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EAN : 9782915492637
368 pages
Editions Cornélius (30/10/2008)
4.02/5   44 notes
Résumé :
Fin 1943, une troupe de l'armée impériale japonaise débarque sur l'île de Papouasie-Nouvelle Guinée. Les engagés (pour la plupart de jeunes recrues) font alors l'apprentissage de la survie dans cette contrée d'apparence paradisiaque : pêcher, construire des abris, éviter les pièges de la jungle... Et puis un jour, l'ennemi est là. Les combats qui se succèdent n'ont rien d'héroïque, ils s'imposent aux soldats résignés, finissant par ne devenir qu'un aspect d'une vie ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
1945, sur une île située entre Nouvelle-Guinée, Philippines et Indonésie, aux confins de l'immense empire japonais, qui est au bord du gouffre. Les combats font rage avec les soldats américains, mais la cause semble déjà entendue. Quelques centaines de soldats nippons sont là dans cette jungle. Ils doivent faire attention à ce qu'ils mangent, les maladies et la mort rôdent autour d'eux et les rangs sont atteints. Cette atmosphère de fin du monde, d'un monde, n'exclut pourtant pas une trivialité et une camaraderie parfois décalées, qui souligne le caractère absurde de la situation, et de la guerre. Les soldats sentent bien qu'ils ne reviendront pas, mais les blagues autour du sexe et de la bouffe sont omniprésentes. Manger, baiser, chier sont à l'ordre du jour.

Yoshida, Maruyama, Kurimoto, Tanaka, etc, le lecteur est immergé au sein de la troupe des troufions que Mizuki nomme comme pour leur rendre hommage, les incarner. Une troupe commandée avec violence par des supérieurs qui vont l'entraîner à se sacrifier au nom de l'Empereur et de l'honneur, dans un dernier assaut désespéré tant le combat est inégal, perdu d'avance sous la puissance de feu ennemie. Des supérieurs qui ne s'honorent, eux, pas forcément, en frappant les hommes, et en cherchant pour certains d'abord à sauver leur propre peau. Dans cet enfer brille et se lève la figure du médecin militaire, qui ose se lever contre la hiérarchie implacable, pour sauver le genre humain et la morale...Se heurtant à un mur d'incompréhension, il préfèrera se suicider.

On connaît Mizuki pour son génie inventif qui a fait revivre la tradition légendaire des yokai, c'est ici sa veine historique militaire qui s'exprime, tout aussi passionnante (voir par exemple son remarquable Hitler).

Mizuki sait de quoi il parle, il l'a vécu de l'intérieur une situation quasi-similaire. Il concède donc que ce récit est pour 90 % autobiographique. On parle ici d'une mission collective suicide (Gyokusai), dont finalement aucun soldat ne doit revenir. Il faut mourir pour l'Empereur, celui qui en ressortira vivant devra se suicider. Les soldats japonais sont de la marchandise, de la chair à canon, et moins important qu'un cheval. Mizuki, qui a perdu son bras gauche à la guerre, fait de cette oeuvre un manifeste pacifiste et humaniste.

Les situations mêlent l'impitoyable et l'horreur, la violence, l'absurde et l'humour (l'amateurisme des soldats fait parfois penser à la 7ème compagnie !), avec un trait à la fois précis et simple. Les planches relatant les combats sont magnifiques dans leur double page muette qui n'est pas sans rappeler les plans aériens d'un Apocalypse Now.

Encore un immense livre de Shigeru Mizuki, un des plus grands maîtres du manga.
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Dans la lignée de « Lettres d'Iwo Jima », le beau film de Clint Eastwoodd, ce passionnant manga signé Shigeru Mizuki permet de découvrir la guerre du Pacifique du point de vue des vaincus : ces soldats japonais mal équipés, mal nourris, livrés aux coups et aux brimades d'officiers d'un autre âge qui n'hésitent pas, quand les choses tournent mal, à obliger leurs troupes à se faire exterminer pour l'honneur et l'Empereur.

C'est le destin d'un petit groupe de soldats, voué dès le départ à l'une de ces missions suicide (gyokusai, en japonais), que raconte Opération mort. Parmi ces malheureux bidasses, le seconde classe Muruyama (mélange de Candide, de Bardamu et de soldat Chveïk), fait figure de souffre-douleur. À lui les insultes, les volées de coups et les corvées de tinette. Doté d'épaisses lunettes de myope, Murayama assistera jusqu'au dernier assaut à la destruction de sa compagnie composée de jeunes hommes terrorisés, dont l'unique souhait serait de manger quelque chose avant de mourir.

Bien loin des clichés (ces soldats fanatisés montant à l'assaut en hurlant Banzaï !), Opération mort est un virulent réquisitoire contre une idéologie délirante, personnifiée à l'époque par l'Empereur Hiro-Hito, qui interdisait la reddition, et bien sûr la défaite, à l'armée japonaise. C'est ainsi que dans le manga, le sacrifice demandé aux soldats est non seulement inhumain, mais aussi et surtout inutile sur le plan stratégique.

Mais ce livre peut être lu aussi comme une dénonciation de toutes les idéologies (ou religions) qui poussent des êtres humains au martyre au nom d'abstractions.
« Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente », chantait Brassens.
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Pendant la guerre du pacifique, quelques sections japonaises perdues dans la jungle craignent l'attaque imminente de l'ennemi. Mais leur principaux problèmes restent trouver de la nourriture, de l'eau, de survivre à la sauvagerie de la jungle. le reste du temps, les soldats sont partagés entre peur et ennui, jusqu'à ce que l'affrontement éclate, avec des conséquences d'une absurdité révoltante. Je serai tenté de voir ans Opération Mort une sorte de 'Catch 22' japonais, ce 'piège à cons' qui condamne les soldats à coups de règlements de plus en plus déconnectés de la réalité.
Mizuki s'est inspiré de sa propre expérience pour cette 'Opération Mort', qu'il estime comme étant à 90% autobiographique. Mélangeant décors parfois proche du photoréalisme et personnages typiquement 'mizukien', il accentue à quel point sessoldats ne sont pas à leur place, perdu dans un environnement qui n'est pas le leur, dans une guerre qui ne les considère que comme des utilités et plus comme des êtres humains. On pourra estimer qu'il s'agit d'une tare de la mentalité japonaise, mais ce serait oublier un peu vite ce qui s'est passé lors de la première guerre mondiale, lorsque, par exemple, le général Réveilhac, ordonna le pilonnage de ses propres troupes pour les pousser à l'assaut. Un grand livre, et si vous êtes allergique au manga, que cela ne vous arrête pas.
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Opération Mort est un manga signé Shigeru Mizuki ("Hitler"). Ce mangaka qui perdit le bras gauche durant la Seconde Guerre mondiale et qui apprît ensuite à dessiner de la main droite, a déjà accumulé de nombreuses récompenses, dont un prix du meilleur album pour "NonNonBâ" en 2007, et le prix patrimoine pour cet ouvrage en 2009 au festival d'Angoulême. En relatant un épisode méconnu de la Guerre du Pacifique, l'auteur aborde donc un sujet qui l'a touché personnellement.

Se nourrissant de ses propres souvenirs de guerre, le mangaka invite à suivre l'histoire d'un régiment envoyé en mission sur une île de Papouasie-Nouvelle-Guinée pendant la Seconde Guerre mondiale. Si la menace d'une offensive américaine n'est jamais loin, ce n'est pourtant pas l'ennemi qui est à l'origine du taux de mortalité élevé sur cette île paradisiaque. le quotidien de ces soldats condamnés à tout sauf au combat lors de travaux de construction éprouvants effectués dans des conditions déplorables, n'a rien de vraiment réjouissant et, à défaut de succomber sous les balles ennemies, ce sont donc la faim, la maladresse, les crocodiles et la maladie qui déciment les vaillantes troupes nippones. Et ceux qui parviennent à survivre à la vie du camp peuvent compter sur la bêtise d'une hiérarchie bien décidée à sauvegarder l'honneur des troupes de l'Empereur, quoi qu'il arrive. Isolés sur île perdue au milieu de l'océan, le destin de ces hommes semble donc inéluctable : mourir d'une mort inutile et stupide, mais…pour la patrie !

Mizuki décrit la réalité des soldats japonais avec beaucoup de brio. Mêlant horreur et humour, il souligne l'absurdité de la situation dans laquelle se trouvent ces hommes conditionnés par les traditions du pays et par une hiérarchie qui incarne la mentalité japonaise de l'époque. Si le sens de l'honneur a souvent raison de l'envie de vivre de ces jeunes soldats, l'auteur dresse néanmoins le portrait de soldats qui n'ont rien de kamikazes fanatiques, mais qui ressemblent plutôt à des victimes d'une idéologie absurde.

Visuellement, Mizuki combine des décors photo-réalistes splendides à des personnages caricaturaux expressifs. Si le mélange peut surprendre, il contribue néanmoins à souligner l'absurdité de la situation dans laquelle se trouvent ces personnes condamnées à mourir pour le bien collectif. Heureusement que ce mangaka n'est pas mort au nom de la patrie…
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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1942 - Occupation de l'ile de Nouvelle Bretagne par les japonais. Mizuki décrit un bataillon de soldats isolés sous la férule d'un officier supérieur obnubilé par les questions d'honneur et de sacrifice. L'auteur détaille les brimades des gradés et l'incompétence des officiers devant des soldats enrôlés de force, mals nourris et victimes de maladies tropicales. Opération mort pour les japonais est synonyme d'opération jusqu'à la mort. On y constate les ravages d'un code de l'honneur inadapté et de colonels qui sacrifient des milliers de soldats parfois inutilement.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
LE CAPITAINE : Pardonnez mon insolence, mon colonel, mais si notre mission est de protéger les soldats de Rabaul en servant de cible à l'ennemi, nous pouvons tout aussi bien le faire depuis la montagne !

LE COLONEL : Ce n'est pas faux, cependant, cela priverait nos hommes d'un combat en bonne et due forme. En tant que commandant de la troupe de Bayen, il est de mon devoir de ne pas les laisser mourir comme des chiens !

LE CAPITAINE : Comme des chiens ?! Mais c'est ainsi qu'ils crèveront si vous les envoyez au casse-pipe !

LE COLONEL : Comment osez-vous ?!

LE CAPITAINE : Je refuse de mourir ainsi !

LE COLONEL : Vous n'avez pas le choix ! L'opération mort aura lieu, et vous en ferez partie !
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- Vous avez droit à trois grenades chacun. Servez-vous !
- D'accord.
- Quand c'est fait, fichez le camp d'ici ! Vous avez entendu ? Du balai !
- Chef, il faut que j'aille pisser.
- Vas-y, mais fais vite !
- Je peux y aller, moi aussi ? C'est pour la grosse commission.
- Quelle bande d'idiots ! File dans l'abri, et que ça saute !
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Ôter volontairement la vie est un crime !
Je vous rappelle qu'à l'armée, les soldats sont la pour tuer...
L'armée ? Foutaise !
L'armée est une belle saloperie oui ! Une vraie plaie pour l'humanité !
Ça fait ressortir nos mauvais penchants !
C'est malsain et puant ! À côté de ça, regardez autour de vous la beauté de ce ciel, la sérénité des gens d'ici ! Écoutez ces chants d'oiseaux ! C'est ça la vie !
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Des gars s'engagent de leur plein gré
dans cette fichue armée
pour servir leur patrie ;
pour elle, ils quittent en larmes leur p'tite amie...
À l'aube réveillé pour les corvées,
par des chefs sans cœur, te v'là brimé,
et les jours sans fin te font pleurer...
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- Ecoutez tous ! Suite à l'échec de la chasse au porc, nous allons désormais nous consacrer à la pêche. Pour ça, nous utiliserons des grenades. Nakamoto, Kayama, vous irez pêcher. Pour les autres, vous poursuivez la construction du camp.
- A vos ordres !
- Vous avez entendu, les bleus ?
- Euh...
(Le chef frappe un des "bleus")
- Ça y est ? C'est rentré ? Y'a pas à dire, les nouveaux, c'est comme les tatamis : plus on les tape, meilleurs ils sont !
- Oui, chef !
...

- Dis, Akazaki, t'as pas l'impression d'être en prison, ici ?
- Non, pas en prison...en enfer.
- Qui c'est qui cause ?! Je veux plus rien entendre !!
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Vidéo de Shigeru Mizuki
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