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EAN : 9782738128874
336 pages
Odile Jacob (07/01/2013)
4.14/5   7 notes
Résumé :
Remise en cause de la théorie d'Einstein, de celle de Darwin, créationnisme et fondamentalismes, cosmologies païennes, mouvements technofascistes, idéologies radicales anti-science ? Pourquoi des personnes formées à la science en viennent-elles à adopter une attitude en opposition virulente à la science de leur époque ? Comment mobilisent-elles leur capacité de raisonnement au service de dogmes et d'idéologies sans rapport avec la science ? Peut-on tirer un fil hist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un ouvrage intéressant et instructif sur ce que l'auteur appelle Alterscience. Il s'agit de théories hétérodoxes qui remettent en cause les théories scientifiques communément admises. Malgré leur caractère aberrant, elles émanent d'auteurs ayant une culture scientifique réelle. Selon Moatti, ces auteurs ont généralement une formation d'ingénieur, souvent poussée (beaucoup de polytechniciens) mais qui éprouveraient un sentiment de frustration à l'égard des scientifiques universitaires et souffriraient d'un défaut de reconnaissance. Après une carrière réussie, ils se lancent dans des études théoriques, et essaient d'obtenir la notoriété, en s'efforçant de réfuter les théories scientifiques établie. Ils parviennent à cette notoriété mais pas celle qu'ils voudraient : s'ils parviennent souvent à une célébrité médiatique, ils ne sont évidemment jamais reconnu comme des pairs par les scientifiques, vu le caractère aberrant de leurs théories.
(Je prie les ingénieurs qui me liraient d'accepter mes excuses, je ne fais que reproduire les propos de Moatti).
Ils s'attaquent de préférence à des théories connues, telles que celles de la relativité, de l'évolution, mais aussi à l'héliocentrisme et considèrent alors Copernic comme un imposteur, sans remettre nécessairement en cause l'existence d'un cosmos au-delà de la terre. Ils élaborent des cosmogonies aberrantes telles celles de Velikovski ou Horbiger. Cette dernière sera consacrée officiellement dans l'Allemagne nazie. D'ailleurs les altersciences peuvent accéder à un statut officiel dans les régimes totalitaires, qui s'efforcent de créer une science national-socialiste, ou une science prolétarienne dans l'URSS de Staline.
Ces théories se distinguent des fondamentalismes religieux, même lorsqu'elles en reprennent les thèses. En effet le créationnisme, la théorie de la "terre jeune" ( Terre créée il y a six mille ans), géocentrisme), même lorsqu'elles émanent d'esprits religieux, ce qui n'est pas nécessairement le cas, prétendent se fonder uniquement sur des bases scientifiques, et non sur la fidélité à un texte sacré révélé.
Il ne faut pas non plus confondre alterscientistes et complotisme. La plupart du temps les complotistes ne revendiquent aucun alibi scientifique. Cependant les thèmes se recoupent souvent. On pourrait peut-être d'ailleurs définir l'alterscientisme comme un complotisme savant.
On trouve aussi des alterscientistes d'extrême gauche, qui sont souvent les mêmes que les négationnistes de la Shoah de cette mouvance. On retrouve d'ailleurs les protocoles des Sages de Sion et le complot du gouvernement mondial chez certains alterscientistes (sans la fioriture des lézards cannibales et pédophiles.)
On trouve aussi une très intéressante analyse de certains effets pervers du principe de falsifiabilitté de Popper - voir citation
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Très bon livre permettant de mieux comprendre les réactions négatives à la science, la face cachée de la modernité.
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critiques presse (1)
LesEchos
21 février 2013
L'« alterscience » c'est toutes ces théories plus ou moins délirantes, mais se proclamant scientifiques, qui jalonnent l'histoire des idées. Une passionnante promenade où l'auteur nous entraîne à travers ce musée des obsessions et des paranoïas.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Examinons à présent comment certains courants épistémologiques peuvent nourrir à leur insu l’alterscience – autre forme de connexité. L’essai de définition de la science par Karl Popper en est un exemple. Selon lui, une théorie scientifique est un énoncé qui ne peut être vérifié, mais seulement réfuté. Cette définition est pain bénit chez les ingénieurs concepteurs de théories physiques alternatives. Ils la déforment ainsi : « Une vérité est une chose qu’on n’a pas réfutée. » La théorie combattue, comme la relativité d’Einstein, est ainsi réfutée par leurs « preuves » (par exemple les expériences du pendule paraconique de Maurice Allais) – et ce alors que la relativité a été jusqu’à présent vérifiée par de nombreux tests expérimentaux. Mais, selon leur vision arc-boutée sur Popper, une réfutation a valeur scientifique, ce que n’ont pas mille vérifications : tous les cygnes sont blancs jusqu’à ce qu’on en ait vu un noir. Inversement, que leur propre théorie soit invérifiable ne les gêne pas particulièrement puisque, toujours selon Popper, le caractère vérifiable n’assure pas la validité d’une théorie – nous avons vu que Vallée, par exemple, se souciait peu d’expérimentations relatives à sa théorie…

Le logicien et mathématicien Jean-Yves Girard a décrit les limites de l’épistémologie de Popper. Il qualifie ce qu’il appelle le « paupérisme » de ratiocination et d’idéologie positiviste très surfaite et médiatisée5, qui vient à point nommé servir d’« accompagnement des thèses négationnistes ». Et Girard de brosser un tableau de ces négationnistes qui ressemble au nôtre :

Des aigris, des capitaines Nemo sans Nautilus, qui en veulent à la pensée, cette sécrétion d’une glande inutile, le cerveau, et sa manifestation la plus prétentieuse, les mathématiques.

Jacques Bouveresse [1985] n’est pas en reste contre Popper, lequel « en érigeant l’attitude critique en impératif de la vie intellectuelle, a encouragé les ignorants (qui n’avaient pas besoin de ce genre de caution) à s’imaginer que la contestation de principe était la seule chose qui compte ».

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Video de Alexandre Moatti (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Moatti
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Pour en parler, Emmanuel Laurentin reçoit Alexandre Moatti (polytechnicien et docteur en histoire des sciences), Nesrine Slaoui (journaliste au Bondy Blog), Nassim Larfa (ancien président d'Ambition campus), et Marianne Blanchard (maître de conférence à l'université de Toulouse).
Le Temps du débat d?Emmanuel Laurentin ? émission du 31 octobre 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/temps-du-debat
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