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Critique de sandrine57


Depuis la mort de l'empereur Xianfeng, Tseu-hi assure la co-gérance de l'Empire du Milieu avec Nuharoo, la première épouse. Peu encline à partager le pouvoir, l'Impératrice Orchidée règne sur le pays tandis qu'à son grand dam, Nuharoo éduque le futur empereur Tongzhi. La tâche est rude pour Tseu-hi qui doit lutter sur tous les fronts. La Chine est de plus en plus isolée du reste du monde, subissant les pressions militaires, économiques et commerciales des puissances occidentales et du Japon. A l'intérieur même du pays, des voix s'élèvent, Hans et Mandchous se font la guerre, les musulmans se révoltent, les frères du défunt empereur rêvent de pouvoir. Entre la rigidité de l'étiquette, le poids des traditions, les trahisons, les luttes intestines, Tseu-hi se démène pour conserver à l'empire sa grandeur et son rôle dans le monde. Et tout cela, pour enfin pouvoir se retirer et laisser Tongzhi gouverner. Mais là aussi le bât blesse. Est- ce la nature même de l'enfant ou l'éducation voulue par Nuharoo, quoi qu'il en soit Tongzhi ne se montre pas à la hauteur de son rôle. En grandissant, il s'oppose de plus en plus fréquemment à sa mère, s'ennuie lors des conseils, s'échappe toutes les nuits clandestinement de la Cité interdite pour s'encanailler dans les lupanars de Pékin. Quand il meurt, victime de ses vices, Tseu-hi est effondrée bien sûr, mais encore une fois, il lui faut penser à l'avenir du pays. Grâce à un jeu d'alliances stratégiquement orchestré, elle trouve des appuis pour l'aider à nommer son neveu Guangxu sur le trône du dragon, gardant ainsi le pouvoir entre ses mains. de santé fragile, peu sûr de lui, ce fils adoptif s'avère plus malléable que son prédécesseur mais il aura lui aussi le désir de s'affranchir du joug de sa mère. Des décisions peu judicieuses, un désir de s'ouvrir vers l'Occident, de mauvais conseillers et l'avenir de l'empire ne tient plus qu'à un fil. Lâchée par les chefs de guerre les plus puissants du pays, Tseu-hi n'a d'autre choix que de soutenir la guerre des Boxers. Les concessions étrangères sont saccagées, les étrangers massacrés, la Chine est en guerre contre le reste du monde...

Accusée de tous les maux, décrite comme un despote xénophobe et manipulateur, Tseu-hi reste une figure controversée de l'Empire du Milieu. On lui reproche d'avoir voulu exercer le pouvoir envers et contre tous, d'avoir détourné l'argent de l'Etat à son seul profit pour vivre dans un luxe démesuré, mais aussi de s'être vautrée dans la luxure, d'avoir tué son fils et sa femme enceinte, d'avoir séquestré et torturé son neveu, en bref d'avoir confisqué le trône pour conduire la dynastie Qing à sa perte. C'est ainsi qu'elle était considérée en Occident, la presse relayant les informations les plus extravagantes à son sujet. Pourtant, Anchee Min a choisi une autre vision de cette femme hors du commun qui a régné sur un vaste empire durant presque 50 ans. Elle nous montre une impératrice qui aimait passionnément son pays et a tout fait pour le maintenir à flots. Une femme prisonnière de la Cité interdite qui a sacrifié son bonheur, ses amours, sa liberté à la Chine. On la découvre en mère aimante ravagée par la mort de son fils, dévastée aussi quand son eunuque préféré est exécuté, engoncée dans le carcan de la tradition, freinée dans ses réformes par les grands de la cour campé sur leurs positions archaïques.
Peut-être trop angélique, cette version a le mérite de lui donner une voix et de nous faire découvrir un pan de l'Histoire de Chine. Monstre sanguinaire ou martyre ? La vérité doit se situer quelque part entre ces deux options. Tseu-hi a été décriée et parée de tous les vices de façon exagérée sans doute, mais elle n'a pas pû accéder au pouvoir et le garder si longtemps sans quelques ''crimes'' inavouables. Une femme passionnant quoi qu'il en soit et un récit orienté mais intéressant pour ce deuxième tome qui se termine avec la mort de Tseu-hi et sa dernière décision : nommer Pu-Yi empereur de Chine.
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