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EAN : 9782908957945
166 pages
Le Serpent à plumes (01/04/1996)
3.81/5   16 notes
Résumé :
Les Contes de la Chaumière, comme tous les autre ouvrages de Mirbeau, conjuguent avec aplomb une incessante rouerie. Le paysan est pris pour cible et avec lui sont exposés les mille us et préjugés qui confortent dans leur puissance les pouvoirs qui se succèdent à la tête de la France depuis...si longtemps ! Mirbeau n'a jamais montré une grande tendresse envers les paysans. Mais sa mauvaise foi prend de telles allures qu'elle en devient talentueuse. La partialité au ... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tu comprends, je ne suis pas un agriculteur, moi ; je suis un agronome… Saisis-tu bien la différence ? Cela veut dire que je cultive en homme intelligent, en penseur, en économiste, et pas en paysan… Eh bien ! j'ai remarqué que tout le monde faisait du blé, de l'orge, de l'avoine, des betteraves… Quel mérite y a-t-il à cela, et au fond, entre nous, à quoi ça sert-il ?… Et puis le blé, les betteraves, l'orge, l'avoine, c'est vieux comme tout, c'est usé… Il faut autre chose ; le progrès marche, et ce n'est pas une raison parce que tout le monde est arriéré pour que, moi, Lechat, moi, châtelain de Vauperdu, riche de quinze millions, agronome socialiste, je le sois aussi… On doit être de son siècle, que diable !… Alors j'ai inventé un nouveau mode de culture… Je sème du riz, du thé, du café, de la canne à sucre… Quelle révolution !… Mais te rends-tu bien compte de toutes les conséquences !… Tu n'as pas l'air de comprendre ? Avec mon système, je supprime les colonies, simplement, et du même coup, je supprime la guerre !… Tu es renversé, hein ! tu n'aurais jamais pensé à cela, toi ?… On n'a plus besoin d'aller au bout du monde pour chercher ces produits… Dorénavant, on les trouve chez moi… Vauperdu, voilà les véritables colonies ! C'est l'Inde, c'est la Chine, l'Afrique, le Tonkin… Seulement, je l'avoue, ça ne pousse pas encore…
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On ne possède pas, dans un pays, quatre cent cinquante mille francs de rentes en terre, sans qu'une grande notoriété ne s'ensuive. Lechat était donc le personnage le plus connu de la contrée, étant le plus riche et il ne se passait pas de minutes qu'à dix lieues à la ronde, partout, on ne parlât de lui. On disait : "Riche comme Lechat." Ce nom de Lechat servait de terme de comparaison forcé, d'étalon obligatoire, pour désigner des fortunes hyperboliques. Lechat détrônait Crésus et remplaçait le marquis de Carabas. Pourtant on ne l'aimait point, et bien que les campagnards s'empressassent de le saluer obséquieusement, tous se moquaient de lui, le dos tourné, car il était grossier, taquin, fantasque, vantard et très fier, sous des dehors familiers et des allures de bon enfant qui ne trompaient personne. Il avait une manière de faire le bien tapageuse et maladroite, qui déroutait les reconnaissances, et ses charités, inhabiles à masquer l'effroyable égoïsme du parvenu, au lieu de couler dans l'âme des pauvres gens un apaisement, leur apportaient la haine, tant elles étaient de continuelles insultes à leurs misères.
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Un joli monsieur qu'il aurait pour gendre ! Ivrogne, débauché, prodigue, républicain, cela va sans dire, comme sont les ouvriers des usines. Ah ! cela lui promettait de l'agrément ! D'ailleurs, n'avait-il pas des moustaches, ce François Béhu ? Et, les moustaches, tout était là ! De même que les paysans de sa race, adorateurs des habitudes anciennes, gardiens sévères des traditions, Dugué haïssait les gens, cultivateurs et ouvriers, qui portaient des moustaches. La moustache, pour lui, représentait la révolte, la paresse, le partage social, toutes les aspirations sacrilèges qui soufflent des grandes villes sur les campagnes, tout un ordre de choses effroyables et nouvelles, auxquelles il ne pouvait penser sans que ses cheveux se dressassent d'horreur sur sa tête dure et carrée. Le vice, le crime, les révolutions, ce qui l'inquiétait, quand il avait le temps de songer, lui apparaissaient sous la forme symbolique de moustaches hérissées terriblement. Et c'était juste, car depuis qu'il existait, ce qu'il avait vu, à Freulemont et ailleurs, d'insoumis à la terre, de mauvais sujets, de braconniers dangereux, de voleurs, et d'hommes vivant en concubinage, tous avaient des moustaches, comme François Béhu.
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C’est, dans un département lointain, une petite propriété que ne décore aucune boule en verre, et où l’œil le mieux exercé ne saurait rencontrer le moindre kiosque japonais, ni le prétentieux bassin de rocailles avec son amour nu en plâtre et son impudique jet d’eau qui retombe. Simple et rustique, elle est située, ma chaumière, comme une habitation de garde, à l’orée d’un joli bois de hêtres, et devant elle s’étendent, fermant l’horizon, des champs, tout verts, coupés de haies hautes.
Une vigne l’encadre joyeusement ; des jasmins, parmi lesquels se mêlent quelques roses grimpantes, tapissent sa façade de briques sombres. Le jardin, clos de planches ajourées et moussues, qui en dépend, est si petit que, dans les allées, deux escargots pourraient difficilement ramper, coque à coque. Mais que m’importent la pauvreté et l’étroitesse de ce domaine ? Ces champs ne sont-ils pas à moi, et ces bois chanteurs, et ce ciel que raye continuellement le vol fantaisiste des martinets ? Qu’ai-je besoin de demander aux choses d’autres jouissances que celle de leur présence, c’est-à-dire leur beauté et leur parfum ?
Tout près de là, dans un lit profond et pierreux, un ruisseau roule son eau verdie sous l’épaisse voûte des aulnes entrelacés. J’aperçois les toits roses de la ferme voisine à travers les charmes, au tronc difforme et trapu ; et les vaches paissent, le mufle enfoui dans l’herbe, et les troupeaux de moutons s’égaillent au long de la route, grimpent aux talus abroutis, sous la garde du chien pasteur.
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Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_ecrivains_decadents_et_l_anarchisme_une_tentation_fin_de_siecle_alexandre_lecroart-9782336410142-78065.html ___________________________________________________________________________
La fin du XIXe siècle est marquée par une série d'attentats anarchistes. Ces actes récoltent le soutien d'écrivains d'avant-garde comme Paul Adam, Octave Mirbeau et Rémy de Gourmont. Ces affinités avec l'anarchisme étonnent, venant d'écrivains résignés et élitistes qui rejettent la politique au profit de la littérature. Cet ouvrage examine l'influence qu'a exercée l'imaginaire de la décadence sur ces écrivains. Véritable mythe de la fin du siècle, la décadence donne naissance à une esthétique littéraire : le décadentisme. Mais elle agit également sur les anarchistes, qui y voient l'occasion de faire émerger une société nouvelle. Cette analyse jette ainsi un regard nouveau sur les liens entre politique et littérature. La bombe et le livre se superposent, l'utopie anarchiste et l'imaginaire décadent se télescopent. Ce cocktail détonnant laisse entrevoir une intense période de création littéraire et d'ébullition politique. Il questionne les représentations du progrès et de l'histoire, et signale l'émergence de l'artiste d'avant-garde, révolutionnaire en art et en politique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Rudy Matile, la prise de son, d'image et montage vidéo
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