Comme l’enfant…
Comme l’enfant qui met à l’eau son bateau
il est dedans le regarde partir
agenouillé au bord du bassin
comme pour un baptême
il est dehors et dedans et lui souhaite bon vent
il va, à-Dieu-vat
il fait l’apprentissage de la séparation
il fait l’apprentissage corps et âme
le point exact de leur jonction
On goûte la droiture…
On goûte la droiture d’une piste du verbe
on atteint des sommets d’angoisse, des abîmes
on pousse sur les rimes, on oriente
sa volonté dans l’abandon des habitudes
on engage tout le corps en langage dans le passage
la lenteur vous précipite dans un autre monde
vous devenez fusée flèche sonde
comme Glaucus devenu dieu des eaux
après avoir goûté une herbe
Je suis déjà venu ici…
Je suis déjà venu ici, ce que je dis
les yeux fermés je reconnais l’odeur verte
de la rivière dans sa colonne de lumière
sur l’eau dans ses lais dans le canoë
d’un corps filant et dansant parmi les rochers
en ricochets et pourtant dirigé
vers un point où s’oublie
la corruption actuelle des ruisseaux
J’ai pensé le temps d’une étincelle, logos
Elle luit…
Elle luit, elle bande l’arc de son lit
ma rêverie ma dérive était un sentier
de senteurs et de sentiments pour rappeler
la beauté du trajet veiné et des rives de ma contrée
traversée
En canoë vous pouvez dire la vérité de la rivière ma
main au feu.
Est-ce que ça va cette écriture…
Est-ce que ça va cette écriture ?
une longueur et des coupures
des barrages des ruptures
de calmes plages des précipitations
des remous des sauts des retours
oui, ça va, c’est bien ça, canoë
qui verse et se renverse
On s’est mouillé on est sauvé