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Critique de ChristianLV


Je viens de terminer l'ouvrage de Giles MILTON LES SABOTEURS DE L'OMBRE « La guerre secrète de Churchill contre Hitler ». Je ne répèterai pas les critiques qui ont été plutôt bien faites par les lecteurs qui m'ont précédé. Je souhaite insister sur certains aspects qui me paraissent en justifier la lecture.

Mise-à-part l'expression « non-fiction », la traduction est plutôt bien faite, ce qui s'ajoute aux talents littéraires de Giles MILTON, que j'avais pu admirer dans son oeuvre LE NEZ D'EDOUARD TRENCOM, dont au passage j'ignore toujours s'il s'agit d'un récit historique, d'un roman inspiré de vérité historique ou bien d'une pure fiction.

Dans cet ouvrage, la machine littéraire a mis un peu de temps à m'emballer dans l'histoire. L'ouvrage est plus complexe : comment restituer en à peine 350 pages toute l'histoire d'un service commando de l'armée britannique en nous rendant familiers une multiplicité de personnages dont la vie appartient au passé et dont le caractère secret des activités n'a laissé aucune trace audio-visuelle, hors quelques rares photographies rassemblées dans un encart central. C'est là un juste hommage qui est rendu à ces hommes et femmes qui se sont investis sans limites, jusqu'à sacrifier leur vie, pour concourir à la victoire contre l'Allemagne.

Il s'agit donc d'un récit historique, une oeuvre littéraire contrainte donc par le cadre de recherches dont l'importance transparaît dans la volumineuse bibliographie en fin de volume et les remerciements aux multiples sources qui ont permis à l'auteur de construire un récit fidèle et vivant.

L'Ouvrage retrace l'ensemble des activités de ce service secret, de la production d'armes non conventionnelles, qui jouèrent un rôle déterminant dans la victoire, jusqu'aux entraînements des recrues de commandos.

J'habite l'ouest de la France et –du même âge environ que Giles MILTON, je fais partie de ces gens qui accordent encore de l'importance à la commémoration des évènements de la 2ème guerre mondiale. Sonneur, je sonne aux morts pour la France à chaque cérémonie. Il se trouve dans de multiples communes de la côte atlantique des tombes d'aviateurs britanniques abattus lors de raids pour couler certains navires de la flotte allemande. Aizenay, Talmont-Saint-Hilaire, Olonne sur Mer. Nous leur rendons hommage.

Et Saint-Nazaire. J'avais oublié les objectifs de l'action de sabotage, mais à Saint-Nazaire, il y a 35 ans, j'avais visité les lieux du désastre. Je ne savais pas, compte-tenu du nombre de morts anglais (170), qu'ils avaient atteint leur objectif. J'avais de la famille à Saint-Nazaire, qui travaillait aux chantiers de l'Atlantique à l'époque. Cela leur faisait mal au coeur de voir de si belles installations détruites par la guerre. En même temps, le vrai désastre, c'était que ces installations portuaires –et cela concerne aussi Brest, fussent tombées aux mains des allemands.

J'ai appris aussi l'action de Mac Pherson qui ralentit si bien la division blindée DAS REICH, qu'elle met 17 jours à parvenir en Normandie, massacrant au passage la population du village d'Oradour sur Glane.

De même pour le sabotage de l'usine PEUGEOT à Sochaux.

Ces actions commando ciblées permettent de considérablement gêner l'adversaire nazis avec un minimum de moyens mis en oeuvre, mais très bien préparés.

Bien que les intentions et les méthodes sans pitié puissent être choquantes pour des combattants conventionnels l'auteur insiste bien sur le nombre réduit voir nul de victimes humaines lors d'attentats destinés à détruire des installations industrielles. En les comparant aux multiples victimes collatérales des bombardements aveugles de la RAF. Ce qui n'est pas dit dans l'ouvrage, c'est que la terreur instillée dans la population civile par les bombardements avait elle aussi pour but de contribuer à la victoire et procédait d'une politique délibérée de Churchill.

L'auteur épingle l'orgueil mal placé des prétendues élites, qu'elles fussent anglaises –tels les dirigeants des armées conventionnelles qui s'empressèrent de liquider ce service à la fin de la guerre, ou françaises –le caractère ombrageux du général De Gaulle n'est pas une fiction.

Les français en prennent pour leur grade dans cet ouvrage. Giles MILTON passerait presque pour francophobe, c'est ce que j'ai un peu ressenti à la lecture du NEZ d'EDOUARD TRENCOM. On y insiste d'abord sur le refus par DALADIER que soient larguées 10 000 mines dans le Rhin, sur le manque de professionnalisme de la section française, le caractère ombrageux du Général de Gaulle, de certains résistants. En même temps, c'est tout de même factuel. D'où vient-il que la collaboration entre britanniques et gaullistes ait si mal fonctionné que les maquis du Vercors aient manqué précisément de ces armes non-conventionnelles, avec lesquelles elles auraient pu éviter le massacre qu'elles ont subi. Ce qui a marqué la résistance française, c'est en particulier la pénurie d'armes.

La littérature au rayon « SAS », « OSS » –des services qui ont réellement existé, les romans de Ian FLEMING, qui a travaillé pour ces services, de même que son frère Peter FLEMING et que nous connaissons mieux par les films « James BOND » nous ont familiarisés avec les commandos. Cet ouvrage de Giles MILTON retrace donc l'histoire des origines …

Aujourd'hui, les actions de Vladimir POUTINE en Grande-Bretagne pour se venger d'espions passés à l'ouest et avec lequel notre président MACRON se vante de renouer le dialogue, ou le commando spécialisé ayant procédé à l'exécution du frère aîné de KIM JONG UN, que TRUMP s'apprête à rencontrer en grande pompe, ne semblent choquer plus personne.

Ce que nous apprend cet ouvrage, c'est qu'il faut apprendre à combattre, se préparer avec rigueur, si l'on ne veut pas être réduit à la veulerie lorsque survient l'épreuve.

Merci à MASSE CRITIQUE, aux Editions NOIR sur BLANC et à Giles MILTON pour cet ouvrage bien fait
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