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François-René de Chateaubriand (Traducteur)Robert Ellrodt (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070328383
434 pages
Gallimard (12/05/1995)
4.18/5   164 notes
Résumé :
Baudelaire affirmait : " Il me serait difficile de ne pas conclure que le plus parfait type de Beauté virile est Satan, - à la manière de Milton.
" Le XXe siècle a été plus réticent ; encore que Claudel ait pu écrire : " Il est bien remarquable que le livre fondamental, sur lequel, on peut le dire, s'appuie toute la littérature anglaise s'appelle Le Paradis perdu. " T. S. Eliot a un point de vue original : " ... Je ne puis penser à aucune oeuvre qui offre [au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est magnifique,j'aime énormément les écrits sur la religion et avec ce poème j'ai été heureuse.De la chute de Lucifer à l'expulsion d'Adam et Eve du Paradis j'ai parcouru les pages avec bonheur.L'écriture est splendide et remplie de sensibilité.
J'ai une grande admiration pour John Milton,si ma mémoire est bonne il était déjà aveugle quand il a écrit le Paradis perdu,dans son obscurité cet homme a réussi à trouver la lumière et à la transmettre au lecteurs à travers les âges.
J'ai adoré.
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Au XVIIème, un siècle après l'irruption de la Réforme, les lignes de démarcation entre catholiques et protestants sont solidement tracées. Après les théologiens, commence à émerger une littérature profane protestante. Agripa d'Aubignée en France, Milton en Angleterre. Mais ces austères puritains rejettent férocement la frivolité des cours catholiques, et plus encore le théâtre, considéré comme un lieu de débauche et d'impiété. C'est donc dans la Bible qu'ils puisent leur inspiration.

Il est probable que Milton caressa longtemps l'idée d'écrire une grande épopée inspirée du livre de la Genèse, et que le moment venu il y jeta toutes ses forces. Il en résulta ce long poème en prose narrant la création du monde, de la chute des anges rebelles à la chute de l'homme. On y trouve des inspirations de l'Iliade, de Dantes, mais également de nouvelles formes et de nouvelles idées.

Comme cette façon de débuter en flash back, par exemple. le livre s'ouvre sur Satan et ses fidèles vaincus, précipités au fond de la Géhenne, découvrant leur royaume d'exil désolé. Mais bien vite ils se ressaisissent. Il parait que quelque part, Dieu aurait créé un nouveau monde, habité par une nouvelle créature. L'homme…

La forme du texte est celle du XVIIème siècle, et de nos jours passerait pour bien lourde et longue, mais les descriptions sont magnifiques. Il est vrai que la traduction fut faite par Chateaubriand ! le défilé des démons, semblables à des tours et couverts de sang, pourrait être l'acte fondateur de l'héroïque fantaisie ! Les noms n'ont pas tellement changés d'ailleurs : Belial, Astartée, Dagon… Milton rajoute dans la liste la totalité des dieux de l'Egypte et de l'Olympe. La guerre des anges et des démons est également narrée avec force magnificence, et encore une fois n'a pas grand-chose à envier à une BD comme ‘Les chroniques de la lune noir'.

Il m'a été difficile de critique ce livre. Sévère et magnifique, il marque l'un des tournants de la civilisation européenne. Chateaubriand, fervent catholique, ne s'y trompa pas. On peut se demander si, pris par son feu, il fut d'un respect fidèle envers l'oeuvre original. Mais sa traduction est si magnifique qu'elle est une oeuvre en soi !
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Mon hermétisme aux grandes oeuvres classiques se confirme encore une fois. Déjà, l'Enéide m'avait soulée ; quant à l'Iliade et l'Odyssée, je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui les distingue l'une de l'autre et pour tout dire, je crois les avoir lus mais je n'en suis même plus sûre. le cas non-échant, c'est dire si l'idée de les lire me traumatise. Toutefois, je m'incite parfois à penser que je ne suis jamais à l'abri d'une bonne surprise et, comme ne trouvant guère de bonnes surprises dans ce que je connais déjà – le connaissant déjà - je me plais fatalement à rechercher les bonnes surprises vers ce qui semble a priori le moins apte à me convenir. Me glissant dans la peau d'un personnage que je ne suis pas, mais qui aurait de nobles goûts littéraires, je me prends à dresser la liste de ce qui pourrait plaire dans cette oeuvre du Paradis perdu. Commençons.


Tout d'abord, Chateaubriand a fait beaucoup d'efforts pour nous en fournir une version très littéraire et recherchée. Il s'est fait chier à essayer de reproduire le rythme et les tonalités des phrases originales, et de ce point de vue c'est réussi. Il se permet même des néologismes, plutôt couillu à une époque que j'imagine conservatrice, mais après tout qu'est-ce que j'en sais de ce qui se faisait vraiment ou pas tellement en ces temps-là ?


Ensuite, Milton s'est posé un défi plutôt audacieux puisque le Paradis Perdu revisite l'épisode biblique du péché originel sur le mode de l'épopée. Imaginez un épisode chrétien chanté par des prêtres déguisés en poètes grecs, ou un truc du genre, pardonnez mon imprécision ignare et typique de notre siècle. La progression est donc assez prévisible et on retrouve notamment ce qui m'avait déjà barbé dans l'Enéide, une sorte de publicité généalogique des descendants du « héros », ici donc Adam, qui dure au moins dix minutes, le temps idéal en effet pour aller aux chiottes avant un épisode plus intéressant. Certes, on se fait quand même moins chier qu'en lisant la Bible, à condition d'aimer toutefois le lyrisme poétique et l'hystérisme descriptif, ce qui n'est pas mon cas. Quand je lis un Zola, j'ai l'habitude de sauter systématiquement toutes les descriptions ; quand je lis Milton, j'épure systématiquement les phrases de tout ce qui ne se réduit pas à sujet-verbe-complément d'objet. le reste peut être joliment trouvé, mais l'accumulation de mots d'esprits et de prouesses poétiques finit toujours par me donner la gerbe. La dernière fois que j'avais éprouvé ça, j'avais éclusé trop de vin blanc et je m'étais retrouvée la tête tournant à la vitesse d'un manège déchaîné, tout foutant le camp autour de moi alors que je comatais végétalement sur un pieu. Très désagréable. Bref, cette lourdeur étouffante n'était peut-être qu'une contrainte d'époque pour être lu (comme la contrainte pour être lu, de nos jours, c'est d'être une star de la télé, du sport ou du porno). La préparation de la bataille menée par Satan est le pire morceau du livre, c'est dommage parce que c'est ce qui ouvre l'épopée et ce qui devrait normalement convaincre le lecteur de rester un peu plus longtemps.


On peut lire ce texte tranquillou sur Wikisource pendant les heures de boulot, vous gênez pas, ça fera toujours un classique de moins à lire sur votre liste de torture (pour ça, bien sûr, il faut avoir la chance de travailler dans un open space rempli d'ordinateurs, ce qui n'est plus mon cas puisque je n'ai plus de travail et que j'ai écrit cette critique il y a un an et demi – ainsi va la vie les amis !)
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Le paradis perdu de Milton est sûrement un des plus grands poèmes de langue anglaise. Monument historique, religieux et littéraire figurant au Panthéon des chefs-d'oeuvre poétiques.
Pour plusieurs raisons, c'est un livre spécifique, la première est que ce petit bijou a été fait oralement par l'auteur devenu aveugle.
Deuxièmement, il utilise le vers blanc anglais non rimé, une forme semi-libre de versification, chose assez rare pour l'époque.
Troisièmement, il est conçu comme un roman palpitant ou les événements s'enchaînent.
A prime abord, on ne peut que s'inquiéter de la longueur de l'oeuvre et de son côté indiscutablement biblique, empreint de puritanisme anglais.
Mais Milton, homme politique, écrivain et poète n'a pu s'empêcher de transformer ce récit un peu académique parfois, en roman à la limite de l'heroic-fantasy, faisant de l'histoire un combat titanesque entre le bien et le mal, à la manière d'un Tolkien et du seigneur des anneaux. En politicien averti, l'auteur glisse aussi dans le récit un sous-propos métaphorique sur la situation politique de l'Angleterre avec la lutte sous-jacente entre républicains puritains fidèles à Cromwell et monarchistes catholiques favorables à la restauration royale.
Le paradis perdu en dehors de son contenu religieux reste avant tout, un brillant roman onirique ou l'imaginaire rencontre une part d'histoire humaine.
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Difficile de commenter une oeuvre qui, si sa beauté formelle m'a saisie, si son importance contextuelle et historique m'intéresse, peut me rebuter par certains aspects, par certaines idées évoquées - il est vrai que je ne suis pas la lectrice visée, que je ne suis pas croyante, et qu'avec mon regard contemporain féministe, j'ai été hérissée et même plus par la quasi totalité des remarques sur Eve ; ce n'est cependant pas Milton, mais la religion catholique et la Bible elles-mêmes qui expliquent que les femmes sont des créatures inférieures, que tout le mal vient de la première femme, et que, par conséquent, les femmes sont destinées à souffrir, à obéir et à se taire, et qu'un homme cesse d'être un homme s'il écoute sa femme.
Ceci dit, j'ai d'abord été intéressée par la longue préface dans laquelle Chateaubriand explique comment il a traduit, qu'il a été sensible aux images plus qu'à la rigueur grammaticale, souhaitant être au plus prêt du texte poétique originel. Et j'ai été effectivement séduite par de nombreuses images très évocatrices : l'armée innombrable de démons avec leurs bannières qui claquent au vent, L Oeil qui guette et qui voit tout en haut d'une tour - serait-ce Sauron ? peut-être une inspiration pour Tolkien en tout cas, les démons changés brusquement en serpents sifflant et rampant, la Nuit et le Chaos, le Pêché fille de Satan, dévorée par des chiens qui sortent de ses entrailles... Dans ces images, on sent une culture humaniste, avec de nombreuses références mythologiques grecques et latines - notamment à l'Iliade et l'Odyssée, à la Muse d'Homère elle-même, mais aussi des rapprochements plus inattendus dans un poème biblique comme l'évocation des planètes ou de la lunette d'astronomie de Galilée. Oui, c'est très foisonnant, très riche, très évocateur, mais aussi parfois assez long - la narration prend souvent la forme de longues listes.
J'ai d'ailleurs préféré le début, celui sur la Chute de Satan et son long chemin pour s'échapper et revenir tenter et corrompre le monde et les premiers hommes. Néanmoins, peut-être parce que je suis plus sensible à son écriture, j'ai préféré sur cette thématique la Fin de Satan de Victor Hugo, autre long poème. Satan est une figure complexe, monstrueuse et fascinante au sens propre, c'est-à-dire qu'on ne peut en détourner le regard : séducteur, charismatique, orateur, intelligent... Ensuite, la partie sur le Paradis et le pêché originel m'a beaucoup moins plu, trop cu-cul ai-je envie de dire, surtout quand Adam et Eve passent leur temps à rien... ou plutôt, à prier, à cueillir des fleurs et à faire l'amour. Cela m'a surpris en revanche, il y a beaucoup de sensualité, l'amour et le désir physique sont évoqués.
Je n'ai pas toutes les références bibliques, mais ce récit est tellement fondateur dans notre culture que je connaissais les événements et que ce n'est pas très important de connaître tous les noms des démons ou des anges. Il faut le lire pour un mythe et un poème du XVI ème siècle, sans trop y projeter un regard actuel, pour en voir toutes les riches images évocatrices.
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critiques presse (1)
BoDoi
04 septembre 2015
Le dessin impressionne, la langue inspirée du texte originel est belle et entêtante. Le pari était fou, mais le parti pris était le bon.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Quoiqu'il puisse arriver, mon destin est le tien,
Je veux avec toi périr ou être sauvé:
Si la mort t'attend, alors la mort est ma vie;
Je sens tant en moi la nature qui nous unit,
Je m'attache à moi-même en m'attachant à toi;
Rien ne peut nous séparer; nos êtres ne font qu'un;
Ton corps est le mien et ta mort sera la mienne.
However I with thee have fixed my lot,
Certain to undergo like doom; if death
Consort with thee, death is to me as life;
So forcible within my heart I feel
The bond of nature draw me to my own,
My own in thee, for what thou art is mine;
Our state cannot be severed, we are one,
One flesh; to lose thee were to lose myself.
Bk IX, 952-959
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Ce ne sont pas les lieux, c'est le coeur qu'on habite,
Qui fait du Ciel un Enfer, de l'Enfer un Ciel.
Ici je puis régner en paix c'est assez;
Une couronne même en enfer me fait roi:
J'aime mieux régner en enfer que servir au ciel.

The mind is its own place, and in itself
Can make a heav'n of hell, a hell of heav'n
Here we may reign secure, and in my choice
To reign is worth ambition though in hell:
Better to reign in hell, than serve in heav'n. (Bk I, 254-263)
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La première désobéissance de l'Homme et le fruit de cet arbre défendu, dont le mortel goût apporta la mort dans ce monde, et tous nos malheurs, avec la perte d'Eden, jusqu'à ce qu'un HOMME plus GRAND nous rétablit et reconquît le Séjour Bienheureux, chante, Muse céleste ! Sur le sommet secret d'Oreb et de Sinaï tu inspiras le Berger qui le premier apprit à la Race choisie comment, dans le commencement, le ciel et la terre sortirent du Chaos. Ou si la colline de Sion, le ruisseau de Siloë qui coulait rapidement près l'Oracle de Dieu, te plaisent davantage, là j'invoque ton aide pour mon Chant aventureux : ce n'est pas d'un vol tempéré qu'il veut prendre l'essor au-dessus des monts d'Aonie, tandis qu'il poursuit des choses qui n'ont encore été tentées ni en prose ni en vers .

Et toi, Ô ESPRIT ! qui préfères à tous les temples un cœur droit et pur, instruis-moi, car tu sais ! Toi, au Premier Instant tu étais présent ; avec tes puissantes ailes éployées, comme une colombe tu couvas l'immense Abîme et tu le rendis fécond. Illumine en moi ce qui est obscur, élève et soutiens ce qui est abaissé, afin que de la hauteur de ce grand Argument je puisse affirmer l'éternelle Providence, et justifier les voies de DIEU aux hommes.

(INCIPIT)
Traduction de Chateaubriand
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[Remarques, Chateaubriand]

Bentley prétend que, Milton étant aveugle, les éditeurs ont introduit dans le Paradis perdu des interpolations qu’il n’a pas connues : c’est peut-être aller loin ; mais il est certain que la cécité du chantre d’Éden a pu nuire à la correction de son ouvrage. Le poète composait la nuit ; quand il avait fait quelques vers, il sonnait ; sa fille ou sa femme descendait ; il dictait : ce premier jet, qu’il oubliait nécessairement bientôt après, restait à peu près tel qu’il était sorti de son génie. Le poème fut ainsi conduit à sa fin par inspirations et par dictées ; l’auteur ne put en revoir l’ensemble ni sur le manuscrit ni sur les épreuves. Or il y a des négligences, des répétitions de mots, des cacophonies qu’on n’aperçoit, et pour ainsi dire, qu’on n’entend qu’avec l’œil, en parcourant les épreuves. Milton isolé, sans assistance, sans secours, presque sans amis, était obligé de faire tous les changements dans son esprit, et de relire son poème d’un bout à l’autre dans sa mémoire. Quel prodigieux effort de souvenir ! et combien de fautes ont dû lui échapper !
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Disons plutôt, si l'art le peut dire, comment de cette fontaine de saphir les ruisseaux tortueux roulent sur des perles orientales et des sables d'or ; comment, en sinueuses erreurs sous les ombrages abaissés, ils épandent le nectar, visitent chaque plante, et nourrissent des fleurs dignes du Paradis. Un art raffiné n'a point arrangé ces fleurs en couches, ou en bouquets curieux ; mais la nature libérale les a versées avec profusion sur la colline, dans le vallon, dans la plaine, là où le soleil du matin échauffe d'abord la campagne ouverte, et là où le feuillage Impénétrable rembrunit à midi les bosquets.

(Traduction de Chateaubriand)
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Video de John Milton (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Milton
[RARE] John MILTON – Une Vie, une Œuvre : 1608-1674 (France Culture, 1992) Émission "Une Vie, une Œuvre", par Francesca Isidori, diffusée le 2 janvier 1992 sur France Culture. Invités : Armand Himy, Marie-Dominique Garnier, Margaret Llasera, Roger Lejosne.
Dans la catégorie : Poésie anglaiseVoir plus
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