on te dit choisis…
on te dit choisis
choisis ton camp, ta frontière, ton pays
raye tout le reste, choisis
pas de place pour à moitié, à demi, choisis
gratte, arrache, la chair, la peau
il ne restera rien qu'un peu de rouille sur la photo
souvenir d'un temps, d'une illusoire
unicité, unité, raye, syllabes, lettres
choisis
une langue, sans maux propre et nette
et tant pis pour l'accroc
ton dessin d'île
possible
commune
sur le cahier tout au fond de la salle
tu ne te souviens pas de ce temps disparu…
tu ne te souviens pas de ce temps disparu
ce paradis perdu
que certains nomment enfance
tu ne l'as jamais vu
tu ne te souviens pas de cette odeur de sang
qui te raconte le récit
dans lequel ta mère écarte les jambes
sur un matelas sale
où tu glisses bancale
chose déjà adulte
sur le sol d'une maison secrète
ton poème est une tignasse…
ton poème est une tignasse crépue qui t’embrouille la tête
comment dire koman kozé
out poèm i galop i galop com in bébéte sovage
out lang la leur
t’entraînent au fond de l’eau
dans un écheveau d’algues
out sévé sec maillé tu te demandes
où trouver tes coraux naufragés
les mots, ces gros galets,
sous les vieux bouts d’épave