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3,68

sur 562 notes
C'est par ce livre de Patrick Modiano que je reviens à la lecture, après ces jours de confinement...impossible de lire. étonnamment... impossible. Je ne saurai pas me rappeler le nombre de livres pour lesquels je pourrai déclarer " celui ci m'a sauvé la vie". Alors peut être parce que toute Vie me semblait étrangement reléguée, je ne pouvais plus lire. Comme d'autres ne peuvent plus parler, plus pleurer, je pense que mon traumatisme s'est traduit par cette incapacité à lire et à écrire. mais voilà un jour, un livre vous tombe entre les mains, il vous revient, il remonte de la pile....comme les souvenirs remontent à la surface, et puis un mot entraînant un autre mot voilà vous êtes entrée, ou plutôt vous voilà sortie... Souvenir, mémoire, blank, histoire lacunaire, bribes, éparses... On ne se souvient pas ou plus, on a oublié, parce que c'est trop loin , trop tard, trop beau, ou trop douloureux. La mémoire vous joue des tours de manège. Un nom, un visage, une terrasse de café, une station de métro. J'ai tout revu et réappris. c'est étrange un livre, puissant. Alors je ne sais pas si nous sommes nombreuses et nombreux à ne pas avoir pu lire une ligne, pas pu écrire un seul mot durant cette période qui, que nous le reconnaissions ou pas, restera traumatisante, mais à celles et ceux qui ont connu ce "blank" je conseille la lecture de ce livre. pourquoi celui ci ? Parce que justement ce qui ne peut être lu, un jour réapparaîtra. Je crois au pouvoir des livres. Je n'ai jamais cessé d'y croire. J'avais peut être juste oublié, comme le dit le poète, que les roses sont roses, et tant de jolis choses ! ;)
" Qui veut se souvenir doit se confier à l'oubli, à ce risque qu'est l'oubli absolu et à ce beau hasard que devient alors le souvenir". Maurice Blanchot.
et comme tout se termine par une chanson :
https://www.youtube.com/watch?v=KOE67CF7zaA

Astrid Shriqui Garain
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Une petite histoire bien sympa! Une belle écriture qui accroche, et le livre se lit tout seul. Un tout petit bijou! Une petite enquête, pas de grande envergure, mais qui se développe avec une sympathie dans laquelle on se familiarise jusqu'au bout Il ne se passe pas grand chose, mais on ne lâche pas le livre du tout!
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Le dernier roman de Modiano, est excellent ! J'y retrouve ce qui m'avait plu, dans "La petite bijou", notamment une atmosphère bien particulière, un côté poétique très prononcé, et un style parfait... Très imagé, ce roman de Modiano aborde ( encore ) ce qui est apparemment la thématique phare, de l'écrivain français : le labyrinthe de la mémoire, où se cache mille et un souvenirs... Dans cette oeuvre hors du temps, hors du monde, tellement, tellement personnelle ( comme "La petite bijou" ), qui est une véritable confession, l'auteur nobellisé, a vraiment déployé un très grand talent, avec des personnages complexes, une vérité qu'on cherche et qu'on ne trouve pas ( d'ailleurs, c'est quoi, la vérité ? ), un style très expressif, avec des décors et une intrigue intemporelle, qui plaise...
Lire "Encre sympathique", c'est aussi l'occasion de s'interroger, avec une quête existentielle qui pose des questions : pourquoi cette quête ? Avons-nous, nous, besoin d'une telle quête ? Que signifie-t-elle, et que signifie-t-elle, dans notre monde tourmenté ? Quoi qu'il en soit, c'est officiel : décidément, j'aime beaucoup Patrick Modiano !
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Une femme disparait ... Cela pourrait être chez Hitchcock mais c'est encore chez ce cher Modiano, compagnon littéraire que l'on aime lire en automne, quand les jours raccourcissent et que la brume opacifie l'horizon. La météo est raccord avec les romans du Prix Nobel, qui tergiversent entre présent et présent et font revivre un Paris désuet, sans téléphones portables mais avec PTT. A certains écrivains, on reproche d'écrire toujours le même livre. A Modiano, on ne saurait reprocher cette tendance étant donné que c'est précisément ce que l'on recherche dans ses livres : un voyage en terrain connu et néanmoins flou et flottant, dans l'incertitude d'une enquête mémorielle qui essaie de tromper l'oubli. Encre sympathique nous embarque sans préavis aux basques d'un narrateur obnubilé, bien qu'il s'en défende, par la disparition d'une femme nommée (peut-être) Noëlle Lefebvre. Une évaporation qui est prétexte à retrouver une atmosphère qui est familière à Modiano, et à nous par la même occasion, et à un vagabondage qui est tout sauf chronologique : dans les rues de la Capitale, un café, un dancing, un garage et ... les PTT. Mais il y tout de même une surprise dans les dernières pages quand le livre passe à la troisième personne du côté de Rome. Non pas que la brume se dissipe tout à fait mais quand même, il y a de la clarté et c'est assez neuf chez l'auteur. L'affaire ne se perd pas dans les nimbes du passé mais débouche sur une aube nouvelle. Il est très agréable, ce dernier Modiano, avec sa mélancolie dispersée par une brise romaine. Encre sympathique n'est pas qu'un roman d'automne, les amateurs pourront l'apprécier en toutes saisons.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Jean, le narrateur, a été engagé à l'essai dans une agence de détectives privés. La première affaire qui lui est confiée est la disparition mystérieuse d'une jeune femme, Noëlle Lefebvre. On n'était même pas sûr de son identité, a-t-elle réellement existé ? Comme indice, il n'a qu'une carte d'abonnement à la Poste restante avec une photo et un carnet à la couverture cartonnée retrouvé à son domicile avec cette phrase surprenante « Si j'avais su… »

Des blancs dans une vie, des témoins qui emportent leurs secrets dans la tombe. Mais peut-on se fier aux témoins et à leurs informations décousues et contradictoires. Une vie écrite à l'encre invisible et qui se révèle peu à peu. Au fil des pages, le narrateur va retrouver un chaînon manquant de sa propre vie.

Un récit épuré, des vies qui s'entremêlent, des souvenirs qui remontent lentement à la surface, Paris, ses rues, ses cafés. Une fois de plus, je me suis plongé avec délectation dans le monde si particulier de Patrick Modiano, une atmosphère que l'on retrouve dans chacun de ses romans. de la très belle littérature qui vous hypnotise. Quel plaisir de terminer l'année en sa compagnie.

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Je me demande vraiment si le narrateur avait réellement un trou de mémoire avant de raconter ce genre de récit ou si son cerveau était totalement anéanti de vide!!
Je n'arrive pas à comprendre non plus comment on peut écrire notamment parler pour ne rien dire et noircir des pages sans grand intérêt pour la lectrice que je suis.
Eh oui je viens de passer 2h de mon temps à essayer de lire un nobel (encore un) pour lequel je cherche encore le motif de récompense pour un tel prix.
Heureusement que ce dernier est décerné à l'ensemble des oeuvres d'un auteur, je lui laisserai donc le bénéfice du doute en me disant que je n'ai pas fait le bon choix.
Et merci encore à son éditeur qui ferme les yeux pour le publier et qui prend grand soin de nos yeux en nous aérant la mise en page, c'est très important pour la forme du roman!
Quant au reste et dans le fond de ce genre de roman, je m'arrêterai là j'ai perdu assez de temps en lecture pour aujourd'hui.
J'ai donc lu Encre sympathique mais je rajouterais inutile et invisible m'aurait arrangée, je chercherais encore le pourquoi du comment de ce roman !!

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Avez-vous déjà observé un aquarelliste ? Au départ, sur sa feuille, il n'y a rien. Rien que du pas encore, même pas en devenir. Et puis, sans que vous en compreniez la logique, ses pinceaux nourrissent la planche de taches de couleurs, de traînées d'indices, l'idée s'ébauche. Des îlots de rationalité s'annoncent et ne prennent vraiment sens que par les blancs qui apparaissent, les vides qui révèlent la limite des sujets et offrent, par leur silence, une promesse de sens à la composition.
Dans son roman « Encre sympathique », l'auteur nous entraîne à la recherche de Noëlle Lefebvre, jeune femme disparue à Paris XVe, il y a trente ans. Plus exactement, il expose à la lumière les souvenirs de Jean, le narrateur, enquêteur et futur écrivain. Il s'est vu confier alors un dossier pour retrouver cette femme. Dossier apparemment aussi vide que peu intéressant. A laisser filer, à classer sans suite et à oublier aussitôt ? C'est sans compter la découverte de l'agenda de Noëlle qui écrivait alors « Si j'avais su… » Il n'en faut pas plus au narrateur pour se remettre en piste et tâcher de comprendre le silence qui se cache derrière ces points de suspension.
Patrick Modiano, Prix Nobel de littérature 2014, affectionne le travail de mémoire et les tris qu'il impose. Comme si la sagesse consistait, chez lui, à identifier dans ses propres écrits le contour du connu, le doute du certain et la place des blancs, des vides, seuls capables de laisser croire que le souvenir peut tout combler.
Modiano écrit à l'encre sympathique, son récit ne se révèle à la lumière qu'en décalage avec le temps où il a été enfoui. le style lui est personnel. Nul autre ne maîtrise comme lui les nostalgies juxtaposées, les mélancolies teintées d'inquiétudes, les recherches confuses d'une pensée qui existe déjà mais doit encore naître au jour. Chaque phrase, chaque idée, chaque étape du récit prend peu à peu son sens en laissant naître, à côté d'autres phrases, d'autres idées, d'autres moments, des blancs, des espaces de silence, d'oubli à remplir. Et le lecteur assiste au lent et fascinant effet d'un bain révélateur qui peu à peu fait apparaître le souvenir ultime, objet même de la quête de l'auteur.
« Modianesque ! », diront les inconditionnels de l'auteur. Plaisant et facilement abordable diront probablement ceux qui découvre cette plume. Pour ma part, j'ai aimé ce Modiano, comme je l'avais apprécié précédemment sous d'autres titres et comme je l'aimerai encore lors d'une prochaine rencontre.
Roman lu dans le cadre du défi de Madame-Lit que je salue avec plaisir.
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J'ai retrouvé le charme d'un grand Modiano avec son univers fait de souvenirs nébuleux et de demi-oublis. Parfois, une vision ou une parole précise illumine cette atmosphère automnale. Malgré ce flou, les personnages ont beaucoup de présence.
La lecture est portée ici par une enquête, initiée il y a longtemps dans l'officine d'un détective privé ...
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Retrouver Modiano, c'est accepter de replonger dans les brumes du temps, à la recherche de personnes perdues de vue depuis longtemps et dont on n'est même pas sûr qu'elles aient existé, si tant est que leur nom soit leur véritable identité.
C'est naviguer en somnambule dans un Paris qui n'existe plus, dans un temps révolu où les numéros de téléphone ne comportaient pas encore 10 chiffres, à une époque avant les 30 glorieuses où des passés parfois honteux s'effacent et où des avenirs pleins de promesses se dessinent. La fin d'un monde, le début d'une nouvelle ère, où chaque fois le narrateur s'égare, se raccroche à des bribes de souvenirs, des réminiscences..
L'OBS qualifie Modiano de "maître des horloges", c'est presque définir l'auteur, ses sursauts vers le passé, son écriture parfois elliptique (qu'on ne peut manquer d'associer à ses interventions filmées, bredouillantes, hésitantes, comme à la recherche du mot juste qui donnera son sens à sa pensée).
L'encre sympathique, c'est celle qui écrit les messages secrets, celle qui donne encore à voir, roman après roman, l'auteur, dans sa complexité (puisqu'il évoque ici plusieurs fois 'acte d'écriture), et peut-être dans ses complexes.
Un excellent opus ! J'ai beaucoup aimé !!
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Dans Encre sympathique, Patrick Modiano joue à cache-cache avec son lectorat et, de fait, rejoint cet essaim d'ombres qui peuplent son oeuvre. le narrateur, un incertain Jean Eyben, traque les traces furtives d'une fugueuse diaphane, Noëlle Lefebvre, à travers l'espace (la Savoie, l'Italie...) et le temps. Sur ses routes, il croise d'évanescents témoins dont l'identité miroitante reste volatile, comme l'éther.

Qui est ce JE qui s'exprime ? Modiano laisse traîner quelques indices : ainsi quand Eyben écrit "Aujourd'hui, j'entame la soixante-troisième page de ce livre (...)", cette pagination correspond à celle du véritable livre que l'on explore. A trois reprise, il usera de ce subterfuge. Petit à petit l'auteur se confond avec sa créature dans ce numéro de ventriloquie littéraire.

Le romancier emprunte une voie presque perecquienne pour assembler les pièces de son nouveau puzzle, une sorte de polygraphie du cavalier qui le contraindrait à utiliser des fragments de ses récits antérieurs... : un garage louche, un homme affairé dans un bureau vide, un bottin théâtral ou un agenda de toile noire comme autant de notes qui composent la mélodie modianesque. Une impression de déjà-lu, par exemple quand on tombe sur ces lignes : "Je me suis retrouvé seul dans ce petit salon dont la fenêtre donnait sur la cour. J'ai éteint la lampe et, par la porte entrebâillée, je me suis glissé dans la pièce côté rue. Un lit assez large, et une bibliothèque basse le long du mur. Je n'ai pas allumé la lampe de chevet de crainte qu'un passant ne me voie à travers la vitre." (c'est moi qui souligne).

Malgré le flou cotonneux de la narration, le lecteur se sent en terrain connu et se laisse porter par l'art poétique du grand homme. Les clins d'yeux, rituels maçonniques, se multiplient : on retrouve l'agence Hutte et les ruelles romaines (Rue des Boutiques Obscures, 1978), les évocations à mi-mots de quelques affaires criminelles (le docteur Petiot et les valises de ses victimes) ou le parfum suranné des années soixante.

Et soudain, page 110, Modiano bifurque. le récit homodiégétique, confession à double voix, s'interrompt brutalement : l'auteur reprend les rênes de son récit. D'un réel spongieux on passe à une fiction manigancée à la troisième personne. Ce codicille romanesque avait été prophétisé : "Il me semble que tout était déjà écrit à l'encre sympathique." Sous les lignes lues, d'autres remontent à la conscience, celles appartenant à l'un des récits de "Des inconnues" (la nouvelle "Aux jours anciens" signée pour le magazine ELLE en 1998). Palimpseste étrange et déroutant.

L'enchantement se poursuit. Chaque opus m'évoque "le grésillement de plus en plus fort de parasites au téléphone." Il vous empêche "d'entendre une voix qui vous appelle de très loin." Une merveilleuse plongée dans une mémoire rêvée.

Oui, oui… oui… oui, oui, oui, oui, oui… oui, oui, oui…
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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