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EAN : 9782490501144
266 pages
Editions du Typhon (07/04/2021)
3.67/5   36 notes
Résumé :
À Middenshot, quand le vent cesse enfin de hurler, c'est le tumulte intérieur qui prend le relai. Depuis son accident, quelque chose s'est brisé en Mr. Jarrow. Sa femme aimante et bien vivante, il s'est convaincu qu'elle était morte, alors il ne s'adresse à elle que lors de séances de spiritisme. Sa fille, en passe de devenir vieille fille, supporte toutes ses manies en se berçant d'illusions sur les intentions de son voisin : Mr. Holme. Et ce monde déjà bancal est ... >Voir plus
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Etrange roman, situant une action en quasi huis-clos, dans un village imaginaire de la campagne anglaise, Middenshot, au début de l'hiver, en trois étapes météorologiques : vent, brouillard et neige.

Une première de couverture réussie et prometteuse, avec ces arbres dénudés, "comme de sombres oiseaux aux plumes arrachées", des dessins en tête des trois parties figurant les éléments naturels pré-cités, l'ensemble donne un roman bien écrit, quelque peu déjanté, parsemant des réflexions discutables sur l'élimination des criminels, depuis Hitler jusqu'au plus quelconque droit commun des années 50.

L'histoire se déroule donc en 1950 et implique un triangle familial -- père, mère et fille -- et d'autres personnages, un voisin que la fille déjà sur le retour à peine la trentaine atteinte aimerait bien conquérir, ce dernier étant plutôt attiré par les formes provocantes de son employée de maison, un tueur évadé d'un asile ainsi que son complice, deux détectives privés aussi compétents que ceux mis en scène par Hergé dans Tintin.

C'est essentiellement la présumée folie du père, Mr Jarrow, personnage principal, qui domine magistralement l'oeuvre, avec ses réparties savoureuses, sa vision de l'absence de sexualité de sa fille imagée en une Io délicate, dont le voisin, taureau jupitérien, menacerait la virginité, elle-même ne demandant pas mieux.

L'originalité du roman se développe magistralement autour des trois éléments naturels, vent, brouillard et neige qui ajoutent à l'atmosphère oppressante et étouffante dans laquelle les relations confuses des personnages s'enlisent. Ainsi, les descriptions de la tempête, des arbres qui tiennent une grande place dans ce texte, du fog britannique qui en vient jusqu'à dissimuler les passions, de la neige qui ensevelit l'ensemble, gommant à la fois les turpitudes et leurs traces dans la campagne engloutie, multiplient les angoisses ou les passions des protagonistes.

La bonne du voisin, prénommée Hyacinthe, ne manque pas de chair et de verve et cette dernière se déploie en des considérations quasiment fascistes, dignes de différents partis politiques dits nationaux. Curieusement, ce sont celles-ci qui vont peu à peu séduire le voisin, Mr Holme, qui va découvrir que sous les atours plantureux de la bonniche se cache un cerveau aux idées pourtant si dangereuses pour l'humain.

Toute une sensualité, voire érotisme, émane des approches des différents personnages, père et mère, fille ou bonne et voisin, qui ajoute encore du piment à l'histoire pseudo-policière, et aux divagations des protagonistes. La violence de certaines situations et même leur horreur exprimées dans la bouche du père Jarrow confère à ce roman une connotation et une ambiance hitchcockienne qui séduira les amateurs du genre.

Enfin, des dialogues savoureux, emplis d'humour, souvent noir, font aller et venir le lecteur du sordide au merveilleux, dans le sang des orchidées ou celui des hommes, le tout dans différents délires fort bien mis en scène.

Il est donc très plaisant d'aller frissonner dans le vent, se perdre dans le brouillard des esprits et se couler dans la neige de Middenshot, en lisant ce roman réussi que les amateurs du genre apprécieront.
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"Et le brouillard , le brouillard humide et blanc qui tisse de nouveau sa toile entre les arbres et enveloppe tout: la haie, le toit des maisons, les hommes , les pensées des hommes, et les souvenirs des femmes, les souvenirs de bruyères et d'ajoncs sur le terrain communal."(P.162)

Avant toute chose, "Le temps qu'il fait à Middenshot" est un roman atypique, qui compte autant par le fond et les propos abordés, que par l'ambiance étrange et le style d'écriture qui surprend, déconcerte, et interroge forcément.
La couverture de ces éditions du Typhon , superbe illustration cotonneuse d'un paysage mangé par le brouillard, aux décors naïfs, reflète parfaitement l'ambivalence du roman, oscillant entre roman noir et roman gothique.

Mais mon intérêt pour ce livre reposait principalement sur l'auteur, Edgar Mittelholzer (1909-1965), qui m'intriguait. Né en Guyane Britannique, il fut confronté au racisme et aux injustices de classe qui régnaient dans cette colonie. Enfant métis d'une famille qui se voulait blanche, il subit le rejet de ce père blanc qui n'accepte pas la couleur de peau prononcée de son fils. Dédaigné par les siens, brimé lors de son intégration dans l'armée, l'écriture devient refuge.
En Angleterre, il tentera de vivre de ses talents d'écrivain mais, personnalité tourmentée et rongée par la dépression, il se suicidera en 1965.

Sa biographie importe si l'on veut saisir l'étrangeté inquiétante du roman. Car Edgar Mittelholzer excelle à instiller cette atmosphère menaçante tout en introduisant des éléments loufoques et en soulevant des questions majeures, créant un récit complètement décalé.
Il traite de sujets graves sur un ton comique, voire grotesque, nous poussant sans arrêt à nous interroger pour remettre certains propos en perspective. le décalage nous interpelle, comme si on visionnait un documentaire sur la montée du nazisme, doublé par la musique de générique de Laurel et Hardy !

Mittelholzer joue avec différents styles littéraires et structure son récit en trois parties très dissemblables, répondant à trois éléments météorologiques : le vent, le brouillard et la neige.
Autant dire que le genre adopté pour aborder la période de brouillard va se révéler brumeux !

• le contexte des paysages tourmentés par les éléments climatiques sert donc d'écrin aux affres des personnages.
À commencer par le foyer des Jarrow, gangrené par la démence du père, Herbert, persuadé que son épouse, Agnès, est décédée (alors que parfaitement en chair et en os à ses côtés sous le même toit !), laquelle lui apparaît lors de séances de spiritisme (et pour cause puisqu'elle est bien vivante !) consenties par leur fille, Grace, qui endure au quotidien le comportement délirant de son paternel... Aux premiers abords, ce personnage un peu dérangé nous fait sourire car sa folie inoffensive est presque touchante, lui qui passe à côté de sa bien-aimée sans la remarquer mais cherche à tout prix à la retrouver par le biais du spiritisme. Ce décalage constant et la résignation bienveillante de la mère et de la fille prêtent à sourire, ... jusqu'à ce que l'ambiance s'épaississe et s'embrume, lorsqu'apparaît un mystérieux personnage, le "Grand exécuteur", échappé de l'asile de Broadmoore, et dont la dangerosité fait écho à la folie jusqu'alors inoffensive de Mr Jarrow...
Entre aussi en scène le voisin, Mr Holme, ancien militaire, qui n'aimerait rien d'autre que de se rapprocher de Grace, malgré leur trop grande retenue à tous deux. Mais ce serait sans compter sur Hyacinthe, la bonne énergique de Mr Holme, pétrie de désir pour son employeur... La touche finale de burlesque est portée par la présence de deux détectives, façon Dupont et Dupont, venus enquêter sur les meurtres commis sur la lande.

La violence qui va soudain se répandre à Middenshot met en exergue les désirs réprimés, les envies refoulées des protagonistes. C'est un peu comme un signal électrique qui va ouvrir de nombreuses portes jusqu'alors restées fermées, et délivrer des pulsions : de vie, de désir mais aussi de violence et de mort.

• Outre son côté décalé et parodique, il ne faut pas s'y tromper : "Le temps qu'il fait à Middenshot" traite de sujets philosophiques et sociétaux, notamment la violence, la façon dont nos sociétés se construisent dessus et la tolèrent ou l'érigent presque en valeur, le rapport que chacun entretient avec cette dernière, la façon de la prévenir mais aussi de la punir.
Mittelholzer a non seulement vécu des brimades personnelles mais il fut aussi témoin de la seconde guerre mondiale, le roman est donc empreint de tous ces stygmates, toutes ces formes de violences:

✓ La violence comme réponse à une agression: le "Grand exécuteur" (l'échappé de l'asile) souligne le caractère fort et belliqueux des Allemands et la façon bien trop magnanime dont les vainqueurs ont traité ce peuple: "Il fallait traiter les Allemands comme des esclaves vaincus", "Ils nous méprisent et nous haïssent parce que nous les avons traités avec douceur"(P. 192). Il fustige le clémence des vainqueurs qu'il assimile à de la faiblesse:
"Liberté de parole, liberté de pensée, soit ; mais pas à nos ennemis. [...] Qu'on les écrase au contraire avant qu'ils ne nous écrasent. Eux ils récusent toute sentimentalité. Eux, ils ne sont pas pacifistes. Eux, ils sont armés jusqu'aux dents. [...] Quand ils seront au pouvoir, ils ne verseront pas de larmes d'attendrissement sur l'humanité [...] Dans leur pays, a-t-on le droit de parler librement ?"(P. 197)

✓ La violence comme valeur sociétale et éducative : Hyacinthe, la bonne de Mr.Holme, estime que les délinquants et les meurtriers doivent être exécutés, puisqu'on n'hésite pas à supprimer les nuisibles (rats et autres indésirables), il suffirait de procéder de la sorte avec les individus nuisant à la société !
C'est d'ailleurs un leitmotiv quasi obsessionnel chez plusieurs personnages:
- "Nous n'arriverons jamais à créer une civilisation satisfaisante si nous ne nous décidons pas à établir un système implacable, libéré de tout entrave sentimentale, permettant de débarrasser le genre humain de tous les individus dangereux : assassins, voleurs, adeptes de la violence, maniaques sexuels, lunatiques du crime." (P.221)
Sacrée vision du monde...

À aucun moment, l'auteur n'évoque la structure même de nos sociétés et le choix de leurs valeurs comme génératrices de cette violence (par exemple, des études d'autres formes de sociétés plus tribales montrent une violence réduite et rare)

✓ La violence de l'institution, qui par sa lâcheté, se cachant derrière de beaux discours humanistes, laisse faire: est régulièrement mise en exergue la mollesse d'une société peu ou pas répressive, la tolérance coupable qui laisse impunis les crimes et "encouragerait presque le passage à l'acte du délinquant". L'auteur pointe ainsi la lâcheté de nos sociétés face à l'avènement du fascisme et du nazisme.
Désignant toujours la violence institutionnelle, l'auteur ne s'arrête pas en si bon chemin et dénonce l'hypocrisie d'un système qui refuse aux patients en grande souffrance le droit à mourir dignement.

Nul doute que Mittelholzer, ayant vécu dans sa chair rejet et humiliation, ayant subi lui-même l'ostracisme et le racisme, n'a pu que réfléchir aux réponses à apporter à toutes ces formes de violences. Il me semble que ses personnages servent à dénoncer un monde qui se reconstruit, après le chaos de la seconde guerre mondiale, en n'ayant absolument retenu aucune des leçons de ce conflit !!
Il livre de façon ironique, à travers un roman noir et décalé, une réflexion puissante sur la société, l'éducation, les origines du "mal", et les valeurs philosophiques/morales (ou immorales) à privilégier dans une société.
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Dans la petite ville anglaise de Middenshot, la famille Jarrow, mène une vie étrange, entre le père qui a perdu la raison, la fille trentenaire et la mère résignée, des rituels se sont créés comme de réaliser des séances de spiritisme père-fille pour s'adresser à la mère pourtant bien vivante...

La fille aimerait bien attirer l'attention de Mr Holme le voisin et devenir son épouse, mais son père le déteste.
Quand un détenu d'un asile voisin s'échappe, voilà que ce qui commençait comme un drame rural familial est bouleversé par une série de meurtres brutaux.

"Le temps qu'il fait à Middenshot" est l'exemple type du roman inclassable; drame ? études de moeurs ? roman d'énigmes ? Il échappe à toutes catégorisations.

Particulièrement bien construit et écrit, le roman de Mittelhozer est une pépite à découvrir absolument !
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Quel temps fait-il à Middenshot, petite ville de campagne anglaise où les âmes sont bien tourmentées ?

Un présentateur météo le qualifierait de « changeant », passant successivement du vent qui perturbe la vie et les équilibres des habitants, au brouillard qui trouble et opacifie les événements sanglants qui s'y déroulent, pour finir en neige qui, comme chacun le sait, recouvre de sa blancheur les errements du passé et les fait disparaître, mais conserve des traces de ce qui se passe à sa surface.

Voilà pour la jolie métaphore météorologique – un peu lourde à la longue - déroulée durant les 350 pages de le Temps qu'il fait à Middenshot, de Edgar Mittelholzer traduit par Jacques et Jean Tournier et révisé par l'éditeur. Pour le reste, on est ici dans un conte noir, qu'on pourrait presque apparenter à un vaudeville tellement les relations entre les personnages sont volontairement caricaturales. C'est-à-dire souvent exagérées. Et même parfois drôles.

Un mot sur les éléments de cette pièce de boulevard en contrée d'Albion : à ma gauche, la famille Jarrow dont le père est définitivement ravagé par les tourments de l'âme et les réminiscences de la guerre, à tel point qu'il considère comme morte sa femme qui vit pourtant toujours à ses côtés sans qu'il ne la voie. Seul moment d'apaisement, les séances de spiritisme avec Grace, leur fille, où M. Jarrow peut communiquer avec sa femme. Et pour cause…

À ma droite, M. Holme, voisin des Jarrow et vieux garçon endurci. Sa servante Hyacinte, dont la croupe fait frémir de désir bien des hommes au village, lui mettrait bien le grappin dessus pour s'assurer des jours meilleurs. Mais Holme ne lorgne que sur Grace, alors que Jarrow exècre Holme. Vous suivez ? Et au milieu de tout cela, débarque le Grand Exécuteur, tueur fou qui sème en quelques jours l'horreur et la suspicion dans ce microcosme campagnard qui n'attendait qu'un révélateur de ce type pour révéler l'ampleur de ses tourments.

Si tous les acteurs du drame sont rapidement présentés et l'histoire vite mise en place, ça se gâte ensuite quelque peu. Dans un style pourtant enlevé et rythmé, le livre semble tourner en rond, en attente d'une bascule qui ne vient jamais, continuant de décliner ses réflexions sur la litanie des maux de l'époque – la guerre, la religion, le gouvernement des hommes, la justice… - sans que l'on comprenne bien où l'auteur veut en venir.

Reste un livre plaisant et drôle mais qui ne tient pas toutes ses promesses, probablement un peu daté pour un genre littéraire différemment travaillé aujourd'hui. Rien de grave au demeurant car l'objet est remarquablement édité et fabriqué par Les Éditions du Typhon, un éditeur à qui l'on pardonne tout, ce qui contribue grandement au plaisir de lecture.
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Edgar Austin Mittelholzer (1909-1965) né en Guyane britannique, l'actuelle Guyana, est un auteur métis. Découvert, après des années d'infortune, par Leonard Woolf, le mari de Virginia, Edgar Mittelholzer est le premier écrivain caribéen à avoir connu un succès en Europe. Mais rien n'apaise la haine de soi de celui qui se sent rejeté pour sa couleur de peau. de controverses en dépressions et face aux déjà prégnantes questions identitaires, il finit par se suicider en 1965.
Une oeuvre conséquente dont le roman le Temps qu'il fait à Middenshot (1952) vient d'être édité. Un bel objet-livre à la hauteur de cet excellent roman.
Le lieu, Middenshot un petit village en Angleterre. L'époque, le début des années 1950. Les personnages : la famille Jarrow, Herbert le vieux père, fou animé de pensées morbides, se vautrant dans l'horreur, il croit que sa femme Agnès est morte et ne s'adresse plus à elle que lors de séances de spiritisme ; Agnès donc, a pris son parti de la situation par amour pour son époux et n'est plus qu'une ombre dans la maison ; et puis il y a Grace, leur fille d'une trentaine d'années, laide, elle s'est réfugiée dans le tricot en faisant sa profession. Il y a aussi Mr Holme, le voisin veuf, ex-policier devenu amateur d'orchidées, sur lequel Grace fantasme un peu mais la concurrence est rude car Hyacinthe, la jeune bonne de Mr Holme, qui roule de la croupe (« ses fesses dansaient chaque fois qu'elle remuait le bras ») a des vues sur cet intéressant parti. Les faits : un pensionnaire de l'asile proche s'est évadé et depuis, chaque nuit, un crime est perpétué…
Un bouquin qui ressemble vaguement à un polar mais ce n'est qu'une astuce pour en rendre la lecture plus attractive encore. Les clins d'oeil au genre s'accumulent, des cadavres donc, des indices bien glauques qui rapprochent ces meurtres du vieil Herbert qui s'en réjouit par ailleurs, l'angoisse de la mère et de la fille, nous sommes plus dans le farfelu que dans le thriller, d'autant qu'une paire de détectives privés entre dans le jeu, deux zozos bien zinzins, loufoques et philosophes (Je dirais même plus, philosophes et loufoques ! Botus et mouche cousue, vous m'avez compris).
Au faux polar s'ajoutent les liens entre les acteurs, Grace qui lorgne sur Holme, Holme qui songe à Grace, Hyacinthe qui fait du rentre-dedans à Holme, tous coincés par leur timidité ou la peur de l'aventure qui dérangerait leur routine de vie. Là encore, pastiche du roman de genre.
Le vrai sujet est ailleurs, dans les propos de nos deux détectives qui se livrent à des joutent verbales sur des sujets épineux : la peine de mort pour les assassins, les fous criminels et par extension à tous ceux qui gâchent la vie des honnêtes gens ; ou bien l'extermination des malades mentaux à la naissance ; euthanasie, eugénisme… C'est là et non dans ce qui précédait que se trouve la vraie angoisse de ce texte terrifiant.
Ce régal de lecture ne serait rien encore, si je n'évoquais pas l'écriture car Mittelholzer utilise différentes techniques. le roman est en trois parties, nommées Vent, Brouillard et Neige, et dans chacune l'élément climatique a un rôle et revient dans chaque phrase ; climats propices aux frayeurs et peurs diffuses, quand un assassin rôde autour des maisons, induisant des ambiances tendues entre les personnages.
Venons-en au plus beau, les dialogues et les pensées des acteurs se mêlent, allant même jusqu'à se répondre indirectement, formant une sorte de cadavre exquis extraordinairement bien torché car la compréhension générale n'est pas altérée pour le lecteur lambda. Une prouesse technique enthousiasmante. Je vous laisse découvrir les autres astuces littéraires de narration.
Excellent roman, une découverte totale pour moi, une lecture indispensable pour vous !
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Seul un cerveau criminel, fanatique ou dévoyé, peut concevoir et préparer une guerre. Aucun individu normal, [...] ne peut avoir envie de faire la guerre, ne peut avoir envie, d'une façon générale, d'exercer une violence quelconque contre un autre individu. Et personne, chefs d'États mis à part, ne peut se réjouir des conflits qui éclatent entre son pays et un pays voisin. Pour s'en réjouir il faut avoir une mentalité pervertie, malade, et ces mentalité sont uniquement dues à l'hérédité. L'environnement social n'y est pour rien. Il s'agit uniquement de malades incurables donc inaptes à vivre dans une société organisée, civilisé. Un seul remède : les éliminer dès leur naissance et ne pas s'arrêter tant que l'humanité ne sera pas définitivement purgée de tous les malades mentaux. [...]
_ Et ceux qu'on chargera de cette extermination, Southy, ne deviendront-ils pas eux-mêmes des sadiques et des brutes ? Ne finiront-ils pas par haïr l'humanité ? Souviens-toi des nazis qui commandaient les camps : ils avaient l'esprit déformé, mon pauvre imbécile !
_ Justement. Ils avaient déjà l'esprit déformé. Leur esprit ne s'est pas déformé à ce moment-là. Il l'était de naissance. (P.222)
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Depuis quelques minutes il semble qu'une lumière, venue des alcôves les plus lointaines et les plus sacrées de la nuit, pénètre son enveloppe charnelle et lui donne une étrange beauté. Elle est comme translucide et la forme de son corps se noie dans cet imprécis ruissellement.
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La bouilloire siffle de plus en plus fort et ce sifflement monotone envahit la cuisine. Il tourne, tourne entre les murs bruns, se glisse fiévreusement entre les pots, les assiettes et les casseroles rangées sur le buffet et, sur chaque couvercle, sur chaque rebord de faïence, s'allume alors un grand oeil ironique. La chaudière, idéale, noire et grasse, sorcière au visage impassible, qui dissimule un sourire entre les dents de son foyer, écoute siffler la bouilloire. Grace éprouve parfois l'envie violente de l'étreindre et de l'embrasser - non qu'elle soit folle, mais le bonheur et la paix lui donnent le vertige. Cette maison et tout ce qu'elle renferme, voilà son univers, sa chrysalide.
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Et Hyacinthe enleva son imperméable en dandinant complaisamment les fesses, et d'une façon trop étudiée pour être élégante.
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Épouser un parfait gentleman, quel rêve!...
Et faire l'amour avec une brute, quel plaisir!
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Video de Edgar Mittelholzer (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edgar Mittelholzer
- "Sur la route du Danube", Emmanuel Ruben, Rivages https://www.lalibrairie.com/livres/sur-la-route-du-danube_0-5520795_9782743646486.html?ctx=253a61bb064c7a4542f6c67e75c48fc8 - "Eltonsbrody", Edgar Mittelholzer, Les éditions du Typhon https://www.lalibrairie.com/livres/eltonsbrody_0-5531121_9782490501021.html - "Quitter Paris ? Les classes moyennes entre centres et périphéries", Stéphanie Vermeersch, Lydie Launay, Éric Charmes chez Créaphis https://www.lalibrairie.com/livres/quitter-paris----les-classes-moyennes-entre-centres-et-peripheries_0-4316878_9782354281212.html - "Ceux qui n'étaient rien. Les damnés de la Commune. Volume 2", Raphaël Meyssan, Delcourt https://www.lalibrairie.com/livres/les-damnes-de-la-commune--volume-2-ceux-qui-n-etaient-rien_0-5606682_9782413010616.html?ctx=f4be1d3dfc65d3c18242027f5ebf7d9c
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