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EAN : 9782070138876
192 pages
Gallimard (01/10/2012)
3.45/5   473 notes
Résumé :
« Jean… Qu’est-ce que tu dirais si j’avais fait quelque chose de grave ? » J’avoue que cette question ne m’avait pas alarmé. Peut-être à cause du ton détaché qu’elle avait pris, comme on cite les paroles d’une chanson ou les vers d’un poème.

Et à cause de ce : « Jean… Qu’est ce que tu dirais… » c’était justement un vers qui m’était revenu à la mémoire : « … Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? » « Qu’est-ce que tu dirais si j’avais tué ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (112) Voir plus Ajouter une critique
3,45

sur 473 notes
Patrick Modiano cite souvent cette phrase de René Char «Vivre, c'est achever un souvenir.». Jean dans « L'herbe des nuits », incarne parfaitement cette quête.
Il est écrivain et il arpente les rues de Paris qu'il fréquentait, jeune étudiant effacé, en compagnie de Dannie dans les années 60. Tout a tellement changé depuis, les façades, les cafés... Des silhouettes aux contours mal définis défilent devant ses yeux comme un film amateur que lui seul pourrait voir par-dessus les maisons et les jardins. Tout est flou et en même temps des détails lui reviennent peut-être plus révélateurs que les faits eux-mêmes. Comme toujours chez Patrick Modiano la cartographie des souvenirs se superpose à celles des sentiments et des rues de Paris.
« Il n'y a jamais eu pour moi ni présent ni passé. Tout se confond, comme dans cette chambre vide où brille une lampe, toutes les nuits. »
Alors Jean se penche sur les notes prises dans son carnet noir durant cette période. Qui était Dannie ? S'appelait-elle vraiment ainsi ? On retrouve dans ce roman, la quête d'identité chère à l'auteur…
« Qu'est-ce que tu dirais si j'avais tué quelqu'un ? » demande un jour la jeune femme qui vit dans des hôtels et fréquente des personnes aux activités assez troubles. Jean retrouve par hasard le commissaire Langlais qui l'avait interrogé à l'époque des faits…. Il n'avait rien oublié lui non plus.
Mais pour Jean « la seule chose qui comptait, c'était que nous marchions le long des quais sans demander l'autorisation de personne et sans rien laisser derrière nous. Et nous pouvions même traverser la Seine et nous perdre dans d'autres quartiers, et même quitter Paris pour d'autres villes et une autre vie ».

Patrick Modiano est au sommet de son talent, « L'herbe des nuits » est un livre magnifique jusqu'à la dernière phrase, boulversante. Il suffit de se laisser porter par la sublime petite musique Modiano...
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Un écrivain parisien, la soixantaine, déambule dans Paris à la recherche de son passé, et plus particulièrement à la recherche d'une période de trois mois de sa vie dans les années soixante, durant lesquelles il fréquenta une certaine Dannie et d'autres personnes plutôt louches qui entouraient la jeune femme. Ces gens, qui ont complètement disparu de sa vie du jour au lendemain, Dannie y compris, sont un mystère pour lui ; ils l'étaient à l'époque, le restent, et le resteront. L'écrivain cherche à attraper quelques bribes de passé, à faire des allers et retours entre le présent et la passé, à s'évertuer à recomposer un bref moment de sa vie, sans succès. Mais qui peut donc être l'auteur de ce livre, qui ne nous a jamais, ô grand jamais, habitués à ce genre de littérature ??? Qui, je vous le demande ???


Bon, trêve de plaisanterie. Un Modiano de plus à mon actif, avec une nouveauté (si, si, nouveauté il y a, j'en suis convaincue ) : l'expression "brèche dans le temps", qui revient sans cesse. Non pas que le concept soit nouveau pour Modiano, mais je ne l'avais encore jamais lue sous sa plume. J'estime donc qu'il s'agit là d'une façon pour Modiano d'évoluer, que dis-je, plutôt de s'adonner, en fait, à des fantaisies que l'on pourrait presque juger outrageusement indécentes à force de nouveauté.


Il va maintenant me falloir trouver l'art et la manière pour parler de chaque livre de Modiano avec, à chaque fois, une légère - très légère - variation, afin que j'arrive à égaler l'auteur de fiction, mais dans le domaine de la chronique littéraire. Je cherche encore mon style, j'essaie, je tâtonne... Bah, il me reste encore pas mal de matière pour m'améliorer ! Ensuite, je m'attaquerai à égaler Proust.


Ah, vous vouliez que je vous parle plus précisément de L'Herbe des nuits ? Ne soyez pas si triviaux ! C'est du Modiano, quoi. Jacqueline s'appelle ici Dannie, et voilà. Que dire de plus, franchement ? Un conseil ? Si vous n'avez jamais lu Modiano, commencez par des romans qu'il a écrits plus jeune (L'Herbe des nuits date de 2012), ça vous évitera de trop vous emballer pour celui-ci derechef. Il sera toujours temps par la suite de devenir un indécrottable Modianophile. Ou pas.
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Petite musique récurrente et debussyste, Modiano nous revient, égal à lui-même. A la fois subjugant (par son style envoûtant, proche de l'impressionisme) et exaspérant (par cette façon qu'il a de toujours nous laisser sur notre faim) il reste ici plus proustien que jamais, en quête du Temps perdu et des amitiés égarées. A travers l'enquête et le thème -assez récurrent chez lui- de l'interrogatoire par un commissaire, c'est le passé qui est interrogé : comment comprendre ce qui nous a échappé, par quelle lumière la vérité de notre vie peut-elle nous être révélée et prendre un sens. Plus que la trame policière, c'est la quête de cette vérité qui prime, comme toujours chez Modiano.
Lire Modiano, c'est longer des murs, frôler des passants, être à la recherche de son ombre comme Peter Schlemihl, dans cet anonymat libérateur que confère Paris. Les personnages ont leurs secrets derrière lesquels l'auteur se cache. On en sait un peu, pas trop, juste ce qu'il faut pour demeurer nostalgiques et silencieux.
Faux roman faux polar, faux noms, fausses identités, fausse méditation philosophique sur le temps qui passe et ne revient pas mais vraie rêverie sur le présent relié au passé et aux souvenirs, cette balade dans le temps jadis est un régal pour les adeptes du genre. Dont je fais partie, ayant découvert Patrick Modiano alors que j'étais jeune étudiante à Paris, il y a bien longtemps de cela.... Ah nostalgie... Modiano est ma petite madeleine de Proust à moi.
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Jean, le narrateur, que l'on devine plus très jeune, tente de faire revivre un pan de sa jeunesse, l'époque où il sortait avec Dannie, une jeune femme très mystérieuse. Celle ci-était en relation avec un étudiant marocain, et un groupe de ses proches, aux activités plutôt louches. Aidé de son calepin noir, dans lequel il avait pris de nombreuses notes, et de quelques pages d'un dossier de police qu'un inspecteur à la retraite lui a remis vingt ans plus tôt, Jean parcourt les rues de Paris, à la recherche de ses souvenirs.

Dans ce travail de mémoire, Patrick Modiano semble prendre un malin plaisir à essayer de nous égarer : incessants aller-retours entre le passé et le présent ; peu de repères chronologiques ; phases du passé présentées dans le désordre. On suit le fil, désordonné, des pensées et rêveries du narrateur. Il faut arriver au bout de la lecture pour être capable de reconstruire et comprendre la courte histoire qui relie Jean et Dannie.

Evidemment, c'est particulièrement bien écrit ; donc pas de lassitude de lecture. Et comme le roman est très court, on en vient à bout rapidement, en ayant gardé en mémoire tous les éléments permettant de revivre dans le bon ordre les quelques mois de la relation des deux principaux personnages.

C'est le premier Modiano que je lis - nul n'est parfait ! Je comprends tout à fait que l'auteur ait été primé à de nombreuses reprises. Mais c'est une forme d'écriture et de narration qui m'ont beaucoup étonné, qui ne laissent pas indifférent.
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Ce roman est une aquarelle, qui se dessine à petites touches, rectifiées au fur et à mesure qu'avance le récit. L'auteur fait ainsi naître peu à peu au fil des lignes une histoire dont la cohérence se manifeste graduellement, à partir des bribes de souvenirs, confrontés à la réalité actuelle. L'intrigue naît d'un petit carnet, noirci de données éclectiques, des noms, des adresses, quelques menus faits, auxquels la mémoire tente de restituer un contexte et une authenticité. Les personnages se construisent ainsi peu à peu, mouvants, et ballotés au gré des réminiscences, inquiétants, car complexes et nimbés d'un voile d'oubli et du manque de clairvoyance du narrateur qui les a cotoyés

Les temps se mêlent, entre un passé des années 60 et un aujourd'hui qui se découvre à l'aune des réflexions introspectives.

Sous une apparente désinvolture, l'écriture cache un travail en profondeur, seule garant d'un ensemble harmonieux pour le lecteur lorsque se tourne la dernière page.

Premier contact avec cet univers, qui me donne l'envie d'en poursuivre l'exploration

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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critiques presse (5)
Lexpress
04 juillet 2014
Au flou des personnages répond la précision des lieux. Le piéton de Paris fait des miracles, le sondeur des âmes, des prouesses. Et l'on referme ce livre au délicieux parfum.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaPresse
21 janvier 2013
L'écriture de Modiano est unique, enveloppante, voire envoûtante. Si vous n'avez jamais lu un de ses romans, ce sera une belle découverte. Quant aux amateurs de l'auteur, ils seront ravis de replonger dans son univers.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeSoir
09 octobre 2012
Les enquêtes de Modiano sont destinées à nous égarer plus qu’à nous éclairer. L’herbe des nuits ressemble bien à ses livres précédents où une démarche peu assurée conduit avec beaucoup de réticences vers la résolution d’une énigme dont on n’a, au fond, pas plus envie que le narrateur de connaître tous les ressorts.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaLibreBelgique
09 octobre 2012
Dans cette recherche d’on ne sait trop quoi, menée sans solution à chacun de ses romans, [l'auteur] nous renvoie à nos quêtes personnelles parmi les chaos et dérives de la vie ainsi qu’aux interrogations sans réponse satisfaisante qui ne cessent de nous hanter.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
26 septembre 2012
Quête immatérielle et inlassable, éternellement recommencée — car à l'évidence le nouveau roman de Patrick Modiano prend place comme un chapitre supplémentaire, ou une nouvelle variation, dans cet admirable poème dont il a entrepris la composition il y a plus de quarante ans.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (89) Voir plus Ajouter une citation
Pourtant je n’ai pas rêvé. Je me surprends quelquefois à dire cette phrase dans la rue, comme si j’entendais la voix d’un autre. Une voix blanche. Des noms me reviennent à l’esprit, certains visages, certains détails. Plus personne avec qui en parler. Il doit bien se trouver deux ou trois témoins encore vivants. Mais ils ont sans doute tout oublié. Et puis, on finit par se demander s’il y a eu vraiment des témoins.

Non, je n’ai pas rêvé. La preuve, c’est qu’il me reste un carnet noir rempli de notes. Dans ce brouillard, j’ai besoin de mots précis et je consulte le dictionnaire. Note : Courte indication que l’on écrit pour se rappeler quelque chose. Sur les pages du carnet se succèdent des noms, des numéros de téléphone, des dates de rendez-vous, et aussi des textes courts qui ont peut-être quelque chose à voir avec la littérature. Mais dans quelle catégorie les classer ? journal intime ? Fragments de mémoire ? Et aussi des centaines de petites annonces recopiées et qui figuraient dans des journaux. Chiens perdus. Appartements meublés. Demandes et offres d’emploi. Voyantes.
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Depuis que j'écris ces pages, je me dis qu'il y a un moyen, justement, de lutter contre l'oubli. C'est d'aller dans certaines zones de Paris où vous n'êtes pas retourné depuis trente, quarante ans et d'y rester un après-midi, comme si vous faisiez le guet. Peut-être celles et ceux dont vous vous demandez ce qu'ils sont devenus surgiront au coin d'une rue, ou dans l'allée d'un parc, ou sortiront de l'un des immeubles qui bordent ces impasses désertes que l'on nomme "square" ou "villa". Ils vivent de leur vie secrète, et cela n'est possible pour eux que dans des endroits silencieux, loin du centre.
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On dirait que les lampes se sont usées avec le temps. Mais quelquefois un déclic se produit. Hier, j'étais seul dans la rue et un voile se déchirait. Plus de passé, plus de présent, un temps immobile. Tout avait retrouvé sa vraie lumière.
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C'était une manie de vouloir connaître tout ce qui avait occupé, au fil du temps et par couches successives, tel endroit de Paris. Cette fois-ci, il me semblait respirer l'odeur écoeurante des peaux et des cuirs verts. Le titre d'un documentaire que j'avais vu trop jeune et qui m'avait marqué pour la vie me revenait à la mémoire : "Le sang des bêtes". On tuait les animaux à Vaugirard, à la Villette, et on ramenait leurs peaux jusqu'ici pour en faire le commerce. Des milliers et des milliers d'animaux anonymes. Et de tout cela il ne restait qu'un terrain vague, et pour très peu de temps encore, les noms de quelques charognards et assassins sur des murs à moitié écroulés. Et je les avais notés ce soir-là dans mon carnet. A quoi bon ? J'aurais plutôt aimé savoir les noms des cent filles de l'hôpital qui s'étendait sur ce terrain bien avant la halle aux cuirs.
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Il m'aura fallu presque une vie entière pour revenir à mon point de départ.
Pourtant je n'ai pas rêvé . ...Sur les pages du carnet se succèdent des noms, des numéros de téléphone, des dates de rendez-vous, et aussi des textes courts qui ont peut-être quelque chose à voir avec la littérature. Mais dans quelle catégorie les placer? journal intime? fragments de mémoire?
Bien sûr de nombreux signaux se sont brouillés, et vous avez beau tendre l'oreille, ils se perdent pour toujours. Mais quelques noms se détachent avec netteté dans le silence et sur la page blanche...Dannie, Paul Chastagnier, Aghamouri, Duwelz, Gérard Marciano, "Georges", l'Unic Hôtel, rue du Montparnasse. Si je me souviens bien, j'étais toujours sur le qui-vive dans ce quartier.
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Vidéo de Patrick Modiano
Avec son dernier roman "La Danseuse", Patrick Modiano parvient-il à nous emporter ? Et que penser de "L'Hôtel des oiseaux" de Joyce Maynard, autrice abonnée aux best-sellers du New York Times, et dont le roman se retrouve au coeur de polémiques sur l'appropriation culturelle aux Etats-Unis ?
Géraldine Mosna-Savpye et Nicolas Herbeaux en parlent avec nos critiques, Elise Lépine, journaliste littéraire au Point, et Virginie Bloch-Lainé, productrice à France Culture.
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Vignette : Maryna Terletska/Getty Images _____________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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