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Critique de MassLunar


Décidément, les éditions Omaké possèdent une petite affinité pour le manga de genre. Après le survival glacial et hardcore le Perce-Neige ou encore le récent manga d'épouvante fantastique Sayuri, tout deux dessinés par le génial Rensuke Oshikiri, Omaké Manga a également publié en deux tomes Children de Miu Miura, une mangaka méconnue en France qui signe ici son premier titre et quel titre !

On peut dire que pour sa première série, la mangaka n'a pas peur de nous prendre aux tripes. Bien sûr, Children, c'est de l'horreur brute contenue entre les mains d'enfants, des orphelins élevés au rang de tueurs par leur jeune directrice de 14 ans : une créature marquée et marquante dont le regard vous hantera durant toute la série.

Accumulant des plans tout simplement affreux sur des décapitations, énucléation et autres tranchages de membres, Children opte pour le gore plutôt que pour la peur. Moins radical toutefois que le dessin viscéral du Perce-Neige d'Oshikiri- san, Children n'a pas peur de vous retournez l'estomac en vous plongeant dans une ambiance sanglante mais aussi et surtout malsaine puisque les instruments sont donc des enfants, des orphelins abandonnés par leurs parents... et c'est justement à travers la figure de ces enfants que le manga de Miu Miura commence à faire sens , par delà le simple manga d'horreur.

Ce premier volume (dont le second sera le dernier) nous montre au détour de brefs flash-backs angoissants les abus dont ces mêmes enfants furent victimes avant de devenir des loups, la directrice en tête même si ce personnage garde suffisamment de mystère dans ce premier opus. le message de Miu Miura semble simple : les agneaux d'hier deviennent les loups d'aujourd'hui. Derrière la façade horrifique se cache un degrés de traumatisme qui justifie plus ou moins cette barbarie. Ce traumatisme, il est perçu à travers le regard profondément empathique du jeune homme qui est alors embauché pour travailler dans cet orphelinat sans se douter de la monstruosité de l'endroit. Derrière l'horreur, le nouvel employé devine aussi les blessures et traumas subis par ces mêmes enfants qui considèrent leurs meurtres comme banals.

Bien sûr, ce premier volume n'est pas toujours très fin, notamment à cause d'un humour noir pas forcément bien emmené qui fait perdre un peu de tension horrifique mais ce tome reste tout de même très homogène dans sa cruauté tout en cultivant une intrigue qui s'avère plus mystérieuse qu'elle n'en a l'air : d'où vient cet orphelinat ? Les enfants et la directrice sont t'ils eux-mêmes manipulés ? Des questions se posent et permettent d'étoffer cette mini-série. de même, on peut lire Children comme un véritable trauma en soi qui cultive une dose de cruauté impitoyable tout en dévoilant les abus de l'enfance.

Côté dessin, le style de Miura joue étroitement avec les tonalités malsaines du titre avec un style qui mêle faussement le kawai, la bonne " bouille" des bambins avec bien sûr le côté trash et sans concession des scènes de massacres. L'autrice est plutôt à l'aise dans le genre mais je l'ai trouvé très frappante dans le dessin du regard, notamment les yeux de la directrice. Elle joue avec un effet Big Eye qui peut autant faire ressortir le côté chaotique et inhumain de Sakurako Shimizu qu'un côté plus trouble, plus humain dans lequel des émotions enfouies refont leurs apparitions.

Children est sans doute l'un des titres horrifiques majeurs de l'année 2020. Radical dans sa forme, le manga de Miu Miura propose également une intrigue plus tourmentée, plus fouillée sur les traumatismes de l'enfance qui provoquent un clivage des plus radicaux avec le monde adulte.
Ce premier volume qui se conclura dans le second tome est, bien évidemment, à réserver aux amateurs du genre.

Jouant avec nos émotions, ces petites "têtes blondes" vous terroriseront ou vous transperceront le coeur.

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