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Ces deux nouvelles dramatiques, écrites six ans avant la mort de leur auteur, pourraient très bien faire l'objet de films d'animation japonais, ou de films tout court. le visuel est poignant. Les gouttes de sueur en suspension dans l'atmosphère, flottant au dessus du sol du dojo, la cinématique de l'escarmouche des sabres en bambou, et l'effarante beauté des manches indigo des kimonos.

Mishima laisse filtrer au détour de l'histoire quelques unes de ses critiques à l'encontre de la modernité. Exacerbant l'honneur et la pureté de Jirô, les poussant jusqu'à leur paroxysme. Peut-être que le colosse, l'insubmersible Jirô, face au timide Mibu ou au jaloux Kagawa a finalement les pieds d'argile. Comme si l'énergie fut circulaire et qu'elle passa des uns aux autres, avec un effet pervers : la monté en puissance de l'un ne peut se faire qu'au détriment de l'autre.

L'attention portée aux corps de ces jeunes garçons, et plus particulièrement aux souffrances de leurs chairs, les genoux de Mibu chancelants sur le sol du dojo, les hanches meurtries de Watari après avoir été rossé et le sang sec sur la morsure à l'épaule de Hatakeyama en sont tant d'exemples.

Les sentiments contradictoires que ressentent les protagonistes les uns pour les autres restent aussi nébuleux pour le lecteur que pour eux-mêmes, ces adolescents sans reculs, animés par des vents changeants, des pulsions et des inclinaisons confuses, presque hormonales. Mais tous ces sentiments restent intérieurs aux personnages, ineffables et indicibles, sans doute inconscients. C'est à travers l'entrechoquement de leurs actes, parfois physiques, toujours violents, que se concrétise l'essentiel de leurs fatales interactions.

Une lecture immersive et étonnement empathique qui sème le trouble.
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Yukio Mishima est un auteur japonais célèbre autant pour son oeuvre que sa fin, un seppuku dans la plus pure tradition des samouraïs. Ces deux nouvelles Martyre-Ken ne m'ont pas emballé, elles sont un pâle reflet de son travail. J'ai lu bien mieux de sa part…
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Voici deux nouvelles du grand auteur japonais Yukio Mishima, dont j'avais lu, il y a longtemps:Le Pavillon D'or qui nous emmènent au coeur de la culture japonaise.

Dans Ken, Jiro est capitaine de l'équipe de Kendo, doué d'une beauté charismatique, choisi parmi les cinq meilleurs sabres du club de l'est du Japon" il concentre ses forces spirituelles dans une activité unique, il a des désirs simples et sobres".
Il entraîne le autres kendokas lors d'un stage intensif qui se révélera funeste .....

Il incarne la droiture d'esprit des valeurs traditionnelles japonaises: l'esprit guerrier fait d'honneur, de pureté dans le geste, d'une force et d'une maîtrise du sabre incomparables .
L'honnêteté et la maîtrise de Jiro, qualités poussées à l'extrême et d'un code de valeurs "surannées" exemplaires bafouées par le monde extérieur ....génèrent peu à peu la rancoeur tenace des autres kendokas, Kagawa l'admire mais le déteste....le jeune Mibu, lui, le révère , pour lui,il crée des sentiments troubles, Jiro représente la perfection qu'il ne pourra jamais atteindre....

La désobéissance, les ambitions, les rivalités, la jalousie morbide et dévastatrice,la perversité auront raison de Jiro...
La dernière scène que je ne révèlerai pas est emblématique de la culture japonaise très différente de notre culture occidentale.....
La deuxième nouvelle d'une cruauté et d'une ambiguïté sans égales, nous entraîne dans un monde adolescent frustré, complexe, tourmenté ,vraiment passionnant... Une lutte pour dominer l'autre,dans une sorte de jeu pervers et malsain,nous avons l'impression.....que les enfants organisent la traque et la mise à mort de Waltari comme s'il s'agissait d'un mauvais scénario.....
Le lecteur en sort particulièrement troublé et mal à l'aise..
Deux nouvelles coup de poing....à propos de l'adolescence dans la pure tradition japonaise.....
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Je replonge avec plaisir dans le style raffiné et lumineux de Yukio Mishima avec ces deux nouvelles intitulées « Martyre » et « Ken », elles-mêmes extraites du recueil « Pèlerinage aux Trois Montagnes ». Elles explorent les complexités de l'âge adolescent dans une prose poétique et troublante.

« Ken » (剣) en japonais signifie sabre ou épée. le kendō (剣道), se traduisant littéralement par « Voie du sabre », n'est pas qu'un art martial dérivé des techniques guerrières ancestrales, mais aussi un sport de compétition très prisé au Japon. À travers cette nouvelle d'un grand esthétisme, nous pénétrons dans le quotidien d'entraînement d'une équipe universitaire de kendō, dont le jeune capitaine Jirô Kokubu, est un parangon de charisme, de beauté et de droiture. le respect qu'il inspire et la fascination trouble qu'il instille dans le coeur de certains de ses camarades sont le thème principal de cette nouvelle. Mishima explore ici la complexité des relations entre jeunes gens dans un univers exclusivement masculin, où la recherche détachée de la Voie se heurte aux ambitions d'attachement et de reconnaissance, où la désobéissance affronte la loyauté. le texte est parsemé de jaillissements poétiques et de symboles, tout entier dédié à la beauté parfaite des mouvements et à la cruauté des sentiments.

« Martyre » explore dans un tout autre ton la brutalité et l'ambiguïté des élans qui agitent de jeunes adolescents dans un internat. Tout part d'un livre dérobé au fier et athlétique Hatakeyama, qualifié de petit démon. Un livre qui dissimule sa véritable nature et qui attise la curiosité comme la convoitise. Lorsque le coupable du vol est retrouvé, c'est un déferlement de violence qui advient, révélant davantage que la simple colère ou l'esprit de vengeance. Ce texte troublant explore la complexité du poison adolescent, la manière dont les pulsions sexuelles et brutales se mêlent jusqu'au drame final.
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Deux nouvelles dans ce petit volume, « Ken » et « Martyre ».
Deux nouvelles d'inégales longueurs, 80 pages pour la première et 25 pour la seconde.
Deux nouvelles dramatiques qui mettent en scène des adolescents ou de très jeunes adultes. L'éditeur a choisi de mettre en avant « Martyre », mais je ne partage pas cette option. Je trouve que le texte de « Martyre », relève davantage de l'exposé de fait divers que de la nouvelle, il m'a laissé relativement froid.
J'ai pris beaucoup de plaisir et d'intérêt à la lecture de « Ken », sans doute parce que le texte est plus long. Mishima prend davantage le temps de présenter et d'exposer ses personnages. Avec « Ken », comme dans la plupart de ses textes, Mishima nous initie à une partie de la culture japonaise.
Contrairement à ce que pourrait penser un anglophone américanophile, le « Ken » de Mishima n'a rien avoir avec Barbie. Ken est le mot japonais qui désigne le sabre et qu'on retrouve dans le nom de l'art martial, le Kendô.
Jirô, le jeune capitaine de l'équipe de Kendô est fort, beau et talentueux. Il a définitivement choisi sa voie, sa conduite de vie. Devenir fort et droit est sa principale raison d'être : « J'irais jusqu'au bout de mes possibilités physiques et mentales. » Mais au cours du stage d'été de l'équipe de Kendô, une simple baignade aura des conséquences dramatiques.
« Que s'était-il donc passé exactement ? Ils étaient tous allés nager. Rien d'autre. Et pourtant, il avait suffi de ce rien pour qu'à jamais quelque chose ait été détruit. »
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Une belle fable avec une poésie inhérente au Japon et à ses valeurs intrinsèques. L'amour, la bonté, le don de soi, l'amitié, le respect, la discipline, l'autorité, tout est ici décrit avec humanité, mais sévérité et droiture.
Car le combattant ne supporte aucune faiblesse, juste une discipline de fer qui ne saurait défaillir.

Les sujets traités dans ces deux nouvelles nous amènent sur la fascination et l'assujettissement abordés ici avec beaucoup de pudeur et de justesse.

Ce recueil n'est ni étouffant, ni soporifique, il parle juste et touche par son oeil à fleur de réalité, si je puis dire.

On sent un vécu, une cicatrice, pas vraiment refermée, on sent une vérité sourde qui fait jour.
Le livre est vraiment passionnant, j'ai passé un très bon moment au milieu de ces pages, et ne peux que vous conseiller sa lecture.
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Yukio Mishima, voilà un homme bien singulier. Il est capable de belles et joyeuses métaphores pour décrire les paysages au milieu d'histoires violentes comme le prouve ce petit livre composé de deux nouvelles. D'une manière générale, ce que j'aime chez cet auteur c'est la dualité très présente chez lui et qui se retrouve également dans son pays. La différence étant que le Japon m'apparaît comme un mélange de bon et mauvais, de yin et de yang, qui a su trouver son équilibre là où l'écrivain vacille entre l'un et l'autre de manière instable. Ce qui explique sûrement sa fin tragique.

Je vais commencer par Martyre, quelques pages d'une enfance où le plus cruel et inventif fait figure de moule. L'excellence à tout prix, au point d'en faire des monstres. le Japon est très bon pour en créer d'horrible dans les mythes et légendes. Les enfants, les satans comme les nomment l'auteur, n'ont rien à leur envier. Après ma lecture du dernier évènement , c'est sans doute la nouvelle la plus troublante de Mishima et d'une violence inquiétante.

Ken n'est pas en reste, la cruauté est également au coeur du livre, différente, plus étoffée mais toute aussi présente. La compétition, l'(homo)sexualité interdite forment un cocktail détonnant dans l'esprit de ces jeunes, faisant ressortir le pire d'eux. La victoire au détriment de la stabilité de l'esprit.
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Martyre précédé de Ken rassemble deux nouvelles intéressantes de Yukio Mishima.

Ken se déroule dans un club de Kendo. le héros, le jeune Mibu admire le capitaine de l'équipe, Jirô, car sa maîtrise du sabre, son tempérament et sa force en font un adversaire hors du commun. le club part pour un stage intensif et c'est l'occasion pour les autres membres de l'équipe de remettre en cause l'autorité de leur capitaine, qu'ils jalousent. Tiraillé entre son admiration pour Jirô et sa volonté de ne pas s'exclure de l'équipe, Mibu ne sait que faire...
Ce récit est intéressant car il décrit avec assez de précision l'univers typiquement japonais des clubs de kendo. C'est d'ailleurs un des grands talents de Mishima que de savoir nous emmener au coeur de la culture japonaise mieux qu'aucun autre auteur.
En outre j'ai trouvé très fine la description par l'auteur de la manière dont le talent de Jirô génère peu à peu la rancoeur des autres kendokas. Cette nouvelle est un concentré de quelques unes des obsessions de Mishima : la construction dans le récit d'un personnage, en l'occurrence Jirô, véritable incarnation de la droitesse d'esprit et des valeurs traditionnelles japonaises, à savoir l'esprit guerrier fait de force et d'honneur, qui voit son code de valeurs surannées bafouées et remises en causes par le monde extérieur. Loin de ce plier à cette réalité, ce héros préfère mettre fin à ses jours dans une ultime et vaine protestation contre le monde extérieur. A ce titre la scène finale où on découvre Jiro sans vie est emblématique de ce thème du suicide chez Mishima. J'ai donc plus apprécié cette nouvelle pour son thème et sa symbolique que pour le style de Mishima, qui m'a habitué à mieux : mis à part quelques belle tournures et images on ne retrouve pas le style classique et émouvant que l'auteur a dans d'autres oeuvres.

Martyre est une nouvelle assez intéressante car elle raconte la manière dont Watari et Hatakeyama, deux adolescents qui vivent dans un pensionnat, entretiennent des rapports ambigus, entremêles de haine et de désir qui vont pousser Hatakeyama jusqu'à tenter de tuer Watari.
Cette nouvelle m'a intrigué car Mishima dépeint les sentiments troubles de deux enfants, qui évoluent entre leurs premiers désirs et une relation caractérisée par une lutte pour dominer l'autre, sans permettre au lecteur de jamais être fixé sur la vérité des relations que les deux enfants entretiennent.
De plus j'ai apprécié la capacité qu'a Mishima d'installer à petites touches un trouble chez le lecteur, qui voit monter une cruauté non pas innée chez les personnages mais qui semble au contraire provenir d'une sorte de jeu malsain. On a en effet l'impression que les enfants organisent la traque et la mise à mort de Watari comme s'il s'agissait d'un jeu et que les relations entre les deux enfants sont le fruit d'un jeu pervers de dominant-dominé. Mishima réussit donc en quelques pages à plonger le lecteur dans l'ambiguïté et un certain malaise...
Un autre point à souligner est que cette nouvelle permet aussi d'en savoir plus sur la scolarité de Mishima, qui s'est largement inspiré de son vécu à la Gakushuin.

Au final deux nouvelles de qualité intéressante et très représentatives de l'univers de l'auteur japonais.
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Deux nouvelles de Mishima qui racontent les aventures de jeunes adolescents japonais. Il y a tous les thèmes de l'auteur: l'homosexualité masculine, l'attirance et le désir, la violence des rapports humains, l'expression de la virilité.
C'est aussi un livre coup de poing, comme l'exprime la couverture.
Ce livre est un petit folio à 2€, il se lit vite. Je voulais découvrir Mishima, un auteur mythique, je ne le regretté pas même si ici on insiste sur la narration et pas assez sur la description. Je vais tenter de lire un roman pour mieux approfondir son style
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Une impression bizarre, étrange qui se dégage de la lecture de Ken. Cette nouvelle est centrée sur la psychologie de trois personnages. On trouve Jirô, Ce capitaine d'équipe de Kendô dont sa supériorité semble naturelle, doué d'une beauté charismatique, d'une force, d'une maîtrise du sabre. Il semble être un descendant des samouraïs adepte du Bushido. Seul l'entraînement compte pour lui, il va secourir le plus faible, mais ne ressent pas les faiblesses et tensions morales qu'il créé autour de lui. Il parait imbu de sa personne, orgueilleux en compétition avec Kagawa. Pour Mibu il créé des sentiments troubles (éveil de la sexualité), Jirô représente pour lui la perfection qu'il ne pourra jamais atteindre. Mibu réfrène ses sentiments, allant même à mentir pour ne pas se sentir isoler, cacher sa faiblesse.

Jirô se trouve confronter à une double responsabilité : celui de mentor et de capitaine d'équipe. Il ne peut assurer ces deux fonctions. Ses rivaux recherche des faiblesses, mais personne ne les trouvera au sein d'un combat armé d'un sabre. La désobéissance, la rébellion viendront à bout de ce combattant.

Il y a je pense de nombreuses lectures possibles pour cette nouvelle, chaque personnage possède une face cachée et sombre. Même Kinouchi qui semble le plus humble, posé va se découvrir expliquer en détail comment arracher la peau d'un visage.
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