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Un repas en hiver est un roman quasiment en huis clos. Tout est concentré dans un seul lieu, une fois que les soldats sont parvenus dans cette ferme perdue dans l'hiver polonais, une maison abandonnée dans la campagne blanche et froide. Ce sont trois soldats allemands. Ils sont partis à la recherche de juifs. Ils s'appellent Emmerich, Bauer et il y aussi le narrateur dont on ne connaît pas le prénom. Le froid mordant est là ainsi que la neige épaisse de cet hiver polonais. Ils se mettent en quête, avancent. Ils ne veulent plus participer aux fusillades, notamment celles des juifs que leur guerre impose. Ils marchent dans la forêt, dans l'hiver transi, surprennent une maison, ainsi qu'un homme qui rodait par là. C'est un juif. Ils le capturent. Dans la maison abandonnée, ils sont désormais quatre personnes autour d'une casserole à improviser ce que pourrait être un repas partagé ensemble par la force des choses. Quelle est la part d'humanité qu'ils ont et qu'ils sont prêts à partager ? Ils sont prisonniers du décor, du paysage, de la neige et de la nuit, le temps que ce paysage vienne et parte, le temps que le jour fasse son deuil... Le doute vient alors, s'immisce comme un courant d'air, comme un ruisseau dans une prairie, comme une phrase dans la nuit qu'il faudrait dire et qui ne vient pas. Arrive un peu plus tard un polonais avec son chien, qui, à la vue du prisonnier juif exprime une haine à son égard. L'endroit est sommaire. Il y a très peu de vivres. Ces cinq hommes finissent par parvenir, avec un peu d'ingéniosité ensemble, à s'improviser un repas. La question se pose alors. Que faire de ce prisonnier avec lequel ils ont partagé ce repas ? Avec lequel il y a eu du partage, de l'empathie, une forme de fraternité, le temps d'un repas en hiver au fin fond de la campagne froide de Pologne. Le doute va alors s'immiscer dans le dialogue entre les trois soldats allemands... C'est un livre au récit très court, sobre et douloureux. Nous sommes dans l'histoire d'emblée. Nous sommes les personnages et nous les côtoyons. Nous prenons avec eux cette soupe sommaire... Serons-nous là encore avec eux lorsqu'ils prendront leur décision ? Comment sortir de cette histoire qui fait déjà mal ? J'aime cet auteur Hubert Mingarelli, taiseux et sensible. C'est un récit que j'ai trouvé bouleversant. + Lire la suite |