Océan Pacifique

« OCÉAN PACIFIQUE » Hubert Mingarelli (Seuil, 181 pages)
Trois nouvelles. Pas trois histoires, car ces textes ne racontent rien, en tous cas pas d'évènement particulier ; mais trois ambiances différentes qui se rejoignent peut-être, qui veulent donner une tonalité, faire ressentir un lien qui se tricote tant bien que mal entre des êtres humains.
Quelques matelots sur un navire de guerre au moment des essais nucléaires de Mururoa, qui s'empêtrent dans leurs solitudes. Un chien qui a trouvé sa place dans l'équipage d'un bateau de la Marine Nationale et dont le narrateur, matelot, plus ou moins contraint s'occupe comme s'en occupait son ancien maître. Et un jeune homme perché sur le toit de sa maison pour capter une dernière fois les paysages de sa terre avant son premier embarquement sur un navire, et qui échange avec son père resté au pied de la demeure : dialogues pudiques, le temps qui s'étire et qui s'étire.
Trois histoires de rien. C'est beaucoup moins prenant que son « Hommes sans mère ». Je pense à certains auteurs capables d'écrire des « histoires de rien » (Christian Bobin, Erri de Luca…), mais dont l'écriture est tellement sublime qu'elle remplit toute entière les pages d'une force et d'une poésie essentielles, d'autant qu'elle offre si souvent des vérités humaines d'une exceptionnelle densité. Je n'ai certes rien à redire au style de H.M., mais il lui manque une intensité qui soutiendrait l'intérêt, qui accrocherait au texte. Trois histoires de rien, et pas grand-chose de plus, je me suis un peu ennuyé.

Ici l'auteur nous fait entrer dans trois histoires avec la mer comme toile de fond.

Dans la première, trois marins se retrouvent sur un bâteau dans le Pacifique au moment d'un essai nucléaire. Comme tout bon marin (et tout bon héros de Mingarelli...) , ils étaient déjà plutôt silencieux, mais ce nuage atomique les laisse sans voix. Seuls les souvenirs de leur mère au loin leur apportent un peu de réconfort.

Le réconfort, voilà également ce qu'apporte le chien Giovanni dans la seconde nouvelle. Pour les marins présents, il symbolise celui auquel on peut parler, et même se confier, sans être ridicule.

Et enfin le jeune garçon qui monte sur le toit de sa maison avant de partir, le lendemain, sur un bâteau, cherche à emmagasiner des souvenirs et à être rassuré par un père encore très proche.

On retrouve les thèmes chers à Mingarelli, les relations à deux, les relations père-fils, la solitude enfin, inéluctable, quelques soient les relations tissées avec les autres, avec un style épuré et minimaliste où chaque mot est indispensable.

Un univers typiquement masculin auquel je ne comprends pas grand chose : en avant les petits soldats...
Le style en lui-même est plutôt plaisant, mais c'est le contexte (à chaque fois un genre de huis clos) où les hommes entre eux ne se font pas de cadeaux (et c'est peu de le dire !) qui m'indispose.
Vraiment : pas la place d'une femme, ici ! Et en conséquence, pas très à mon goût, puisque je ne me sens pas invitée...

C'est le roi de la chute. Trois nouvelles pour un roman, trois moments de la vie d'un jeune engagé dans la marine, ceux de la déconvenue, du retour sur la terre des hommes. Trois moments étirés à l'extrême pour mieux nous cueillir à l'arrivée. Je vais lire le reste, maintenant.

J'ai lu ce recueil de nouvelles après avoir vu le film "Noir Océan" qui s'inspire justement de deux des trois nouvelles de ce recueil. J'ai apprécié de retrouver les histoires et les personnages du film dans les deux premières nouvelles, mais la troisième m'a totalement laissé indifférent.