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Critique de Yatova





Avraham Avraham, le flic imaginé dès 2011 dans Une disparition Inquiétante par l'ex-éditeur et prof de littérature policière à l'université de Tel-Aviv, est un lecteur de polars. Ses auteurs préférés sont Henning Mankell et Simenon. Ce n'est pas un super-flic coriace comme le Harry Bosch de Michael Connelly.
C'est, et il le dit lui-même, « un enquêteur » comme Kurt Wallander. « Un type qui traque des parents éplorés, des enfants meurtris ; qui mène de petites investigations tristes dont la résolution ne fait qu'ajouter encore un peu de souffrance en ce monde. » Avraham Avraham est un homme qui doute.
Sa compagne, Marianka, ex-policière d'origine slovaque rencontrée à Bruxelles et qui a tout quitté pour le suivre à Tel-Aviv, le soutient de son mieux sans être toujours convaincue par son côté « décalé ». Elle lui a offert une pipe qu'il ne fume pas mais glisse entre ses dents dans les moments de stress. Malgré ses défauts, une certaine lenteur à réagir peut-être, due à une (trop) grande honnêteté, Avraham a de bonnes intuitions et sa carrière progresse au fil des romans de Mishani. Lequel a le don de cacher plus de choses à son personnage qu'à ses lecteurs. Qui se croient ainsi capable de résoudre avant lui ses intrigues. Peine perdue. Mishani les roulent invariablement !

Au début d'Un simple enquêteur, quatrième volet de la série, Avraham, 44 ans, est passé commissaire et a épousé Marianka au grand dam des parents de cette dernière. Pourtant, notre policier n'en peut plus des enquêtes relevant du commissariat de Holon, banlieue triste de Tel-Aviv. Il étouffe devant les drames familiaux. La misère quotidienne des gens. « J'ai l'impression de ne mener que des combats sans importance et surtout sans vainqueurs. » Il demande donc à changer d'affectation, mais, en attendant, se trouve confronté à deux affaires.
L'une qui concerne une femme accusée d'avoir abandonné un nouveau-né dans un sac près d'un hôpital. Son discours pour expliquer son geste ne tient pas la route et semble cacher un drame familial. L'autre touche à la disparition d'un touriste. L'homme voyageait avec un passeport suisse. À son hôtel, on l'a perdu de vue. Deux hommes se prétendant de sa famille sont passés prendre ses affaires, et depuis, plus rien. Sa fille, qui vit à Paris, est persuadée que quelque chose de grave lui est arrivé. Lorsqu'elle affirme aux enquêteurs que son père travaillait pour le Mossad, les services secrets israéliens, Avraham jubile.
Enfin, une affaire importante ! Mais très sensible aussi.

Comme il se doit dans tout bon roman policier qui se respecte, et Mishani connaît son job, les deux intrigues vont se recouper à Paris. Là où le Commissaire Maigret, modèle pour Avraham, sévissait.
Pour sa première enquête à l'étranger, il emmène Marianka avec lui. Officiellement pour qu'elle puisse voir ses parents. On sent pourtant qu'Avraham a besoin d'elle à ses côtés. Autrefois, avant Marianka, dans sa vie sans joie de célibataire, dès que le doute s'insinuait en lui, il faisait appel à sa supérieure, Iliana. Cette dernière ne le ménageait pas mais l'encourageait à agir par lui-même. Iliana est tombée malade et a refusé qu'il vienne la voir. Puis elle est morte. Aujourd'hui, Avraham est à la croisée des chemins.
S'il réussit à résoudre les deux affaires, il a de fortes chances d'obtenir sa mutation et de passer de « simple enquêteur » à haut gradé de la police. Mais le veut-il vraiment ? Psychologie des personnages, sens de l'atmosphère, habileté de la construction : Mishani m'a régalé une fois de plus.



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