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Critique de ODP31


Martin Servaz ne braconne pas la galinette cendrée.
Son gibier à lui, c'est l'assassin pyrénéen, le fêlé occitan. Après sept romans, je ne comprends toujours pas pourquoi les psychopathes continuent à étriper le chaland dans la région. S'ils lisaient les bouquins de Bernard Minier, ils sauraient que le midi Toulousain n'est pas un bon spot pour eux. L'air du midi, c'est bon pour les retraités et les joueurs de rugby, pas pour les tueurs.
Il faut dire que Servaz, c'est un aimant à criminel. Tu l'envoies une semaine en vacances sur une île déserte et il est certain que t'as un bulot qui se met à massacrer toute la poiscaille ; Tu l'envoies six mois dans l'ISS et il tombe sur un spationaute empoisonné au plat lyophilisé par un allergique aux selfies de l'espace.
Après la lecture de ce nouvel opus, mon diagnostic est à peu près le même que pour « La Vallée », paru l'an dernier. Un supo et au lit ? Non, je prescris cette lecture mais elle présente toujours un peu les mêmes symptômes.
Bernard Minier a le sens du rythme et il est toujours aussi difficile d'éteindre sa lampe de chevet tant qu'on ne connait pas le fin mot de l'intrigue. Morphée devra poireauter. La lecture est divertissante et pour un régional de l'étape, bientôt chauve mais pas chauvin pour un sou, pour deux peux peut-être, c'est toujours sympathique de reconnaître certains coins à champignons et de lire des noms familiers. L'excitation du passage du Tour de France en bas de chez soi.
Un jeune sauvageon de la banlieue toulousaine trouve la mort dans les forêts de l'Ariège. Des cornes de cerfs greffées aux oreilles laissent supposer un remake des chasses du comte Zaroff. Servaz va découvrir que d'autres repris de justesse ou échappés de justice ont disparu. Et si certains avaient décidé de privatiser la justice ?
Cette trame qui ne manque d'adrénaline va attiser les tensions sociales. Toile de fond peinte hélas sans nuance, saupoudrage de l'histoire qui vire à la tartine bien grasse. Si Bernard Minier excelle toujours dans l'action, ses digressions relèvent trop souvent de la caricature bâclée et s'égarent dans les lieux communs, interviews au Ricard, chaines d'infos au Pernod. Clichés sur les jeunes de banlieues, Polaroids de vieux militaires réacs, pellicules de flics désabusés, instantanés de notables véreux et hautains. Vous assaisonnez le tout d'un peu de drogues, d'intégrisme, de violences policières et vous avez le "fourzitou" de l'actu, les restes avariés d'une revue de presse trop empressée.
Il me semble que les premiers romans de la série ne brassaient pas autant d'idées reçues mais ma mémoire a peut-être censuré ces excursions naïves dans la complexité du monde d'aujourd'hui pour ne retenir que certaines scènes de crimes élaborées et intrigues ficelées comme un rôti saignant.
Servat, personnage très bien charpenté, arbitre impartial et désabusé de son époque, permet au roman d'échapper à l'hémiplégie idéologique et au lecteur de se focaliser sur cette nouvelle enquête dans l'air maussade du temps clivant.
Un bon polar pour le week-end mais une photo trop grossière de la société à mon goût.
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