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Critique de Entrez_dans_les_livres


Un article cinglant sur le rôle abrutissant des électeurs, écrit en 1888 par Octave Mirbeau, et qui trouve toute sa place aujourd'hui, dans le contexte des prochaines élections présidentielles françaises.

« Les moutons vont à l'abattoir, ils ne disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais, du moins, ils ne votent pas pour le boucher qui les tueras, et pour le bourgeois qui les mangera », p. 13
Dans cette citation, se trouve résumée la pensée complète d'Octave Mirbeau sur la question des élections dans la République. L'auteur est un anarchiste, qui déprécie la République et ses valeurs capitalistes. Lorsqu'on est soi-même citoyen pour qui le droit de vote est une réelle chance, il est difficile de lire ce livre sans être surpris, voire énervé.
Puis, par les arguments qu'il nous oppose en nous tutoyant, Mirbeau nous rappelle des réalités étonnantes qui sont toujours d'actualité. Et en cela, c'est une belle réflexion sur le mot « droit » dans l'expression « droit de vote ». En effet, la problématique du vote blanc est représentative de ce malaise : si un électeur souhaite indiquer qu'il n'adhère à aucun parti politique, il peut se déplacer et voter blanc, mais il ne sera retenu qu'en tant qu'abstentionniste. Et l'abstentionniste, dans notre République est le mauvais citoyen, celui qui refuse fièrement le droit qui lui est octroyé.
Au fur et à mesure de ma lecture, je me rends compte d'un sujet tabou. Aujourd'hui, aucun journal n'accepterait de publier cet article. Qui prendrait le risque de supporter la responsabilité d'une remise en cause d'un des principes même de la démocratie ?
Je suis moi-même outrée par les personnes qui ne votent pas, mais je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il en serait si les votes blancs étaient considérés comme l'expression d'une partie du peuple, qui signifie ainsi son sentiment de ne se sentir appartenir par aucun parti politique ?

J'ai compris ce texte comme une provocation nécessaire, qui encourage les individus à faire changer les choses. Néanmoins, il faut savoir qu'Octave Mirbeau va très loin dans son texte, en dénigrant totalement les électeurs quels qu'ils soient. Il les accuse de voter pour leur propre malheur, malheureux utopistes qu'ils sont.
Que l'on adhère ou non à cette idée, ce court texte est très intéressant à lire. L'écriture est excellente, la langue pleine de métaphores choisies avec soin et délicieuses.
Je vous recommande cette lecture !
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