Ceci est un livre unique en son genre : une histoire littéraire qui s'étend du VI°s avant notre ère jusqu'en 1960, suivant les évolutions d'une langue qui ne cessa jamais d'être parlée, ou seulement écrite, ou les deux. Ce livre est unique aussi car on croit que l'histoire n'est écrite que par les vainqueurs, et il nous administre la preuve du contraire. le peuple juif répond à la haine constante des nations (jusqu'à nos jours) par sa littérature, sacrée ou profane. Il écrit, il garde mémoire de son histoire et de son destin, non pour se venger (il est privé de la force physique de ses adversaires) mais pour durer à travers les millénaires dans sa mémoire et sa littérature.
Alan Mintz, professeur de littérature hébraïque, retrace ce parcours en créant un modèle de recherche qui est unique aussi : comment la littérature répond-elle à la catastrophe historique ? C'est la question posée aux Hébreux exilés à Babylone en 587 avant notre ère, mais c'est la même question qui fut posée à ceux que les Romains écrasèrent au I°s de notre ère, à ceux que les Croisés et les Djihadistes massacraient, que l'Inquisition poursuivait, la question posée enfin aux Juifs d'Europe survivant en 1945 qui refusèrent de se plier à l'injonction du communiste
Adorno, selon qui aucune littérature n'était possible après ce génocide. Nous parcourons en 200 pages deux mille ans de littérature de la catastrophe et de l'exil : la somme de science réunie dans ce livre est prodigieuse, et chaque essai, chaque époque, mériteraient qu'on leur consacre une vie d'études. "'Hurban" est un très grand livre.