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EAN : 9782072763885
1008 pages
Gallimard (01/11/2018)
4.04/5   36 notes
Résumé :
En 1962, un homme politique français de quarante-six ans rencontre à Hossegor, chez ses parents, une jeune fille de dix-neuf ans. La première lettre qu'il lui adresse le 19 octobre 1962 sera suivie de mille deux cent dix-sept autres qui se déploieront, sans jamais perdre de leur intensité, jusqu'en 1995, à la veille de sa mort.
Les lettres de celui qui fut deux fois président de la République nous dévoilent des aspects totalement inconnus d'un homme profondé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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"Anne au coeur donné et à l'âme fière. Tu es ma lumière, mais que t'ai-je donné, plus que tu dis, moins qu'il ne faut. Notre histoire est si difficile qu'elle a bien le droit d'être unique"

ce 6 novembre 2018---- quelques heures de lecture bouleversante et lumineuse , aux belles couleurs flamboyantes de l'automne: Bonheur, beauté , amour absolu et Mélancolie....réunis !...

Histoire d'amour unique; aucun doute là-dessus, ... mais en effet combien difficile. L'Amour fou, la complicité intellectuelle, mais aussi la solitude, les doutes , des périodes de chagrin immenses pour cette jeune femme,
courageuse,déterminée, exigeante, allant à l'encontre d'un chemin sentimental, hors des règles et conventions habituelles...de son milieu

Beaucoup d'hésitation à acquérir cette correspondance ...Le fait que cela soit l'intéressée , elle-même, qui a décidé de cette publication, ce qu'elle souhaitait faire lire à un lectorat anonyme, en choisissant , coupant des passages, ajoutant des précisions, des commentaires factuels, ainsi que quelques unes de ses propres réponses, sans omettre des lettres d'autres personnes, m'ont finalement convaincue...ou dédouanée en quelque sorte d'un sentiment ambivalent de voyeurisme... Mais j'assume !!! Comme j'aimerais un jour parcourir les lettres d'Albert Camus à Maria Casarès....tant j'ai une admiration sans nom pour ces belles personnalités, denses, exigeantes dans leur vie et leur Art ...


Là aussi, de façon autre... Rien de petit ni de médiocre. .. Les éblouissements et les chagrins extrêmes d'une grande histoire d'amour dans un contexte compliqué: celui d'un personnage public, de haute volée ,ambitieux , complexe et secret...


Un style densément fluide, loin des clichés... une poésie, une sensibilité extrême, l'amour partagé du Beau, de la culture comme celui de la Nature... Un homme politique encombré d'obligations et de responsabilités... qui sait aussi prendre le temps de fouiner, chiner chez les libraires d'ancien, comme de savourer un paysage, une belle architecture, une exposition...lire un texte à son Aimée...

Cette correspondance démarre en 1962, et F. M. recherche pour Anne un ouvrage épuisé qui lui tient à coeur, chez les bouquinistes et libraires d'ancien...
"19 octobre 1962
Voici, Chère Anne, le Socrate évoqué un soir à Hossegor. Edité en suisse je n'ai pu encore me procurer l'exemplaire promis. Je vous envoie donc le mien, qui m'a souvent accompagné dans mes voyages et qui est pour moi comme un vieil ami" (p. 14)


Ces Lettres sont à la fois un éblouissement et aussi une douleur... A lire et à apprécier lentement... Il reste que les heures de cette nuit d'insomnie, en "compagnie " de ces deux personnes de qualité, m'ont laissée tour à tour euphorique, emportée et bouleversée, la gorge "effroyablement" serrée !....

J'allais omettre , in-fine, un portrait irrésistible, ne manquant pas de malice de F.M. par sa fille, Mazarine, âgée seulement de 12 ans !!

Autre omission : la deuxième passion infinie de François Mitterrand: sa fille, Mazarine... des passages d'une émotion sans fard, immédiatement tangible...

" 6 août 1990 - Mon Anne chérie

[...] Depuis notre séparation de Louvet, vendredi, j'ai entrepris de refaire mes études, afin de n'être pas trop distancé par Mazarine, et je suis plongé dans-Les Rêveries du promeneur solitaire- que je redécouvre d'un tout autre regard qu'au temps de mon propre bac (...) Mais quel style ! (...) Nous trouverons là de beaux sujets de discussion. Sitôt finie cette lecture, j'attaquerai -Les Confessions-. Un enfant , et la vie recommence. (p. 937)

Je me suis beaucoup interrogée sur ma lecture et en fait la réponse vient d'une phrase de Anne Pingeot, lue dans ses entretiens avec Jean-Noël Jeanneney : "C'est un personnage qu'on ne peut pas cerner, conclut-elle. D'abord parce qu'il ne voulait pas. D'où peut-être la faute qu'est cette publication, parce que ça révèle beaucoup beaucoup de choses. Mais en même temps, ça révèle sa richesse."

Et plus encore, hormis la fascination éprouvée personnellement pour ce Président de la République ,[ dans les années 1980 et même bien avant] , Amoureux des Livres et homme de Lettres....je découvre "L'homme aux ciseaux" avec "Journal pour Anne "... facette touchante , entre amour-passion absolu, esprit d'enfance , de poésie, de fantaisie et d'humour !...Bien loin de l'homme public, et du Politique stratège !!....

[*voir https://www.liberation.fr/france/2018/08/22/francois-mitterrand-l-homme-aux-ciseaux_1673924 ]

***En complément indispensable, laissons la parole à Anne Pingeot [ juillet 2018]:
https://bibliobs.nouvelobs.com/l-humeur-de-jerome-garcin/20180730.OBS0322/anne-pingeot-passion-fixe-de-francois-mitterrand-sort-du-silence.html


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Lettres à Anne 1962-1995 (François Mitterrand )

François Mitterrand rencontre Anne Pingeot en 1962. Il a alors quarante-six ans et elle dix-neuf. Elle devient presqu'aussitôt sa femme, celle de l'ombre mais celle à qui il écrira un millier de lettres de leur rencontre jusqu'à sa mort, trente-quatre ans plus tard.
Il faut sans doute une sorte de voyeurisme un peu malsain pour aller lire une correspondance intime. Ce serait comme fouiller dans des affaires privées, s'introduire illégitimement dans une chambre, violer l'intimité d'une personne et y prendre un plaisir un peu coupable. Je suis pourtant une inconditionnelle. de journaux intimes d'abord - Nin, Steinbeck, Green, ou encore Renard- ainsi que de correspondance - Van Gogh, Nin encore, Colette. C'est que j'y trouve ce que l'on ne trouve pas dans un essai ou un roman, dans lesquels l'écrivain s'efforce à produire le meilleur style et à y développer des idées élevées parce qu'il se figure, même en loin, au moment de l'écriture, déjà lu et jugé. On n'y trouve jamais cette sorte de relâchement tout naturel - et c'est tant mieux- que l'on peut lire dans des écrits privés. C'est comme voir un homme en public, apprêté, en tenue d'extérieur et posant : cela ne dit à peu près rien de comment il se tient dans l'intimité de son foyer. Voilà ce que je cherche et aime trouver dans les correspondances dévoilées : un homme qui ne pose pas, ou qui ne pose que pour une seul personne tout au plus. J'y lis aussi des fragilités indevinables, des faiblesses qu'il se sera efforcé de cacher au monde. Que dit plus d'un homme que l'un de ses écrits non destiné à être lu ?
Anne Pingeot, dans sa volonté de rendre publiques ces lettres, brandissant tout l'amour que lui portait Mitterrand à la face du monde comme une revendication, - j'y reviendrai- les a choisies néanmoins. On ne saura rien notamment des pensées de son amant quant à la mort De Gaulle, les lettres ayant soigneusement été évincées, tout comme celles, sans doute, faisant allusion à des événements politiques majeurs : les campagnes électorales, Chirac. D'ailleurs, les lettres se rarifient quand il devient président de la République. Ainsi, si Anne Pingeot avait voulu, comme elle l'a prétendu, publier ces lettres pour que le monde connaisse et voit Mitterrand différemment, afin de « révéler sa richesse », elle aurait tout laissé. Non, c'est bien pour elle qu'elle le fait. Elle dit ainsi : « Voyez tous comme il m'a aimée, voyez qui était sa femme, sa confidente, celle à qui il pensait sans cesse, qui l'influençait et le conseillait ». Cela sonne comme une revanche, une volonté de vérité qui éclate après trente-quatre années d'ombre. Anne Pingeot prouve, en quelque sorte, qu'elle fut la première dame, la première épouse, la première tout court.
Les lettres sont belles. Mitterrand ne se trimbalait donc pas en vulgaires fringues ni en pyjama dans l'intimité : aucune n'est médiocre. le style ne se relâche presque jamais. L'homme se tient, même dans l'ombre. Il aime Anne mais il aime aussi la nature, la littérature, l'architecture et tous les arts. C'est aussi un fin stratège, un homme qui préparait ses interviews, ses débats et ses discours d'une manière que l'on devine méticuleuse et précise. Il évoque ce travail comme on se décharge un peu de ses tourments, preuve qu'il y songeait beaucoup, qu'il en était très préoccupé. Mitterrand est un collectionneur de belles éditions. Ses goûts sont snobs, il n'aime que le précieux, le rare, le beau. Rien n'est un jeu, tout est sérieux au point qu'il fait le reproche, dans l'une de ses lettres, de fautes d'orthographe que son amante a glissées dans son courrier. C'est un homme exigeant, pointilleux sur les détails.
Il aime Anne. Il lui écrit cet amour sous toutes les formes. Il aime son Anne, qu'il rebaptise au gré de ses envies, comme une possession. Et j'ai fort songé à Pygmalion. Il évoque même, et d'une manière très franche et décomplexée, une sorte d'inceste : il l'appelle parfois « Ma fille », et appelle dans une lettre Mazarine « ma petite-fille ». Outre l'écart d'âge qui peut expliquer cela en partie, il y a cette idée sans doute de l'avoir faite comme on élève un enfant, de l'avoir modelée, sculptée comme une oeuvre. Anne a pourtant « du caractère » et est une femme intelligente. Il est snob, et c'est logiquement qu'il l'a choisie supérieure. Cependant il la possède autant qu'il la fabrique.
D'ailleurs, quelques lettre écrites par Anne Pingeot à Mitterrand sont données à lire également : le style est quasi le même, le ton aussi, tant qu'on pourrait penser que ces lettres sont écrites par Mitterrand lui-même : c'est une sorte de fusion, d'imprégnation à un point assez surprenant. Ils ne sont qu'un, en deux corps. Et sans doute pas comme on nous le vend dans les histoires mièvres : ils ne font qu'un parce que Mitterand a fait d'Anne une extension de lui-même, lui a transmis à la fois son savoir et ses valeurs afin d'en faire une femme à son image. Elle aime de surcroît les mêmes choses que lui : musées, architecture, littérature et nature. Rien d'étonnant, c'est prévisible, mais assez fascinant, au fond. Ils deviennent, à mesure des années, qu'une seule personne comme le suggère souvent Mitterrand, non parce qu'il le récite comme des paroles d'amour, mais parce qu'il l'a voulu et crée.
Et cet amour dure. Avec une belle intensité même passé le temps de la passion. Comment se détacher de ce que l'on a soi-même crée ? Mitterrand aime son oeuvre, logiquement. C'est un amour entretenu aussi par une correspondance abondante, un amour de l'esprit, et une façon également, pour Mitterand du moins, d'avoir toujours une sorte de confidente pour s'épancher. La vie commune est quasiment exclue, de sorte qu'ils ne partagent ensemble que le meilleur, se voient dans des moments de plaisir, ne sont pas éreintés par un quotidien morne et plat. Tout est sérieux dans leurs rencontres : ils les attendent avec ferveur, vivent des éloignements qui créent et renouvellent le manque inépuisablement. Et voilà peut-être où Mitterrand a réussi : au-delà du fait que tout mariage leur fut « impossible », il aura préservé l'amour, peut-être, en sachant comme toute vie commune le ronge, l'entame, le dénature. Jamais ils n'auront eu à se disputer sur des sujets domestiques ou à supporter la mauvaise humeur ou les habitudes détestables de l'autre.
Anne se révolte pourtant, on le devine dans beaucoup de lettres de Mitterrand qui semblent tour à tour des lettres d'excuses, de justifications et parfois de supplications. On imagine - et même Mitterrand l'ecrit- le nombre incalculable de fois où une part d'elle s'est indignée, s'est révoltée fort et a voulu le quitter, peut-être plus pour le punir que parce qu'elle avait cessé de l'aimer. Anne n'aura rien d'une vie classique : ni mariage, ni vie commune à temps plein. Elle brise le lien bien des fois, refuse de lui parler, de lui ouvrir la porte quand il se présente chez elle. On devine ses colères et peines, ses sursauts de dignité. Mitterrand, lui, est d'une constance inébranlable. Il l'aime, la veut garder et ne rien changer. S'il fait des « efforts » c'est seulement en lui accordant plus de temps et d'attention quand elle menace de lui échapper, mais jamais au-delà. Il ne peut lui promettre un mariage évidemment, ni une vie de famille classique. Il lui consacre cependant tous ses Noël à partir de la naissance de Mazarine.
Si j'ai déjà évoqué les « buts » de cette publication, qui seraient, officiellement, de connaître Mitterrand « autrement », qu'en est-il ? Je me figurais déjà l'homme exigeant, intransigeant, cultivé et sérieux. C'est bien l'image que j'en avais de lui, toute politique mise à part - ce n'est pas le sujet du livre et les lettres en font peu mention. J'avais, en revanche, imaginé leur amour d'une manière différente, et c'est peut-être aussi pour cela qu'Anne Pingeot a fait publier ces lettres : je m'étais figuré une femme follement amoureuse d'un homme qu'elle admirait, le retenant par toutes les manières, voulant absolument un enfant de lui. Si tout ceci est vrai, c'est à nuancer. Il semble en effet que Mitterrand ait peut-être eu plus besoin d'elle encore que l'inverse est vrai. Jamais, en trente-quatre ans, il ne songe un instant à la rupture, quand Anne la désire à plusieurs reprises. Sa constance à lui est inébranlable. Il a besoin d'elle et le lui dit, en toute sincérité et comme la chose la plus normale qui soit : il ne se sent fort que lorsqu'il est aimé d'elle. Il n'est efficace dans son travail et en homme politique que lorsque leur amour est serein. Et voilà sans doute la principale faiblesse dévoilée de cet homme : il n'existe que dans le regard d'une femme, ou du moins il ne se sent puissant que porté par cet amour. Qui aurait pu croire que son efficacité lors de débats ou de discours était en partie due à la sérénité ou non de cette relation de l'ombre ? N'importe, cela ne l'amoindrit pas. Qui ne se sent pas plus de vitalité et de puissance quand il se sait aimé ?
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J'ai beaucoup hésité…
J'ai toujours un malaise devant l'intimité dévoilée de contemporains.
Mais telle était la volonté d'Anne Pingeot : publier, choisir elle-même ce qui devait l'être et permettre à ce prodigieux amour de continuer à vivre et d'exister enfin pleinement au grand jour.
Les lettres sont très belles, un amour fou, profond, des déclarations bouleversantes, la recherche d'une profondeur d'âme, d'esprit, de beautés partagées.
La politique est juste évoquée (fait-elle partie des coupures effectuées par la destinataire?), un homme dont on ne connaît que le visage médiatisé apparaît dans sa vérité d'homme.
De 1962 à 1995, simples, vraies, amoureuses, avec des fulgurances dans l'art de vivre, avec des interrogations, des doutes, des regards complices sur la nature, des observations humaines et lucides, des descriptions de lieux et de voyages, ces centaines de lettres conduisent de la genèse à la fin d'un amour arrêté par la disparition de François Mitterand.
La durée… le vrai et bel amour sans conditions, espéré et rencontré.
La langue est juste, envolée, parfois lyrique, souvent poétique avec de jolies métaphores.
Je ne doute pas que cet amour intense demeure profondément enfoui à jamais dans le coeur de la destinataire.
« Je crois aux forces de l'esprit » a déclaré François Mitterand. En voici une illustration.
Editées vingt ans après sa mort, elles contribuent à mieux entrevoir un des brillants esprits du XXème siècle.
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Été 1962, à 46 ans François Mitterrand rencontre à Hossegor une jeune fille de 19 ans, Anne Pingeot. Durant trente-quatre ans elle sera la femme de l'ombre. Et durant toute ces années François Mitterrand lui écrira plus de mille lettres. Ce sont ces lettres qui ont été réunies dans ce volume de 1000 pages et qui donnent un éclairage intéressant et très intime sur cet homme politique contemporain.

À travers ces lettres, le lecteur découvre un homme sensible et amoureux, une plume qui a le sens de la formule, un homme d'une grande culture. On oublie vite l'homme politique, habile bretteur face à ses adversaires, pour ne retenir que l'homme qui aime sans retenu, confessant son mal être lorsqu'il s'éloigne de la femme qu'il aime, lui relatant ses journée et ses rencontres lorsqu'ils sont séparés, s'épanouissant dans son rôle de père lorsque naît Mazarine.

C'est évidemment très intime mais sans que le lecteur ne se sente voyeur pour autant.

On comprend en creux (les lettres d'Anne ne sont pas reproduites) que la jeune fille de 19 ans devient peu à peu une femme qui s'impose, qui choisit, loin de la personne effacée qu'on pouvait imaginer tant sa discrétion l'a tenue éloignée de la lumière. Elle est au contraire tout en force et en détermination. Et comment faire autrement face à cet homme parfois un brin manipulateur, qui ne renonce à aucune de ses deux familles tout en poursuivant sa carrière politique ?

Ces lettres sont un passionnant voyage à la découverte d'une histoire d'amour hors du commun mais aussi à travers des paysages français ou étrangers et à travers une page d'histoire politique qui donne à voir toute la capacité d'analyse de François Mitterrand.

C'est émouvant, poétique, parfois très sensuel, habité par l'incandescence d'un amour absolu. Et surtout à l'ère du texto, quel plaisir que de redécouvrir la beauté de l'échange épistolaire !
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Le bouquin du jour : Lettres à Anne, de François Mitterrand.

Je suis de la Génération Mitterrand. J'ai placé tellement d'espoir en cet homme lors de son élection en 1981, que j'ai eu du mal par la suite à lui pardonner ses erreurs, ses renoncements, ses échecs. Pourtant, je lui ai toujours gardé une certaine affection pour son intelligence, sa culture, et son humour.
C'est cet homme-là qui se dévoile à travers plus d'un millier de lettres à celle qui fut, malgré ses travers de séducteur invétéré, sans aucun doute l'amour de sa vie. Les mots qu'il lui adresse touchent parfois au sublime.

#FrançoisMitterrand #AnnePingeot #Lettre #Amour #Folio

Le quatrième de couverture :

«Je vous écris tandis que s'éteignent les dernières notes de notre "Alléluia". Souvent j'écoute ce chant. Il me parle de vous, Anne. Je pense qu'il vous ressemble, ou du moins, à une certaine Anne, la plus secrète, la plus vraie, la plus exigeante. J'aime que cette Anne-là existe. Pour l'atteindre il faut du silence et de la force. Ce n'est pas commode. Mais passionnant.»
En 1962, un homme politique français de quarante-six ans rencontre à Hossegor une jeune fille de dix-neuf ans. Il lui écrira, jusqu'à la veille de sa mort, plus de mille lettres témoignant d'un amour secret et indéfectible. Ce recueil nous dévoile des aspects totalement inconnus de celui qui fut deux fois président de la République.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
6 août 1990 - Mon Anne chérie
[...] Depuis notre séparation de Louvet, vendredi, j'ai entrepris de refaire mes études, afin de n'être pas trop distancé par Mazarine, et je suis plongé dans-Les Rêveries du promeneur solitaire- que je redécouvre d'un tout autre regard qu'au temps de mon propre bac (...) Mais quel style ! (...) Nous trouverons là de beaux sujets de discussion. Sitôt finie cette lecture, j'attaquerai -Les Confessions-. Un enfant , et la vie recommence. (p. 937)
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5 novembre 1971

mon Anne bien-aimée,

5 novembre. Ce n'est pas l'anniversaire de rien que je sache, en vérité. J'ai pourtant envie de t'écrire comme s'il s'agissait de célébrer la constance des années autour d'une fête qui serait la nôtre. (...) Anne, tu as été mon amour invariable, le grand vent de ma vie, tu l'es. (...)
Il n'y a pas de mots, pas de gestes. Je commence à t'aimer plus que moi. J'ai envie de dire des choses futiles : ma délicieuse, ma musique, ma chérie pour taire les choses graves qui m'occupent, ô ma grâce et ma lumière. (p. 676-677)
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Mercredi 29 Janvier 1964

Je devrais vous envoyer cette page toute blanche : cela signifierait l'inutilité des signes de l'écriture, l'impuissance des mots, la pauvreté de l'expression quand par un jour béni, la vie se fait douceur, splendeur, facilité, confiance et allégresse. (...)
(...) merci pour mes pas heureux d'un soir heureux dans ce Paris heureux, merci de m'avoir rendu avec votre présence, la présence du goût de vivre, d'aimer, de rire, de chercher, de comprendre (...)merci pour l'éclat d'un visage, merci pour la petite déesse intérieure, merci pour l'au-revoir.
Voilà, j'ai quand même raconté la vie qui se fait douceur, splendeur, facilité, confiance, allégresse un jour béni. (.72-73)
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Il est une règle d’or : l’amour ne se nourrit pas que d’amour. Ou il dépérit- et il meurt.
Il n’est que le reflet des autres vérités pour lesquelles il convient de lutter, peut être de mourir. Ces vérités, les conventions sociales, les habitudes de penser, les rites n’en fournissent pas la clef. Mais l’âme et à son défaut, le cœur les devinent. Moi je te veux heureuse d’être toi- même, fidèle à la musique intérieure. Oui à cela je ne cesse de penser en te parlant tout bas.
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8 août 1969

Depuis que je sais qu'un Boeing qui traverse l'Atlantique use 36 tonnes d'oxygène et que ce dernier s'épuise à servir à tout et à n'importe quoi j'aime d'un amour plus élaboré cette forêt qui nous le restitue, formidable machine à respirer. La moindre plante rend la terre habitable à l'homme, éloigne la mort, la terrible mort par asphyxie qui me paraît la moins supportable, la plus "inhumaine" (p. 489-490)
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