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EAN : 9782073017390
272 pages
Gallimard (07/09/2023)
3.9/5   469 notes
Résumé :
En 1939, Jun est étudiant au Conservatoire de Paris. Mais le conflit sino-japonais le contraint à rentrer au Japon. En quittant la France, il laisse derrière lui son grand amour, sa "reine de coeur", la jeune Anna. L'épreuve de la guerre sera d'une violence monstrueuse.
Des années plus tard, Mizuné, une jeune altiste parisienne, découvre un roman qui lui rappelle étrangement le parcours de ses grands-parents, Jun et Anna, qu'elle n'a jamais connus. Bouleversé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (92) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 469 notes
Le premier mouvement ouvre cette tragédie par des massacres d'une rare cruauté où la soldatesque japonaise sabre les chinois en février 1945, les stukas mitraillent les réfugiés en mai 1940, les forteresses volantes rasent Tokyo en mai 1945.

Deuxième mouvement, 1937, Jun, altiste japonais rencontre Anna, serveuse dans le restaurant parisien de son oncle Fernand. Ils sympathisent mais la mobilisation contraint Jun à retourner dans sa patrie en 1940 et à dire Adieu à Anna sur un quai De Marseille. Ils meurent l'un et l'autre peu après la guerre sans jamais se revoir. de leur amour est née Agnès en 1941 qui, une génération plus tard, accouche d'une gracieuse Marie-Mizumé.

Troisième mouvement, 2007, un discret Otto Takosch publie son premier roman « L'oreille voit ; l'oeil écoute » qui frappe Mizumé bouleversée d'y lire une évocation de sa grand-mère Anna, qu'elle n'a jamais connue…

Sans dévoiler les quatrième et cinquième mouvements, rythmés par la Symphonie N°8 de Chostakovitch « Stalingrad », le lecteur retrouve les sujets de prédilection d'Akira Mizubayashi : dénonciation du totalitarisme, éloge de la culture et de la musique, rôle essentiel des langues …

Le totalitarisme impose sa dictature en usant et abusant de la servilité de gradés « exécutant les ordres impériaux» au garde à vous, sans le moindre état d'âme ; le parallèle avec les règles imposées durant la crise sanitaire crève les yeux quand on se souvient que les EHPADS ont été transformés en prisons pour personnes âgées, privées de toute visite, et que l'obligation vaccinale a « suspendu » de tout droit et salaire les soignants soucieux de respecter le « principe de précaution » inscrit dans notre constitution.

L'éloge de la culture passe notamment par l'évocation de l'oncle Fernand, profitant de sa retraite pour découvrir la langue et la culture japonaise. le rôle de la musique et de ses interprètes est davantage valorisé ici par l'auteur, que dans les autres romans qui valorisent plutôt les instruments (le violon d'Ame brisées et le violoncelle dans Suite inoubliable). La « musique de l'eau » s'accorde au « prince des sons » pour initier un chant d'amour joué par une « Reine de coeur » qui couronne ainsi la trilogie débutée par Âme brisée et conclue par Suite inoubliable.

Personnellement c'est ce titre de la trilogie que je préfère par son balancement subtile des époques et des espaces qui sort progressivement le lecteur de l'enfer de la guerre mondiale pour le mener avec Otto et Mizumé vers un présent parfois trouble, mais « rythmant et ponctuant encore et toujours la vie en train de se faire. »

PS : ma lecture d'âme brisée :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Même s'il est plutôt question d'alto, les violons sont de sortie pour ce nouveau roman d'Akira Mizubayashi, et le lecteur entend leur longue plainte venir de loin…
Après un démarrage prometteur en fanfare auprès de Jun, soldat de troisième classe dans l'armée japonaise en 1945, lors de la décapitation au sabre de trois soldats chinois, j'avoue ne pas avoir été transportée ensuite par la plume de l'auteur.
Est-ce parce qu'Akira Mizubayashi a écrit ce livre en français ? le style est impersonnel, pas très fluide et l'histoire convenue se traine en longueur, en particulier dans sa deuxième partie lorsque l'on revient à la période contemporaine.
L'histoire de Mizuné et Otohiko est cousue de fil blanc, elle se révèle passablement ennuyeuse avec un final sans aucune surprise, et aucune émotion ne m'a traversée lors de cette lecture.
Je n'y ai pas trouvé la magie des sentiments, l'auteur s'attachant plus à les décrire qu'à nous les faire ressentir, et certains passages avec leurs onomatopées ponctués de ooh et de aahh manquent de finesse…
Voilà fort longtemps que j'ai « Âme brisée » dans ma PAL, et si certains commentaires m'avaient laissé entendre que ce Reine de coeur était un ton en-dessous, j'en attendais tout de même beaucoup mieux…
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Jun et Anna se sont rencontrés à Paris en 1937, où le jeune altiste japonais est venu se perfectionner, sous la direction du célèbre professeur Maurice Vieux, alors qu'Anna est élève de l'École normale primaire. Mais bientôt Jun, obligé de retourner dans son pays, est engagé malgré lui dans la guerre Sino-japonaise qui le brise, au point qu'il en oublie sa promesse faite à Anna... Une histoire d'amour que découvre bien des années plus tard la petite-fille de Jun et Anna, Mizuné, altiste elle-même.

Akira Mizubayashi croit indéniablement au pouvoir de la musique, celui que certaines oeuvres ont de transmettre la vérité d'un sentiment, d'une situation, d'une époque. C'est ce que l'on comprend avec Reine de coeur, un roman ambitieux qui s'ouvre sur une scène insupportable, métaphorique d'un Japon nationaliste, mortifère pour ses ennemis comme pour les Japonais eux-mêmes. Les mouvements suivants, même si parfois teintés de naïveté, sont à la hauteur d'une symphonie, telle la huitième de Chostakovitch qui après d'épouvantables tempêtes laissent place à de gracieux temps calmes...
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Après avoir lu "Ame brisée", j'ai désiré connaître un peu plus cet auteur qui nous fait l'honneur d'écrire dans notre langue, le français. Et quel français !
Ce roman, qui est aussi une recherche familiale, comme les deux précédents que j'ai lu ( "Les enfants endormis" et "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent" ), est un morceau de musique avec ses mouvements, ses instruments ( l'alto, en particulier ), son compositeur ( en l'occurrence l'auteur ) et ses spectateurs ( nous, les lecteurs ).
Je ne peux que vous en recommander la lecture. C'est un petit bijou, délicat comme une fleur de cerisier.
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Après lecture, je vais tenter d'expliquer pourquoi mon impression est très mitigée. J'avais pourtant beaucoup aimé " Âme brisée ".

L'histoire d'Anna, la française, et de Jun, le japonais , leur séparation non voulue, sont touchantes, nul doute. L'enfer de la guerre coloniale du Japon en Chine , à travers le journal de Jun, est analysé avec réalisme, quelle cruauté !

Cependant, plusieurs points m'ont un peu gâché le plaisir: j'ai trouvé la rencontre des" descendants" Mizuné et Oto mièvre et peu crédible. de plus, les explications qu'ils se fournissent l'un à l'autre semblent redondantes pour le lecteur, qui les connaissait déjà en grande partie. Et cette fois, le style de l'auteur, japonais écrivant en français, m'a désarçonnée davantage. Des notations fort prosaïques comme le contenu d'un repas alternent avec des envolées romantiques étranges.

Par contre, l'auteur livre de manière intéressante, par l'intermédiaire de Jun, sa perception de la langue française. Et bien sûr, son amour de la musique, thème leimotiv de ses livres.

Bref, un ressenti en demi-teintes, je m'attendais à être plus enthousiaste. Je pense lire quand même le dernier: " Suite inoubliable".
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
10 août 2022
On sait depuis longtemps que toutes les histoires d’amour ne se terminent pas bien. Ce beau roman nous le rappelle une fois de plus.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeFigaro
18 avril 2022
Ce roman est construit comme une symphonie, par mouvements, analogue en cela à la Huitième de Chostakovitch, cet hymne à la paix qui court tout le long du récit.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
SudOuestPresse
18 avril 2022
Le dernier roman de Mizubayashi sonne comme une symphonie polyphonique et amoureuse
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
— Qu'est-ce que tu dis, espèce de connard ! C'est un ordre ! C'est moi qui t'ordonne de faire ça ! Souviens-toi de ce qui est écrit en toutes lettres dans le Rescrit impérial aux militaires et aux marins. L'ordre d'un supérieur équivaut à l'ordre de Sa Majesté impériale. Je ne te laisserai pas dire que tu l'as oublié l

De nouveau, Ashibé, proférant « Sa Majesté impériale » sur un ton d'absolue soumission, se tient obséquieusement au garde-à-vous.

— Non... sergent-major... non... je ne crois pas... je ne crois pas qu'on puisse faire ça... Non, vraiment, ce n'est pas possible... Je n'ai pas... Je n'ai pas le droit... On n'a pas le droit de faire une chose pareille...

— On n'a pas le droit ? Tu débites là des balivernes ! Je ne te demande pas ton avis. Je te demande de passer à l'acte ! Tu n'as pas le droit de désobéir à mon ordre ! C'est mon commandement, le commandement de ton supérieur ! C'est celui de Sa Majesté impériale par conséquent ! Sinon, tu seras accusé de haute trahison contre l'essence sacrée de notre grand empire nippon. Tu te rends compte de ça ?
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Broyé sous le poids d’une hiérarchie militaire au sommet de laquelle est assis un prince divinisé, le petit soldat ne peut pas faire autrement que de se résigner à prendre enfin l’arme blanche d’une parfaite courbure géométrique. Il la tient maintenant avec ses deux mains. Une jubilation perverse affleure sur le visage du militaire qui observe le moindre geste du fantassin novice. Celui-ci se rapproche du condamné à mort agenouillé au seuil du gouffre, qui étouffe ses gémissements de peur dans l’imminence de son exécution. Le bidasse, effrayé, brandit le sabre, ferme ses yeux perlés de gouttes de sueur ; il tressaille. L’officier, triomphant, scrute son visage.
— Vas-y… ! Montre-moi que tu es un vrai Japonais, digne de l’armée de Sa Majesté impériale !
Tout à coup, une voix intérieure s’élève du fond des ténèbres : « Non, tu ne peux pas faire ça, tu ne dois pas… tu es un homme avant d’être un Japonais… Tu es nécessairement un homme, et ce n’est que par hasard que tu es japonais… Ta naissance est un pur hasard. Il n’y a pas de quoi être fier… Par contre, sois fier d’être un homme, un homme…  
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29 septembre 1945
J’ai vu dans le journal la photo de l’Empereur avec le général MacArthur. On en parle beaucoup. Ils sont l’un à côté de l’autre. La photo a été prise à l’ambassade des États-Unis. Cela veut dire que c’est l’Empereur qui est allé voir MacArthur… L’Empereur qui va voir quelqu’un ! C’est du jamais vu, ça ! Ce sont les autres qui vont le voir, normalement… L’Empereur, en smoking avec une cravate à rayures, droit comme un piquet devant l’appareil photographique, est un tout petit homme à côté du militaire américain géant. Celui-ci mesure peut-être vingt centimètres de plus ! Il est en tenue décontractée, sans cravate, les deux mains sur les hanches. On dirait que le dieu nippon est terrassé par un homme américain. Les gens de ce pays vont-ils continuer à croire que ce petit homme est un dieu, une divinité sur terre ? 
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 10 janvier 1945
Sous-alimentés, ces prisonniers sont d’une maigreur effroyable. On dirait des squelettes habillés d’une peau défraîchie, rongée, en plus, de plaies suintantes un peu partout… Leur vision est insoutenable. Est-ce qu’on a le droit de traiter ainsi des êtres humains, même s’il s’agit d’ennemis qui osent s’opposer à la noble et vertueuse intention de notre Prince impérial ? Ce sont des hommes comme nous. Ils sont nés sous un autre ciel, dans un autre pays, dans une autre culture, dans une autre langue, sous d’autres mœurs, mais ils respirent comme nous, ils ont des sentiments comme nous, ils pensent comme nous ; comme nous, ils portent en eux tout un monde d’idées, d’émotions, de sensibilités… De cela, je ne peux douter… 
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 Ninomiya m’a conseillé de me méfier de deux soldats vétérans qui sont les « rois du lynchage ». « Ils ont subi, comme toi, des violences infondées quand ils étaient eux-mêmes conscrits ; devenus vétérans à leur tour, ils agissent de la même manière à l’égard des soldats nouvellement enrôlés. C’est ça l’armée de l’Empereur. Les aînés et les supérieurs jouissent d’un pouvoir absolu qu’ils croient recevoir directement de l’Empereur et qu’ils croient pouvoir impunément exercer sur les êtres qu’ils considèrent comme structurellement inférieurs… »
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