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Cécile Rivière (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782844853172
44 pages
Allia (21/05/2009)
4.35/5   43 notes
Résumé :
Les moutons vont à l'abattoir, ils ne disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Octave Mirbeau.

Que lire après La grève des électeurs - Les moutons noirsVoir plus
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Abstention réaction.

1888. Dans le Figaro (vous ne rêvez pas...), Octave Mirbeau s'insurge. Qui est « l'électeur moderne », « cet incurable dément », dont Balzac eut pu faire la physiologie ?

La participation active des citoyens au suffrage universel, par essence aristocratique, est pour l'écrivain libertaire une farce qui dépasse « les notions déjà pas mal pessimistes » qu'il s'était « faites de la sottise humaine en général, et de la sottise française en particulier ».

Ce pamphlet abstentionniste, au verbe haut et l'ironie palpable, ne ménage pas l'électeur qui n'est qu'un « martyr improbable » pour le politicien, prêt à le nourrir de son pain, le vêtir de sa laine, l'engraisser de sa chair et le nourrir de son argent avec comme seule récompense pour ces prodigalités des « coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n'est pas des coups de fusil dans la poitrine » !

Car, comme disait André Gide « la promesse de la chenille n'engage pas le papillon » et les promesses sont immédiatement trahies sous les yeux impuissants de l'électeur, l'un des fondements des gouvernements représentatifs étant l'indépendance des gouvernants vis-à-vis des gouvernés. Pas de comptes à rendre ; "c'est peut-être la plus ingénieuse invention politique que celle d'avoir déclaré souveraine une nation, en lui interdisant tout usage de sa souveraineté. Voilà l'effet de l'adoption d'une Constitution représentative" se félicitant déjà le constituant Stanislas de Clermont-Tonnerre durant la Révolution Française.

Alors pourquoi continuer la mascarade électorale ? Peut-être par hubris, répond Mirbeau. En effet, l'électeur a l'illusion de faire et défaire les rois – « rien ne se fait que par moi » se dit-il. Seulement, comme écrivit Joseph Déjacque « la liberté n'est pas chose qui puisse s'octroyer. »

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"FRANÇAIS ENCORE UN EFFORT..."

"... Si vous voulez être républicains", ajoutait, non sans une certaine irrévérencieuse provocation le "Divin Marquis" Donatien de Sade dans l'un de ses textes les plus fameux : "La philosophie dans le boudoir". Ce à quoi Octave Mirbeau, célèbre auteur de la fin du XIXème siècle et, à ses heures, essayiste pamphlétaire foncièrement attaché à la cause libertaire, n'aurait pas manqué d'ajouter : "... Si vous voulez être anarchistes" !

Car, pour lire encore aujourd'hui se texte sans s'emporter véhémentement contre ce que l'auteur incite le citoyen français à faire, dans cet article très souvent réédité depuis sa première publication dans le Figaro de 1888 (lequel n'a vraiment plus grand rapport avec celui qui existe aujourd'hui, bien qu'il en porte toujours le nom... Il sera par exemple très engagé dans la dénonciation de l'affaire de Panama puis, au côté de Dreyfus bien avant beaucoup d'autres journaux de l'époque), il ne faut surtout pas oublier deux fait absolument essentiels :

D'une part qu'Octave Mirbeau est, a toujours été (malgré une période sombre de sa vie d'écrivain ou il se vendit, littéralement, aux forces les plus réactionnaires de son époque) un penseur de la cause anarchiste, et ce texte, aussi bouillonnant qu'intraitable se situe donc bel et bien dans cette philosophie politique, clairement opposée au système républicain et, tout autant, à la démocratie représentative de cette IIIème République alors toute jeune, puisqu'en dehors de l'éphémère IIème République, le XIXème siècle fut surtout riche de pouvoirs autocratiques en tous genres, et c'est cette forme d'Etat que nous connaissons depuis sans discontinuer (à l'exception, notoirement funeste, de la parenthèse de la "Révolution Nationale" sous Pétain), mais non sans de multiples couacs, crises, "affaires" et autres remous souvent pénibles et honteux, mais qui ont pu, peu ou prou, se dissoudre dans cette forme de gouvernement. N'attribue-t-on pas, à son sujet, ces mots de Winston Churchill, quelques décennies plus tard : "La Démocratie est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres"...

D'autre part, ce texte, qui fut donc d'abord un article de presse, s'intègre à un moment extrêmement délicat de la IIIème république qui, ne l'oublions pas, n'a jamais eu de constitution "monobloc" à proprement parler, comme nous le connaissons avec notre actuelle Vème République puisqu'elle s'est faite sur un genre de compromis -on peut presque parler de marché de dupes- entre Républicains d'une part, et monarchiste d'autre part, sur les cendres du 2nd Empire, de la Commune de Paris et de l'invasion d'une partie de la France par les troupes allemandes après la défaite de Sedan, compromis ayant finalement abouti à une série de "Lois Constitutionnelles" adoptées, les unes après les autres, en 1875. Et si ces lois semblent conforter définitivement un régime de type Républicain, les monarchistes n'ont pas encore abandonné toute idée de prise du pouvoir, malgré l'échec de leur précédent "poulain" Mac-Mahon.
Aussi, lorsque arrive, relativement subitement sur la place publique, un certain Général Boulanger, celui-ci parvient aussi bien à rallier un certain nombre de radicaux, des socialistes de premier plan ainsi que des blanquistes mais, aussi étonnant que cela pourrait paraître étonnant aujourd'hui, des monarchistes convaincus tout aussi bien que des bonapartistes revanchards. Il faut dire que le personnage est tout aussi séduisant que fieffé, que son passage au ministère des armées en a convaincu plus d'un, que sa position clairement revancharde a su en hypnotiser beaucoup, tout autant que ses opinion concernant une République forte et solide bien qu'il ne dissimule guère son peu d'attirance pour le parlementarisme, qu'il estime d'essence bourgeoise et aristocratique les régimes précédents avaient aussi leurs parlements, bien que de façade). Par ailleurs, il se dit favorable à la mise en place d'une assemblée constitutionnelle, ce qui attire les royalistes pensant ainsi pouvoir renverser démocratiquement ce régime honni. Voici donc un genre de sauveur des uns et des autres (diamétralement opposés sur le pur terrain politique) dont nul, finalement, n'a jamais pu savoir ce qu'il aurait fait une fois au pouvoir, puisqu'il se refusa au coup d'Etat après qu'il eut remporté haut la main ses premières élections législative. le phénomène se déballonna presque aussi vite, le malheureux Général se suicida sur la tombe de sa maîtresse trop tôt défunte, et l'on ne reparla plus de lui, de loin en loin, que comme l'un des exemples à ne pas suivre de ce fameux "populisme" qui resurgit tout autant qu'on le ressort à chaque nouvelle crise de la représentation. On en voit très bien les "modèles" actuels...
N'oublions pas, non plus, que cette sorte de bouffissure républicaine - et ce goût inaltérable des français pour "l'homme providentiel"-prit racine au beau milieu de la première grande affaire géo-politico-capitalistico-affairo-financièro-magouillo-corruptrice (oui, oui, au moins tout cela!) de cette République renaissante, et néanmoins l'une des plus graves connues à ce jour puisque elle eut des répercussions jusque avant la première guerre mondiale, bien que fort peu de ceux y ayant participé, ou simplement tâté, se retrouvèrent devant les tribunaux et punis, ou pour seulement peu de temps... Toute ressemblance avec des événements récents serait bien entendu parfaitement fortuite. (A noter pour la petite histoire que l'un des rares parlementaires à avouer "honnêtement" sa participation à l'affaire fut parmi seul à subir les affres de la justice... Une leçon à retenir pour les suivant...?)

C'est donc dans ce double contexte trouble et troublé que Mirbeau se lance dans cette sorte de manifeste intitulé "La grève des électeurs" et dont on n'imagine guère, ainsi que le note judicieusement Cécile Rivière dans son éclairante postface, de pouvoir le relire à la une de quelque grand quotidien actuel que ce soit, tant il est convenu d'estimer que le vote est une obligation (d'ordre moral) bien avant que d'être un droit, que d'en critiquer les fondements revient, peu ou prou, à vouloir saper les bases même sur lesquelles repose notre démocratie.
C'est pourtant bien ce que nous rappelle notre anarchiste : Si j'ai le doit de voter, j'ai tout aussi bien le droit de NE PAS voter. Mais il ne faudrait surtout pas en déduire pour autant que l'usage en négatif de ce droit puisse être lié, de quelque manière que ce soit, à une espèce de paresse citoyenne ; pas plus qu'il ne serait oubli momentané de cette obligation -même simplement morale- ou encore une triviale préférence pour une autre activité du moment (pêche à la ligne, concours de lancer de petits pois, rédaction d'une critique pour le, par ailleurs, excellent site Babelio...). Non ! C'est bien à une GRÉVE GÉNÉRALE, un acte mûrement réfléchi et clairement affirmé tout autant que volontairement réalisé, par l'ensemble du peuple français, que Mirbeau nous invite, nous convie. Quant à la raison, il n'a de cesse de nous la donner, de diverses manières, avec mille exemples, toujours dans style des plus convaincants même dans l'excès, et que l'on peut résumer ainsi : l'électeur est un mouton qui vote pour le boucher qui va l'égorger !

Bien entendu, on rétorquera que c'est excessif, que les choses ne sont pas aussi simples que cela, que tous les politiques ne sont pas irrémédiablement les pourritures, les profiteurs, les voleurs, les violeurs, les bouchers que l'auteur, dans sa verve purificatrice, dénonce à toute force. Pourtant, et même sans devoir partager son engagement philosophique, est-il absolument impossible de reconnaître de vraies raisons à cet emportement textuel qui nous bouscule encore aujourd'hui, presque cent-trente ans après la rédaction de cette remarquable diatribe ? Ne sommes nous pas abreuvés, à chaque élection d'importance, de promesses intenables et non tenues, de serments violés dès après le décompte des votes, de coups de poignards dans le dos des électeurs tout aussi bien que de l'allié de circonstance ? Ne voit-on pas éclore, d'année en année, des hommes et des femmes politiques, dont c'est devenu un MÉTIER, une profession à part entière, une CARRIÈRE , tandis que ce ne devait être qu'un moment intense de services rendus à ses semblables, un moment, seulement. Une carrière qui a vu peu à peu se créer une sorte de caste (on commence même à voir des générations familiales de politiciens professionnels), s'appuyant sur les partis, sur le monde de la finance et celui des médias, ce dernier appartenant le plus souvent aux seconds...? Et que dire de toutes ces "affaires" plus lamentables, turpides, honteuses qu'il y a plus d'un siècle, Mirbeau décrivait déjà quasiment comme s'il était un homme d'aujourd'hui ?

C'est, en filigrane, la question même de notre système politique que l'auteur remet en cause, sur lequel il nous pousse à réfléchir presque malgré nous. Se poser les bonnes questions sur ce système qui s'appuierait, entre autre, sur une sorte de chantage moral où le non-votant n'aurait guère plus qu'un seul droit : celui de se taire ! Tandis que la caste des élus peut tout, ou presque, se permettre, y compris voter les lois qui lui permettra de passer entre toutes les gouttes tandis que le citoyen lambda est assuré d'y rester. C'est ce qu'il nous fait comprendre ainsi : "Voila pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu'un fait unique domine toutes les histoires : la protection des grands, l'écrasement des petits."

Parce que l'on a peu à peu oublié une chose qui me semble essentielle - et c'est aussi pour cette raison que je relis, avec un ravissement non dénué de pessimisme des temps - ce petit texte (suivi, pour cette édition de l'excellente maison Allia, d'un autre dans la même veine nommé "Prélude") avant chacune de nos grands messes électoralistes, présidentielle en tête, que, ainsi que le rappelle avec sa si vive intelligence la philosophe Simone Weil, la "Démocratie" n'est pas une fin en soit, seulement un moyen, qu'elle a pour but premier de servir le bien, la vérité, la justice : "Mais il faut d'abord reconnaître quel est le critère du bien. Ce ne peut être que la vérité, la justice, et, en second lieu, l'utilité publique. La démocratie, le pouvoir du plus grand nombre, ne sont pas des biens. Ce sont des moyens en vue du bien, estimés efficaces à tort ou à raison", écrit-elle précisément. Et comme elle l'explique ailleurs, ces démocraties issues de la grande révolution française, qui s'appuient sur la délégation de pouvoir via le vote des citoyens et s'est donc pour jamais éloigné de toute démocratie directe -difficile à mettre en place, ardue à concevoir, exigeante pour tous à faire perdurer mais si peu essayée qu'il est difficile de prétendre qu'elle est impossible -, ne peuvent aboutir à ce bien puisqu'elle met trop vite en jeu des intérêts puissamment contradictoires et tout aussi puissamment hors de portée et de connaissance du commun des mortels, à commencer par ceux qui se font élire pour toutes les pires mauvaises raisons du monde la masse élective et souvent embrigadée par ces annihilateurs de pensée individuelle que son les partis constitués.

Alors, bien sur, cette grève générale du vote ne verra sans doute jamais le jour, mais, à y bien réfléchir, l'idée serait-elle moins mauvaise que de finir par voter "pour le moins pire" comme finissent par le faire la majorité des votants, selon les convictions intimes du moment et la bonne ou mauvaise communication du vainqueur ou du perdant. Ce qui - y compris lorsqu'on se donne un semblant de bonne conscience en votant contre ce qui pourrait, de manière quasi certaine, s'avérer le pire du pire - donnerait ou donne peut-être déjà le niveau de déréliction, de décrépitude de cette institution centenaire qu'est le vote électoral s'il n'a plus d'autre sens que d'être un simple barrage. C'est affreusement historique : les barrages finissent presque toujours par céder.

Et de finir par se demander si, à l'invitation d'Octave Mirbeau, pour faire trembler un pouvoir assis sur des bases bien malsaines, dévoyées et faussées, nous ne devrions pas tous nous masser devant nos mairies ce fameux jour-là, et... Refuser d'y entrer pour entendre l'incontournable : "A voté !"
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Délicieusement anarchistes, les propos d'Octave Mirbeau sont un redoutable plaidoyer contre la grande transhumance des élections. Ce brûlot corrosif se veut un éveil voire un réveil des consciences face à la grande manipulation de l'appel à l'urne. A chaque farce électorale, la léthargie démocratique et l'arnaque politique des puissants s'enchâssent confortablement dans une cérémonie citoyenne grégaire qui les légitimise pour se résumer à ce cynique constat : voter, c'est être un esclave qui choisit ses maîtres.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Ce petit livre est une bombe censurée car il est trop puissant. Il est tellement vertigineux et puissant qu'il m'a pratiquement ému aux larmes , comme une tempête qui détruit les châteaux de sables que sont les Barbe, Baïhaut, Rovier et Wilson pour la plupart bien oubliés : noms qu'on peut remplacer facilement avec les noms de Macron, le Pen, melenchon ou zemmour bref des noms interchangeables de la plus grosse arnaque de tous les temps qu'est la " démocratie " qu'elle soit représentative / participative / direct/ le 28 novembre 1888 / tout court ; à savoir une foire débile pour enrichir des saluds.
Ce texte n'a pas pris une ride ! Au contraire il est encore plus fulgurant et dévastateur aujourd'hui qu'hier.
Le prélude qui suit ce court recueil est un régal de méchanceté , tout y est juste et hilarant : j'ai eu une crise d'angoisse de me dire que personne ou presque ne lirait ce livre.

Le petit texte qui suit de Cécile rivière " les moutons noirs " à mon avis ne vaut pas la peine d'être lû , les premières lignes " à la lecture de la grève des électeurs, ce qui frappe et heurte notre confort ..." oh vas y la barbe ! On se croirait à la fac ou sur LCI et les petites mouches sales et moralisatrices de ce genre adorent se poser sur un grand livre , " cautionner " " expliquer " s'entremisser et " clarifier "  les grands textes qui n'ont pas besoin de l'être comme des mouches posés sur un grand tableau ou sur un beau visage , bref ils viennent faire de l'incruste  pour circonfléchir le sens d'un livre , se faire mousser et exister sur le dos des grands textes et écrivains alors qu'ils n'apportent rien la plupart du temps , sauf grandes exceptions , rien que leurs nullité personnelle et opportuniste et leur volonté de manipuler le lecteur comme si c'était un enfant à qui il fallait expliquer, tout en déformant au maximum, ce qu'il vient de lire. " nous sommes heurtés à la lecture de ce texte " mdrrr parle pas à ma place : il y a des milliers de lectures et de lecteurs et " nous " en lecture , acte individuel et intime, ça n'existe pas et c'est une arnaque. Sans doute une " socialiste " ou une connerie comme ça et je crois deviner ou elle vas aller dans son texte sans avoir besoin d'écouter ses conneries.

Bref parenthèse Cécile Rivière refermée....
( Voix off : qui ça ?  )

Un chef d'oeuvre digne des plus grands. A quand la révolution ? Jamais ! Répondrai peut être le lucide Octave Mirbeau , de la lignée des Céline , des Darien ou des Drumont : il m'a donné envie de me plonger dans tous ses livres ; il est hilarant , bouleversant, féroce , triste , humaniste avec de  l'emphatie tout ça à la fois parfois mélangé dans une même phrase ; mais toujours juste comme le vent qui l'acère le visage , comme l'eau qui étanche une très grande soif : comme un désir furieux de vivre dans une époque dictatoriale qui exige de ne rien ressentir , de ne pas être éveillé , ni même heureux , et de se laisser mourir.
Un chef d'oeuvre magistral mais surtout une vérité qui se cache alors que comme la lumière elle peut dissiper les ténèbres...
Comme le drapeau noir de l'anarchie au vent , un formidable appel à la vie , un must ce livre !  faites moi confiance !

Il coûte 3,10 ( pas cher ) pour le plus grand secret de cette présidentielle 2022 dont on ne vous parlera jamais ; et de toutes les élections à venir.
Et pour cause ...
Vous serez transformés et libres ! Des hommes nouveaux , peut-être à jamais.
Foncez tête baissé vous ne le regretterez pas. Quoi que ...
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Un article cinglant sur le rôle abrutissant des électeurs, écrit en 1888 par Octave Mirbeau, et qui trouve toute sa place aujourd'hui, dans le contexte des prochaines élections présidentielles françaises.

« Les moutons vont à l'abattoir, ils ne disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais, du moins, ils ne votent pas pour le boucher qui les tueras, et pour le bourgeois qui les mangera », p. 13
Dans cette citation, se trouve résumée la pensée complète d'Octave Mirbeau sur la question des élections dans la République. L'auteur est un anarchiste, qui déprécie la République et ses valeurs capitalistes. Lorsqu'on est soi-même citoyen pour qui le droit de vote est une réelle chance, il est difficile de lire ce livre sans être surpris, voire énervé.
Puis, par les arguments qu'il nous oppose en nous tutoyant, Mirbeau nous rappelle des réalités étonnantes qui sont toujours d'actualité. Et en cela, c'est une belle réflexion sur le mot « droit » dans l'expression « droit de vote ». En effet, la problématique du vote blanc est représentative de ce malaise : si un électeur souhaite indiquer qu'il n'adhère à aucun parti politique, il peut se déplacer et voter blanc, mais il ne sera retenu qu'en tant qu'abstentionniste. Et l'abstentionniste, dans notre République est le mauvais citoyen, celui qui refuse fièrement le droit qui lui est octroyé.
Au fur et à mesure de ma lecture, je me rends compte d'un sujet tabou. Aujourd'hui, aucun journal n'accepterait de publier cet article. Qui prendrait le risque de supporter la responsabilité d'une remise en cause d'un des principes même de la démocratie ?
Je suis moi-même outrée par les personnes qui ne votent pas, mais je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il en serait si les votes blancs étaient considérés comme l'expression d'une partie du peuple, qui signifie ainsi son sentiment de ne se sentir appartenir par aucun parti politique ?

J'ai compris ce texte comme une provocation nécessaire, qui encourage les individus à faire changer les choses. Néanmoins, il faut savoir qu'Octave Mirbeau va très loin dans son texte, en dénigrant totalement les électeurs quels qu'ils soient. Il les accuse de voter pour leur propre malheur, malheureux utopistes qu'ils sont.
Que l'on adhère ou non à cette idée, ce court texte est très intéressant à lire. L'écriture est excellente, la langue pleine de métaphores choisies avec soin et délicieuses.
Je vous recommande cette lecture !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
"Mais qu'un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n'importe lequel parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu'elle soit, trouve un électeur, c'est-à-dire l'être irrêvé, le martyr improbable, qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n'est pas des coups de fusil dans la poitrine ; en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m'étais faites jusqu'ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier"
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Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t'arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maîtres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d'avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d'humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l'envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n'as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines
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Surtout, souviens-toi que l'homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu'en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu'il ne te donnera pas et qu'il n'est pas d'ailleurs, en son pouvoir de te donner. L'homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens.
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Les moutons vont à l'abattoir, ils ne disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais au moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le petit bourgeois qui les mangera.
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Et bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il [l'électeur] a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours.
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Vidéo de Octave Mirbeau
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_ecrivains_decadents_et_l_anarchisme_une_tentation_fin_de_siecle_alexandre_lecroart-9782336410142-78065.html ___________________________________________________________________________
La fin du XIXe siècle est marquée par une série d'attentats anarchistes. Ces actes récoltent le soutien d'écrivains d'avant-garde comme Paul Adam, Octave Mirbeau et Rémy de Gourmont. Ces affinités avec l'anarchisme étonnent, venant d'écrivains résignés et élitistes qui rejettent la politique au profit de la littérature. Cet ouvrage examine l'influence qu'a exercée l'imaginaire de la décadence sur ces écrivains. Véritable mythe de la fin du siècle, la décadence donne naissance à une esthétique littéraire : le décadentisme. Mais elle agit également sur les anarchistes, qui y voient l'occasion de faire émerger une société nouvelle. Cette analyse jette ainsi un regard nouveau sur les liens entre politique et littérature. La bombe et le livre se superposent, l'utopie anarchiste et l'imaginaire décadent se télescopent. Ce cocktail détonnant laisse entrevoir une intense période de création littéraire et d'ébullition politique. Il questionne les représentations du progrès et de l'histoire, et signale l'émergence de l'artiste d'avant-garde, révolutionnaire en art et en politique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Rudy Matile, la prise de son, d'image et montage vidéo
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