Acheté le 1er juillet, Joseph Gibert- Bd St Michel- Lu le 15 juillet 2021
« le meilleur moyen de te débarrasser de tout ce qui t'importune est de le faire par ton travail. Alors dessine, dessine, dessine.”
Loin de mes choix habituels, j'ai choisi ce texte graphique dans une librairie spécialisée BD et Musique… le hasard a accroché mon regard : le dessin de la couverture, très expressif et terrifiant d'une vieille dame à la mine des plus renfrognées : une tête de sorcière, comme on se les imagine, gamin !
L'auteur-dessinatrice se raconte : partie de Téhéran en 2016, s'installe l'été de cette même année à Montréal, avec son ami, Fareed, ingénieur et elle , dessinatrice de presse. Elle nous raconte ses difficultés pour trouver un boulot tout en revenant sur sa jeunesse iranienne, et comment le poids de la mentalité conservatrice de son pays a continué à la « hanter » et la « poursuivre » même après son arrivée au Canada.Une ancienne professeure que la dessinatrice a eu en classe de 6ème,Mme Karimi , très rigide, vient la hanter dans des cauchemars récurrents et répétitifs…avec des insultes et les interdictions quotidiennes martelées aux filles…à cette époque !
Un petit mot sur le parcours de Shaghayegh MOAZZANI : elle est née an 1986 en Iran. En 2010, elle sort diplômée de l'Université des Beaux-Arts de Téhéran. Elle commence sa carrière comme peintre, mais elle est très intéressée par la narration ; ce qui va la pousser vers l'illustration et la bande-dessinée…
Il aura fallu cinq années de patience , d'attente et un mariage de « raison » pour l'obtention des papiers lui permettant de quitter l'Iran , avec une période , où elle se retrouve séquestrée par ses parents pour la marier selon leur volonté ; Une période des plus sombres où les pensées suicidaires l'assaillent!
Dans ce récit très personnel, il est frappant (et souvent constaté) de constater que la personne la plus terrifiante et la plus répressive qui apparaît dans ses cauchemars, obsédée par les traditions, empêchant les jeunes filles , ses élèves, de vivre et décider pour leur vie…se trouve être une femme ; terrible gardienne de l'ordre ancien !
Une majeure partie de dessins est en noir et blanc avec quelques rares illustrations sur fond jaune pâle…qui démarquent le plus souvent l'imaginaire du réel !
A la fin de ce roman graphique, la dessinatrice ajoute un glossaire de termes iraniens, correspondant à des traditions et usages spécifiques, qu'elle explique et commente., ainsi que des précisions sur la « Constitution iranienne et les Femmes »
Roman graphique réussi qui reste très fort, en dépit de passages parfois très répétitifs !...
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Shaghayegh fuit l Iran et veut poursuivre sa carrière en temps que dessinatrice de presse. Elle vit à Montréal mais reste très ancrée dans sa culture et ne plonge pas dans l actualité canadienne ou même occidentale. Les difficultés pour retrouver un travail sont encore plus grande pour ces raisons.
On y découvre le poids de toute la société iranienne sur cette jeune femme. Celui-ci est omniprésent et même sournois même chez une femme qui semble être libérée.
Graphiquement certainement planches sont intéressantes mais elle ne sont pas toutes de la même qualité, avec quelques problèmes de proportions.
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On a de l’empathie pour l’auteure, mais on sort néanmoins de son récit autobiographique, très ancré dans le quotidien, avec le sentiment d’être resté en surface des choses.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Dans son premier récit graphique, elle raconte les bouleversements vécus lors de son émigration. Alors qu’elle tente de s’ajuster, une vieillarde lui apparaît en vision, l’injuriant constamment. Que lui veut-elle ? Qui est-elle ? C’est en cherchant ces réponses que la jeune femme trouvera sa propre vérité. Des explications en fin de volume aident le lecteur à comprendre le poids des traditions qu’elle a laissé derrière.
Lire la critique sur le site : LActualite
Les Éditions çà et là nous font découvrir un nouveau talent de la bande dessinée iranienne qui partage ses souffrances et les stigmates liées à l’exil. Un rappel utile par les temps qui courent.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Hantée démontre sans atermoiement, avec sincérité et justesse, la pression des traditions religieuses que peuvent subir encore maintenant les femmes iraniennes dans ce pays ainsi que leurs stigmates, pour celles qui ont eu l'opportunité de s'exiler.
Lire la critique sur le site : BDGest
Bien sûr, je savais qu'en tant que femme je ne pourrai jamais être libre sous la Constitution iranienne, et que je resterai toujours une esclave. Mon père n'était pas un bon maître, il me tourmentait en permanence. Alors, je voulais trouver un nouveau maître rapidement. Le mariage était le seul moyen d'avoir un nouveau propriétaire.
De tous les super-héros américains, c'est Hulk que je préfère. Enfin, j'ai l'impression de pouvoir le comprendre. Il a du mal à maîtriser sa colère, exactement comme moi.
Le meilleur moyen de te débarrasser de tout ce qui t'importune est de le faire par ton travail. Alors dessine, dessine, dessine.
-Quand est-ce que les règles s'arrêtent pour de bon ?
-Quand vous atteindrez un âge avancé, vous perdrez votre fertilité et deviendrez une bonne à rien. On appelle ça la ménopause.
-Je n'arrive pas à croire qu'on nous enseignait des choses pareilles à l'école. pas étonnant que je sois furieuse contre mon corps à chaque fois que j'ai mes règles. A partir de maintenant je vais davantage aimer mon corps.
J'ai fait un rêve merveilleux. J'ai rêvé que c'était le lancement de mon premier livre. Dans mon rêve, j'étais la créatrice de Tintin.
Télé Matin
Dans Courrier International est publié la caricature la dessinatrice iranienne Shaghayegh Moazzami, exilée au Canada.