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Critique de MarcelP




"Puisse cette lecture faire branler tout l'univers !"

Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau avant d'être l'orateur que l'on sait, fut un jeune homme que ses frasques menèrent à Vincennes pour près de 4 années de détention. Outre qu'il s'y fit un ennemi mortel de Sade, embastillé dans le même château, il en profita pour rédiger un bijou de roman libertin, un chef d'oeuvre d'impudence et de cynisme.

Ce débauché, "Ami des hommes" (mais surtout des femmes), nous trace le portrait d'un libertin qui ne vit que pour et par le sexe faible : le gigolo ne dédaigne ni la villageoise, ni la dame de Cour, ni la rombière faisandée, ni le bouton de rose. Une seule condition cependant : que cela rapporte! ("Je ne veux plus foutre que pour de l'argent")

Écrit au grand galop, sans laisser le lecteur reprendre son souffle, ce roman à deux voix (un comparse relance le récit de temps à autre) est d'une drôlerie constante. Avec sa galerie de portraits à l'aquatinte et ses tordantes orgies d'une part, son style à la fois haletant et caillouteux d'autre part, Mirabeau se positionne comme l'aïeul en littérature de San-Antonio et de Céline (on pense à "Mort à crédit" et à Ferdinand violé par la grosse Gorloge).

Comment ne pas s'esclaffer quand on lit : "Sacredieu, qu'elle avait d'appas ! Son lit à la turque, de damas jonquille, semblait assorti à son teint (car celui du jour était répandu sur dix mouchoirs qui invoquaient la blanchisseuse), un sourire qu'elle grimace me fait apercevoir qu'elle ne mord point." ou "(...) une bouche énorme et meublée de clous de girofle (...)"... et le reste à l'avenant.

On reste confondu par la violence de certains dialogues et en particulier la diatribe du père Ambroise, type "Protocole des sages de Sion" à la sauce catholique.

Le roman commence par une adresse à "Votre Altesse diabolique" et son final est impressionnant : "(...) jusqu'à ce que rendant dans les bras paternels de M. Satan mon âme célibataire, j'aille foutre chez les morts."

C'est donc toute gorge déployée que l'on referme cet épatant roman, d'une modernité constante et d'un radicalisme gouleyant.

A consommer sans aucune modération...
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