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Critique de kuroineko


Après Expiations, celles qui voulaient se souvenir, les éditions Atelier Akatombo retrouve Minato Kanae avec Nostalgie, un recueil de nouvelles. Comme toujours avec cette maison, le livre a bénéficié de ses soins, et de traduction, et de présentation.

Paru au Japon en 2013,le volume comporte en tout six histoires, ou, pour reprendre les termes indiqués en couverture, des nouvelles noires. Bien que classé dans la collection policiers, le rapport au genre est infime. Il s'agit plutôt de récits navigant dans des méandres ombreux.

Un lien lie l'ensemble du recueil : lampe petite île de Shiratsunajima, dans la mer de Seto, ou mer intérieure. "Trou perdu" pour la plupart des citadins de la grande île proche de Honshu, elle a la caractéristique d'avoir été une île - ville pendant très longtemps, vivant à son rythme, entre pêche maritime et construction navale.

Autre point concordant entre les nouvelles : la place et le poids du passé pour chaque narrateur. Plus précisément, des incompréhensions attachées au passé et qui continuent de peser et influer sur l'existence des personnages, des décennies plus tard.

Plus que des intrigues mues par une énigme et du suspense, Minato Kanae utilise ses récits dans un but qu'on pourrait qualifier de moral. En effet, chaque histoire montre combien le rapport au passé et à ses proches se retrouvent souvent biaiser par le fait de rester focalisé sur soi-même. Les divers narrateurs du recueil vont chacun devoir changer de point de vue, prendre du recul et faire la part des choses pour enfin envisager leur passé avec plus de justesse. Et en tirer ce qu'il faut pour poursuivre sa route dans la vie.

L'auteure révèle également à travers ces six récits des éléments sociaux et sociétaux récurrents dans la littérature et le cinéma japonais : le manque de communication entre parents et parents-enfants, le poids parfois étouffant des obligations envers les aînés, le harcèlement scolaire ("ijime", qui peut tendre à la plus atroce cruauté), les relations sociales qui empiètent sur la vie, etc. On aimerait parfois conseiller aux personnages d'envoyer paître telle ou telle personne. Mais ça ne fonctionne pas comme ça au Japon, sauf à vouloir s'exclure de la communauté.

Tout ceci rend la lecture de Nostalgie très intéressante, tant sur des éléments propres à la "japonéité" que sur les caractères profonds d'êtres humains en quête de réponses et de mieux-être. Un aspect universel. Et qui nous offre un miroir par-delà les distances géographiques et linguistiques.
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