Voyages et retours (Viajes y regresos) ou la très belle découverte de la poésie du poète chilien
Luis Mizón. Ce qui marque d'emblée et dans toutes les pages du recueil, c'est la beauté des images, des impressions qu'elles suggèrent, pensées évanescentes. Des textes courts à l'écriture sensuelle et lumineuse, une abondance d'images qui révèlent chez l'auteur une incessante quête de sens, une recherche qu'il va mener à la source même du langage.
"Les mouettes qui émigrent
longent les rives des grands rêves.
L'arbre déploie ses ailes de sel rouge.
Le récit est caresse
mémoire de gestes
coeur éveillé
et transparent.
L'écho bifurque dans les branches
et prend des chemins différents."
La poésie de
Luis Mizón s'imprègne de choses vues, de voyages, d'êtres rencontrés, de lieux traversés dans toute leur part invisible, inaudible, inarticulée. C'est par le corps, par les sens que viennent se déverser dans l'esprit du poète l'abstraction du monde, comme des impressions inconscientes d'avant le langage, d'avant les mots.
Le corps tout entier (coeur, nerfs, os, peau, etc.), traverse le monde de manière instinctive et vient ici effleurer au plus près l'âme du poète.
"Chaque écho de mon corps est une porte.
Une migration de mots.
Un vieux rythme aux notes de cendre.
Le feuillage d'une étoile
navigatrice."
La création, l'écriture poétique se met alors à l'oeuvre dans une pluralité de sens, d'interprétations, tout un travail de restitution par les mots, par le rythme mais aussi par la sensibilité. L'acte d'écriture peut se déployer, prendre le large. Et avec, toute la poésie belle, libre, lumineuse, mélancolique de
Luis Mizón.
"Nous rentrerons de nos voyages
comme des amants dévêtus
Offrant des mots
les bras ouverts."