AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 864 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cette petite musique récurrente, ce charme mélancolique d'un nocturne toujours rejoué ce sont, hors la quête vaine d'un Éternel Retour, nos vies et leur rapport au passé, au temps en allé, aux occasions manquées, à la perte, à l'absence.

Cependant que nous enjoignons des personnages de romans que, par-delà ces "pentes" et ces "zones neutres", ils nous renseignent sur le sens de nos trajectoires entrecroisées.

ClaireG s'en est allée à jamais.
Malaura ne répond plus à mes messages.
kundry, qui m'avait fait découvrir ce site, l'a déserté.
On y croise moins Krout, et LoloKiLi est partie en voyage.
Petitebijou s'est jetée dans un fleuve et n'a que faire de ses breloques posthumes.

Tels les héros modianesques, de nos existences oscilleront peut-être, fragiles et éphémères, d'improbables rencontres et quelques lignes en mal de reconnaissance, écrites sur la main courante d'un réseau social.

Bref, un beau roman choral pour (nos) petites destinées égarées.

"Et puis les gens disparaissent un jour et on s'aperçoit qu'on ne savait rien d'eux, pas même leur véritable identité.[...] le coeur se serre à la pensée des choses qui auraient pu être et qui n'ont pas été."
Commenter  J’apprécie          6917
Lire "Dans le café de la jeunesse perdue" c'est trouver refuge dans"les points fixes" ou "les zones neutres" du Chien qui fume, du Sans-soucis ou du Condé avec un cahier claire-fontaine rouge à la main dans lequel sont consignés tous les noms de ceux qui y sont passés avant nous.
C'est porter dans sa "valise de cuir grenat" toute la bohème parisienne et des dizaine de livres aux titres appelant aux songes : Les Chants de Maldoror, Les Illuminations, Les barricades mystérieuses, Horizon perdu... C'est passer la porte de l'ombre avec Jacqueline du Néant dite Louki et prendre de la neige au Sanglier bleu, au Kanter ou au Moulin Rouge.
C'est encore suivre cet esprit libre se métamorphoser_ de la gamine vagabonde en femme troublante... et rencontrer avec elle toute une jeunesse fantasque semblant évoluer à la belle époque ou bien au cœur des années folles.
Enfin c'est voyager vers l'infini, Rive gauche à Paris avec une amie mélancolique-énigmatique qu'une polyphonie harmonieuse révèle ici...
Commenter  J’apprécie          131
Le titre est presque une signature de l'auteur, mieux son empreinte digitale. On trouve chez Modiano une sorte de nostalgie, de recherche des origines, une quête permanente d'identité, une déambulation sans fin dans les rues de Paris au milieu de la grisaille et de la brume dans un monde ou flotte un secret inaccessible. Modiano fait surgir dans le Paris des années 50 une pléiade de fantômes pour reconstruire l'histoire de son héroïne Louki. le vocabulaire utilisé dans les titres de ses romans donne le parfum de l'oeuvre : Villa triste, Ronde de nuit, Quartier perdu, du plus loin de l'oubli, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Souvenir dormant etc. Modiano est un écrivain régulier qui poursuit son chemin avec détermination, mais sans précipitation : un roman tous les deux ans depuis son premier roman en 1968 « La place de l'étoile ».

L'univers de Modiano est envoûtant et nous ramène irrésistiblement vers nos propres racines, nos propres questionnements sur l'existence et sur les trajectoires de chaque personne que l'on a croisées dans sa vie. Modiano mène une enquête permanente sur les raisons qui déterminent nos vies et cherche à fixer des moments, à rassembler des souvenirs pour reconstruire le puzzle de la vie. Cette recherche ou flotte la nostalgie et le désespoir de ne pas pouvoir reconstituer parfaitement le passé donne à ses romans une atmosphère parfois oppressante. Mais la force de l'écrivain est de ressentir le réel avec acuité et surtout de pouvoir traduire par des mots et des phrases justes les impressions que le lecteur éprouve, mais ne sait pas formuler.

Modiano admet volontiers qu'il réécrit inlassablement le même livre comme ces artistes qui reproduisent à l'infini le même motif. Les rayures de Buren, les pois de Kusama, les 40 tableaux de la cathédrale peints par Claude Monet a qui l'on doit aussi 250 peintures à l'huile impressionnistes représentent des nénuphars sans oublier Van Gogh et ses tournesols. Cette démarche n'est-elle pas la tentative de fixer l'instant pour arrêter le cours tumultueux du temps ? On comprend mieux pourquoi le secrétaire de l'académie Nobel a qualifié l'auteur de « Proust de notre temps ».

Modiano est une sorte de généalogiste radical qui voudrait retracer la vie de chacun à partir d'indices insignifiants, consigner petits et grands évènements de tous les jours pas seulement pour écrire l'histoire, mais surtout pour savoir d'où l'on vient pour comprendre ce qui nous détermine. C'est l'un de mes écrivains préférés même si je n'ai pas encore lu toute son oeuvre.

— « Dans le café de la jeunesse perdue », Patrick Modiano, Gallimard (2007) 149 pages.
Commenter  J’apprécie          102
Comme Fleur Pellerin, je n'avais pas lu Modiano. J'ai donc profité de l'attribution du prix Nobel pour le découvrir. Et ...

Et oui, quelle littérature ! J'ai adoré ce café de la jeunesse perdue.

- On est à Paris, dans les rues, les boulevards, les cafés, bref l'atmosphère de Paris.
- Dans les années 50, avec moins de bruit, de circulation et de pollution mais plus de librairies, c'est mieux.
- On évoque surtout les cafés et les librairies, what else ?

Et sinon, ça parle de quoi ?

C'est l'histoire d'une femme, révélée à petites touches, par des hommes qui la côtoient et par elle-même. Récits qui se croisent, parfaitement maîtrisés, dans une langue simple, dont chaque partie nous apporte un éclairage sur le personnage.
C'est aussi l'ambiance du café Condé (désormais une maroquinerie, la vie est si dure !) où apparaît (renaît) ce personnage.
Ca avance à petites touches, et pourtant, ce n'est jamais lassant, car on bouge au rythme de Paris.
Paris, vous l'aurez compris, l'autre personnage principal du roman, si ce n'est LE ...
Un regret ? Ne pas l'avoir lu in situ à une terrasse de café. Ce serait le rêve absolu !
Et, lecture de Modiano à poursuivre donc ...

Commenter  J’apprécie          100
Modiano c est la musique que j écoute parfois sans pour autant ouvrir une de ses composition. Juste à l intérieur, parce que l endroit ou l ambiance, la lumière s'y prêtent. Modiano a ce don de vous prendre par la main pour une visite mélancolique d un Paris disparu, comme ses personnages anonymes, de rendre beau de simples faits banals de la vie, de donner vie à la sensibilité. Modiano c est un monde à la recherche d un temps révolu, remplit d humanisme et de détails qui nous renvoient, lecteurs, dans notre propre passé. La tristesse peut être magnifique. C est le cas.
Commenter  J’apprécie          70
Une oeuvre épatante,qui laisse un sentiment étrange à la fin sur les questions existentielles qui porte sur la vie...
L'idée de lieux neutres, où personne n'est personne et une description parcimonieuse de Paris...
La bohème, avec les cafés, les gens, leur timidité...
Un roman qui ravive l'idée de fatalité de notre propre existence...
Commenter  J’apprécie          70
"Et puis, si toute cette période est parfois vivace dans mon souvenir, c'est à cause des questions restées sans réponses." (P 27)

Il y en a des questions sans réponses, dans ce roman : Que reste-t-il de nous, une fois que le temps a passé sur nos vies ? Que peut-on laisser pour ne pas disparaître ? Des noms de lieux, des noms d'amis, des images, des mots alignés sur les pages d'un cahier, cela sera-t-il suffisant ? Et qui gardera ces fragments ? Et qui prendra la suite, de ce gardien de la mémoire quand il disparaîtra lui aussi ? Et à quoi cela sert-il de conserver ces bribes de vie ? Et, finalement, que sont nos vies ? Par quoi sont-elles définies ? Uniquement par ces bribes minuscules ? Par ces gens qui nous entourent ? ces lieux qui nous accueillent ? Qui sont, eux aussi, tous appelés à disparaître ?

J'aime particulièrement les livres qui donne des pistes de réflexion sans jamais donner de leçons. C'est ce qui, à mon sens, fait un grand livre. Même si, évidemment, je sais aussi que le style, l'ambiance, les personnages et la façon de dérouler les évènements aident aussi à faire un grand roman.
Justement, "Dans le café de la jeunesse perdue" possède toutes ces qualités. C'est assurément un grand livre. Un livre pour lequel j'ai freiné ma lecture, alors qu'il ne me restait que trente pages avant d'atteindre la fin. Je ne voulais pas sortir de cet univers, à la fois précis et insignifiant, de cette précision et de cette insignifiance que possède chaque détail de n'importe quelle vie. Une vie que Modiano sait rendre réelle, presque palpable. Comme s'il racontait à chaque lecteur sa propre vie. Je ne voulais pas non plus quitter ces personnages, pourtant banals, sans éclat, mais si touchants et surtout (comme souvent chez Modiano), désoeuvrés, tristes, indécis, immobiles au milieu d'un décor qui ne bouge pas beaucoup plus ; jusqu'au moment où une décision, une seule, et un mouvement, bref, irréversible, viennent tout faire basculer.
Je suis pourtant arrivé au point final, j'ai dû quitter l'écriture si fluide et mélodieuse de Modiano, une écriture dans laquelle les mots, choisis et agencés si parfaitement, donnent l'impression de ne plus exister : on ne lit pas l'histoire que déroule Modiano : on la vit. Et, frappé par le dénouement, on a besoin d'un peu de temps pour s'en sortir, pour reprendre sa vraie vie, oser ouvrir un autre livre.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
Commenter  J’apprécie          60
Difficile de passer à côté d'un titre pareil, il invite à la nostalgie et à la réflexion. Dans ce café où les amitiés se nouent, personne ne connait vraiment l'autre, on échange sur tout, on refait le monde mais on ne creuse pas plus sauf en ce qui concerne cette femme énigmatique que tous appelle Louki.

"Des deux entrées du café, elle empruntait toujours la plus étroite, celle qu'on appelait la porte de l'ombre. Elle choisissait la même table au fond de la petite salle. Les premiers temps, elle ne parlait à personne, puis elle a fait connaissance avec les habitués du Condé dont la plupart avaient notre âge, je dirais entre dix-neuf et vingt-cinq ans. Elle s'asseyait parfois à leurs tables, mais, le plus souvent, elle était fidèle à sa place, tout au fond."

Chaque personnage va prendre la parole pour raconter cette jeunesse envolée, ces instants perdus qui ont marqués une vie. Mais le plus attractif dans ce roman est cette dérive visible et inéluctable de Louki, une héroïne à la fin tragique, qui définit à elle seule les difficultés de la vie et le désir de s'en sortir. le premier personnage à raconter l'histoire de Louki est un étudiant des Mines (que l'on identifie aisément à l'auteur), vient ensuite Pierre Caisley, un ancien flic engager par le mari de Louki pour la retrouver. Roland, l'amant, prend ensuite la parole pour décrire cette jeune femme de 22 ans née Jacqueline Delanque.
Drôle de fin pour une jeune femme qui n'aspirait qu'à vivre et qui se laissa tomber.

Dans ce café où il n'est pas seulement question de jeunesse perdue mais aussi de vie manquée, des destins se croisent et puis s'en vont.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          50
Modianesque ! Le lecteur est invité à suivre une double déambulation dans des mondes clos et labyrinthiques. L'un, réel et physique, est Paris, ville emblématique dans l'oeuvre de Modiano. L'autre, immatériel, est constitué de la mémoire forcément parcellaire et incertaine des narrateurs successifs de ce roman. Par assemblage de fragments éparses qu'un fil invisible relie entre eux se révèle peu à peu à la lumière la vie de Louki, personnage central du livre. Une vie qui gardera une forte part de mystère, à l'image de ce château des Brouillards niché dans le XVIIIème arrondissement de Paris.
Commenter  J’apprécie          50
« Je n'étais vraiment moi-même qu'à l'instant où je m'enfuyais. Mes seuls bons souvenirs sont des souvenirs de fuite ou de fugue »

« Dans le café de la jeunesse perdue » est bien l'histoire d'une fuite, l'histoire de quelqu'un qui s'efface de la vie des autres. Louki est l'héroïne du dernier roman de Patrick Modiano, c'est elle qui laisse une empreinte fugace dans la vie de ceux qu'elle croise. le personnage nous est d'ailleurs présenté par des personnes différentes, des points de vue différents.

La vie de Louki nous est ainsi donnée à voir par fragments, comme un puzzle que l'on complète au fur et à mesure des témoignages. le premier à la décrire est un jeune homme de l'Ecole Supérieure des Mines qui fréquente le Condé, un bar de l'Odéon où l'on fait la connaissance d'une jeune femme surnommée Louki. le deuxième est celui d'un détective embauché par le mari de Louki qui a déserté son foyer. le témoignage central est celui de Louki elle-même, elle nous parle de son enfance vagabonde du côté du Moulin Rouge où travaillait sa mère.Les deux derniers chapitres laissent la parole à Roland, l'amant de Louki rencontré chez un mystique.

Patrick Modiano nous présente à travers ces fragments une jeune femme perdue, ayant fui son enfance et qui n'arrive pas à se satisfaire de son présent. Ce portrait est d'une grande délicatesse et d'une immense poésie comme toujours chez Modiano. le thème récurrent des romans de Patrick Modiano est décidemment l'absence, les fantômes qui ont peuplé le Paris des années 50-60, les années de l'enfance de l'auteur. Louki est ce fantôme que personne n'arrive à retenir, dont le prénom même -Jacqueline- est oublié par tous. Louki et Roland vivent d'ailleurs rue d'Argentine où se côtoient des « absents », des personnes ayant abandonné leur domicile, leur vie et se cachant dans des hôtels meublés. Que dire du Paris de Modiano ? C'est une ville disparue sous les boutiques en tout genre, une ville qui n'existe plus que pour les personnages de l'écrivain. L'absence, toujours l'absence mais avec une extraordinaire élégance du style, une tendresse infinie pour ces personnages fragiles, en devenir ou déjà perdus.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (1895) Voir plus



Quiz Voir plus

Dans la café de la jeunesse perdue

Dans quel café de Paris Louki a t'elle trouvé ses habitudes ?

Le Bouquet
La Pergola
Le Condé
Le Montana

15 questions
36 lecteurs ont répondu
Thème : Dans le café de la jeunesse perdue de Patrick ModianoCréer un quiz sur ce livre

{* *}