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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce très beau roman, Mishima raconte l'histoire de Kiyoaki Matsugae, un jeune étudiant japonais issu d'une famille riche mais non aristocrate (cela a son importance), qui n'arrive pas à exprimer ses sentiments auprès des autres. Son mutisme est associé à un orgueil qui l'empêche d'aller vers autrui. Il bouillonne quand on vient vers lui, même quand on est animé des meilleurs intentions. Mishima évoque à mot couvert, avec délicatesse, le conflit intérieur d'un adolescent qui n'arrive pas à grandir dans un milieu confiné.
J'ai trouvé le parallèle avec l'histoire du Japon, judicieux. En effet le récit est à cheval entre deux ères, l'ère Meiji (encore un peu isolationniste et tournée vers la tradition des Samouraïs) et l'ère Taisho (ouverte vers l'occident, on peut dorénavant envisager des études à l'étranger). Vous l'aurez compris, ce parallèle n'est pas anodin. le héros, comme son pays, parviendra-t-il à aller vers l'autre, à passer à l'âge adulte?

L'autre personnage principal est la très belle Satoko Ayakura, issue dune famille aristocrate illustre mais désargentée. Kiyoaki et Satoko ont été élevés ensemble sans qu'il n'y ait de soucis. Mais les 16 ans de l'un et les 18 ans de l'autre vont attiser les passions.

Si vous n'êtes pas gênés par la traduction française d'un texte en anglais lui même traduit du japonais, vous passerez sur les multiples coquilles, voir un ou deux contre sens, et découvrirez un superbe récit au long cours.

Le deuxième tome de la tétralogie ne m'attendra pas longtemps.

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Encore une fois j'ai été impressionnée par la qualité d'écriture de Mishima. Et son roman est rempli de magnifiques descriptions. Mishima ne se contente pas de dire : "la jeune fille est triste", il va écrire des phrases sublimes, pleines de métaphores et de réflexions, pour dépeindre ce sentiment.

Ainsi, ses personnages prennent une dimension presque magique, où chaque émotion est décuplée.
J'ai aimé suivre les pensées de Kiyoaki, lycéen qui découvre les tumultes de l'amour.

Au début du roman Kiyoaki est un jeune homme insouciant. Il remplit ses obligations en tant que fils du marquis tout en songeant à l'avenir en compagnie de ses amis.
Finalement, il se retrouve dépassé par les projets de ses parents. Il n'est pas le fiancé de sa chère amie d'enfance, alors il décide d'intervenir et de vivre cette passion secrètement.
Malheureusement, trop ingénus, la situation échappe aux deux amants et un destin séparé les attend.

Cette triste histoire d'amour rappelle le destin de Roméo et Juliette. Mais aussi, ce roman est un témoignage de l'époque même de l'auteur. Mishima nous offre une vue sur le Japon du début du XXe siècle en ne lésinant pas sur la description des us et coutumes de sa société.
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La mer de la fertilité est un gros bouquin qui attendait dans ma PAL depuis des années. J'avais plutôt choisi d'aborder Mishima par des textes plus courts, avant de m'attaquer à son fameux testament littéraire.

Avec Neige de printemps, Mishima a réussi à me surprendre, encore une fois. Malgré des thèmes de prédilection récurrents, il déploie un univers et une tonalité propres à chacun de ses romans. Dans le premier tome de sa tétralogie, l'auteur prend son temps pour mettre en place un projet littéraire d'envergure. le style est assez descriptif et très évocateur et il m'a rappelé celui des classiques du XIXe. le rythme est lent, mais les courts chapitres d'une dizaine de pages au plus nous poussent vers l'avant sans effort. Mishima fait preuve ici de retenue et de beaucoup de nuances.

Mais, de quoi parle ce premier tome ? Des amours contrariées d'un jeune homme et d'une jeune femme issus de la noblesse japonaise, dans les années 1910, et des nombreuses intrigues qui s'ensuivent avec les parents, les domestiques, les amis, etc. Une oeuvre savoureuse, belle et tragique !
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Japon, 1912. Kyoaki a 19 ans. Il est le fils du marquis et de la marquise Matsugae de noblesse très récente (deux générations seulement). Afin de l'éduquer, ses parents le confient tout jeune au comte Ayakura et à sa femme, qui sont issus d'une très vieille famille noble (27 générations!!), il reçoit la même éducation que Satoko, la fille du comte, âgée de deux ans de plus que Kiyoaki.

A 12 ans, son éducation est "complétée" par un précepteur Inuima, (qui l'accompagnera jusqu'à ses 19 ans) et il entre au collège.

Sous prétexte de nous raconter l'histoire d'amour de Kiyoaki et de Satoko, Mishima nous entraîne dans un Japon de la fin de l'ère Meiji et du début de l'ère Taisho.

J'ai beaucoup aimé cette histoire. Au début, Kiyoaki n'est pas très sympathique, il est imbu de sa personne, nonchalant, orgueilleux. Il ne sait ce qu'il veut être, pauvre petit garçon riche et triste à qui tout est acquis sans travail. Il est méprisant envers les attentions de Satoko, lui écrit une lettre horrible, puis la supplie de ne pas la lire et de la brûler. Une vraie girouette, il se réveille bien tard (trop) quand Satoko devient inaccessible.

Les personnages secondaires sont également savoureux et intéressants : son ami Honda, fidèle en dépit des "mauvais traitements" que lui inflige Kiyoaki ; Inuima, le précepteur qui essaie de dynamiser Kiyoaki, le vénère et le déteste tout à la fois ; la grande mère de Kiyoaki est une solide paysanne qui ne mâche pas ses mots ; Tadeshina, la dame de compagnie de Satoko est un modèle de ruse et de manipulation ; des princes siamois en visite au Japon apporte un regard étranger sur l'histoire qui se déroule inexorablement .

Enfin, j'ai beaucoup appris des coutumes japonaises du début du 20ème siècle : les mariages arrangés dans la famille impériale, les règles et l'étiquette lors des réceptions données par le Marquis Matsugae. Les descriptions de la fête des cerisiers et de la nature environnante sont éclatantes de couleurs et de vie, toutes en poésie.

Dans le japon post guerre russo-japonaise, l'ère Meiji touche à sa fin, l'empereur est décédé. L'histoire se déroule sur un an, celle du deuil en hommage à cet empereur, les saisons se succédant jusqu'à la Neige de printemps, fatale à ce couple.

En conclusion : une histoire très intéressante et émouvante qui m'a énormément plu, j'aurais aimé toutefois en savoir plus sur les états d'âme de Satoko, femme entière et amoureuse, qui arrive à se rebeller contre son sort, déterminé par son rang de naissance (et aussi par la bêtise de Kyoaki).
Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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Très beau roman
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La Mer de Fertilité est un roman épique en quatre parties de Mishima Yukio, publié en japonais de 1965 à 1970. Chacune des quatre parties, se déroulant au Japon, couvrent ensemble la période allant d'environ 1912 aux années 1960. Chacun d'eux représente une réincarnation différente du même être : en tant que jeune aristocrate en 1912, en fanatique politique dans les années 1930, en princesse thaïlandaise avant et après la Seconde Guerre mondiale et en jeune orphelin maléfique dans les années 1960. Ils sont une indication claire de l'obsession croissante de Mishima pour le sang, la mort et le suicide, de son intérêt pour les personnalités autodestructrices et de son rejet de la stérilité de la vie moderne.

Dans les premières années de la période Taishō, le roman se concentre sur la relation entre Kiyoaki Matsugae, le fils d'une famille nouvellement riche en plein essor, et Satoko Ayakura, la fille d'une famille aristocratique traversant des moments difficiles. Shigekuni Honda, le camarade de classe de Kiyoaki, est le principal témoin des événements.

Kiyoaki se débat avec la nature éphémère de la vie et tout au long de l'histoire, lorsque les amants, Kiyoaki et Satoko, s'adonnent à leur passion l'un pour l'autre, une tragédie s'ensuit, peut-être parce qu'ils sont si mal équipés pour gérer leurs émotions puissantes en raison de leur éducation strictement contrôlée.
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J'ai donc achevé la lecture de "Neige de printemps", premier roman de la tétralogie de la mer de la fertilité de Yukio Mishima.

Écrit entre 1965 et 1970, ce cycle est considéré par l'auteur lui-même comme son chef-d'oeuvre. Il se suicide d'ailleurs par seppuku quelques heures après avoir envoyé à son éditeur le manuscrit du dernier des quatre romans.

Nous allons dans "Neige de printemps" découvrir la passion amoureuse entre Kiyoaki Mitsugae, jeune homme de 18 ans, et Satoko Ayakura, de deux ans son ainée, dans un Japon de 1912/1913 post ère Meiji (1868-1912) et alors en pleine intégration de certains codes occidentaux.

Kiyo est le fils du riche comte Matsugae, tandis que Satoko est issue d'une vieille famille de la noblesse de Cour, mais dont la santé financière n'est plus ce qu'elle était.

Élevés ensemble, après que le comte ait confié son fils aux Ayakura pour l'élever selon les canons aristocratiques, l'amour de ces deux êtres d'une exceptionnelle beauté va défier les principes et les convenances de l'époque.

Que dire de ce roman de Mishima, si ce n'est qu'il mérite son statut de classique. Essentiellement d'ailleurs pour son écriture, d'une beauté et d'une finesse rares, plus que par l'histoire elle-même.

Mishima va décrire aussi précisément les sentiments de nos protagonistes que les paysages splendides de ce Japon du début du XXème siècle, conférant ainsi à son roman une dimension poétique assez bluffante.

Il convient toutefois de bien avoir conscience de cela pour bien l'appréhender. Puisque l'auteur va passer beaucoup de temps dans ces descriptions, ce qui peut entraîner quelques longueurs et l'impatience du lecteur.

La profondeur de ce roman, sa beauté, ne se révèlent à mon sens que si l'on est dans le bon état d'esprit. A une semaine des vacances, cette lecture m'a paru longuette par moments.
Mais j'ai conscience que cela provient de mon envie d'une lecture peut-être moins exigeante à ce moment-là.

Cela ne m'empêchera pas de lire dans quelques semaines le second volet, "chevaux échappés".

Je me permets de vous laisser deux extraits du livre, qui j'espère vous éclaireront sur la qualité d'écriture évoquée plus haut.

"C'était l'heure étrange, suspendue aux confins du soir, où l'on peut encore se passer des lumières et où, même au sein d'une joyeuse compagnie, on peut être surpris par un vague sentiment de la fragilité des choses."

"La lune brillait avec une intensité éblouissante du côté gauche de Kyoaki, là où la chair pâle se soulevait au rythme de son coeur. S'y trouvaient trois grains de beauté, petits, presque invisibles. Et tout comme les trois étoiles du baudrier d'Orion s'affadissent sous une lune radieuse, ces trois grains étaient presque oblitérés par ses rayons."

Bonne lecture
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J'ai eu beaucoup de plaisir avec Neige de printemps : les grands thèmes de l'écrivain sont bien là , sa soif d'absolu , sa fascination pour la mort et la transcendance en toute chose , sa sensualité puissante , douloureuse et mélancolique .
Malgré la traduction d'une traduction que je redoutais énormément , je n'ai pu que me laisser emporter par le souffle de Mishima , d'un esthétisme rare , comme une sorte de lame de couteau d'argent brillant au soleil ,hypnotisante , pureté ascétique et érotisme confondus ....C'est unique .

Riche en portraits psychologiques , peinture sans concession d'une société très hierarchisée, codifiée dans son carcan féodal , réflexions philosophiques orientales ( bouddhisme , métempsychose), et occidentales ( rationalisme , philosophie du droit ...)se chevauchant , se complétant , s'annihilant l'une l'autre , magnifique histoire d'amour d'un romantisme porté à son paroxysme ,esthétisme pur et force introspection probablement grands fils directeurs de l'oeuvre de Mishima , ce premier opus de la tétralogie La mer de la fertilité ne peut qu'inciter le lecteur à poursuivre sa découverte avec les "Chevaux échappés ".
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