Vous, diplomates, vous devez maintenir de bonnes relations avec les pays où vous représentez la France, favoriser des échanges commerciaux et avoir une bonne table - réputation oblige! Vous vous sentez tenus d'absoudre les gouvernements, quelles que soient leurs pratiques. C'est votre affaire, par la mienne!
"Vos collègues font la même chose en Turquie, au désespoir des Kurdes! Et en Chine, malgré le Tibet! Je ne vais pas faire le tour du monde, ce serait trop désespérant! Vous exercez votre fonction d'une manière exemplaire dès qu'il s'agit de marchés et de compétitivité. Mais les cris des torturés, les gémissements des populations exterminées, les fracas des villages écrasés vous atteignent-ils? Doivent-ils être étouffés pour que les échanges commerciaux se réalisent? Quand j'entends les propos qui se propagent dans nos ambassades, j'ai envie de fuir au galop devant ce discours "commercialement correct". Et l'humainement nécessaire, existe-t-il à vos yeux?
Le racisme, à l'évidence, concerne moins l'origine des êtres que l'épaisseur de leur portefeuille. Mais il a une fonction bien commode: tandis que les pauvres, étrangers ou non, s'entre-déchirent dans leur misère, ils ne se posent pas de question sur la logique qui les broie. La xénophobie, cette gangrène, nourrie par des démagogues en quête de pouvoir, gagne les esprits jusqu'au sein de l'Etat.
Lorsque des "messieurs très sérieux", censés disposer d'une information exhaustive, me renvoient sans ménagement à mes utopies, je ne peux retenir un brin d'agacement devant leur ignorance et leur soumission à l'ordre établi.
(...) la valeur de l'argent, libéré de toute référence concrète, n'est plus que virtuelle. Elle peut faire le bonheur temporaire d'un Shlomo ou d'un Mardoshé, mais ne peut en aucun cas contribuer au bien-être réel de l'ensemble de l'humanité. Elle ne peut satisfaire que ceux qui identifient leur propre valeur humaine à celle de leur portefeuille en Bourse.
Plus tard, pendant des heures, le président Ortega va m'expliquer comment il a dû plier devant le diktat américain, renoncer à sa politique sociale et se soumettre à la loi des marchés ... en échange du démantèlement des mercenaires, entraînés et financés par cette même Amérique, qui harcèlent le Nicaragua!
Partie 3 sur 3. Rencontre avec Danielle Mitterrand autour de son ouvrage Mot à Mot - entretiens avec Yorgos Archimandritis (Le Cherche-midi).