Dominique Missika, historienne, retrace la vie de la famille de
Simone Veil dont les membres ont été arrêtés et déportés en 1944. Elle a eu accès à différentes sources de manière privilégiée puisqu'elle connaissait personnellement deux des soeurs (Simone et Denise) et plusieurs de leurs proches. Elle travaille particulièrement sur la période de la Deuxième Guerre mondiale et l'immédiat après-guerre et elle a écrit plusieurs autres ouvrages tournant autour de sujets semblables et de la même époque, entre autres l'histoire de
Gabrielle Perrier dans
L'institutrice d'Izieu.
André et Yvonne Jacob ont eu quatre enfants en à peine cinq ans : deux filles, Madeleine et Denise, un garçon, Jean, et une dernière fille, Simone. le père est architecte, la mère a arrêté de travailler pour élever ses enfants. C'est une famille aisée qui réside sur les hauteurs de Nice ; la crise de 1929 les obligera à déménager et à s'installer dans un quartier moins huppé. La guerre éclate, mais les Jacob, juifs français (André a vaillamment combattu pendant la Première Guerre mondiale), se sentent à l'abri malgré les angoisses de Simone, le début des arrestations de juifs étrangers et le numerus clausus qui interdit aux juifs d'exercer une profession libérale ou d'appartenir à la fonction publique. Après la chute de Mussolini, l'armée allemande s'installe à Nice à la place de l'armée italienne et la vie change dramatiquement… Denise va rejoindre la résistance à Lyon, le reste de la famille reste dans le Sud. En 1944, après un contrôle d'identité, Simone est arrêtée, puis sa mère et sa soeur Madeleine, puis son père et son frère Jean. Un peu plus tard, Denise sera elle aussi arrêtée, mais en tant que résistante, pas parce qu'elle est juive. Madeleine, Denise et Simone reviendront toutes les trois malades, brisées et marquées à jamais, mais Yvonne, André et Jean ne survivront pas.
Dominique Missika fait ressortir la différence entre les rescapés des camps qui ont été déportés pour actes de résistance et ceux qui l'ont été parce qu'ils étaient juifs. Cette « différence » va conditionner l'accueil des déportés à leur retour, pas seulement celui des soeurs Jacob, d'ailleurs. En effet, les anciens résistants sont fêtés, les autres, ignorés : « [Denise] appartient à la catégorie des vainqueurs glorifiés par les gaullistes ou les communistes. Pas Madeleine, pas Simone qui inspirent au mieux la pitié, au pire l'indifférence et le mépris. » (p. 104) J'avoue que c'est essentiellement cet aspect-là du livre qui m'a intéressée. En ce qui concerne la forme, je dois dire que j'ai été gênée par les nombreuses redites. On retrouve la substance de l'exergue dans le prologue, comme on retrouve ce qui est dit dans le prologue à différents endroits du livre…