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EAN : 9782070140350
266 pages
Gallimard (31/01/2013)
3.92/5   68 notes
Résumé :
"Mélodie fut pour moi - je mets à part les deux chiens de mon enfance - l'être le plus faible, le plus fragile, le plus totalement réduit à un état d'impuissance constante. Et par cette vulnérabilité extrême, elle a occupé, tout au long de son existence qui se confondait avec la mienne, la position de maître, et moi celle d'élève. Elle a été comme un grand maître d'un art traditionnel japonais dont l'enseignement consiste à ne rien dire de son art, mais à laisser so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Apres avoir éreinté Tout sur mon chien d' Alejandro Palomas - à l'exception dudit chien, R. le malvenu- voici , dans la foulée,  une autre chronique ouah-ouah (à propos, comment dit-on ouah-ouah en japonais?).

Et un tout autre son de cloche.

Mélodie: Chronique d'une passion est un récit aussi simple et nu  que  Tout sur mon chien  m'a paru artificiel et tarabiscoté.

Aussi profond, grave, éclairant que l'autre était superficiel. 

Il tient à la fois du récit factuel que ferait  un enfant ...et de l'essai plein d' érudition du philologue, ou celui plein de  réflexion du philosophe.

Akira Mizubayashi est japonais de naissance,  francophile de coeur  et francophone de formation  intellectuelle et par choix.

C'est un amoureux de Montaigne et de Rousseau, un grand pourfendeur de la froide logique cartésienne qui écarte , d'un revers de manche noire ,  les" bêtes " , les rejetant,   comme tout l'âge  classique si bien barricadé derrière ses règles et sa Raison, de l'autre côté du monde dévolu à  l'homme,  ce monde de l'Âme et de l'Esprit, ce monde dit raisonnable. 

Traçant ainsi une frontière entre  monde humain et monde animal qui a eu tôt fait de devenir  une faille, un gouffre dans le monde du vivant qui aurait dû rester uni et  indivisible .

L'arrivée chez les Mizubayashi, de la chienne Mélodie,  une belle golden retriever à la robe blanche, signe le début d'une passion chez Akira, l'auteur, son maître et son ami.

Avec elle , éclairé par la lecture des philosophes des Lumières et, avant eux,  du merveilleux Montaigne, le professeur de lettres découvre l'intelligence, la sensibilité et la fidélité canines.

 L'esprit de finesse et de déduction des"bêtes".

 Et la lumineuse patience des chiens qui savent que tout amour est attente, eux dont la vie, pourtant,  est si scandaleusement courte. 

L'émotion de cette "passion simple" entre un homme et un chien  m'a touchée au coeur,  en même temps que les chapitres en italique plus érudits, plus littéraires , se reportant aux  plus grands  textes de notre littérature , ceux qui nous ont ouvert l'esprit et le coeur , en même temps , donc , que ces chapitres moins intimes, moins désarmants, créaient un recul critique, une pause dans l'émotion.

Mais ceux-ci,  loin de nous couper de l'émotion,  nous relient plus étroitement  à elle par la puissance de  réflexion qui les anime.

Mélodie blanche couchée sur son futon noir..

🎵🎶🎶"Ebony and ivory live together in a perfect harmony".🎶🎶

Beau et simple comme un haïku.
Pertinent et fort comme une pensée.
Harmonieux et juste comme une musique.

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Akira Mizubayashi raconte les liens profonds qui l'unissaient à sa chienne Mélodie, une golden retriever. C'est toute la vie de Mélodie qu'il expose, depuis le jour où avec sa fille adolescente et son épouse ils sont allés la chercher ; les promenades quotidiennes, la vie familiale, jusqu'au jour fatidique de la fin de vie de Mélodie. La chronologie pas toujours respectée m'a un peu dérangée.
Entre ces récits, s'intercalent des chapitres où l'auteur aborde des questions philosophiques, de courts récits d'autres écrivains, il parle du chien d'Ulysse, du chien Hachi dont a été tiré un film, il cite Descartes, Rousseau, La Rochefoucauld ...
Prix littéraire 30 millions d'amis, si vous aimez les chiens c'est une belle lecture.
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Elle s'appellera Mélodie ! Mélodie, parce qu'elle est destinée à vivre au sein d'une maison bercée de sons, de rythmes puisés dans la musique classique ou les opéras de Mozart. D'ailleurs, huit mois après sa disparition, il redécouvre la 9ème symphonie de Mahler que je n'ai pu m'empêcher d'écouter. Et en effet, puissante, grave, elle se prête bien à la profonde tristesse ressentie à sa perte. Plus jamais Mélodie ne se promènera avec lui et la petite famille dans les jardins de Tokyo, plus jamais elle n'attendra son retour après quelques heures d'absence. Car l'attente est un état infaillible chez les chiens. Ah, je ne vous avais pas dit ? Mélodie est une chienne, une superbe Golden Retriever.

D'une écriture simple et très poétique, le narrateur qui n'est autre que l'écrivain lui-même, nous conte sa relation fusionnelle avec sa chienne, Mélodie, et sa vie avec son épouse et leur fille, qui s'en verra complètement transformée, Mélodie devenant très vite un membre de la famille. Echanges, respect mutuel, attentes, partages se mélangent à cette magnifique histoire d'amour entre un homme et son animal. Plus qu'une histoire d'amour. C'est une véritable passion (pouvant paraître excessive pour ceux qui ne vivent pas avec un animal), qui a entraîné l'écriture et la publication de ce livre qui n'est pas traduit, Akira Mizubayashi étant un amoureux de la France et de sa littérature.

L'histoire est entrecoupée d'extraits de son journal, dans lequel l'auteur fait part de ses questionnements sur la force du lien qui unit un "être humain" à un "être non-humain", sur la place du chien dans la littérature, le cinéma, la peinture et la sculpture, agrémenté de quelques considérations philosophiques et d'anecdotes véridiques.

Un livre étonnant, subtil et très émouvant pour tous les amis des animaux.
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« Mélodie » ou « Chronique d'une passion » c'est le récit du lien d'attachement indéfectible qui a uni l'auteur à sa chienne, golden-retriever, pendant les 12 années de son existence. C'est une ode à sa compagne, un chant d'amour, écrit dans la langue seconde de l'auteur japonais : le français. C'est un hymne d'une très grande sensibilité, entre douceur et joie du lien et douleur de la perte, d'une très grande érudition également. « Mélodie » est l'occasion pour l'auteur de convoquer des références littéraires, picturales, musicales et philosophiques. On comprend aisément combien il ne peut souscrire à la vision de Descartes concernant les animaux (les animaux-machines), mais rejoint plutôt celle de Rousseau ou encore Montaigne. « Mélodie » est aussi le récit d'un autre attachement et d'une autre perte : ceux de l'auteur à son père.
Le monde des rêves est celui où les deux amours viennent se rencontrer, s'entremêler, former la trame d'une autre contrée, celle de l'espérance :
« Frêles fantômes, Mélodie et mon père reviennent obstinément dans le monde de mes nuits. Ils sont comme des béquilles sur lesquelles sur lesquelles je m'appuie pour avancer ; ils sont comme des torches flamboyantes qui me réconcilient avec les ténèbres qui s'étendent. » (p. 180.)
« Mélodie » permet au lecteur de mesurer l'universalité du lien d'attachement mais aussi la singularité de la culture japonaise et des différents rites qui scandent le quotidien, notamment quand il s'organise autour de la figure d'un chien.
Il s'agit d'une très belle ode sur l'attachement réciproque entre l'homme et l'animal écrit sur le mode de la singularité, qui fait écho à d'autres ouvrages articulant cette dernière à une dimension davantage scientifique, tel « Au risque d'aimer » de Claude Béata, vétérinaire comportementaliste.
« Mélodie » a remporté en 2013 le prix littéraire 30 Millions d'Amis.
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C'est au moment de son incinération qu'Akira se rend compte pour la première fois que Mélodie, sa chienne golden retriever, porte son patronyme. Il a fallu attendre l'heure de sa mort pour qu'il pense à l'injustice qui fait qu'un chien, toute sa vie, est réduit à son prénom alors qu'il fait partie de la famille. Oui, Mélodie s'appelle Mélodie Mizubayashi, elle est sa deuxième fille, elle a vécu douze ans en osmose avec son maître - plus souvent élève face à l'épreuve de sérénité qu'elle impose) - Akira qui a décidé, avec ce livre, de retracer sa vie avec elle.

Ce qui ressort de ce livre est l'immense amour qui existe entre la chienne et Akira. Mélodie est une personne. Akira nous raconte le quotidien avec elle, la patiente, celle qui sait attendre, toujours, et qui ne connaît pas le mensonge. Son récit est entrecoupé de réflexions, fragments d'un journal, où l'auteur revient sur la condition animale en évoquant Descartes et son animal-machine, ou cette horrible anecdote sur Malebranche qui donne un coup de pied dans le ventre d'une chienne qui vient de mettre bas pour montrer que "ça ne sent rien". (voir cet article d'Elisabeth de Fontenay : http://www.franceinter.fr/article-l-animal-machine). Il parle de la souffrance des animaux de Fukushima, laissés pour compte puisque l'homme a décidé d'établir une frontière entre lui et l'animalité. Il fait référence aux écrivains qui ont été sensibles à la condition animale, comme Rousseau, Montaigne, Nietzsche, Derrida... Quelques extraits sont lisibles ci-après.
Akira manque la mort de Mélodie. Il est au travail et elle n'a pas la force de l'attendre davantage. Elle meurt sous le regard aimant de Michèle, l'épouse française d'Akira, d'un cancer qui a fini par l'épuiser. Mélodie est Hachiko et Argos, ces chiens qui attendront leur mettre jusqu'à la mort.

Qui a un chien et l'aime retrouvera tout ce que l'animal partage avec lui dans ce livre. Il est difficile de lire ces lignes sans que les larmes coulent : comme devant le film sur Hachiko, on pleure beaucoup parce que ce sentiment d'attachement qu'Akira décrit est rarement exprimé et que le chien donne jusqu'à sa mort un amour fidèle et absolu, totalement désintéressé, sans mensonge. Akira prend l'exemple du loup de Mark Rowlands (Le Philosophe et le Loup) pour illustrer cette absence de calcul chez l'animal, excepté chez le singe si proche de l'homme...

Akira Mizubayashi a une prose assez scolaire mais il est japonais et écrit en français.
Pour ce livre, il a reçu le Prix 30 Millions d'amis en 2013.
C'est un écrivain qui réconcilie avec l'humanité. Il exprime son amour pour un membre canin de sa famille sans le besoin de se justifier et de relativiser (si fréquent de nos jours car, quand on dit aimer les animaux, on s'expose à être traité de gâteux, à être regardé avec un sourire moqueur et/ou à être accusé de ne pas aimer les hommes), sans prendre ce ton faussement dérisoire qu'emploient beaucoup de gens pour parler des liens qui nous unissent aux animaux.
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
04 juin 2013
"Mélodie, chronique d’une passion" est une magnifique ode à l’amour et la fidélité de son chien. [...] Un livre superbe, mais très singulier.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaPresse
09 avril 2013
Une rencontre entre deux êtres chers dans le monde du rêve qu'Akira Mizubayashi a voulu explorer un peu plus dans son roman. Au-delà de cette véritable déclaration d'amour de l'auteur pour sa chienne, Akira Mizubayashi propose aussi une intéressante réflexion philosophique sur l'humanité et son rapport aux animaux.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Liberation
04 mars 2013
Le travail du deuil et la hantise de la séparation forment la trame de ce texte qui, sans cesse, change de forme : du journal, il glisse vers les souvenirs d’enfance et les invocations.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
La lecture de Montaigne, d'accès laborieux en raison de sa langue qui se situe avant la rupture radicale opérée par la rationalité classique, est comme un baume magique apaisant les maux sans nombre infligés aux animaux oubliés, laissés, délaissés, abandonnés, supprimés, tués, abattus massivement et industriellement, ici comme ailleurs, partout dans le monde. La langue française, que j'ai embrassée et faite mienne au cours d'un long apprentissage, est issue de l'âge de Descartes. Elle porte en elle, en un sens, la trace de cette coupure fondamentale à partir de laquelle il devient possible de ranger les vivants non humains, dans la catégorie des machines à exploiter. Il est triste de constater que la langue de l'après-Descartes qui m'habite m'obscurcit quelque peu la vue quand je contemple le monde animalier si foisonnant, si généreux, si bienveillant de Montaigne.
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Tu sais que j'aime les mots de Hugues de Saint-Victor cités par Erich Auerbach et repris par Edward W. Saïd : « L'homme qui trouve douce sa patrie est encore un tendre débutant ; celui pour lequel tout sol est comme son sol natal est déjà fort ; mais celui-ci est parfait pour qui le monde entier est comme un pays étranger. »
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Que voit-on quand la mort vous arrive ? Que se passe-t-il au moment où la conscience chute dans l'abîme du néant ? Tous les morts le savent ; restent dans l'ignorance tous les vivants.
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Nous mesurons la distance infinie qui sépare notre sensibilité d'aujourd'hui de celle de Rousseau, lorsque nous lisons les lignes suivantes extraites du livre II d'Émile : « Homme pitoyable ! tu commences par tuer l'animal, et puis tu le manges, comme pour le faire mourir deux fois. Ce n'est pas assez : la chair morte te répugne encore, tes entrailles ne peuvent la supporter ; il la faut transformer par le feu, la bouillir, la rôtir, l'assaisonner de drogues qui la déguisent : il te faut des charcutiers, des cuisiniers, des rôtisseurs, des gens pour t'ôter l'horreur du meurtre et t'habiller des corps morts, afin que le sens du goût, trompé par ces déguisements, ne rejette point ce qui lui est étrange, et savoure avec plaisir des cadavres dont l'œil même eût eu peine à souffrir l'aspect.»
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Il suffit de se rappeler une maxime de la Rochefoucauld, celle-ci par exemple : « L'humilité n'est souvent qu'une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres ; c'est un artifice de l'orgueil qui s'abaisse pour s'élever ; et bien qu'il se transforme en mille manières, il n'est jamais mieux déguisé et plus capable de tromper que lorsqu'il se cache sous la figure de l'humilité. »
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