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EAN : 9782379410109
240 pages
L'Arbre vengeur (19/03/2020)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Recueil de textes de l'écrivain O. Mirbeau, dont "La vache tachetée" et la satire "Le concombre fugitif", dans lesquels il fustige les comportements ridicules et les situations absurdes.
Composés pour une presse bourgeoise, les récits usent de ressorts comiques et témoignent d'une volonté de démystification.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Octave Mirbeau en tête de gondole dans ma librairie préférée !
Voilà qui mérite d'être souligné.
Un petit volume des éditions de l'Arbre Vengeur, tout de rouge vêtu, que j'ai saisi sans même y réfléchir.
C'est que Mirbeau est un de ces auteurs dont on aurait tort de laisser filer la moindre des rééditions.
Et, celle-ci est toute fraîche, puisqu'elle date du 1er trimestre 2020.
Elle a pour titre "vache tachetée et concombre fugitif".
C'est un recueil d'un peu plus d'une vingtaine de nouvelles.
Ici, Octave Mirbeau observe, Mirbeau écoute et Mirbeau restitue de sa plume.
Parfois, il fait fait sourire son lecteur.
Mais le plus souvent, il tonne et gronde contre l'injustice.
Car sa prose est une littérature de paysages, de personnages et de caractères, de droiture et de préjudices.
Souvent, elle met en balance bonheur et malheur, et pointe du doigt la forfaiture de celui que Mirbeau considère comme coupable du mal occasionné.
Et, venant de celui qu'au "Grenier" des frères Goncourt l'on surnommait "le croquemitaine", la foudre s'abat alors sur l'injuste, qu'il soit riche ou gueux, puissant ou misérable.
Octave Mirbeau, a-t-on dit*, se levait triste et se couchait furieux.
Il ne craignait ni l'outrance, ni l'exagération.
"le gamin qui cueillait les ceps" en est ici la plus criante démonstration.
Un pauvre enfant de dix ans avait volé des champignons à un millionnaire socialiste.
Que croyez-vous qu'il arriva ?
Le récit de Mirbeau ne s'embarrasse pas de ciconvolutions.
Il va droit au but que lui a donné son auteur.
Il est efficace.
Il ne suffit que de voir dans "paysages d'hiver" comment Mirbeau, n'étant seulement armé que de sa canne, règle son compte à une bande de chasseurs farouches.
Il est efficace.
Mais pourtant, comme dans la littérature de Zola, l'outrance et l'exagération viennent finalement un peu tacher le propos.
Plus mesuré, plus adroit et tout aussi inébranlable dans ses prises de position, lucien Descaves est peut-être finalement, de ces trois immenses écrivains, celui qui égratigna le mieux l'injustice.
Mais ne considérer Octave Mirbeau que dans sa colère serait réducteur.
Il est aussi une fine plume excellant dans les descriptions de paysages et les peintures de personnages.
Il est un dramaturge redoutable, un faiseur d'histoires.
Ce recueil, dont j'ai trouvé la préface moyenne et sujette à discussions, en est un bon exemple.
Il s'ouvre dans un cachot noir où avait été jeté le malheureux Jacques Errant pour avoir possédé une vache tâchetée ...
Et se clôt sur une histoire terrible et magnifique, "un homme sensible" au bord du gouffre de la Fontaine-au-Grand-Pierre ...
Ce recueil se lit avec un plaisir féroce.
Mais, d'ailleurs, ne faut-il avoir souvent un désir féroce de bonnes vieilles lectures pour savourer vraiment la littérature de Mirbeau ...

*Jules Renard
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Publiées dans la presse au début du siècle passé, ces d'histoires courtes à la langue raffinée et à l'humour ravageur, vif et fin, proposent un concentré d'esprit subversif qui force le respect. En une vingtaine de nuances, de "La vache tachetée", dans laquelle un homme est accusé d'un crime qui dépasse l'entendement, à "Un homme sensible", qui dresse le portrait d'un citoyen à l'excessive émotivité, elles déclinent la nature humaine en un dégradé des sentiments. Absurdes ou cyniques, elles en bousculeront certains, en choqueront d'autres, en amuseront beaucoup, mais ne laisseront personne de glace.
L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur…
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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critiques presse (1)
Actualitte
22 février 2021
À la lecture du recueil, on ne peut qu'être frappé par l'extraordinaire diversité des nouvelles. Certaines sont fantaisistes, dont ce fameux Concombre fugitif (publié en 1894), clin d'œil à Alphonse Allais qui y répondit lui aussi par un texte intitulé Pour faire plaisir à Mirbeau.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Remarquez que je n'ai rien, absolument rien à reprocher à ma femme, rien, sinon d'être femme. Femme, voilà son seul crime ! Femme, c'est-à-dire un être obscur, insaisissable, un malentendu de la nature auquel je ne comprends rien. Et ses griefs sont les mêmes à mon égard. Elle me reproche uniquement d'être un homme, et de ne me pas plus comprendre que je ne la comprends. Car, en vérité, je ne la comprends pas. J'ai sondé tous les mystères de la vie ; j'ai arraché leur secret à bien des êtres avec qui je n'ai rien de commun, dont le langage et les habitudes diffèrent des miens autant que la chenille diffère de l'alouette. Ce que cherche le chien, ce que veut le chat, observateur et démoniaque, où va l'effrayant corbeau, je le sais. De la femme, je ne sais rien, rien, rien. Je n'entre pas plus en elle que dans l'âme d'un dieu, dans le rêve d'une anémone marine.

[Vers le bonheur]
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Le concombre fugitif

Et il m’engagea à le suivre.

L’enclos était vaste, divisé en carrés rectilignes, et traversé par de larges allées herbues. Jamais, même dans un jardin abandonné, je ne vis pareil désordre. Les plates-bandes, les planches, picturées, jamais rajeunies par la bêche ou l’humble binette, offraient l’indescriptible spectacle de plantes emmêlées les unes dans les autres, au point qu’il était impossible de les reconnaître. Et tout cela, jauni, roussi, jonchant la terre dure, disputant aux herbes folles le peu de fraîcheur resté dans le sol brûlé par le soleil.

— Ah ! vous allez rire, me dit le père Hortus…

Il s’arrêta devant une planche, se baissa, écarta quelques tiges séchées de phlox.

— C’est là ! fit-il. Ah ! c’est un concombre impayable que le concombre fugitif !… À le voir, il n’a rien de particulier… Mais dès qu’on veut le prendre… il fiche le camp… il s’en va au diable… impossible de le manier…

Le père Hortus cherchait toujours, à travers le lacis des tiges jaunies qu’il écartait d’une main brutale.

— Mais, je ne le vois pas, cet animal-là… Où est-il ?… Il est à se balader, bien sûr… C’est toujours la même chose… Quand on vient pour le voir, il n’est jamais là…

Et se tournant vers moi, il me dit :

— Est-ce curieux, tout de même !… Un concombre !… Attendons un peu, il ne va pas tarder à revenir…
Je ne savais si le père Hortus était véritablement fou, où s’il voulait me mystifier, et je me disposais à interrompre ma visite, quand, tout à coup, le bonhomme se précipitant à plat ventre, dans la planche de fleurs, cria :

— Ah ! Gredin ! Ah ! Misérable !

Et je vis sa main noueuse cherchant à étreindre quelque chose qui fuyait devant elle, quelque chose de long, de rond et de vert qui ressemblait, en effet, à un concombre, et qui, sautant à petits bonds, insaisissable et diabolique, disparut, soudain, derrière une touffe…
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Je vous dirai que j'aime les fleurs d'une passion presque monomaniaque. Les fleurs me sont des amies "silencieuses et violentes", et fidèles. Et toute joie me vient d'elles. Mais je n'aime pas les fleurs bêtes, car si blasphématoire que cela paraisse, il y a des fleurs bêtes, des pauvres fleurs à qui les horticulteurs ont communiqué leur bêtise contagieuse. Tels les bégonias, dont on fait, dans les jardins, aujourd'hui, un si douloureux étalage. Au point que toute autre fleur en est exilée, et que toute la flore semble se restreindre à cette stupide plante, dont on dirait que les pétales sont découpés à l'emporte-pièce, dans quelque indigeste navet.
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La vache tachetée

Un peu rassuré, Jacques Errant murmura :

— Enfin !… pourvu que je n’aie pas proclamé une vérité quelque part… C’est l’essentiel…

— Et que vous n’ayez pas, non plus, une vache tachetée !… parce que voilà encore une chose qui n’est pas bonne par le temps qui court…

Le gardien parti, Jacques songea :

— Il ne faut pas que je sois inquiet… Je n’ai jamais proclamé de vérité… jamais je n’ai eu de vache tachetée… Je suis donc bien tranquille !

Et ce soir-là, il dormit d’un sommeil calme et heureux.

Le dix-septième jour de la seconde année de sa prévention, Jacques Errant fut extrait de son cachot et conduit entre deux gendarmes dans une grande salle où la lumière l’éblouit au point qu’il manqua défaillir… Cet incident fut déplorable, et le malheureux entendit vaguement quelques personnes murmurer :

— Ce doit être un bien grand criminel !…

— Encore un qui aura proclamé une vérité !…

— Il a plutôt l’air de celui qui possède une vache tachetée…

— Il faudrait le livrer à la justice du peuple !

— Regardez comme il est pâle !

— À mort !… À mort !… À mort !…

Et comme Jacques reprenait ses sens, il entendit un jeune homme qui disait
— Pourquoi criez-vous contre lui ? Il semble pauvre et malade.
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- Il y a des gens qu'on ne comprend pas bien, voilà tout ! ...
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Videos de Octave Mirbeau (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Octave Mirbeau
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_ecrivains_decadents_et_l_anarchisme_une_tentation_fin_de_siecle_alexandre_lecroart-9782336410142-78065.html ___________________________________________________________________________
La fin du XIXe siècle est marquée par une série d'attentats anarchistes. Ces actes récoltent le soutien d'écrivains d'avant-garde comme Paul Adam, Octave Mirbeau et Rémy de Gourmont. Ces affinités avec l'anarchisme étonnent, venant d'écrivains résignés et élitistes qui rejettent la politique au profit de la littérature. Cet ouvrage examine l'influence qu'a exercée l'imaginaire de la décadence sur ces écrivains. Véritable mythe de la fin du siècle, la décadence donne naissance à une esthétique littéraire : le décadentisme. Mais elle agit également sur les anarchistes, qui y voient l'occasion de faire émerger une société nouvelle. Cette analyse jette ainsi un regard nouveau sur les liens entre politique et littérature. La bombe et le livre se superposent, l'utopie anarchiste et l'imaginaire décadent se télescopent. Ce cocktail détonnant laisse entrevoir une intense période de création littéraire et d'ébullition politique. Il questionne les représentations du progrès et de l'histoire, et signale l'émergence de l'artiste d'avant-garde, révolutionnaire en art et en politique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Rudy Matile, la prise de son, d'image et montage vidéo
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