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Commandant Martin Servaz tome 6 sur 8
EAN : 9782374481913
XO Editions (02/04/2020)
  Existe en édition audio
4.01/5   2611 notes
Résumé :
" Je crois que quelqu'un est en train d'agir comme s'il se prenait pour Dieu... "
Un appel au secours au milieu de la nuit.
Une vallée coupée du monde.
Une abbaye pleine de secrets.
Une forêt mystérieuse.
Une série de meurtres épouvantables.
Une population terrifiée qui veut se faire justice.
Un corbeau qui accuse.
Une communauté au bord du chaos.
Une nouvelle enquête de Martin Servaz
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4,01

sur 2611 notes
Il n'y a pas que des ours dans les Pyrénées. Il y a aussi une invasion de tueurs en série.
Pendant que Baloo et ses copines slovènes confondent troupeaux de brebis et bars à tapas sous l'oeil attendri des bisounours, Bernard Minier décime dans ses romans les aborigènes pyrénéens en introduisant un nombre incalculable de psychopathes passablement chafouins.
Depuis « glacé », Martin Servaz, son brave flic éprouvé par la vie, se charge de les pister. Servaz, c'est du miel à assassins. Vous l'envoyez dans n'importe quel patelin paumé qui n'a pas connu d'homicide depuis la période cathare et c'est l'hécatombe. Il traverse un village comptant moins de 10 âmes et vous pouvez déjà prévoir quelques vols pour l'au-delà. Il peut vous transformer la Belle des champs en maîtresse sadomasochiste, un chercheur de champignon nonagénaire en empoisonneur sadique, un éleveur de brebis en pédophile et un chasseur de sanglier du dimanche en sniper surentraîné. Chez lui, la famille Ingalls court dans les herbes hautes et se transforme en secte sataniste dès le tomber du jour. Même les foetus sont suspects.
Je suis un brin moqueur et pourtant j'ai lu tous les romans de la série sans y être forcé ou payé. En fait, cette lecture, c'est un peu comme une réunion de famille. On est content de revoir tout le monde une fois par an mais on ne peut pas s'empêcher de raconter toujours les mêmes histoires et de lancer des commentaires désagréables pendant le trajet de retour. Je pourrai mentir et dire que mon assiduité s'explique par la qualité du style - comment dit-on déjà quand il n'y en pas ? ah oui - sec et ciselé, ou que c'est en raison des intrigues haletantes, mais l'issue est à peu près toujours la même. L'humour ? Il est si bien caché que je le cherche encore dans la forêt. Je n'irai pas jusqu'à oser mettre en avant les digressions caricaturales sur le mal être de la police, les dangers des réseaux sociaux ou le malaise général de la société, qui semblent puisées dans des brèves de comptoir. Non, je crois que je lis surtout ces romans par chauvinisme parce qu'ils se passent par chez moi (mon piteux pseudo de cibiste est révélateur de ce petit défaut) et que je me suis attaché aux personnages.
Cet opus est un huis clos au grand air qui multiplie les références aux précédentes enquêtes, ce qui flatte les habitués mais peut dérouter des lecteurs de passage.
Pour isoler une vallée montagneuse du reste du monde, rien de mieux qu'une explosion pour ensevelir la seule route qui permet d'y accéder. Servaz est coincé sur place car il a reçu un appel au secours de Marianne, mère de son fils, compagne disparue et kidnappée à répétition. Parti à sa recherche dans une vallée de montagne, il doit faire face à plusieurs crimes ritualisés. Marques de fabrique chez Bernard Minier, les scènes de crimes sont des tableaux horrifiques digne de Jérôme Bosch, qui laissent plus de souvenirs que les scénarios de ses romans. Entre un monastère isolé, une forêt dense et sauvage, une petite commune où la révolte populaire gronde et le retour d'Irène Ziegler, gendarmette du premier tome de la série, pâle copie de Lisbeth Salander, l'écosystème est favorable aux randonnées meurtrières.
Voyage en terrain connu, la corde de la série est de plus en plus effilochée et l'histoire s'use avec un héros qui semble aussi fatigué par ses enquêtes que le lecteur.
Malgré tout, le roman se laisse lire sans déplaisir, le rythme est adapté à l'intrigue, les personnages féminins sont davantage travaillés et dominent les débats de façon intéressante. L'idée d'isoler toute une vallée pendant l'enquête permet aussi de décortiquer les rouages du soupçon en milieu confiné.
J'ai avalé la vallée comme une glace à l'eau du robinet ! C'est frais mais cela manque de saveur.

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Bernard Minier aurait-il pompé toute mon énergie de chroniqueur avec les 520 pages de son dernier roman ?
L'angoisse de la page blanche me saisit au moment de rédiger quelques lignes pour parler de la vallée.
Serait-ce d'avoir été prisonnier dans ce village de 4000 âmes, comme tous les protagonistes de son histoire ?
Serait-ce d'avoir eu peur, avec eux, que le ou les coupables des crimes horribles perpétrés dans la région ne soient jamais arrêtés ?
Ou bien le stress de ne pas savoir lequel, de ces gens que l'on croise chaque jour, avec qui l'on échange avec courtoisie parfois, qui sont nos amis, nos proches peut-être, lequel donc, parmi eux, est aussi démoniaque pour commettre de pareilles atrocités ?
Je n'étais pas retourné chez cet auteur depuis son glacé. le tout premier, la première enquête de Martin Servaz. Il en a coulé de l'eau sous les ponts depuis. Il a fait son bonhomme de chemin notre écrivain.
Mais voilà, nos routes ne s'étaient plus croisées depuis cette lecture que j'avais pourtant particulièrement appréciée.
Les récents commentaires, parfois dithyrambiques, sur ce nouveau volet des aventures de Servaz m'ont logiquement poussé à replonger dans l'univers de l'un des rares auteurs de polars avec qui je n'ai jamais eu l'occasion d'échanger à ce jour sur un salon. (Visiblement, pour 2020, ça me paraît compliqué...).
Bref, parlons-en de ce roman.
Martin Servaz, est mal barré.
Ex -commandant, rétrogradé Capitaine, il est en attente de passer en conseil de discipline et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'est pas très confiant. Bien que blanchi par la justice, il est dans le collimateur de sa hiérarchie, qui, excédée par ses façons peu conventionnelles de pratiquer son métier, et malgré des antécédents et des résultats probants, pourrait bien le virer.
En pleine nuit, alors qu'il est suspendu, Martin reçoit un appel.
Il n'en croit pas ses oreilles. C'est impossible.
L'appel au secours vient d'une personne qu'il croyait à jamais disparue.
Alors, tant pis, quitte à tout perdre, il fonce.
Une abbaye mystérieuse.
Une forêt dense.
Une montagne qui tremble.
Une ville au fond de la vallée, Aiguesvives.
Là, commence l'angoisse.
Là, la tension monte.
Là une communauté, jusqu'ici paisible, apeurée, se révolte.
Dans l'ombre de la gendarmerie, sous les ordres d'Irène Ziegler qu'il croisa  jadis, Servaz mène  l'enquête.
Minier est un manipulateur.
Machiavélique.
Il séquestre son lecteur.
Il le ligote.
Il le torture, même.
J'imagine son sourire carnassier quand il écrit.
Son talent ?
Aucune séquelle.
Quand il vous libère, vous ne portez aucune trace de ce que vous venez de vivre.
Seuls les maîtres du thriller sont capables de vous offrir ce genre de sensations.
Bernard Minier en fait incontestablement partie.
Ma plume, enfin libérée, à trouver des mots pour exprimer mon ressenti.
Il ne me reste désormais qu'à lire d'autres ouvrages de cet auteur et surtout à aller à sa rencontre dès que j'en aurai l'occasion.



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Je suis les aventures de Martin Servaz depuis de nombreuses années, et c'est toujours pour moi un immense plaisir de découvrir un nouveau Bernard Minier. D'ailleurs, je me le suis offert le jour de sa sortie même si j'ai attendu mes vacances pour le dévorer.
Cette nouvelle enquête intitulée La vallée commence avec un appel au secours au milieu de la nuit...
Conséquences : Une vallée coupée du monde.
Ajoutez à cela : Une abbaye pleine de secrets ; Une forêt mystérieuse ; Une série de meurtres épouvantables. ; Une population terrifiée qui veut se faire justice ; Un corbeau qui accuse ; Une communauté au bord du chaos....
Secouez le tout et vous frissonnez avec Martin Servaz, qui se demande bien où il a mit les pieds...
La vallée nous permet de retrouver des personnages chers à l'auteur (mais je ne vous dirais pas qui, pour ne pas spoiler).
Âmes sensibles s'abstenir car c'est un roman violent, certaines scènes sont vraiment très fortes.
Il y a beaucoup de surprises, énormément de suspense, des fausses pistes, des personnages forts et une histoire machiavélique.
En résumé, La vallée est un très bon Bernard Minier et il ne m'a pas du tout déçu avec ce nouvel opus.
Une seule chose à rajouter : Lisez-le !!!
Ma note : un énorme cinq étoiles
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Martin Servaz reçoit un coup de téléphone qui va le perturber de Marianne, la mère de son fils qui a été enlevée et qui a disparue depuis 8 ans. Elle lui dit qu'elle a réussi à s'échapper et lui demande de l'aide. Avec les indications qu'elle donne, il pense reconnaitre l'endroit. Il se retrouve dans une vallée des Pyrénées coupée du monde près d'une Abbaye. C'est dans cette vallée que vont également avoir lieu des meurtres épouvantables. Il va résoudre l'enquête avec Irène Ziegler qu'il connait déjà.

Pas besoin je pense de vous présenter cet auteur, il fait partie des auteurs incontournables du thriller français. Personnellement je n'ai jamais été déçu par ses romans. Une nouvelle fois tous les éléments sont là pour avoir un bon thriller. Dès les premières pages, l'auteur arrive à capter l'attention du lecteur et faire en sorte qu'il n'est plus envie de lâcher le roman. le fait de retrouver des personnages récurrents comme Martin Servaz permet aussi de se plonger facilement dans l'histoire. Quand on passe un bon moment lecture et que l'on ne trouve rien de négatif à dire, on peut parler d'un coup de coeur.
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C'est avec le plus grand plaisir que j'ai retrouvé le commandant Martin Servaz, le héros si attachant de Bernard Minier. L'auteur nous emmène dans ma région, au milieu des montagnes pyrénéennes à la beauté froide, dans une vallée plutôt isolée et inhospitalière, où de nombreux meurtres sordides vont le replonger dans un passé qui le hante, celui du tueur en série Julian Hirtmann et de Marianne, son ex-femme disparue depuis de nombreuses années kidnappée par le tueur.
Cette vallée devient un huis-clos infernal, angoissant dans lequel le policier traque un esprit dérangé, intelligent, manipulateur et redoutable.

*
Au beau milieu de la nuit, un coup de téléphone, celui de Marianne. Un appel au secours. Martin Servaz a peu d'éléments pour la retrouver. Ce qu'il réussit à saisir des paroles de la jeune femme est qu'elle a été séquestrée dans les Pyrénées, qu'elle a réussi à s'échapper. Poursuivie, elle se cache dans la forêt, non loin de l'abbaye des Hautsfroids.
Espoir de la retrouver vivante. Crainte de la perdre à nouveau, peur d'arriver trop tard. le commandant, suspendu par sa hiérarchie et en attente de son conseil de discipline, ne peut que se rendre sur les lieux et mener son enquête en toute discrétion, du moins au départ.
Mais lorsque des meurtres abominables s'enchaînent, la concomitance des deux faits s'avère troublante et le lecteur ne peut que se demander quel lien relie l'évasion de Marianne à la série d'homicides dont les mises en scène spectaculaires et effroyables montrent un criminel inventif, méthodique et machiavélique.
Et lorsqu'un éboulement d'un pan de la montagne, dont l'origine criminelle ne fait aucun doute, coupe la vallée du reste du monde, le village et ses habitants se retrouvent alors isolés, à la merci du meurtrier.
La tension monte dans le village d'Aigues-Vives, les pages se tournent de plus en plus vite jusqu'au dénouement particulièrement bien réussi et totalement inattendu.

*
J'ai apprécié l'univers décrit pas l'auteur. On se sent totalement imprégné par l'ambiance anxiogène, étouffante de ce huis-clos, la forêt immense, froide, humide et impénétrable, l'abbaye retirée du monde, les religieux tenus au secret, les villageois nerveux au bord de l'implosion, l'ambiguïté des suspects.
Les personnages sont comme des icebergs, on ne voit que la face émergée, l'autre face, immergée, cache des personnalités bien plus complexes qu'elles ne paraissent, les apparences étant souvent bien trompeuses.
En effet, de nouveaux personnages apparaissent dont les comportements complexes et équivoques amplifient cette anxiété, en particulier celui de la psychiatre Gabriella Dragoman, particulièrement bien travaillé. Sa personnalité troublante et provocante accroît cette atmosphère sombre et oppressante.

*
Avec Bernard Minier, on est toujours sûr de passer un bon moment de lecture, sans jamais s'ennuyer. L'auteur distille dans ce quatrième tome des souvenirs des tomes précédents pour ne jamais perdre le lecteur. Si vous n'avez jamais lu la série de livres du commandant Servaz, je vous conseille donc de lire les trois romans précédents.
C'est aussi avec plaisir que j'ai retrouvé certains personnages comme Marianne dont on connaît à la fin du roman le sort qui lui a été réservé pendant toutes ces années d'enfermement, Irène Ziegler, la gendarme de « glacé », ou Hirtmann, toujours dissimulé entre les lignes.

*
L'efficacité du roman s'appuie une nouvelle fois sur un décor étouffant, des meurtres originaux et sauvages, une intrigue prenante et efficace, et bien sûr, le personnage charismatique de Martin Servaz qui évolue, plus mature, anxieux sur son devenir dans la police, mais aussi plus serein, moins sombre.

*
L'écriture est agréable et fluide, alternant l'action à des thématiques d'actualité ou de belles descriptions de la montagne, des forêts, de cette abbaye dissimulée dans la montagne.
Le seul reproche que j'aurais et ce n'est que mon avis personnel, un avis parmi des milliers d'autres, j'espère que l'auteur ne m'en voudra pas trop, mais les nombreuses réflexions, sur le mal-être de la société française à la dérive, la colère sous-jacente et grondante d'une partie de la population française, la crise de la police, le féminisme, ont cassé le rythme de l'intrigue et m'ont gênée, même si j'en conviens, elles ajoutent à l'atmosphère du livre.

Il n'en reste pas moins que j'ai passé un agréable moment en compagnie du commandant Servaz. « La vallée » est un bon roman, mais pas un coup de coeur comme j'ai pu l'avoir avec son premier roman « glacé ».
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Citations et extraits (163) Voir plus Ajouter une citation
L’horloge digitale du tableau de bord indiquait 3 h 45 quand il entra
dans la ville thermale plongée dans le sommeil, tel un chat blotti près d’un
poêle. Ses façades qui, autrefois, par une nuit aussi clémente, auraient gardé
leurs fenêtres grandes ouvertes, étaient cadenassées comme un coffre de
banque suisse.
Il traversa la ville sans s’arrêter en direction de la montagne sombre qui
fermait la vallée dans le fond.
En cette heure douteuse, elle semblait aussi morte que s’il avait
débarqué sur une planète sans vie. Au sortir d’un virage, il faillit louper
l’embranchement. Sur le bas-côté, la flèche « ABBAYE DES
HAUTSFROIDS » était presque entièrement dissimulée par le feuillage
d’un noisetier. Il freina, effectua une rapide marche arrière sur la route
déserte et vira à droite pour engager la Volvo dans la forêt. Il gravit la
colline au milieu des arbres aux troncs serrés et des tapis de fougères qui
creusaient un tunnel végétal, et bascula de l’autre côté, découvrit par une
grande trouée les bâtiments du monastère en contrebas, au creux d’un val
boisé : l’abbatiale du XIIe siècle, typiquement cistercienne avec sa tour et
son plan en croix latine, le cloître ceint d’arcades, les bâtiments des moines
– réfectoire, dortoirs – dont l’architecture massive semblait avoir été conçue
pour résister aux rigueurs de l’hiver et pour dissuader le curieux. Le tout,
caverneux, hostile, monumental. Il y avait des pelouses le long de la rivière,
dans le fond plat du vallon éclairé par la lune, mais les flancs des
montagnes qui entouraient le monastère étaient intégralement boisés.
Marianne… C’était de ces bois qu’elle avait appelé…
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Il songea à ce qu'avait dit un jour un psychologue lors d'une conférence à laquelle il avait assisté: les foules aimaient les réponses simples. Les mots comme "justice", "liberté". Les slogans. Elles préféraient l'irréel au réel, les croyances . aux faits, la désobéissance à l'autorité, la colère à la raison, la simplification à la complexité. Les revendications d'une foule pouvaient être légitimes, avait expliqué le psychologue, et elles l'étaient souvent mais les travaux de Le Bon, de Freud, de Festinger, de Zimbardo sur la psychologie des masses avaient établi que la plupart des individus présents dans une foule ont beau être des gens sensés, raisonnables, dès quon les plonge dans un collectif ils perdent non seulement leurs inhibitions, mais aussi leur sens commun, leur indépendance d'esprit et bien souvent leurs valeurs personnelles. En psychologie sociale, on appelait ça la désindividuation de groupe. Servaz avait apprécié la formule. La conséquence, avait ajouté le psychologue avec un sourire gourmand au-dessus de son noeud papillon, c'était que les foules aimaient le sang: les guillotines, les incendies, les lapidations, les lynchages, les destructions, les boucs émissaires... Sur l'écran derrière lui passaient des images d'Inde, du Pakistan, de Centrafrique, mais aussi de Garges-lès-Gonesse.
Sauf qu'aujourd'hui, se dit-il, les réseaux sociaux plongeaient des individus naguère autonomes et autoconscients dans une désindividuation permanente, un bain de faits et de fantasmes constamment alimentée par le ou les groupes avec lesquels ils restaient connectés.
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Un bruit insistant s’insinua dans son esprit, et il mit quelques
secondes à comprendre ce que c’était.
Son téléphone – il l’avait laissé sur la table de chevet.
Il retourna rapidement dans la chambre. La sonnerie avait réveillé Léa,
qui, dans le lit, se tournait à présent vers lui, dans le coaltar.
Sur la table de chevet, le téléphone continuait de se plaindre et de
réclamer son attention comme un enfant qui a faim.
1 h 30.
Quand un téléphone sonne au beau milieu de la nuit, c’est rarement
pour de bonnes nouvelles, se dit-il.
Le cœur battant, il marcha jusqu’à l’appareil, consulta l’écran : il ne
connaissait pas le numéro.
— Tu aurais au moins pu mettre une musique, plaisanta Léa, les
cheveux en désordre, le visage bouffi de sommeil.
Elle souriait – mais la tension perçait dans sa voix. Il hésita. Elle le
regarda, sourcils levés.
— Bon, alors, tu réponds ou pas ?
Il fit glisser le bouton vert, colla l’appareil à son oreille.
— Martin ! Martin, tu es là ?
Cette voix… Il tressaillit.
Il remarqua à peine que Léa l’observait. Cette voix… Il ne l’avait pas
entendue depuis huit ans, et pourtant il la reconnut immédiatement. Comme
si c’était hier la dernière fois. Le temps aboli, les années envolées, le passé
qui ressurgit comme une comète dans la nuit.
Il s’assit au bord du lit, ferma les yeux.
C’était impossible.
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… les foules aimaient les réponses simples. Les mots comme « justice », «liberté ». Les slogans. Elles préféraient l’irréel au réel, les croyances aux faits, la désobéissance à l’autorité, la colère à la raison, la simplification à la complexité. Les revendications d’une foule pouvaient être légitimes […] et elles l’étaient souvent- mais les travaux de Le Bon, de Freud, de Festinger, de Zimbardo sur la psychologie des masses avaient établi que la plupart des individus présents dans une foule ont beau être des gens sensés, raisonnable, dès qu’on les plonge dans un collectif ils perdent non seulement leurs inhibitions, mais aussi leur sens commun, leur indépendance d’esprit et bien souvent leurs valeurs personnelles. En psychologie sociale, on appelait çà la désindividuation de groupe. [….] La conséquence […] c’était que les foules aimaient le sang : les guillotines, les incendies, les lapidations, les lynchages, les destructions, les boucs émissaires, … […] les réseaux sociaux plongeaient les individus naguère autonomes et autoconscients dans une désindividuation permanente, un bain de faits et de fantasmes constamment alimenté par le ou les groupes avec lesquels ils restaient connectés.
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Il cliqua sur l’un des symboles, et une nouvelle page s’ouvrit. Les
quatre symboles apparurent : alignés verticalement à gauche, sur un fond
d’un noir intense, comme une portion d’espace dépourvue de lumière. En
face de chacun, un portrait. Un visage souriant, juvénile, innocent. Des
enfants… Entre dix et quinze ans, estima Servaz. Son regard glissa sur les
jeunes visages et son cœur tambourina, son cerveau se mit à gémir, empli
d’effroi : il en connaissait au moins deux. Il les avait croisés quelques
heures plus tôt.
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