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3,68

sur 188 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
• Lu dans le cadre du
PRIX DES LECTEURS 2024
CATÉGORIE LITTÉRATURE
pour le Livre de Poche
Sélection #3 - Février

Ce roman parle de l'histoire vraie des soeurs Papin, mais pas seulement.

Christine et Léa Papin sont accusées du double meurtre de leur patronne, Rinjard Léonie, épouse Lancelin, et sa fille, Geneviève, âgée d'à peine trente ans le 2 février 1933 au Mans.

"Deux meurtrières + deux mortes = quatre femmes au bout de l'équation. Pour les juger les unes et rendre justice aux autres, des hommes."

Le projecteur n'est pas uniquement braqué sur les deux soeurs, mais plutôt sur l'avocate.

C'est Maître Germaine Briére qui va défendre ces deux femmes. Cette affaire est faite pour elle, elle qui défends quotidiennement les ouvriers, les paysans et les domestiques. Si c'est n'est pas elle qui les défends, ce sera l'un de ces confrères, hommes bourgeois, avides de notoriété.

Imaginez une seconde, une avocate femme face à la misogynie du barreau dans son ensemble.

À partir du moment où c'est la parole d'une femme, elle part automatiquement perdante.

De plus, tous refusent d'entendre parler de lutte des classes dans cette affaire.

"Ils n'hésitaient pas à traiter les soeurs Papin comme des êtres inférieurs. Des êtres qu'on pouvait piétiner, humilier, qu'on pouvait comparer à un animal sauvage."

La bourgeoisie tremblait. Tous avaient peur de la révolte de leurs domestiques.

Mes paroles peuvent sembler déplacées, mais je n'ai trouvé aucun autre mot plus soft pour décrire ma pensée, vous m'en excuserez d'avance.
La parole de la femme n'est pas considérée, uniquement parce qu'elles n'ont pas de couilles dans le sens propre. Et pourtant... dans le sens figuré, les femmes ont fait et font encore preuve qu'elles en ont davantage que certains hommes.

Mais malheureusement, face à la justice des hommes, les femmes avaient perdues d'avance...

C'est un peu comme faire garder un poulailler par des renards. La finalité est prédite d'avance...

Je classerai plutôt cet ouvrage comme étude de droit sur fond de roman. Car ce récit porte sur le regard de justice de Julia Minkowski sur sa consoeur Maître Germaine Briére, son parcours, ses difficultés, son vécu et ses craintes.

Bravo à cette autrice d'avoir mis en avant le portrait de cette femme en nous plongeant dans le féminisme des années 30 en France.

C'est pour moi un gros coup de coeur.
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Germaine Brière fut le première femme avocate inscrite au Barreau du Mans et, il faut le souligner, la première à avoir accompagner son client au pied de l'échafaud ! Elle dût intenter un procès au même Barreau qui avait refusé de l'inscrire !

“Le Mans, 29 septembre 1933. Maître Germaine Brière prononce les derniers mots de sa plaidoirie. Sur le banc des accusés, les soeurs Papin, les deux bonnes qui ont tué leurs patronnes.”

L'attente du verdict est l'occasion pour Germaine de revenir sur son parcours et ses embûches, sur sa vie quand elle était petite et l'implication de sa mère dans son devenir.

Elle repense aussi à ce procès des deux employées qui ont tué 2 bourgeoises et le fait que cela les condamne immanquablement, dans un tribunal où ne siègent que des hommes !

Ce roman qui a pour cadre un procès est le portrait d'une femme déterminée, intelligente et humaine, écrit par une avocate qui ainsi rend justice à une femme injustement oubliée car morte très jeune mais qui perpétua l'évolution amorcée par Jeanne Chauvin !

Une lecture agréable avec beaucoup d'admiration pour Germaine Brière et de ce qu'elle a accompli !

Pour la petite histoire, l'acte des soeurs Papin fut remis sur le devant de la scène au Mans, les bourgeois étant effarés par ce qui se déroulait en mai 68, le Mans eu aussi ses pavés arrachés !

#Pardelàlattente #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022
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Sans le jury du Livre de poche, je ne serais jamais allée vers ce livre, premier roman d'une avocate qui nous intéresse dès les premières pages à maître Germaine Brière, avocate au barreau du Mans dans la Sarthe, à l'heure où les jurés se retirent pour délibérer sur le sort des soeurs Papin, qui ont assassiné leurs patronnes de façon assez sordide (et sidérante). Germaine défend Christine, l'aînée, elle a fait appel à un confrère pour défendre la plus jeune, Léa, sans doute sous la coupe de son aînée. Les circonstances exactes du double meurtre n'ont jamais pu être clairement établies, les soeurs changeant de version, et surtout certains devoirs d'enquête ayant été négligés par une justice essentiellement masculine. Faut-il le préciser, nous sommes en 1933 et Germaine a dû se battre pour obtenir son accréditation au barreau manceau. Fille unique, soutenue par ses parents en tous points, Germaine n'a pas été élevée pour se marier et avoir des enfants, elle a passé son bac et a donc fait des études de droit. Depuis qu'elle est indépendante, elle s'est fait une spécialité de défendre les ouvriers, les paysans, les pauvres de sa région et ce n'est pas la première fois qu'elle plaide en cour d'assises et que son client risque la peine de mort.

La grande force de ce roman, c'est que le récit passe sans cesse du présent – les quelque quarante minutes (quarante minutes seulement) où le jury délibère et où Germaine attend – au passé qu'elle se remémore, qui retrace son enfance, ses études, ses plaidoiries, sa vie privée et bien sûr, le crime qui l'occupe : les expertises médicales des soeurs Papin, son espoir d'obtenir une contre-expertise fondée sur la psychanalyse, sa révolte contre cette justice masculine et bourgeoise qui, peut-être dans sa peur de subir le même sort que les dames Lancelin (la mère et la fille patronnes des soeurs), refuse d'envisager l'affaire comme un cas particulier d'aliénation.

Rythme, construction, thèmes : j'ai tout aimé dans ce roman ! Il y est question du métier d'avocat à travers un personnage bien réel et passionnant, de la peine de mort, d'un crime sidérant, de féminisme, d'amours, le tout en 185 pages ramassées, écrites dans un beau style classique, adapté à l'époque et aux circonstances. Une réussite ! Une très belle découverte qui me donne envie de lire L'avocat était une femme, le livre écrit par Julia Minkowski avec Lisa Vignoli.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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"Le crime des soeurs Papin inspira poètes, romanciers, psychanalystes, cinéastes et chercheurs, en France et à l'étranger, mais Maitre Germaine Brière tomba peu à peu dans l'oubli".

Et pourtant, Germaine Brière fut dans les années 30 la première avocate de la Sarthe, et la première en France à avoir accompagné son client jusqu'au pied de l'échafaud.

Portrait d'une femme libre, forte, engagée comme l'était sa mère, qui avait appris que Jeanne Chauvin était devenue première avocate de France. La mère de Germaine était une femme libérée et ne voulait pas voir sa fille dans les carcans de l'époque.

Germaine se lance dans les études de droit et veut s'inscrire au barreau du Mans mais le barreau refuse son inscription. Germaine fait appel et deviendra après un stage de 5 ans, avocate !

A travers le procès des soeurs Papin, Julia Minkowski peint le portrait d'une femme forte, hors du commun. La plume de l'autrice est aussi puissante que son héroïne Germaine. Car, oui, Germaine Brière a tout du vrai personnage de roman.

"Par-délà l'attente" ne parle pas uniquement du procès des soeurs Papin, Julia Minkowski dissimule avec grandeur et brio la vie familiale, la vie professionnelle, la vie passionnelle, la vie amoureuse et malheureusement la maladie de Germaine Brière.

Un premier roman puissant, vibrant, riche en émotion, qui fait revivre le temps de quelques heures Germaine Brière, première avocate de la Sarthe avec luminosité et justesse !
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@doresixtine-Instagram
♟️ARDENTE CONVICTION♟️
Un roman magnifique et puissant, sur le parcours hors du commun d'une femme avant-gardiste.
Je vous le recommande !

𝑃𝑎𝑟-𝑑𝑒𝑙à 𝑙'𝑎𝑡𝑡𝑒𝑛𝑡𝑒
@juliaminkowski
@editionsjclattes

"𝐽𝑒 𝑡𝑒 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑐ℎ𝑒 𝑝𝑎𝑟-𝑑𝑒𝑙à 𝑙'𝑎𝑡𝑡𝑒𝑛𝑡𝑒
𝑃𝑎𝑟-𝑑𝑒𝑙𝑎 𝑚𝑜𝑖-𝑚ê𝑚𝑒
𝐸𝑡 𝑗𝑒 𝑛𝑒 𝑠𝑎𝑖𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑗𝑒 𝑡'𝑎𝑖𝑚𝑒
𝐿𝑒𝑞𝑢𝑒𝑙 𝑑𝑒 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑑𝑒𝑢𝑥 𝑒𝑠𝑡 𝑎𝑏𝑠𝑒𝑛𝑡."
𝑃𝑎𝑢𝑙 𝐸𝑙𝑢𝑎𝑟𝑑

•Dans une France des années 30 dans une petite ville de Province, Germaine est une femme moderne en avance sur son temps.

•Au terme de brillantes études de droit et à l'aube de prêter serment, Germaine est accablée par la calomnie. Il lui est reproché l'imprudence de ses tenues, ses écarts de langage, comprenez que sous couvert d'un conservatisme masculin affligeant, il est question de misogynie.

•Germaine tente de se frayer une place dans un monde masculin et se bat d'une lutte acharnée pour obtenir le respect de ses confrères du barreau du Mans et pour faire valoir son droit d'exercer, de plaider en tant que femme dans une France encore remplie de préjugés.

•Germaine, devenue avocate au barreau du Mans, plaide avec ferveur.
•Sur le banc des accusés, les soeurs Papin, deux domestiques, Léa et Christine, jugées pour l'assassinat de leur patronne et de sa fille.

•Au delà du jugement pour ce double assassinat, un autre enjeu de taille apparaît, il s'agit d'un procès intenté au petit peuple qui travaillent au service de la bourgeoisie de l'époque. Deux bonnes, placées sur l'autel de la lutte sociale, ne peuvent être que coupables...

•Ces assassinats sont-ils motivés par une revanche sociale?
Quelle place peut occuper l'irresponsabilité pénale dans les années 30?

•Telles sont les questions abordées avec talent par Julia Minkowski, elle-même avocate.
Lien : https://l.instagram.com/?u=h..
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Il y a 90 ans, les soeurs Papin tuaient leurs patronnes, mère et fille, commettant un crime d'une violence inouïe sur lequel elles ne donneront que peu d'explications. Si leur nom est resté dans la mémoire collective, en revanche la femme qui a défendu les deux soeurs pendant l'instruction, puis la soeur aînée pendant le procès, est plus ou moins tombée dans l'oubli. Car dans cette affaire, qui va passionner la France entière, c'est une femme qui va assurer la défense.

Avec ce premier roman Julia Minkowski, elle-même avocate réputée, répare cet oubli en dressant le portrait sensible de sa confrère Germaine Brière.
Celle-ci a été la première femme inscrite au barreau du Mans après un parcours semé d'embûches honteuses par ce milieu misogyne et patriarcal. le roman commence à la fin de sa plaidoirie, intelligente et brillante comme toujours.
Pendant les délibérés des jurés et l'attente du verdict, elle revient sur son enfance, la naissance de sa vocation, ses études, ses combats, ses réussites et ses échecs. Pleine de doutes sur sa stratégie de défense, elle décortique mentalement toute l'histoire, du moins ce qu'on en connaît pour se rassurer. Christine Papin risque la peine de mort, or peu auparavant Germaine n'avait pas réussi à sauver un de ses clients de  la guillotine et après cette expérience éprouvante, plus que jamais elle considère que c'est un" résidu de barbarie qui entache la moralité des sociétés modernes."
Elle a refusé de faire de ce crime sans mobile apparent autre que la folie, un crime de classe ce qu'évidemment toute la société voulait y voir.

C'est une femme moderne, libre, terriblement indépendante, fascinante, une vraie féministe qui trace son chemin avec une détermination qui force l'admiration dans une société où la justice était encore (et ce jusqu'en 1946 où les femmes pourront accéder enfin à la magistrature), une justice d'hommes, magistrats et jurés étant exclusivement de la gent masculine.

J'ai dévoré ce roman passionnant, un portrait très vivant dressé d'une plume fluide et limpide. Une réussite !

Une découverte grâce aux 68 premières fois 2023 (11/22)


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La formulation poétique du titre et la quatrième de couverture mentionnant le procès d'un fait divers ont tout de suite éveillé mon intérêt. Les faits divers retentissants me passionnent depuis toute petite (à l'époque ils prenaient la forme de flash info interrompant les programmes télé et radio) : ils sont pour moi des caisses de résonnance de la société, ce que me confirme régulièrement la lecture des chroniques judiciaires du Monde.

Fin des années 30, le procès des soeurs Papin touche à sa fin. A la plaidoirie de Maître Germaine Brière succède l'attente du verdict : un instant suspendu pendant lequel Julia Minkowski nous raconte à la fois la vie de la première femme avocate du barreau du Mans et son choix de stratégie de défense. Dans un contexte social de lutte des es, la tentation de faire des meurtrières le symbole de la rébellion du prolétariat est d'autant plus forte que l'instruction bâclée donne peu d'arguments en faveur de l'irresponsabilité pénale. Or la folie est la seule option permettant d'éviter la peine capitale ... En replaçant la défense au centre du débat, l'auteur fait bien plus que réhabiliter Germaine Brière: elle montre combien l'invisibilisation des femmes dans L Histoire est endémique (à titre d'exemple, la pourtant excellente émission Affaires sensibles sur ce sujet ne cite pas une seule fois son nom).

Mais mettre en lumière la vie de cette avocate hors du commun n'a pas qu'un intérêt féministe : la complexité du personnage et son parcours personnel fascinant nous engagent à une réflexion introspective sur ce qui nous meut, en dépit des injonctions sociales et nous incitent à ne pas déroger à nos valeurs morales, quelque soit le monde dans lequel on évolue.
La fluidité des passages entre ces différents niveaux de lecture et la sobriété du donnent un récit à la fois rythmé et profond qu'il est difficile de lâcher. Un très bon premier roman.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Très bonne idée que d'avoir rendu hommage à la première femme avocate au Mans dans les année 1930. L'affaire Papin est l'occasion de parler du métier d'avocat à une époque où la France est encore bien en retard sur l'égalité des classes et de la l'égalité hommes-femmes. Bien construit et bien écrit, un beau moment de lecture .
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Petite quand on me demandait ce que je voulais faire, je répondais avocate ! Je voulais combattre l'injustice... puis j'ai vite compris que même un violeur d'enfant avait le droit à la justice, et donc, à un avocat ... Sentiment perturbant de devoir défendre l'indéfendable, si bien décrit dans ce roman.

Je ne suis pas devenue avocate, mais je reste fascinée par le monde de la justice. le tribunal est comme un grand théâtre avec ses acteurs, costumes et tirades.

Si comme moi cet univers te plaît, alors tu y trouveras ton compte avec "Par-delà l'attente".
Tu seras conquis par Germaine, première femme du barrot. Une femme forte, avec ses failles, qui évolue dans un monde d'hommes pour les hommes.
Mais si tu attends une enquête sur l'histoire des soeurs Papin, tu resteras sur ta faim.
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La lutte des classes dans ce monde en 1930 où l'échelle sociale est au-dessus de la morale, supérieure à la verite. Mais plus que tout, où l'homme est le seul maître, la femme suivant ses volontés. Alors imaginez, quand deux femmes de basse extraction assassinent deux bourgeoises, laissant un homme de la haute société dévasté, elles n'ont absolument aucune chance. Il faut les écraser, comme des insectes nuisibles afin de montrer et garder l'image parfaite dont la noblesse se pare.

Une belle plaidoirie contre la peine de mort, dont seuls ceux qui l'ont vécu peuvent en être les plus fervents défenseurs. Mais surtout, surtout, la place des femmes dans la société. Bon sang qu'il est terrible de lire ce qui était la norme pour l'époque ! Les femmes sont hystériques, les "femelles" ne peuvent exercer des métiers d'hommes puisqu'elles ne sont pas capables de réfléchir, et j'en passe et des meilleures.

On observe d'ailleurs, grâce au procès des deux soeurs, à quel point le fait d'être une femme est d'office une circonstance aggravante. Il y a moins d'étude, d'expertise, de recherche. On va au plus simple, pour les condamner. de toute manière à cette époque la psychologie était très rudimentaire, alors il ne faut pas trop leur en demander aux médecins ... Je vous jure, le personnage de Germaine mérite toutes les médailles du monde. Un sacré bout de détermination et de conviction que l'on veut accompagner loin, et protéger des injustices masculines.

En bref, ce roman est à lire ! Une plaidoirie contre l'injustice faite aux femmes, contre l'incompréhension de la folie, contre un monde qui n'est peut-être pas encore si éloigné que cela de l'actuel. Basé sur des faits réels, les soeurs Papin ont façonné l'imagination par leur affaire, et continuerons à nous questionner, à galvaniser nos réflexions. Gros coup de coeur, bravo !
Lien : https://cenquellesalle.wordp..
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