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EAN : 9782073036742
Gallimard (05/10/2023)
3.62/5   465 notes
Résumé :
"La danseuse arrivait, le matin, à sept heures quarante-cinq, gare du Nord. Ensuite le métro jusqu'à la place de Clichy. Le bâtiment du studio Wacker était vétuste. Au rez-de-chaussée, une dizaine de pianos d'occasion, rangés en désordre comme dans un dépôt. Aux étages, une sorte de cantine avec un bar et les studios de danse. Elle prenait des cours avec Boris Kniaseff, un Russe que l'on considérait comme l'un des meilleurs professeurs... Une odeur particulière de v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (101) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 465 notes
Du "je" au tutu...
Patrick Modiano n'a pas sa carte de la confrérie de ceux qui écrivent comme il parle… et c'est tant mieux.
J'ai essayé à nouveau de suivre une de ses dernières interviews pour la sortie de ce roman et j'en veux terriblement à son éditeur de lui imposer ce supplice à chaque publication. Il est prix Nobel de littérature, pas d'éloquence et il n'est surement pas le meilleur avocat de son oeuvre. Si cet auteur écrit la plupart du temps à la première personne, c'est peut-être justement pour s'épargner la peine de parler de lui à haute voix. Entre des phrases dont on cherche encore la fin et des « euh » d'élevage, j'ai quand même compris qu'il avait choisi de bâtir son dernier récit autour de la danseuse du titre car la gigue classique exige beaucoup de discipline, de corrections et de répétitions… comme l'écriture. Est-ce pour cette raison que Patrick Modiano refait toujours ses gammes et écrit chaque fois un peu le même roman, éternelles flâneries en jet-lag de l'époque ?
Avec un peu moins de cynisme, je pense surtout que Patrick Modiano retrouve dans les mouvements de la danse, la grâce et l'élégance qui caractérisent son style. Quand je lis un de ses romans, j'ai toujours le sentiment de suivre une plume qui volète le long des rues d'une ville silencieuse, sans trottinettes électriques et livreurs de pizzas.
Nous revoilà donc dans le Paris des années 60 avec un narrateur qui oscille toujours entre le ravi de la crèche et le poète contemplatif qui se cherche. le jeune homme qui entre en littérature par le velux d'une chambre de bonne pour doper des traductions de romans anglo-saxons un peu trop light, joue aussi le baby-sitter d'un bambin d'une dizaine d'années dont la mère est danseuse. Comme le petit rat n'a pas croisé que d'aimables rongeurs dans sa vie, entrechats et chiens, la jeune femme est entourée d'un célèbre maître de ballet, Boris Kniaseff, et d'une sorte de parrain bienveillant aux activités clandestines. du balai au ballet. Importuns au pas, chassés.
Lire du Modiano, c'est accepter de se balader dans le temps avec sa prose unique comme déambulateur. J'ai abordé cette lecture sans surprise, certain d'y retrouver mon chemin, dans des rues aux ambiances cotonneuses où le lecteur marche sur la pointe des pieds pour ne pas bousculer les souvenirs de l'auteur.
Une petite révolution néanmoins dans ce texte. le sexe. En général, avec Modiano, on ne fait que marcher. Je referme ses livres en ayant mal aux mollets et quelques ampoules. Pourtant, avec un bouquin de 100 pages, je ne risque pas le claquage. Ici, il ne passe pas de l'autofiction à l'autofriction mais si, jusqu'à présent, son « je » manquait de corps, il camoufle moins les désirs dans ce roman. L'effet tutu, dirait Degas.
J'ai également aimé dans l'arrière salle de cette histoire, cette croyance que l'art, danse comme écriture ou peinture, peut sauver quelques destins mal embouchés.
Enfin, il y a la critique du Paris d'aujourd'hui, celui des valises à roulettes des touristes qui effarouchent les nostalgies en même temps que les pigeons.
Une agréable promenade en terrain connu.
Une Révérence pour La Référence.
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« Je l'emmenais au bois de Boulogne les jours de beau temps. L'autobus, les lacs, les barques, le Chalet des îles avec le golf miniature….. La plupart du temps, au cours de nos marches à travers Paris ou pendant les trajets en autobus, nous ne parlions pas. le silence entre nous était un lien beaucoup plus fort que les paroles. Nous étions comme ceux qui marchent côte à côte sans rien se dire mais toujours sur le chemin des écoliers. »

Ouvrir un livre de Modiano, c'est, pour moi, retrouver la douce sensation que me procurent les bras rassurants d'un fauteuil club dont le moelleux me donne le sentiment d'être préservée, comme dans une bulle, de tout ce qui nous entoure de violent. Les silences qui s'échappent de l'écriture, la nostalgie d'un Paris passéiste, les souvenirs nichés au plus profond de mon moi intime, participent à cette envolée onirique. Et dans la lecture de la Danseuse, je suis tout à fait dans mon élément, la légèreté, la grâce, le travail jusqu'à obtenir la perfection d'un mouvement, maintes fois répétés. « Casse le coude, grand jeté, battement tendu, première, troisième, saut de biche…. ».

L'écriture aussi est dépouillée, élaguée, un travail colossal pour rendre le style aérien, c'est très beau mais je capte de la tendresse dans ses écrits, est-ce ma tendresse ou bien est-ce celle de Patoche pour ses personnages ! A vrai dire, je n'en sais rien, nous ne faisons plus qu'un ! Quatre vingt quinze pages, des chapitres courts, et pourtant je suis emportée sur le fil ténue qui se tisse entre lumière et pénombre, il y a quelque chose de mystique qui s'opère sous mes yeux : la légèreté de la danseuse me contamine, je deviens funambule avec Patoche.

Modiano m'entraîne dans le dédale de sa mémoire. Comme à l'accoutumée, je fais connaissance avec la danseuse qu'il a rencontrée à ses tout débuts, au temps où il cherchait son chemin, où il se cherchait.

Il avance, longe les quais de la Seine qui sont ses points de repère, bien ancrés dans la réalité. Il se tient aux confins de ses réminiscences et par instant, une bulle de lumière éclate dans la pénombre de sa mémoire. Les rues, le quartier de la porte de Champerret, le studio Wacker, le grand Kniassef, le monde interlope de Modiano surgissent parfois au coin d'une rue, devant un immeuble, à une terrasse de café. Tout n'est pas sans danger dans ce Paris, il y a aussi ces individus vaguement évoqués mais que l'on devine dangereux comme les frères Barise que fuit la danseuse et qui la guette chaque fois qu'elle prend le train qui la transporte depuis Saint-Leu-La-Forêt.

J'aime ce Paris en noir et blanc, je m'y transporte en sa compagnie. Que c'est doux de se promener en sa compagnie, rien ne vient interrompre notre balade si ce n'est qu'un éclat de lumière tamisée de temps à autre et pourtant au fil de ses livres, une histoire se raconte. Ici, je tiens la main du Petit Pierre, le fils de la danseuse que Modiano garde de temps en temps, encore un enfant dont les parents s'occupent de loin. Je suis sous le charme de tous ses spectres, rien n'est anodin chez Modiano, je regarde Petit Pierre effectuer ses puzzles et je savoure ce temps passé en compagnie de Patoche. Il me faut revenir dans ce monde d'aujourd'hui !

« A le voir marcher de dos, il lui semblait que Knassief était si léger que ses pieds touchaient à peine le sol. C'était cela la danse, avait-il l'habitude de dire à ses élèves. Tant de travail pour donner l'illusion que l'on s'envole sans effort à quelques mètres du sol ».

« Si tu continues comme ça, tu seras aussi bonne que Chauviré….. »

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Chez Patrick Modiano, le temps n'est pas linéaire, ni même circulaire. C'est un millefeuilles dont les plans morcelés s'enchevêtrent, un caléidoscope qui, dans notre magma mémoriel, brasse des éclats de temps demeurés intacts, des instants vivant dans notre esprit un présent éternel. En ce très apaisé et lumineux roman tenant en une centaine de pages, il jette une fois de plus le filet dans les eaux du passé pour en exhumer, précieux butin à peine voilé par les brumes du souvenir, quelques images semblant un condensé de sa jeunesse.


Le narrateur, qui ressemble à l'auteur à s'y méprendre, ne se reconnaît plus dans le Paris trépidant d'aujourd'hui. A cette ville qui lui est devenue étrangère, il préfère substituer dans son esprit celle qui lui fut chère cinquante ans plus tôt. Tout jeune homme écrivant des chansons dans sa chambre de bonne non chauffée, sans savoir encore que certaines deviendraient célèbres, il y fréquentait un monde un peu décalé, presque interlope, entre un bar qui s'appelait le Bastos et un restaurant La Boîte à Magie. Il venait juste de rencontrer « un étrange éditeur », Maurice Girodias, qui publierait plus tard le futur best-seller Lolita de Nabokov, refusé par toutes les maisons d'édition, et qui, pour l'heure, lui demandait d'ajouter des épisodes à des romans censurés dans les pays anglo-saxons. Et puis, de temps à autre, il s'occupait d'un garçonnet de dix ans, le fils d'une danseuse se formant au renommé studio Wacker, où enseignait alors Boris Kniaseff.


De cet enfant et de la danseuse ne subsistent aujourd'hui que des silhouettes fantomatiques, à la fois floues et précises, sans plus de nom. Leur surgissement du passé abolit soudain le temps, le passé est à nouveau présent, un passé qui n'aura jamais de futur puisque rien ne permet plus de savoir ce que tous deux sont devenus. Peu importe, à cet instant, la jeune ballerine et l'apprenti écrivain sont chacun au début de leur trajectoire, avec ceci de commun qu'à la force des bras, ils sont en train de s'arracher à la violence et aux mauvaises fréquentations de leur milieu d'origine. « La danse, disait Kniaseff, est une discipline qui vous permet de survivre. » de même, constate un autre personnage s'adressant au narrateur jeune : « Je suppose que vous travaillez à cette table sur toutes ces feuilles, parce que vous aussi vous avez besoin d'une discipline. » Subtile façon de laisser entendre combien l'écriture, ascétique discipline de l'esprit comme la danse peut l'être pour le corps, joua d'importance salvatrice dans l'existence de l'auteur, « donn[ant] vraiment un sens à [s]a vie et [l']empêchant] de partir à la dérive. »


Réinventant inlassablement la mélodie du temps qui passe sans jamais vraiment s'en aller, la plume reconnaissable entre toutes de Patrick Modiano se joue si bien du passé et du présent qu'elle en devient intemporelle, l'ombre d'un souvenir et d'un personnage lui suffisant à incarner en un minimum de pages des thèmes aussi intimes et universels que l'écriture et la survie. On ne se lasse décidément pas du mystère Modiano

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le flou artistique

La couleur est annoncée dès les premières lignes.
Des vagues de souvenirs évanescents vont déferler sans relache tout au long de ce court roman.
A quelques détails près.
Des détails parfois limpides, souvent beaucoup plus flous.
Un narrateur à la mémoire indisciplinée nous emmène dans les rues vaporeuses d'un Paris aux allures de grand bain turque à ciel ouvert sur les pas d'une danseuse aux cheveux bruns... ou peut-être châtains.
Il se livre, au fil d'un récit qui évolue au bon vouloir des éclairs qui jaillissent de sa mémoire, sur les liens qu'il entretient avec cette danseuse.
Patrick Modiano, sans surprise, fait ce qu'il sait faire de mieux au risque assumé de verser dans l'autopastiche. Les adeptes de l'auteur apprécieront la "petite musique " récurrente bien présente et les quelques pas de danses associés.
Patrick Modiano est un auteur qui se complaît dans le flou artistique, un art qu'il maîtrise à la perfection.
Et c'est aussi pour cela qu'on l'apprécie.
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Dans ce court roman, 96 pages à peine, Patrick Modiano entraîne son lecteur, comme il sait si bien le faire, sur les chemins du souvenir et de la nostalgie. Il suffit d'une vague souvenance remontée des tréfonds de la mémoire et la rencontre d'un personnage surgi du passé pour que s'enchaînent les souvenirs d'une époque ancienne.
« Ainsi depuis quelques jours me revenaient, par bribes, les images d'une période très lointaine de ma vie. Jusque-là, elles étaient recouvertes par une couche de glace. J'avais quand même par instants la vague pressentiment que cela ne durerait pas. Il était fatal qu'un jour ou l'autre la glace fonde et que ces images réapparaissent comme remontent les noyés à la surface de la Seine. »
Le narrateur est confronté à la foule de touristes dans un Paris qu'il ne reconnait plus. Des milliers de touristes qui envahissent la ville tandis que lui se retourne sur ce passé qu'il croyait à jamais effacé. Les personnages évoqués restent assez vagues, même la danseuse que le narrateur a connue n'a pas de nom, tout juste une description physique alors que les visages des autres se sont estompés. le récit est partiel, lui-aussi, car la mémoire est sélective. Il y a le petit Pierre, enfant calme que le narrateur gardait lorsque sa mère rentrait tard de des répétitions. Et son protecteur Verzini, qui possède un cabaret et loue des chambres.
« Elle s'en est sortie comme elle a pu, a ajouté Verzini,. Grâce à la danse. Elle s'est donné une discipline. Et j'ai toujours voulu l'aider dans la mesure de mes moyens. »
Car la danseuse se plie à une discipline très stricte. Là, les souvenirs sont plus nets, il y a le studio de danse Wacker, place de Clichy et son professeur de danse, le chorégraphe russe, Boris Kniaseff. L'exigence de la danse ne supporte pas le flou et tout s'ordonne comme un pas de deux. On a l'impression que les personnages qui gravitent autour de la danseuse prennent de la densité à son contact.
Le narrateur, qui ne sait pas encore ce qu'il va faire de sa vie, est attiré par la rigueur de la danseuse. Il en prend de la graine en travaillant son écriture.
Non, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman intemporel qui nous offre quelques fragments d'un passé comme une mosaïque inachevée. Et l'auteur nous laisse sur notre faim d'en apprendre un peu plus sur la danseuse et le petit Pierre et il nous abandonne dans une rue de Paris, un soir de Noël.
Modiano est le peintre des souvenirs, il patine le passé, lui redonne ce lustre de la nostalgie. On l'aime pour son style, sobre, pudique, et pour ses évocations d'une époque disparue.

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critiques presse (11)
LaLibreBelgique
07 novembre 2023
Entre passé et présent, "La danseuse" témoigne de la manière et du style de Patrick Modiano, un écrivain égal à lui-même.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaTribuneDeGeneve
06 novembre 2023
De ce poudroiement passéiste ne résulte aucune consolation, car l’implacable oubli guette.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Marianne_
31 octobre 2023
Patrick Modiano a tout obtenu, du Goncourt au Nobel. Si bien que les œuvres incertaines en lice pour les prix de cet automne éclipsent dans les médias ce petit chef-d’œuvre de délicatesse qu’est « La Danseuse », dont chaque phrase vaut mieux que les longs romans de la rentrée.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Culturebox
16 octobre 2023
Prix Nobel de littérature en 20214, Patrick Modiano, lui, dans ce précieux et court roman, remet en ordre des images de sa jeunesse. Une façon de garder en mémoire un passé qui devient "un présent éternel".
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
12 octobre 2023
Dans ce court livre intitulé "La Danseuse", on retrouve un monde interlope, ou du moins intrigant, entre hier et aujourd’hui.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeFigaro
09 octobre 2023
"La Danseuse" est un conte nostalgique sur cette période de la vie où l’on ne sait pas très bien ce qu’on va faire de son existence.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
SudOuestPresse
09 octobre 2023
Le Nobel de littérature 2014 signe avec son dernier roman un parfait condensé de son art littéraire.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeMonde
09 octobre 2023
D’emblée, le précis et le flou s’entremêlent, les années gomment les points de repère, tout en laissant certains détails remonter intacts d’un lointain passé tumultueux. Quelques mots simples, et le sortilège agit.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
05 octobre 2023
Comment devient-on écrivain ? Dans ce court roman, le prix Nobel Patrick Modiano revient dans le Paris de sa jeunesse et de son entrée en littérature.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesEchos
05 octobre 2023
Le Prix Nobel de littérature propose au lecteur une nouvelle chasse à la mémoire dans un Paris méconnaissable livré aux touristes. On accompagne avec bonheur le narrateur en perte de repères dans cette traque aux fantômes.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LaCroix
05 octobre 2023
Patrick Modiano raconte ses débuts d’écrivain au contact d’une jeune danseuse, mère d’un petit garçon, à la discipline exemplaire.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
Quelque temps plus tard, je l'ai croisé vers neuf heures du soir quand je sortais de l'immeuble où se trouvait ma chambre, rue Chauveau-Lagarde.
"Alors, vous êtes content de votre chambre ?"
Je n'osais lui dire que le radiateur était défectueux. Et l'hiver approchait.
"Vous êtes libre ce soir ? Je vous emmène à La Boite à Magie."
Je cherchais un mot de m'excuse pour prendre congé.
Mais sans me demander mon avis il ouvrit la portière droite de sa voiture et me fit signe d'y monter. Il resta silencieux pendant le trajet qui me sembla très long. Enfin, il tourna dans une rue étroite, juste avant le boulevard Pereire.
"Voilà ... Nous arrivons ..."
Une salle de restaurant éclairée faiblement par de petites lampes sur les tables. Un bar à l'entrée. Une estrade, tout au fond, près du bar. Il m'entraîna vers une table de restaurant où se tenaient deux jeunes gens.
Il me fit signe de m'asseoir à la table et prit place lui aussi, à côté de moi. Il paraissait très bien connaître ces deux personnes.
"Un ami qui travaille dans la chanson, dit-il à la fille en me présentant.
- Ah oui ? Dans la chanson ?
Et je crois qu'elle me regardait avec un sourire ironique.
"Elle, c'est une très grande danseuse, vous savez", me dit Verzini.
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Pola Hubersen gardait son œil fixé sur moi. Apparemment, ce que venait de dire la danseuse l'avait frappée.
"Vous avez besoin d'une discipline ?"
Et c'était comme si elle voulait en savoir plus long.
"Oui, malheureusement.
- Pourquoi, malheureusement ?
- Parce que, pour le moment, je n'en trouve pas."
Elle avait un air grave. Elle semblait prendre la chose à cœur.
"Mais vous finirez bien par en trouver, une discipline ...
- Ne vous faîtes pas trop de souci pour moi, ça viendra, ça viendra..."
Et je m'efforçai de sourire et de hausser légèrement les épaules, pour rompre avec le tour sérieux que prenait la conversation.
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Brune ? Non. Plutôt châtain foncé avec des yeux noirs. Elle est la seule dont on pourrait retrouver des photos. Les autres, sauf le petit Pierre, leurs visages se sont estompés avec le temps. D’ailleurs, c’était un temps où l’on prenait beaucoup moins de photos qu’aujourd’hui.
Et pourtant certains détails demeurent assez présents. Il faudrait en faire une liste. Mais il serait très difficile de suivre l’ordre chronologique. Le temps qui a brouillé les visages a gommé aussi les points de repère.
Il reste quelques morceaux d’un puzzle, séparés les uns des autres pour toujours.
Un soir de novembre ou de décembre, j’étais venu chercher un enfant nommé Pierre dans un immeuble du nord-ouest de Paris pour le ramener chez lui. J’ai oublié le nom de la rue. Une porte cochère massive et l’un de ces ascenseurs aux battants vitrés, si lent et silencieux que vous vous demandez s’il ne s’arrêtera pas entre deux étages.
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La danseuse arrivait, le matin, à sept heures quarante-cinq, gare du Nord. Ensuite le métro jusqu’à la place de Clichy. Le bâtiment du studio Wacker était vétuste. Au rez-de-chaussée, une dizaine de pianos d’occasion, rangés en désordre comme dans un dépôt. Aux étages, une sorte de cantine avec un bar et les studios de danse.
Elle prenait des cours avec Boris Kniaseff, un Russe que l’on considérait comme l’un des meilleurs professeurs... Une odeur particulière de vieux bois, de lavande et de sueur.
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C'était cela, la danse, avait-il l'habitude de dire à ses élèves. Tant de travail pour donner l'illusion que l'on s'envole sans effort à quelques mètres du sol...
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Géraldine Mosna-Savpye et Nicolas Herbeaux en parlent avec nos critiques, Elise Lépine, journaliste littéraire au Point, et Virginie Bloch-Lainé, productrice à France Culture.
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