norme, de lui donner en quelque sorte une structure, de lui donner du sens, le journaliste britannique survole avec intelligence ce moment tout à la fois héroïque et tragique, incroyable et terrifiant, drôle parfois (par l'incongruité de certaines scènes), le plus souvent terrible de violence, de sang versé, de courage fou, de peur partagée - quel que soit le camp -. de morts. On pourra bien entendu reprocher à Giles Milton de faire, parfois, dans le sensationnalisme (cette journée ne le fut-elle pas, par bien des aspects ?), d'être assez modérément factuel, de ne presque pas développer les éléments politiques, économiques, stratégiques, - souvent antagonistes entre des alliés ne courant pas exactement après les mêmes buts -, de cette affaire puisqu'il consacre très peu de pages à la préparation en amont de cette bataille titanesque, d'être dans le sensible plutôt que dans le technicien. Ainsi, à quelques exceptions près, les descriptions des matériels utilisés sont elles réduites à l'expression la plus indispensable à son "enquête", sans fioriture ni comparatifs ni fiches techniques détaillées (ne serait-ce que reportées dans un cahier en fin d'ouvrage comme c'est souvent pratiqué en de telles matières). Idem des tactiques et stratégies militaires qui ne sont évoquées que lorsqu'elles servent à structurer la description des combats eux-mêmes. Il y a bien quelques cartes en introduction mais rien de plus que le minimum que l'on trouvera dans n'importe quel ouvrage didactique sur le sujet. On pourra aussi s'étonner de la parcimonie des témoignages de ces civils et militaires ayant permis, à l'arrière, que cette incroyable opération ait lieu (certes, c'est moins "héroïque" à conter mais ce fut ô combien indispensable. C'est sans doute aussi l'une des limites de cet ouvrage). Nul reproche définitif dans ces lignes : ce genre d'éléments participent d'un autre genre de documents, plus "historiens" et documentaires, sans doute, plus froids aussi, bien souvent. Ainsi, sans pouvoir prétendre être LE livre de référence sur le célèbre Jour-J, ce long et troublant texte du journaliste britannique sera un bon complément, dans sa version humaine, d'ouvrages de référence tels Jour J de Warren Tute, John Costello, Terry Hughes ou le Jour J heure par heure de Marc Laurenceau ou encore le très complet D-Day et la bataille de Normandie de l'historien anglais Anthony Beevor, les uns complétant les autres. Sans oublier, bien entendu, le célèbre texte de Cornelius Ryan. Quant à l'amateur plus pointu, il ne saura se satisfaire d'ouvrages aussi généralistes et préférera certainement la lecture de titres consacrés à tel ou tel aspect, tel moment, tel corps d'armée, tel développement de l'opération Overlord, et ces livres sont pléthore (il suffit pour s'en convaincre de visiter les librairies du musée du débarquement à Arromanches ou de l'émouvant Mémorial de Caen pour s'en convaincre).

Extrêmement lisible, suffisamment complet pour ne passer à côté d'aucun fait essentiel, ce D-Day : Les soldats du débarquement est tout à la fois un bel hommage à ces hommes ayant donné, pour beaucoup, leur vie, pour d'autre leur santé et leur intégrité physique afin de participer à l'annihilation de ce IIIème Reich qu'un certain Adolf Hitler avait pourtant annoncé millénaire, en ouvrant ce second front majeur à l'ouest, en complément de celui ouvert par les soviétiques à l'est. Une lecture forte à défaut d'être une lecture complète. En ce bientôt soixante-quinzième anniversaire de cette date fatidique, ce document est, à tout le moins, un émouvant et vibrant hommage qui est rendu à tous ces hommes et ces femmes auxquels nous devons collectivement et individuellement tant !
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6 juin 1944, c'est un peu comme 1515, une date que tout le monde connait et dont on pense que tout a été dit. Films, livres, documentaires, difficile d'imaginer que tout n'a pas déjà été conté et raconté sur ce jour historique du Débarquement en Normandie. Giles Milton aurait donc pu se contenter de glaner des infos ici où là en quantité assez conséquente pour en faire un livre signé de son nom et terminé, du bon boulot de copiste qui rapporte, comme on en voit (trop) souvent fleurir sur les étals des librairies lors de dates anniversaires d'évènements divers, disparitions d'artistes et autre manne appétissante.
Eh bien pour Milton, pas question de verser dans cette facilité et pour les 75 ans du Débarquement, c'est à un travail de fourmi titanesque qu'il s'est livré (les 34 pages de notes et de sources en fin de volume en attestent) de l'Angleterre aux États-Unis, en passant par la France et l'Allemagne, il a compulsé des archives, étudié des mémoires, des journaux, des biographies, organisé des rencontres et amassé ainsi tout ce qu'il a pu trouver de matière se rapportant au Jour J pour nous offrir un récit riche et vivant peut-être pas totalement inédit, n'attendons pas l'impossible, mais tellement bien documenté et raconté qu'on se retrouve à le dévorer comme un roman.

500 pages pour couvrir une période de 24 heures, peu de détails peuvent être oubliés en route et en effet, rien n'est laissé de côté. Bien expliqué et bien écrit, chaque force armée y est représentée à part égale et c'est sans aucun mal qu'on touche du doigt l'horreur vécue sur les cotes normandes il y a 75 ans car ne comptons pas sur l'auteur pour amoindrir ce qui fut malgré la victoire alliée une véritable boucherie dans les deux camps, rien ne nous est épargné des détails de cervelles et de tripes ayant quitté leur habitat naturel, de corps mutilés, pulvérises et éparpillés sur les dizaines de kilomètres de l'estran normand.

Témoignages inédits de civils, de résistants, d'allemands. Actes héroïques. Joueur de cornemuse (clin d'oeil à Bill Millin, la classe). Têtes brûlées... D-Day : les soldats du débarquement est avant tout un livre factuel et justement, c'est bien là son seul bémol, une analyse même superficielle aurait été la bienvenue car on referme ce livre riche du comment mais sans avoir jamais vraiment effleuré le pourquoi. Pourquoi les alliés ont heureusement réussi et pourquoi la Wehrmacht sensément si supérieure à toutes les autres armées n'a pas su repousser ce débarquement. Que certains gradés allemands n'aient pas pris au sérieux l'invasion et se soit recouché ou que Rommel n'ait pas obtenu les deux Panzerdivisionen supplémentaires qu'il suppliait Hitler de rapatrier sur les côtes normandes restent des motifs un poil trop légers pour expliquer cet échec.
Pas question pour autant de jeter la pierre à ce passionnant D-Day dont la mission de mémoire et de documentation atteint son but à travers une lecture enrichissante, intelligente et historiquement incontournable et qui au passage rappelle – et ce n'est jamais inutile – que comme dans tout conflit, les soldats tombés lors de l'opération Overlord étaient souvent des jeunes hommes, peu ou pas gradés, encore tout pétris de romantisme et d'idéaux. Les généraux quant à eux et comme à leur habitude, assurant courageusement les arrières en attendant de se glorifier de victoires pour lesquelles ils n'auront pas risqué une rognure d'ongle.
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« J'ai connu beaucoup de bons moments pendant l'écriture de ce livre ; les promenades sur les plages désertes de Normandie aux premières lueurs de l'aube comptent parmi les plus magnifiques de mes souvenirs. Mais même par les journées les plus belles, je n'ai jamais pu oublier l'héroïsme et les tragédies qui se sont jouées là autrefois. En ces lieux, des vies ont été perdues et la liberté conquise de haute lutte. Mon dernier remerciement total et sans réserve, va à tous ceux qui ont combattu pour nous. »
Il me semble que ces derniers mots de Giles Milton, à la toute fin de la rubrique « remerciements » illustrent parfaitement ce qu'est son livre : le récit détaillé et terriblement humain des vingt-quatre heures du Jour J et l'hommage bouleversant qu'il rend à tous ses participants.
On croyait tout savoir et on découvre qu'on ne savait pas grand-chose au final. On avait en tête les images des péniches de débarquement, la flotte immense, les parachutistes de Sainte Mère l'Eglise et la plage tellement sanglante d'Omaha mais on avait oublié les planeurs, les chars amphibies et Bill Millin, le joueur de cornemuse de la plage d'Ouistreham, qui survécut parce que les Allemands n'osèrent pas lui tirer dessus, le prenant pour un « dummkopf » (simple d'esprit). On avait oublié aussi un incendie accidentel qui joua son rôle (tragique, épouvantable) à Sainte Mère l'Eglise ainsi que les terribles bombardements sur Caen qui firent tant de victimes civiles.
Du coureur cycliste espion aux chaussures de Frau Rommel, en passant par la peur saisissant les assaillants comme les défenseurs allemands (souvent des Russes ou des Polonais peu enclins à mourir pour Hitler), menacés par les Kettenhunde (chiens enchaînés) chargés de liquider les soldats abandonnant leurs postes, Giles Milton redonne la parole aux acteurs de cette tragédie absolue. Les trois cartes du début éclairent parfaitement le champ de bataille ainsi que les principaux faits d'armes relatés, tout comme les nombreuses photos du jour J. C'est un très bel ouvrage dans lequel l'émotion est permanente et qu'on ne peut que recommander à tous, anciens ou jeunes. Difficile de résister à la larme qui vient, à un moment ou à un autre, troubler le regard, comme un ultime salut à ces jeunes gens qui méritaient tellement mieux.
Merci à Babelio et aux éditions NOIR sur BLANC.
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critiques presse (1)
Liberation
31 mai 2019
Un travail d’archiviste extraordinaire.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
"Au revoir et bonne chance !"
"Rendez-vous sur la plage !"
"Attention aux petites Françaises !"
"On se retrouve à Berlin !"
Il était 4h30, et les jeunes soldats de la compagnie A fanfaronnaient lors du transbordement dans les péniches à destination d'Omaha Beach. Les six embarcations contenaient chacune trente et un garçons formant l'avant-garde de l'offensive. C'était un groupe soudé qui s'entraînait ensemble depuis plus d'un an. Les liens étant même encore plus étroits pour une trentaine d'entre eux qui étaient originaires de la même ville, Bedford. Ils avaient l'impression de former une grande famille.
[...]
[...]
Le pilote chargé du transport de ces jeunes soldats s'appelait Jimmy Green, un corsaire anglais avide d'aventures et féru d'histoires maritime. A 23 ans, il était plus âgé que la plupart des membres de la compagnie A.
[...]
[...]
Jimmy Green apprit avec horreur que tous les garçons qu'il avait transportés dans sa péniche avaient été tués. Cette tragédie devait le hanter jusqu'à la fin de ses jours. "D'une certaine façon, j'étais responsable, puisque je les avais amenés là, dit-il bien des années plus tard. Je revois ces gars si jeunes sortir du bateau."
Le rapport de bataille décrit les dix premières minutes du débarquement à Omaha avec une simplicité effrayante : "La compagnie A n'était qu'une compagnie d'assaut, ce n'était qu'une petite bande de soldats aux abois qui n'avaient pour objectif que de s'en sortir vivants." [...]
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Alors qu'il sortait à grands pas de l'eau, Lovat se tourna vers Millin et échangea quelques mots avec lui. Ce fut certainement la conversation la plus incroyable qui eut lieu sur la plage ce matin-là.
"Vous ne voulez pas nous jouer quelque chose ?" demanda-t-il alors qu'une ligne de projectiles perforait le sable.
Millin n'en crut pas ses oreilles. Il venait de voir à l'instant un camarade tomber mort dans l'eau. Ils risquaient à tout instant d'être touchés.
— Vous plaisantez ?
— Je vous demande pardon ? dit Lovat.
Millin savait qu'il était inutile de protester. D'ailleurs, s'il devait mourir, il aimait que ce soit en jouant de la cornemuse.
— Vous voulez un air en particulier, mon général ?
— Pourquoi pas "Road to the Isles"?
— Et vous désirez que je joue en marchant, mon général ?
— Oui. Ce serait bien. Oui, déambulez.
Les tirs ennemis sifflaient de toutes parts, les obus martelaient les dunes. Les mitrailleuses faisaient entendre le staccato de leur toux sèche et une fumée âcre était poussée vers eux en gros nuages. Et pourtant, Bill Millin marcha de long en large sur la plage en soufflant dans sa cornemuse à pleins poumons. [...]
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L'un des premiers objectifs de la nuit pour les Alliés était la prise de Sainte-Mère-Eglise, discrète commune qui avait traversé les siècles plutôt repliée sur elle-même. On était là en pleine France rurale, avec ses traditions paysannes, le lever à l'aube, les copieux repas de midi et les veillés au coin du feu.
Sainte-Mère-Eglise ne sortait de sa somnolence que les jours de marché qui voyaient les fermières sortir leur beurre et leur crème sur les étals. Ses habitants étaient loin d'imaginer que leur petit village pouvait revêtir la moindre importance stratégique, et encore moins qu'il serait un point de rassemblement pour les parachutistes américains dans les toutes premières heures du mardi 6 juin.
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Les soldats qui se rendaient avaient à redouter [...] les balles de leur propre camp. Jack Shea fut témoin de ce genre d'exécution alors qu'il observait l'un de ses camarades qui faisait descendre cinq prisonniers vers la plage. Ils approchaient de l'esplanade quand "les deux premiers prisonniers s'effondrèrent sous une rafale de tirs de toute évidence d'origine allemande". Les trois autres tombèrent à genoux, comme s'ils imploraient le servant de la mitrailleuse de ne pas leur tirer dessus. Cela ne servit à rien. "La rafale suivante toucha en pleine poitrine le premier Allemand agenouillé, et, alors qu'il s'effondrait, les deux autres se planquèrent derrière la digue avec les Américains".
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La participation de Cota au débarquement allié en Afrique du nord et en Sicile lui avait valu un rôle de premier plan dans l'organisation de l'assaut d'Omaha Beach. Les discussions ne s'étaient pas passées sans quelques accrochages avec le commandement suprême. Cota avait avancé que le débarquement dans le secteur d'Omaha serait tellement dangereux qu'il devait être effectué de nuit, l'obscurité donnant à ses troupes «l'avantage de la surprise et la discrétion inhérente aux opérations nocturnes». On ne l'écouta pas. Le commandement suprême lui assura qu'il n'y aurait pratiquement pas d'opposition de la part des batteries allemandes grâce aux bombardements aériens et navals.
Cota persista, et averti ses hommes de se préparer au pire. «Vous allez voir que tout va se passer de travers. Les péniches n'arriveront pas à l'heure, et ne vont pas vous débarquer au bon endroit. Certains ne mettront pas du tout pied à terre. Nous allons devoir improviser,nous obstiner, ne pas perdre la tête.» Belle preuve de clairvoyance. La confusion générale tournant à la catastrophe, seule l'improvisation allait permettre de rattraper la situation.
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