Patrick Modiano nous plonge ici dans une histoire étrange, celle de Thérèse, une jeune parisienne solitaire et un peu "désorientée". Elle aperçoit un jour dans le métro une inconnue qu'elle prend pour sa mère, cette mère au passé trouble qui l'a abandonnée et qu'elle croyait morte depuis longtemps.
Cette rencontre furtive réveille en elle de nombreux souvenirs : c'est le point de départ d'une (en)quête d'identité, pour laquelle l'auteur nous laisse très peu d'indices... Il distille au compte-gouttes, par petites touches et par ellipses successives, quelques éléments de compréhension, mais c'est au lecteur d'essayer de reconstituer le puzzle d'
une jeunesse pour le moins atypique, entre une mère particulièrement distante et un "oncle" mystérieux, dans ce grand appartement que j'ai imaginé vide et froid.
Comme souvent chez
Modiano, on se laisse emmener au fil d'un récit un peu décousu, porté par des bribes de souvenirs, au grès des errances de la "Petite Bijou" dans les rues de Paris.
L'atmosphère si particulière du roman, toujours pleine de pudeur et de nostalgie prime ici sur l'histoire proprement dite, qui manque parfois de crédibilité (à l'image de cette pharmacienne inconnue, surgie de nulle part, qui se transforme en dix minutes en une mère de substitution, ou de ce couple de trentenaires bizarre qui propose à Thérèse des heures de baby-sitting avant de disparaitre subitement sans explications...)
A partir d'une intrigue que d'aucuns trouveront bancale ou insignifiante,
Modiano réussit quand même à faire éclore des émotions puissantes, dans ce Paris désuet et plein de mélancolie qui lui est si cher.