De si braves garçons est un roman de Patrick Modiano inhabituel. Il nous dresse le portrait de plusieurs personnages rencontré au collège quelques années après.
La narration se fait à plusieurs voix : celle du narrateur et celles des personnages qui s'immisce dans le texte. Au début, cela m'a déstabilisée mais finalement le texte est entrecoupé d'astérisque et on ne s'y perd plus ! Tout est labyrinthique...
Néanmoins, ses personnages sont toujours laissés pour compte (les enfants du collège par leur parents) et ont des vécus où ils tentent de fuir une réalité trop morne.
Toujours la fugue si chère à l'auteur.
Dans le collège de Valvert, le chef de l'établissement Pedro aime qu'on y projette toujours le même film dans lequel joue une certaine Petite Bijou qu'un personnage invité à l'occasion a rencontré quand elle était enfant. Sa mère était comédienne et il est devenu son précepteur.
J'ai beaucoup aimé la scène du plongeon dans la pelouse d'un hôtel. Avec un peu d'imagination, on s'y croit mais attention à la chute...
De si braves garçons reste un roman d' "évasion" surtout en cette période de confinement : l'imagination est synonyme de liberté, surtout en de temps troublés.
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Ces « si braves garçons » sont les camarades du narrateur (l'auteur?) lors de son séjour au collège de Valvert dans la banlieue parisienne, où étaient reclus des fils de la bonne société plus ou moins délaissés par des familles peu aimantes. L'auteur nous livre ici en quelques courts chapitres une narration sensible de l'ambiance de ce collège et de ses relations avec ses amis et connaissances. Si tous se perdront de vue, il en retrouvera plus tard certains, l'occasion d'évoquer ce que la vie a pu faire de ces existences souvent mal parties.
Un livre empreint d'une certaine nostalgie et d'une tendresse désabusée
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Tout à coup, elle paraissait beaucoup plus vieille, peut-être parce qu'elle n'était pas maquillée.
Je m'approchai d'elle.
- Vous n'êtes pas Mme Portier?
Ses yeux s'agrandissent, comme si je l'avais menacée d'un revolver.
- Pourquoi? Vous me connaissez?
- Oui. Il y a longtemps... J'étais un ami de Christian...
- Ah... un ami de Christian... Vous étiez un ami de Christian...
Elle répétait cette phrase avec une sorte de soulagement.
- Nous étions au collège de Valvert ensemble... quand vous habitiez avenue Paul-Doumer...
- Avenue Paul-Doumer...
Elle fixait son regard sur moi.
- Je ne vous reconnais pas... Vous vous appelez comment?
- Patrick.
- Patrick... Mais oui... Mais oui, je m'en souviens...
Elle me souriait. Elle s'est assise sur le bord du lit.
- Vous savez, je ne m'appelle plus Mme Portier... La vie est compliquée.
Une large allée de graviers montait en pente douce jusqu'au Château. Mais tout de suite, sur votre droite, devant le bungalow de l'infirmerie, vous vous étonniez, la première fois, de ce mât blanc au sommet duquel flottait un drapeau français. A ce mât, chaque matin, l'un d'entre nous hissait les couleurs après que M. Jeanschmidt eut lancé l'ordre :
- Sections, garde-à-vous!
Le drapeau s'élevait lentement. M. Jeanschmidt lui aussi s'était mis au garde-à-vous. Sa voix grave rompait le silence.
- Repos... Demi-tour gauche... En avant marche!
Au pas cadencé, nous longions la grande allée, jusqu'au Château.
C'était toujours au réfectoire, après la distribution du courrier, que Pedro nous annonçait le renvoi d'un élève. Le coupable prenait ainsi un dernier déjeuner avec nous , s'efforçant de faire bonne figure, crânant ou au contraire retenant ses larmes. J'éprouvais de l'inquiétude et de la tristesse chaque fois que l'un de nous subissait cette épreuve.
De vagues pensées me traversaient, à la terrasse de ce café, sous le soleil, tandis qu'une brise gonflait les tentes à rayures oranges et blanches et faisait osciller l'affiche de notre pièce, sur le mât de voilier. Je me disais que le collège nous avait laissés bien désarmés devant la vie.
Rallyes des quartiers d'Auteuil et de Passy, organisés par une bourgeoisie et une petite noblesse pimpantes qui fréquentaient les plages de La Baule ou d'Arcachon. Rallyes plus obscurs du quartier de l’École militaire : le père, colonel ou fonctionnaire, avait fait un trou dans son budget pour que sa fille pût inviter ses amies distinguées du lycée Victor-Duruy. L'atmosphère était un peu solennelle, les parents présents pendant la soirée, et l'on buvait des orangeades ; dans le XVIIe arrondissement, rallyes à la fois guindés et bon enfant d'une bourgeoisie de robe qui prenait ses quartiers d'été à Cabourg et ceux d'hiver à Chamonix ; rallyes plus spectaculaires de la Muette et de l'avenue Foch où les rejetons des banques protestantes, catholiques et juives, côtoyaient les blasons les plus scintillants de l'aristocratie française et quelques noms exotiques aux consonances chiliennes ou argentines.
Avec son dernier roman "La Danseuse", Patrick Modiano parvient-il à nous emporter ? Et que penser de "L'Hôtel des oiseaux" de Joyce Maynard, autrice abonnée aux best-sellers du New York Times, et dont le roman se retrouve au coeur de polémiques sur l'appropriation culturelle aux Etats-Unis ?
Géraldine Mosna-Savpye et Nicolas Herbeaux en parlent avec nos critiques, Elise Lépine, journaliste littéraire au Point, et Virginie Bloch-Lainé, productrice à France Culture.
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Vignette : Maryna Terletska/Getty Images
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