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sur 148 notes
Une nouvelle fois, Hubert Mingarelli prouve tout son talent pour créer une ambiance dans un roman minimaliste se déroulant dans un contexte qui aurait pu favoriser des envolées, des événements graves et tragiques, des surprises.
Comme dans Un repas en hiver, il m'a emmené sur les pas de héros qui n'en sont pas, me faisant vivre avec eux ce voyage improbable dans une Allemagne vaincue, sur les pas d'un photographe de l'armée britannique, accompagné d'un chauffeur, O'Leary.
Alors que j'attendais à chaque page, un événement extraordinaire, je découvre, au fur et à mesure du récit, l'évolution des rapports entre les deux hommes. Cela va du respect tout militaire du subordonné jusqu'à des liens d'amitié très forts.
Ces deux hommes sont hantés par des souvenirs très douloureux. Seul, le narrateur, le photographe de guerre, livre quelques éléments de ses cauchemars : tous ces morts sous une bâche, bâche qu'ils tentent de soulever de leurs bras et de leurs jambes. Ce sont des images d'un camp de concentration qu'il a vu libérer. Quant à O'Leary, il ne livre pas ce qui le traumatise, ne dit pas pourquoi il se réfugiait dans les dunes de Lowestoft, en Angleterre. Cet homme s'est engagé dans les transmissions mais n'a pas combattu, d'où le mépris de ses camarades.
Enfin, il y a ces photos, ces rencontres avec des gens, au hasard de leur cheminement, en voiture. Ce peuple allemand, complice d'un des plus grands drames connus par l'humanité, tente de vivre après tant d'atrocités. La barrière de la langue ne facilite pas le contact mais le photographe parvient presque à chaque fois à ses fins, fait poser les gens devant leur maison et prend ses photos. C'est souvent tendu mais O'Leary a un fusil et il est en uniforme, ce qui favorise l'accord des gens.
Lire Hubert Mingarelli, c'est plonger dans une ambiance très spéciale mais j'adore me laisser prendre par son style d'une simplicité sobre et belle et je remercie Masse Critique de Babelio et les éditions Buchet/Chastel pour m'avoir fait retrouver cet auteur.
C'est une très bonne idée d'emmener son lecteur dans la campagne allemande d'après mai 1945 et ce roman dit beaucoup de choses sans être démonstratif. C'est un bon roman, plaisant à lire, intriguant, à la fin énigmatique mais moins intense qu'Un repas en hiver malgré le drame qui survient alors que tout semblait baigner dans le calme. Pourrait-il y avoir une suite à La Terre invisible ?

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A la fin de la seconde guerre mondiale, les hommes des forces alliées parvenus sur place découvrent avec stupeur l'horreur des camps de concentration. Parmi eux, en Allemagne, un photographe de l'armée anglaise réagit au choc en sillonnant les environs pour accumuler des clichés de la population voisine. Un jeune soldat l'accompagne et lui sert de chauffeur.


Comment mieux évoquer l'indicible qu'en évitant les mots ? Hubert Mingarelli construit son récit sans jamais sortir du non-dit, ne nous renvoyant l'atroce réalité que sous la forme d'un reflet dans le regard des protagonistes témoins. Ne nous est donné à voir ici que l'effet, ou l'absence d'effet, sur ceux qui ont vu. Car, autant que ce qu'il vient de découvrir, n'est-ce pas la passivité indifférente de ces gens des alentours qui choque le narrateur photographe ? Cherche-t-il à retrouver sur leurs visages l'état de sidération qui le tient, une trace de remord ou de culpabilité, une marque du mal qui expliquerait l'inexplicable ? Comment admettre que l'espèce humaine ait pu engendrer tant de barbarie ?


Peut-être s'ingénie-t-il aussi à aligner les portraits-robots d'une criminalité collective, car face à l'infamie, le réflexe n'est-il pas de s'emparer des coupables, ne serait-ce que pour soulager son impuissance, sa colère et sa peur ? Ce qu'il entend révéler ou mettre à distance dans ses portraits, n'est-ce pas ce qu'il craint qui pourrait lui faire perdre son sang-froid, et, comme d'autres, l'amener à des actes de justice expéditive qu'un rien suffirait à déclencher ?


Au final, ce jeu de miroir, qui m'a fait penser à la manière d'approcher les Gorgones de la mythologie grecque, confère retenue et sobriété à ce court roman qui, malgré son thème difficile, se lit étonnamment sereinement.

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Quel livre étrange !
Il est peu de dire que je l'ai aimé, lu d'une traite en quelques heures.
Il s'en dégage comme une sorte de léthargie dans un temps qui semble suspendu.
Nous sommes en Allemagne à la fin de la guerre, le narrateur, photographe anglais, ne peut se résoudre à rejoindre son pays.
Il semble obsédé par les images d'un camp de concentration qui vient d'être libéré. Ses rêves sont hantés par une bâche qui se soulève régulièrement comme animée par les corps suppliciés qu'elle recouvre.
Muni de son appareil photo, il part sur les routes pour fixer sur la pellicule des visages anonymes.
Accompagné de son chauffeur, il fait halte dans des fermes, pour avoir de l'eau ou des oeufs à rajouter aux maigres rations militaires dont ils disposent encore.

Il n'y a pas ou peu d'action. La barrière de la langue rend les dialogues quasi inexistants. Les descriptions des paysages sont rares et répétitives, les régions traversées n'ont que peu de relief.

Alors qu'est-ce qui fait le charme de ce roman ? Les impressions, les ombres, les non-dits, le mystère qui entoure ces deux hommes.
Qui sont-ils ? Quel sont leurs secrets ?

Toutes les réponses ne nous sont pas données. Hubert Mingarelli laisse libre cours à l'imagination de son lecteur, l'invitant peut-être à écrire dans sa tête la fin du livre.

J'ai adoré.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Buchet-Chastel pour ce magnifique cadeau.
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Allemagne, Juillet 1945. C'est la libération des camps, des prisonniers marchent en rang. En silence. le silence règne sur les étoiles, sur le plafond de ma chambre. En silence, je découvre mon troisième roman de Hubert Mingarelli. Ne me demande pas d'où vient l'attrait pour cet auteur, je n'en sais rien. Si, demande-moi... Parce que je crois que ce que j'apprécie chez lui, c'est la poésie de son silence, un silence omniprésent dans les pages de ces récits. Celui-ci ne fait pas exception. Au milieu de cet univers, un photographe anglais parcours cette lande devenue misérable mais presqu'encore plus belle vidée de sa vie. Accompagné d'un chauffeur à ses ordres, ils errent tout deux, s'arrêtent pour prendre en photo des gens. Quelle motivation ? Peu importe... Quel secret se cache derrière ces deux personnes ? Je ne saurais dire... Pourtant... oui pourtant, parce que ce roman vaut tous les pourtant. Une atmosphère presque hypnotique, la pluie mouille, le soleil évapore la rosée, il y a de la vie dans ce silence, la nature y est sublimée, et pourtant ils sortent d'un triste moment de l'humanité, une défaite de l'âme humaine, cette guerre...

A suivre le cours du Rhin, à dormir sous le regard de la lune, dans un champ ou à même la paille d'une grange, il ne s'y passe rien d'intéressant. Et pourtant, cette errance a quelque chose de captivant, de furieusement poétique même. Jusqu'au vont-ils aller, un stock de rations dans le coffre de la voiture ? D'ailleurs, un roman qui commence par croiser un type avec un pack de bières ne peut qu'attirer le pauvre type que je suis, remontant à la surface mes sombres souvenirs de Paulaner. Et parce qu'une bière se boit en silence, moine ou pas, écrivain ou pas, buveur-lecteur tel que je me qualifie, la qualité d'un livre se jauge avant tout à ces verres bus en toute amitié et humanité. C'est mon seul critère de sélection, jugement d'étoiles, sensation de plaisir, l'histoire est devenue secondaire devant l'intimité d'une bière, dans la poussière d'un ranch ou sur « La Terre invisible ». J'adore l'onirisme de cette histoire et le silence palpable entre ces deux êtres hantés par leur sombre vie.
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Nous sommes en juillet 1945, à Dinslaken, au bord du Rhin, sous une intense chaleur. Un photographe anglais a « visité » un camp de concentration qui vient d'être libéré, en compagnie du colonel Collins, un gradé et de son chauffeur McFee qui se trouve incapable de dire ce qu'il a vu et n'a qu'une envie retourner chez lui le plus vite possible. Peut-on dire quand ce que l'on a vu est innommable ?

Notre photographe n'a pas envie de partir, il ne sait pas pourquoi, il a envie de photographier les gens du coin, simplement. Collins lui confie une voiture et O'Leary, un jeune homme qui vient juste d'arriver sur les lieux. Tout juste formé, il est arrivé trop tard sur le front et il pourra dire qu'il n'a jamais tué personne, donc les autres se moquent un peu de lui.

Ils vont partir au hasard sur la route avec quelques jerricans d'essence et des rations alimentaire.

Comment parler d'un roman où en apparence il ne se passe rien ? le héros a une quête mais ne sait pas laquelle, tout ce qu'il sent, profondément en lui, c'est qu'il doit photographier les gens, dans leur vie de tous les jours. Il arrive à les approcher, même s'il est mal accueilli ; parfois, seul le fusil et la tenue militaire de son compagnon de voyage lui permettent d'établir un contact.

En fait les deux héros sont en quête de quelque chose et ont leurs propres cauchemars : les corps des morts qui s'agitent encore sous les bâches qui les recouvrent pour le photographe, et ceux liés à la vie de tous les jours du jeune militaire, qui chez lui allait dormir sur la plage, creusant un abri dans le sable. Ils fuient probablement quelque chose, l'un comme l'autre.

A-t-il voulu comprendre ce qui se cachait derrière ces personnes qui vivaient à proximité des camps et ne rien faire ? ou simplement voir si la vie continuait son cours à la fin de la guerre, comme auparavant ? qu'est-ce qui est invisible ? la conscience des personnes ? ou bien les camps ?

On ne saura jamais ce que le photographe recherche en tirant les portraits des gens, fermier, un couple qui se marie, entre autres. Hubert Mingarelli laisse le lecteur imaginer, en fait, à lui de se poser les questions. C'est très surprenant !

Je me suis demandée tout au long du roman, où l'auteur voulait m'emmener, sans vouloir me donner de réponse et étrangement c'est ce qui a fait la magie du livre. J'en suis sortie avec un tas de questions, un cerveau en ébullition à force de formuler des hypothèses…

L'écriture est belle, et ce livre m'a vraiment plu… Il m'a donné envie d'explorer l'univers de cet auteur que je ne connaissais pas du tout, alors qu'il a une quinzaine de livres à son actif, dont l'un a obtenu le prix Médicis.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet-Chastel qui ont bien voulu m'accorder leur confiance.

#LaTerreInvisible #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Allemagne, juillet 1945. Démobilisés, les soldats anglais quittent peu à peu le pays vaincu et exsangue. Un photographe de guerre ne peut se résoudre à rentrer chez lui, hanté par les images d'un camp de concentration libéré par les troupes anglaises. Dans l'espoir insensé de comprendre une telle barbarie, il part sur les routes allemandes à la rencontre d'un peuple qui a laissé faire. le soldat O'Leary qui vient d'arriver et n'a pas connu les combats lui sert de chauffeur. le périple commence et les deux hommes échangent peu, partageant seulement les rations militaires et l'inconfort des nuits passées dans la voiture. Au fil du fleuve qu'ils longent, ils rencontrent des hommes, des femmes, des enfants, toujours méfiants, parfois hostiles, rarement amicaux. le photographe prend des clichés, le chauffeur l'interroge sur cette démarche qu'il ne comprend pas tout en distillant des confidences sur sa vie avant la guerre. Unis par les expériences partagées lors de cet improbable périple, les deux Anglais évoluent dans une ambiance de fin du monde, dans un pays qui panse ses plaies.

Deux hommes hantés, un pays dévasté, un drame. Minimaliste, l'écriture d'Hubert Mingarelli nous entraîne, à coup de phrases sèches et concises, dans un road-trip dans l'Allemagne de 1945. A la rencontre des Allemands dont on ne sait s'il faut les mépriser, les haïr ou les plaindre.
Deux solitaires qui échangent leurs silences, un environnement figé et des questions sans réponses. Que cherche le photographe en fixant sur la pellicule ces familles devant leurs maisons ? Une trace d'humanité alors qu'il a vu que les hommes étaient capables du pire ? Dans sa rétine des images de morts, des corps entassés, des êtres martyrisés, la barbarie nazie, dans son objectif monsieur et madame tout le monde esquissent un sourire timide, pas conscients encore du fait que demain le monde entier les jugera...
Un livre étrange, une ambiance lourde, des personnages qui gardent leur mystère jusqu'au bout...une lecture qu'on termine avec soulagement pour retrouver un peu de soleil, de joie, de bonheur.

Un grand merci aux éditions Buchet Chastel et à Babelio pour cette masse critique privilégiée.
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Allemagne, 1945. Comment survivre à l'innommable, à ces cauchemars qui hantent les nuits. Un photographe anglais décide de ne pas rentrer chez lui et part pour imprimer sur ses pellicules les visages d'anonymes qu'il rencontre. le lecteur découvre un pays ravagé, cette terre devenue invisible.

Hubert Mingarelli décrit le silence qui entoure cet homme parti en quête. Quête de quoi, pourquoi ces photos, nous ne le saurons jamais. le temps d'une lecture, il nous offre un voyage sur des routes désertées, ou alors à travers champs et bois. Tout est perçu à demi-mot. L'écriture est sobre et épurée, le style minimaliste.

En parallèle de cette lecture, j'ai ouvert un livre de photographies prises par Lee Miller durant la Seconde guerre mondiale. Tout est là, dans ces regards. Un voyage en enfer, au pays des barbares. Mais que deviennent les vainqueurs, et surtout les vaincus ?


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Je n'ai pas vraiment saisi la profondeur de ce roman, je n'ai pas été sensible à l'écriture. Je n'ai peut-être pas fait l'effort non plus mais, j'ai lu page après page sans avoir beaucoup d'émotion et même peu d'intérêt.
L'idée de montrer combien un photographe de guerre peut-être marqué à un point tel qu'il n'arrive plus à rentrer chez lui après avoir été témoin de la Libération d'un camp de concentration en 45 est intéressante mais je suis restée au bord du chemin et n'ai pas réussi à parcourir avec lui et son jeune chauffeur son périple au coeur des villages Allemands. Certes, l'écriture est poetique mais cela n'a pas été suffisant pour moi. Je pensais que je serais touchée par ce photographe et ce qu'il porte en lui après avoir vu tant d'horreur mais je dois reconnaître que je suis passée à côté de la plume d' Hubert Mingarelli, pourtant si souvent vantée.
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Mes amies babeliotes (qui se reconnaîtront ) m'avaient donné envie de découvrir ce livre et cet auteur.

Un roman court mais intense.

Juillet 1945. Deux hommes vont parcourir l'Allemagne vaincue, l un photographe britannique et un soldat qui vient d'arriver et sera son chauffeur. Deux hommes hantés par des visions horribles, celles d'un camp de concentration qu'il a visité pour le narrateur-photographe, et d'autres, liées à son enfance, que le lecteur devine seulement car tues , pour O'Leary.

Je n'ai pas envie d'en dire plus, car c'est un livre qui se vit de l'intérieur, qui remue, intrigue, oppresse aussi, malgré la sérénité des paysages bucoliques rencontrés. On suit le parcours étrange et erratique de ces deux hommes , le long des méandres du Rhin, on se demande comment les habitants vont réagir quand le narrateur les prend en photo, jusqu'à l'obsession.

Un style sobre, des paroles rares échangées, mais une amitié qui grandit, dans ces circonstances particulières.

Vraiment une lecture singulière, un univers à part, j'ai l'intention de pénétrer davantage dans l'oeuvre d'Hubert Mingarelli, malheureusement décédé en janvier.
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Quelques semaines après la guerre, un photographe parcourt l'allemagne, fait sortir les gens des maisons. Il est piloté par un soldat anglais arrivé après la guerre et chaque fois que celui-ci lui demande pourquoi il ne répond pas ou dit 'je ne sais pas'.
La nuit lui revient des cauchemars on suppose d'une visite au camp de la mort...

Beaucoup de non-dits dans ce road trip qui pourrait parraître ennuyeux et pourtant il se crée une ambiance.

Ce voyage sent tellement le vécu que c'est presqu'inconcevable qu'il ait été écrit par un écrivain contemporain!
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