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♫ J'm'en fous, j'm'en fous
De tout
De ces chaînes qui pendent à mon cou
J'm'enfuis, j'oublie
Je m'offre une parenthèse, un sursis
Je marche seul [...]
En oubliant les heures
Je marche seul
Sans témoin, sans personne
Que mes pas qui résonnent
Je marche seul♫
-Jean-Jacques Goldman- 1985 -
---♪---♫---🦶--⬜🔴⬜--🦶---♫---♪---
Je n'ai pas vraiment suivi vos routes
J'ai voulu tracer mon chemin
Comme un Samouraï en déroute
qu'on appelle aussi Ronin
La Châtre- Périgueux par la voie de Vézelay
Renouer avec les souvenirs, de l'avenir se rapprocher
Toujours plus loin, aller plus haut, au-delà, Ultreïa !!
Oka-e-ri-na-sa-ï en hiragana
ou "welcome to Japan" en langage universel
La quintessence de l'âme de quoi se compose-t'elle ?
Un futon pour Shiro le chiot blanc
Ou un disque rouge au milieu d'un rectangle de tissu blanc...
Abhorration du corps étatico-moral, mais dans quel état j'erre !?
Ce n'est que ton mouton de Panurge qui cuit, quand tu dis j'erre...
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Akira Mitzubayashi est un japonais atypique.

Le français est sa langue d'élection, il est un éminent spécialiste de Rousseau, sa femme est française et il a longtemps résidé en France, faisant constamment la navette entre son Japon natal et la France, son pays de coeur, et enseignant , au Japon, la littérature française des Lumières.

Aussi ne nous étonnons pas qu'il fasse un Petit éloge de l'errance, culturelle, linguistique et intellectuelle!

Errer, pour lui c'est d'abord faire un pas de côté,  se démarquer de la meute mimétique et docile, aveuglément soumise au chef.

 Se retrouver seul.

Et, avec ce pas de côté,  prendre le vent, changer d'air, chercher un angle d'attaque ou une perspective insolites,  et tenter de "faire société "par concordance de projets,  en créant,  avec d'autres errants,  une  société fondée non plus sur la tradition et l'obéissance mais sur un pacte social où chacun donne un peu de sa force et  de sa liberté pour le mieux-être de tous.

 Un "contrat social" à  la manière de Rousseau.

Puisant son argumentaire tant dans la littérature que dans la musique, recherchant ses exemples  tant  dans l'actualité récente que dans L Histoire, tant dans les oeuvres de son cher Rousseau   que dans les films de Kobayashi ou Kurosawa, il  dresse le portrait de ces quelques grands errants qui , en quittant le troupeau,  ont fait progresser l'humanité vers une société plus consensuelle et plus juste.

Il convient d'errer, donc, mais sans forcément bouger, car ce chantre de l'errance est un grand sédentaire : il s'agit plutôt d' inscrire son parcours dans une civilisation choisie, une langue d'élection , une culture par affinité.

 En se référant  à la sémantique  et à la temporalité  très particulières de la langue japonaise, il analyse en finesse ce qui , dans sa langue natale même,  constitue un obstacle à cette "errance choisie", à l' ouverture à ce qui est étranger, à  cette horizontalité des échanges,  cette inscription dans un temps relié au passé et ouvert sur l'avenir,  sans lesquelles  aucune rencontre, aucun pacte social n'est possible.

Passionnant, limpide et convaincant.

Et court, ce qui ne gâte rien.
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Enfant de l'après-guerre, né au Japon de parents japonais, Akira Mizubayashi a choisi le français comme langue de coeur. Il a commencé à l'étudier jeune avant de partir suivre un cursus universitaire en France, séjour dont il repart Docteur ès Lettres.

Spécialiste et disciple de Rousseau, et plus particulièrement de son Contrat social, Akira Mizubayashi confronte dans ce Petit éloge de l'errance sa vision humaniste et pleinement démocratique avec la société japonaise qui reste cloisonnée dans des liens hiérarchiques très forts et où l'individu passe après le groupe, qu'il s'agisse de la famille, de l'entreprise et, tout en haut, de l'État toujours symbolisé par l'Empereur même si depuis la défaite d'août 1945, ce dernier a renoncé à son ascendance divine ainsi qu'à tout pouvoir politique et gouvernemental.

L'auteur se base sur des anecdotes et témoignages, personnels ou non, pour démontrer les dangers qu'il ressent dans une société et un État où toute remise en cause, ou même tout dépassement ou originalité comportementale - bref ne pas respecter le consensus conformiste - est rejetée et vilipendée. Et même condamnée à mort lors de l'époque de l'impérialisme effréné et de l'instauration d'un régime militaro-dictatorial à l'ère Shôwa (Hirohito).
Akira Mizubayashi regrette l'incapacité à tirer des leçons du passé lorsqu'il constate l'incurie, les mensonges et l'absence de prise de responsabilité des instances gouvernementales, scientifiques pro nucléaires et des entreprises telles Tepco lors de la catastrophe de Fukushima. Et que le gouvernement actuellement en place véhicule des idées ultranationalistes qui ont de dangereux relents de l'époque précédent la capitulation de 1945.

Le moyen de se détacher de ce conformisme-carcan, pour lui : opter pour l'errance. Pris dans le sens où l'on s'éloigne des voies tracées par la Majorité pour gagner en indépendance d'esprit. La contrepartie étant la solitude et une certaine tristesse à porter. Ces deux traits, solitude volontaire et indépendance, sont très mal considérés dans l'archipel et l'auteur en fit les frais dans sa carrière universitaire après son retour de France, ainsi que son père, dans des circonstances plus graves, lors de la Guerre de Quinze Ans (1931-1945).

L'auteur cite plusieurs exemples d'êtres qu'il considère comme errants, à commencer par Rousseau. Mais également Mozart ou encore l'immense cinéaste Akira Kurosawa dont Les sept samouraïs illustre parfaitement le type d'hommes prêts à s'extraire de leur sort pour se transformer non seulement en défenseurs d'une village de  paysans (normalement improbable car dégradant pour un samouraï même ronin) mais aussi - et surtout - en instigateur d'une communauté non plus basé sur le rapport inféodé à une instance supérieure mais sur une sorte de pacte social rousseauiste.

A la fois d'intérêt historique, philosophique, sociologique, politique et culturel (en 140 pages, c'est extraordinaire), le Petit éloge de l'errance est également écrit dans un français qui peut faire pâlir d'envie et de confusion, par sa perfection, bon nombre de natifs de l'hexagone.
Un ouvrage court mais percutant et éclairant, permettant d'appréhender toujours plus en profondeur (s'efforcer en tout cas) la mentalité japonaise en dépassant les images qu'on peut en avoir en tant qu'Occidentaux.
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Mizubayashi nous parle de la difficulté pour l'individu, au Japon, de s'affranchir de la pensée collective. « La communauté nationale, ici, n'est pas le résultat d'un acte d'association libre et volontaire. Elle n'est pas une construction politique qui passe par un acte. Elle est plutôt d'essence ethnique dans la mesure où elle est caractérisée par la permanence et la pureté imaginaire du sang. Elle précède les individus ; elle les englobe et les engloutit. » Quiconque, au Japon, se démarque du groupe prend le risque d'être rejeté. Sur un plan historique également. L'auteur explique ainsi que peu de gens se sont opposés au gouvernement militaire des années 30 ou à la reprise du nucléaire après Fukushima. Il y a comme un « engourdissement » collectif qui peut très vite déboucher sur une irresponsabilité individuelle. L'auteur, enseignant de français et ayant vécu plusieurs années en France fait le parallèle avec la société occidentale, basée au contraire sur l'individu. Spécialiste de Rousseau, il s'appuie sur « Le contrat social », pour expliquer la différence fondamentale entre la pensée japonaise et occidentale.
L'errance, au Japon, commence donc avec le non-conformisme, dans de simples actions quotidiennes et constitue en cela un véritable défi à la collectivité.
Dans les derniers chapitres, l'auteur critique de manière très soutenue l'action du gouvernement actuel qui prône un retour aux valeurs nationalistes en voulant modifier la constitution de l'après guerre.
A l'aide d'exemples puisés dans le cinéma, la littérature, la musique…, ce petit essai est vraiment très instructif pour comprendre la pensée japonaise.
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Eloge de l'errance est un essai limpide qui expose la difficulté d'être différent dans la société japonaise. Akira Mizubayashi raconte ce qui l'a personnellement conduit à choisir d'être un non conformiste, un homme conscient de son autonomie et de ses responsabilités, mais aussi de sa solitude et de son étrangeté.
Le livre débute par la description magnifique et musicale de la séquence d'ouverture de Yojimbo de Kurosawa. qui introduit, d'emblée, la figure légendaire du ronin, ce samouraï médiéval qui s'exclut volontairement du groupe pour défendre les opprimés. Un autre film de Kurosawa, Sanjuro (1960) avec le même type de guerrier solitaire et errant marque à jamais le petit Akira. Suivent ensuite des anecdotes touchantes qui décrivent ses vaines tentatives pour s'incorporer au groupe, la honte qu'il a éprouvée enfant à se sentir différent, la première très humiliante où Il est moqué cruellement par le groupe et la seconde toute mignonne où il est compris par la maîtresse. Plus tard, jeune professeur, il se heurte aux règles hiérarchiques immuables en vigueur dans les universités nippones. Il se révolte alors contre ce pouvoir injuste et cette soumission à des règles préétablies qu'il oppose au contrat social de Rousseau. Celui-ci repose sur un pacte libre et volontaire des individus. Mizubayashi expose ensuite ce qui lui apparaît comme les racines historiques et linguistiques du conformisme japonais, la structure verticale et le présentisme de la langue. Puis il insiste sur le fait que cette culture aboutit à l'irresponsabilité généralisée. Ce fut le cas des militaires et politiques traduits devant le Tribunal militaire pour crimes de guerre au sortir de la Guerre et c'est le cas au moment où il écrit en 2011 après la catastrophe de Fukushima. Personne ne se sent personnellement concerné. La responsabilité individuelle est diluée par le groupe. Et les conséquences sont minimisées (avant d'être oubliées). Ensuite, il évoque ces grandes figures d'errants qu'il admire tant ( avec son père) les Rousseau, Mozart, Kurosawa, Kobayashi et Sôseki. Enfin dans l'épilogue il revient sur sa propre errance, celle qui l'a conduit à "épouser" la langue française pour se décentrer par rapport au Japon.

j'ai beaucoup aimé ce livre clair et concis, vivant et souvent touchant, qu'il ne faut pas prendre pour un essai philosophique. C'est très autobiographique, donc égocentré, avec des généralisations sans doute un peu trop faciles. J'aimerais bien savoir si l'ouvrage a été traduit en japonais et ce que ses compatriotes en ont pensé.
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Vouloir se retrouver ailleurs, prendre ses affaires (ou non) et partir, se défaire de ses attaches. Qui ne l'a rêvé ? En prenant en exemple son expérience et des grandes figures du Japon, l'auteur tente de trouver ce qui se trouve à la racine de cette volonté.
Finalement, l'errance n'est pas forcément physique. S'échapper par la musique, la littérature ou en remettant en question l'ordre social, c'est déjà partir. Les samouraïs de Kurosawa en sont les archétypes : ils sont sans maître, mais tous n'éprouvent pas le besoin d'en retrouver un, de s'inféoder à un ordre. Ils sont très bien comme ça, à mener leur vie, même difficilement. Or se mettre volontairement en marge de la société au Japon est très mal vu. L'auteur a lui-même une démarche approchante, en remettant à leur place ses supérieurs (encore plus mal vu).
Ce petit texte nous apprend donc qu'il est facile de devenir un errant : se positionner à côté des grandes idées toutes faites, les interroger et surtout, surtout, toujours faire preuve de distance, d'esprit critique et d'ironie. Vous n'échapperez jamais totalement à votre société, mais vous pouvez vous créer des espaces de liberté et de respiration.
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En voyant au travers des médias le comportement des Japonais en réaction à la catastrophe de Fukushima, ou encore lors de la dernière coupe du monde de football, quand leurs supporters ont été les seuls, en fin de match, à nettoyer les tribunes des reliefs de leur exubérance, je me suis dit que nous n'étions pas faits du même bois. C'est donc avec le plus vif intérêt que j'ai trouvé dans les pages de cet opuscule d'Akira Mizubayashi, Petit éloge de l'errance, l'éclairage propice à m'engager dans cette réflexion sur les différences de comportement des uns et des autres selon la formation mentale des cultures respectives.

Japonais de naissance, Akira MIzubayashi a fait ses études de lettres en France. Il en manie la langue avec un talent propre à déchoir nombre d'entre nous, pourtant nés dans le bain amniotique de la langue de Molière. Cet homme de lettre à la double culture était donc tout indiqué pour faire le distinguo des mentalités nippone et occidentale.

Avec ma propension à louer le sens collectif qui anime les Japonais, j'avais oublié que la nature humaine étant ce qu'elle est, d'un bout à l'autre de la planète, il n'est point de complexion parfaite quand on l'accommode à l'intelligence. Cela se saurait. Et Akira Mizubayashi de nous décrire les us et coutumes de ses compatriotes comme un "mode d'existence communautaire indestructible qui, foyer du conformisme rampant, entrave et empêche l'apparition d'êtres singuliers associatifs et leur avancée sur le chemin d'une véritable appropriation démocratique." le mot est lâché.

Il pousse ainsi ses craintes au point de voir le Japon en retourner à ses vieux démons, ceux-là mêmes qui ont conçu ce corps étatico-moral de l'ère Hirohito. Son pays natal s'inventerait alors une nouvelle incarnation spirituelle de morale collective, apte à "réinventer un être en commun dans une société que l'on pourrait qualifier de "tout à l'ego". Appréciez l'association d'idée qui connote une certaine répugnance pour l'agglomération des êtres singuliers en un cloaque englobant et dénaturant la personne pour la diluer dans une mouvance omnipotente et souveraine.

Vu sous cet angle, on trouve le nettoyage des tribunes moins séduisant. Où se trouve donc l'idéal humaniste ? Sans doute dans l'errance, nous convainc Akira Mizubayashi. Errance qu'il ne faut pas confondre avec itinérance, laquelle trace des chemins à suivre. Errance qui comporte ses parts de solitude et d'incertitude. Errance linguistique au final, et pourquoi pas, qui dans le choix d'une langue épousée en contre pouvoir d'une langue imposée, confère le bagage culturel, l'ouverture d'esprit indispensable à l'élévation. Sortir de l'enfermement.

Comme toujours, entre l'orient et l'occident, tous deux empesés de leurs culture et traditions, doit bien se trouver une aire de compromis, accessible à la seule errance. Il s'agit donc bien de faire l'éloge de cette dernière, puisque plus proche d'une lucidité, véritable source d'humanisme.
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Je ne connaissais pas ce grand monsieur, j'ai choisi ce livre pour le thème de l'errance et de la solitude qui en est conséquente. Ce n'est pas un roman, je vois ce livre comme des petites touches de vie, du vécu, qui ont amené l'auteur à réfléchir sur le langage, sa construction, la société et ses fondements, japonais s'entend. C'est très intelligent, et surtout cela m'a renvoyée à nos constructions françaises (le pouvoir, la hiérarchie, l'obéissance, la soumission, l'insoumission et donc l'errance car ne pas se soumettre aux codes c'est prendre le risque de l'exclusion et donc de l'errance et donc d'une forme de solitude mais c'est aussi sauvegarder son honnêteté intellectuelle). Il finit très désabusé et pessimiste quant au devenir et de son pays, de la société en général et donc du monde et de l'humain. Alors, si je pouvais lui répondre, je lui dirais à quoi bon avoir écrit ce livre ? Je vais persister et lire d'autres oeuvres de Akira Mizubayashi car je ne veux pas terminer sur une demi teinte.
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Akira Mizubayashi nous offre avec "Petit éloge de l'errance" une réflexion poussée sur l'affirmation de l'individu au sein d'une société. Japonais ayant étudié en France, passionné par la langue de Molière, il compare le rapport au conformisme de ces deux pays sur différents terrains aussi variés que le cinéma, la musique, la politique, la philosophie, la linguistique ou la sociologie.
L'auteur ne place ainsi pas l'errance dans une dimension purement géographique, mais en fait un instrument solitaire de libération, de compréhension de soi pour mieux retourner à son humanisme et exister avec toute sa singularité, que se soit au sein ou en marge d'une société.
Une lecture très agréable empreinte de culture mais aussi d'émotion car ce petit ouvrage vif et intelligent est avant tout le témoignage de l'errance personnelle de l'écrivain lui-même.
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Un livre percutant notamment par une critique implacable de la société japonaise sclérosée- ce Japon, pays natal de l'auteur- par sa "puissance d'assujettissement" à "l'être-ensemble communautaire", par une "soumission à la Majorité","un engourdissement chronique, inguerissable, de la conscience politique".

Terrifiantes en particulier ces pages sur le "Monstre invisible", toujours présent, ce nucléaire aux conséquences humaines et écologiques dramatiques et face auxquelles "personne n'est responsable", "l'être singulier", "l'individu" étant toujours des notions inexistantes dans le Japon d'aujourd'hui encore.

Dès lors, c'est à cette quête incessante d''un autre soi, à cette errance que nous convie l'auteur au travers de ses propres découvertes, de récits intimes, de questionnements existentiels.

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