On assiste dans ce polar à la descente aux enfers de Christine Steinmeyer, prise à partie au cours de l'émission radio qu'elle anime : elle est accusée de ne pas avoir empêcher le suicide d'une femme qui lui avait envoyé une lettre bizarre, la veille de Noël.
Et pourtant elle s'est adressée à tous les habitants de l'immeuble pour savoir si la lettre ne leur était pas destinée…
Christine a des parents qui ont été des célébrités du monde de l'audiovisuel, sa soeur est morte il y a quelques années et on lui fait bien ressentir qu'elle n'en est qu'un pâle reflet. Elle a rompu avec Léo, son amant spationaute, et s'est fiancée avec Gérald… tout ce bel équilibre (enfin peut-on vraiment parle d'équilibre ?) va se fracasser ; elle est harcelée au quotidien par un pervers, bien croustillant, et bien-sûr personne ne la croit ses proches, les gens de son équipe… On rentre chez elle, en laissant une musique d'opéra sur la chaîne poussée bien à fond, on s'en prend à son chien…
Et notre commandant Servaz dans tout cela ? Et bien, il est dans une « maison de repos » pour flics dépressifs car il a disjoncté en recevant par colis postale le coeur de Marianne envoyé par son ami Julian. Et pourtant, il reçoit des « indices » concernant le suicide d'une jeune femme, victime elle-aussi de harcèlement.
Un polar qui traite du harcèlement, de la manipulation mentale, on cherche qui est le pervers narcissique qui se cache derrière tout cela et on se plante régulièrement, entraîné dans des fausses pistes. En lisant ce polar, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à «
Juste une ombre » de
Karine Giebel que j'ai lu il y a quelques temps et dont le thème était un peu similaire.
Qui est le harceleur, mais aussi comment réagit la victime… sujet fort intéressant ! en plus,
Bernard Minier nous emmène en promenade dans les étoiles, avec la préparation dure des futurs spationautes, (on est à Toulouse) , la cohabitation dans la station spatiale, comment sont traités les femmes dans ce milieu quelque peu machiste surtout côté russe.
La musique est toujours omniprésente, avec ce cher Gustav Mahler, mais il est surtout question ici d'opéra, et principalement des opéras dans lesquels l'héroïne est poussée au suicide, et le roman est construit comme un opéra, chaque chapitre a un titre : Choeur, Baryton, Concertato, vibrato etc… et on croise le trouvère, Tosca et Madame Butterfly pour l'apothéose…
Bernard Minier se livre à une description très intéressante de la violence psychologique, au travail, en famille, mais aussi via les réseaux sociaux. Cf. P 257 à 263)
Ce roman se dévore, comme tout opus de
Bernard Minier, mais je l'ai moins aimé que « glacé », «
le cercle » ou «
Nuit » par lequel j'ai commencé cette série… on met plus de temps à entrer dans l'histoire, les héros sont quand même tous givrés et violents, et le tout arrosé d'une réflexion sur Noël, la fête familiale traditionnelle, joie pour certains, tristesse pour beaucoup d'autres, et parfois j'ai eu l'impression que l'auteur en faisait trop, donnait un catalogue de tout ce qui se fait sur Toulouse… de la conquête spatiale aux fermiers endettés en passant par le réchauffement climatique, l'audiovisuel…
Malgré ce petit bémol, je l'ai aimé quand même ce polar, et je vais continuer à suivre ce brave Martin, en espérant que l'auteur ne va pas tomber dans la facilité…
Challenge Pavés
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