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Critique de Gwen21


Gwen21
10 septembre 2015
Qu'est-ce qui fait qu'un roman devient une oeuvre mythique ? A quelle secrète alchimie se prête son auteur pour que chacune de ses phrases vous chavire l'âme ?

"Autant en emporte le vent" fait sans conteste partie de ces oeuvres légendaires qui ont toutes les chances de traverser la vaste histoire de la littérature. Bien que colossal, le roman se lit avec une facilité déconcertante, il aimante, il imprègne, il entraîne son lecteur dans un tourbillon aux mille couleurs, celles des crinolines, et celles des uniformes ; celles des jours heureux, et celles des jours sanglants.

Ce premier tome - dû au découpage de l'éditeur Gallimard - cible les trois premiers temps forts de la vie de Scarlett, sans doute l'héroïne la plus complexe de la littérature mondiale et, par là même, la plus immortelle : l'enfance heureuse et insouciante en Géorgie, à Tara, la plantation familiale, avec pour cadre le temps éphémère et surréaliste de la "vie du Sud" qui nous ouvre les portes du microcosme des producteurs de coton, esclavagistes et "gentlemen" ; puis, le premier mariage de Scarlett qui coïncide avec la déclaration de la guerre civile qui opposera les Etats du Sud aux Etats du Nord pendant quatre longues années, de 1861 à 1865 ; enfin, la partie la plus marquante et en même temps la plus fascinante, la guerre vécue à l'état brut, mois après mois, depuis Atlanta, la ville nouvelle du nord de la Géorgie qui concentre les voies, les réserves et les hôpitaux.

Le génie de Margaret Mitchell réside dans sa capacité à faire de ce grand récit de guerre une aventure follement romanesque, dans l'acceptation noble du terme. Autour de Scarlett, personnage étonnamment fort, violent, contradictoire et attachant malgré son égoïsme viscéral, évoluent d'autres protagonistes aux tempéraments bien trempés et qui nourrissent le roman d'une humanité palpable. Je pense qu'il est d'ailleurs impossible d'aimer ou de détester les personnages du roman tant les circonstances qu'ils traversent et leur héritage social justifient leurs actes et expliquent leurs choix. Malgré le contexte de guerre, le manichéisme est totalement absent du roman et les contradictions des personnages nous renvoient à nos propres contradictions à travers le temps et l'espace.

Les 700 pages de ce premier tome ont été dévorées d'une traite, comme le seront sans doute les pages des deux suivants. L'adaptation cinématographique de Victor Fleming (en 1939, soit trois ans seulement après la parution du roman de Margaret Mitchell), en tout point remarquable et qui fut saluée par 10 oscars, fait partie de mes films préférés depuis l'enfance. Visionné des dizaines de fois, il m'avait semblé si complet que je n'avais jamais pris la peine d'ouvrir le livre, n'imaginant pas une seconde pouvoir ressentir davantage d'émotions qu'au spectacle du jeu sensationnel de Vivien Leigh et de Clark Gable. Grave erreur de jugement. le roman offre une densité, une force et une richesse qu'aucun réalisateur, aussi doué soit-il, ne pourra jamais retranscrire. le génie de Margaret Mitchell est scellé au fil des pages de sa grande oeuvre.


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