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EAN : 9782213008264
596 pages
Fayard (04/02/1980)
3.89/5   31 notes
Résumé :
Du premier martyr protestant - en 1523 - au dernier pasteur persécuté - à la fin du XVIIIe siècle - l'affrontement des deux religions, la catholique et la réformée, fit des centaines de milliers de victimes dans toutes les régions de France, et pas seulement à Paris : les villes, les villages et jusqu'aux familles étaient divisées.
Dans les deux partis, l'enchaînement de la peur et de la violence conduisait aux pires excès. Le lent combat des huguenots pour l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cet essai traite des guerres de religion, plus précisément des affrontements entre le XVIème et le XVIIIème siècle dans ce qui était le royaume de France alors étant entendu que ces affrontements embrasèrent et ensanglantèrent l'ensemble de l'Europe.

L'auteur est un historien qui fait autorité, Pierre Miquel. Ses synthèses monumentales sur les première et seconde guerres mondiales sont remarquables.

La peste de l'intolérance, sous couvert de croyance religieuse fit des centaines de milliers de morts, y compris des femmes et des enfants dans des circonstances atroces. La religion dominante fut à l'origine de deux régicides dont celui de celui qui fut sans doute le plus grand roi de France.
L'étude de ces événements constitue par conséquent un intérêt majeur et hélas d'actualité.

En réalité, depuis l'apparition du christianisme, puisqu'il s'agit de cette religion, les persécutions ont accompagné le développement de l'Église ; excommunications, bûchers, torture ont imposé par le fer et le feu cette tyrannie des consciences à l'encontre de ceux qui étaient jugés hétérodoxes, déviants, hérétiques.
Est-il nécessaire de mentionner par exemple le massacre de juillet 1209 de Béziers (10 000-15 000-20 000 morts?) par les croisés armés sous les ordres du Pape et dirigés par l'abbé de Citeaux grande figure spirituelle de l'époque ?

Les titres des livres de cette oeuvre sont terriblement explicites : « la haine et la peur », « la rage de tuer », « L'exil et la résistance »

A l'origine les 95 thèses de Martin Luther en 1517 à Wittenberg en Allemagne qui remettent en cause les rites de l'Église chrétienne institutionnelle sous la domination du pape. Ces thèses sont condamnées par la Sorbonne à Paris
Il est reproché à cette Eglise de s'être écartée des écritures saintes, notamment au regard du message christique d'humilité, de pauvreté. Pire, en plus de vivre dans la luxure digne de Sodome et Gomorrhe la religion papale a sombré dans l'idolâtrie avec le culte des saints, des reliques, la vénalité et la pure filouterie avec les trafics des indulgences. En résumé, Luther et ses partisans veulent chasser les marchands du temple, retrouver la vraie foi avec un accès direct aux textes sacrés sans l'intermédiaire d'un clergé corrompu, sans la confession.

Le premier bûcher est allumé en 1523 et ce qu'on n'appelle pas encore les Protestants ont leur premier martyr. . Les deux derniers galériens protestants vivants seront libérés en 1775 et l'Edit de Tolérance sera établi en novembre 1787.

Pendant cette période, une guerre civile atroce où les enjeux ne furent naturellement pas purement théologiques et nationaux. Les guerres de religion furent d'abord l'affrontement aux XVI et XVIIème siècles entre la France et l'Espagne. Les ultras catholiques, les ligueurs étaient financés, armés par l'Espagne pour instaurer un royaume vassalisé à l'Empire où « le soleil ne se couchait jamais ». Une lutte à mort.
Mais il serait réducteur et malhonnête de présenter ces guerres comme la lutte des corrompus sans foi ni loi contre les purs. Les Protestants demandaient le liberté de conscience et de culte…. là où ils étaient minoritaires. Car dans leurs fiefs et leurs conquêtes, la tolérance n'avait pas droit de cité. Celles et ceux considérés comme déviants, étaient pourchassés, combattus, condamnés. Les « papistes » bien sur mais pas seulement, aucune tolérance envers par exemple les athées, ….Dans un territoire dominé par les réformés, un « Charlie » n'aurait pas eu le temps de voir l' encre de son dessin sécher...

Impossible, ne serait-ce que de résumer, les principaux événements. Il faut juste rappeler que la liste est longue de batailles, exterminations de masse. Comme l'écrit l'auteur, dans certains cas on peut même qualifier des drames, comme celui des Vaudois, de génocide.

Dans ce contexte on rappelera combien l'Edit de Nantes d'Henri IV (1598) fut un acte politique exceptionnel et combien sa révocation par Louis XIV en 1685, sous l'influence noire de l'écervelée Mme de Maintenon fut désastreuse d'un point de vue politique, spirituel et économique pour la France.

Après la lecture de ce livre qui ne peut qu'activer la réflexion tant ce panorama historique interpelle en profondeur, il convient à mon avis d'éviter deux pièges.

Le premier, le plus évident, est de ne pas oublier de remettre ces faits dans leur réalité historique, sociologique. Comme le soulignait le regretté Robert Merle, à cette époque, dans ce contexte, la vie d'un homme ne valait pas plus que celle d'un poulet.
La pauvreté, la misère implacables qui régnaient ont constitué la motivation principale pour expliquer des actes de pillage, de meurtres, pour survivre sous couvert de religion
Cela ne justifie pas tout, notamment que des hommes d'église, non seulement prêchent la guerre mais soient aussi directement en action dans les affrontements sanglants les actes de barbarie à l'encontre d'innocents.
Dans l'autre sens, il est aussi important de ne pas faire preuve d'une sorte de racisme culturel à l'encontre des hommes de cette époque. L'homme contemporain n'est pas fondamentalement meilleur que celui de cette période si sombre pour la France.
Est-il nécessaire de rappeler qu'il s'agit aussi De La Renaissance qui fut constellée de brillants esprits ouverts et tolérants : Erasme, Montaigne, Marguerite d'Angoulème, la soeur de François 1er….. Les monarques eux-mêmes, souvent pris dans des enjeux qu'ils ne contrôlaient que partiellement, firent preuve, par séquences, d'une certaine hauteur pour essayer de ramener un certain apaisement à défaut d'une cohabitation pacifiée. Henri IV fut une exception, après une longue période de maturation il fit preuve ensuite d'une stratégie construite de longue haleine dont l'Edit de Nantes fut le couronnement.

Un livre à lire dans l'actualité où les ravages de l'intolérance sous le masque de la religion sont omni présents
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Ayant dernièrement lu des romans ayant comme toile de fond les guerres de religion, je me suis laissé tenté - une fois n'est pas coutume – par un livre d'histoire sur le sujet, d'autant plus que ce volume faisait partie d'un vaste contingent de livres reçu d'un généreux donateur... Bon, abrégeons. J'ai trouvé la lecture de cet ouvrage agréable, je n'irais pas jusqu'à dire avec la quatrième de couverture que ça se lit comme un roman mais sa lecture m'a été profitable tout en étant plaisante et c'est bien là le principal.
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La guerre est un phénomène haïssable mais les guerres de religion « guerres saintes , guerres sournoises qui n'osent pas dire leur nom » , doublées de surcroit de guerre civile surenchérissent sur l'horreur . C'est ce que décrit Pierre Miquel dans cet ouvrage : trois siècles d'affrontements entre Catholiques et Protestants qui ont durablement marqué l'histoire de notre pays (on pourrait y ajouter dans le même registre la persécution des Vaudois et la croisade des Albigeois) .
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La lecture du Henri IV de Slocombe, modestement chroniqué dans ces contrées il y a peu m'avait donné envie de creuser plus avant le sujet complexe des guerres de religion, que je ne connaissais que par le biais de quelques films (La Princesse de Montpensier de Tavernier et le flamboyant La Reine Margot du regretté Patrice Chéreau notamment) sans finalement appréhender tous ses tenants et aboutissants. C'est chose faite avec cet ouvrage complet, retraçant avec érudition et rigueur l'un des pans les plus noirs de l'histoire de France et de l'Europe, qui vît se déchaîner sur près de deux cent ans une violence ahurissante pour des motifs politiques et religieux, une époque qui, par son intolérance et sa sauvagerie entre tristement en résonance avec la nôtre...

"Aimez-vous les uns les autres..."
(Evangile selon St Jean, Chapitre 15)
Lien : http://territoirescritiques...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
En juin les vivres manquent... les ornements d’église avaient été vendus, ainsi que la vaisselle précieuse des seigneurs et des bourgeois. Le blé avait atteint des taux considérables. Dans les “chaudières d’Espagne” on faisait cuire, à chaque carrefour, une soupe indigeste d’avoine et de son pour les affamés."On ne rencontrait dans la ville, dit un témoin, que chaudières d’herbes cuites sans sel, marmites de chair de cheval, âne et mulet. Les cuirs même se vendaient cuits. J’ai vu mangés des chiens morts tout crus parmi les rues, ainsi que des os de chiens moulus.” Panigarolle affirme que les serpents couraient les rues. On parle de “faire passer sous la meule et par le moulin les os des morts qui sont aux Innocents de Paris, et les réduire en poudre, pour d’icelle trempée et mollifiée avec de l’eau en faire du pain”. On assure que les premiers affamés qui tentèrent cette expérience périrent aussitôt. Au mois d’août, des lansquenets se livrent, dans les rues, à la chasse aux enfants vivants. D’autres, au péril de leur vie, sortent des remparts pour moissonner hâtivement quelques gerbes de grain. “Je n’ai qu’un enfant, déclare alors Bussy-Leclerc, un des Seize. Je le mangerai à belles dents plutôt que de me rendre jamais".
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Toutes les paroisses un peu riches ont leur reliques, à Meaux comme ailleurs. On les entasse, on les enchâsse, on les déplace d’un église à l’autre. Toussaert cite, dans la liste des saints de la collégiale Saint-Donatien à Bruges, “des poils de la barbe de saint Pierre, des cheveux et des gouttes de lait de Marie, une sandale du Christ, un os de l’un des trois enfants dans la fournaise de Nabuchodonosor, une partie de la verge d’Aaron”.
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François Ier régnant, un certain Jean Vallière est brûlé place de Grève pour faits de religion. C'est, le 8 août 1523, la première victime de la persécution.
Le 31 mars 1771, jour de Pâques, Louis XV régnant, le pasteur Charmuzy, de Nanteuil, est arrêté en chaire. Il est garroté, fouetté publiquement. On le jette en prison à Meaux où il meurt au bout de neuf jours, des suites des coups reçus. Il est considéré comme le dernier des pasteurs martyrs.
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Calvin s'intéresse personnellement à ce trafic, très efficace, et veille à ce que les colporteurs ne transportent pas en France des ouvrages qui auraient échappé à sa censure. Il fait saisir les abécédaires et les catéchismes pour enfants qui ne sont pas conformes au nouveau dogme. Il condamne les livres de Rabelais, "ce rustre" qui brocarde vilainement l'Ecriture sainte et multiplie les "ordures et vilainies". Les petits écoliers de Genève qui sont surpris à lire Rabelais sont condamnés au fouet.
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Il n'y avait plus en France de routes sans fondrières ni de ponts intacts. Les chemins de terre étaient infestés de brigands. On ne sortait plus des ports sans crainte : les pirates écumaient les mers. L'Eglise avait dépensé pour la guerre au moins trois millions de livres de revenus. Elle avait subi des pertes immenses, tant dans ses biens fonciers que dans son capital immobilier. Les nobles s'étaient endettés pour faire la guerre ; leurs revenus fixes, stipulés en argent (le cens), avaient subi les conséquences de la détérioration des monnaies. Ils avaient aliéné leurs domaines, soit par vente, soit par hypothèques.
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