Publié après la mort de
Mirabeau, "
Hic et Hec" est un roman libertin qui s'inscrit dans la lignée du "Rideau levé ou l'éducation de Laure" que j'avais déjà apprécié.
Hic et Hec est un drôle et titre mais c'est en fait le nom du héros qui marche à voile et à vapeur, comme on dit.
Mirabeau met en scène un jeune homme qui goûte aux divers plaisirs du sexe, tant avec les femmes qu'avec les hommes, dans des bras novices autant que dans ceux d'experts plus âgés.
Initié adolescent par son professeur, en théologie et en caresses, c'est en tant qu'abbé qu'il ira, à son tour, prodiguer son savoir au domicile des bien-nommés de Valbouillant. Tout le monde va passer à la casserole, alternant les jeux et les joutes sexuelles avec avidité. Mais tout cela est fatiguant et malgré leurs performances physiques hors normes, les protagonistes ont besoin de se reposer. Pour cela, ils entrecouperont leurs séances de jambes en l'air par le récit de petites histoires coquines relatant leurs premiers émois sexuels, ce qui leur permettra de conserver l'excitation des sens.
Ce roman est un éloge des amours interdites car
Mirabeau décrit toutes les pratiques scandaleuses pour l'époque : l'homosexualité, l'inceste, la pédophilie, l'utilisation des sex-toys (par les nonnes!). Mais rien de choquant, tout est consentit dans la joie et la bonne humeur. Il écrit « Qu'importe à la société que je satisfasse mes besoins physiques ou que je m'en prive, pourvu que je ne nuise pas au bonheur d'autrui, que je ne lui enlève pas sa propriété, que je n'altère pas ses jouissances et que je ne lui cause ni chagrin ni douleur ? ».
Je trouve cela essentiel et
Mirabeau excelle dans le genre du roman érotique. Surprenant de la part de celui qui se rendit célèbre comme révolutionnaire, député du Tiers État en 1789 ayant apostrophé le marquis de Dreux-Brézé à l'Assemblée nationale par une formule devenue célèbre « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes. »
On peut donc dire qu'Honoré-Gabriel Riquetti, comte de
Mirabeau, a du tempérament !