Dans ce très beau roman, Mishima raconte l'histoire de Kiyoaki Matsugae, un jeune étudiant japonais issu d'une famille riche mais non aristocrate (cela a son importance), qui n'arrive pas à exprimer ses sentiments auprès des autres. Son mutisme est associé à un orgueil qui l'empêche d'aller vers autrui. Il bouillonne quand on vient vers lui, même quand on est animé des meilleurs intentions. Mishima évoque à mot couvert, avec délicatesse, le conflit intérieur d'un adolescent qui n'arrive pas à grandir dans un milieu confiné.
J'ai trouvé le parallèle avec l'histoire du Japon, judicieux. En effet le récit est à cheval entre deux ères, l'ère Meiji (encore un peu isolationniste et tournée vers la tradition des Samouraïs) et l'ère Taisho (ouverte vers l'occident, on peut dorénavant envisager des études à l'étranger). Vous l'aurez compris, ce parallèle n'est pas anodin. le héros, comme son pays, parviendra-t-il à aller vers l'autre, à passer à l'âge adulte?
L'autre personnage principal est la très belle Satoko Ayakura, issue dune famille aristocrate illustre mais désargentée. Kiyoaki et Satoko ont été élevés ensemble sans qu'il n'y ait de soucis. Mais les 16 ans de l'un et les 18 ans de l'autre vont attiser les passions.
Si vous n'êtes pas gênés par la traduction française d'un texte en anglais lui même traduit du japonais, vous passerez sur les multiples coquilles, voir un ou deux contre sens, et découvrirez un superbe récit au long cours.
Le deuxième tome de la tétralogie ne m'attendra pas longtemps.
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