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3,67

sur 298 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une lecture qui nous fait tournebouler la tête, c'est comme si nous étions sur un manège et qu'on voit défiler le passé, le présent, Paris, la Suisse, les rues de Paris d 'antan et les nouvelles. C'est étrange et peu déranger les lecteurs, mais il faut se mettre en condition il me semble pour apprécier ce genre de lecture. Je retiens ce passage : "Des souvenirs en forme de nuages flottants. Ils glissaient les uns après les autres quand Bosmans était allongé sur son divan, au début d'après-midi, un divan qui lui faisait penser à celui jadis, du bureau de Lucien Hornbacher. Il fixait le plafond, comme s'il était étendu sur l'herbe d'une prairie et qu'il regardait s'enfuir les nuages."
Voilà ce livre me fait cet effet, se laisser porter par la valse des nuages dans le ciel, allongée dans l'herbe, insouciante , s'amuser à deviner ces drôles de forme que peuvent nous offrir les nuages emportés par le vent, par le temps qui file, doucement vers un lendemain. Peut-on les retenir ? Non ! Peut-on revenir en arrière ? Non ! Alors on essaie tant bien que mal de se souvenir du passé, mais est-il fidèle à notre mémoire ? Une fois encore Non ! On dessine les ébauches de souvenir ici et là qui traînent dans notre cerveau, au mieux on fait comme Jean, on les note et on tente de les affiner, les ajuster.
Voilà c'est l'histoire d'un horizon qui se dessine plus ou moins juste, cette ligne incertaine entre présent et passé. L'horizon, ce mot étrange, était vraiment concret cet horizon ? J'en doute, il est là certes, mais où exactement entre deux plans qui s'éloignent toujours sans qu'on parvienne jamais à les atteindre.

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Lire un roman de Patrick Modiano, c'est comme s'installer dans un bon vieux fauteuil à l'écart de tous les tracas de la vie quotidienne ou reprendre entre amis une discussion jamais terminée: on sait qu'on va passer un bon moment, sans grande surprise, mais jamais monotone. L'Horizon ne déroge pas à la règle:, on retrouve un univers familier: Paris des années 1970, une mélancolie agrémentée de nostalgie, une lutte perpétuelle contre le temps et l'oubli, une certaine fascination pour ce qui aurait pu advenir et ne s'est pas réalisé. Avec tous ces ingrédients habituels qui feraient reconnaître Modiano entre tous les écrivains, l'auteur parvient quand même à nous intéresser et parfois à nous surprendre à l'intérieur de ce cadre psychologique quasi immuable, cette voix littéraire.
Bosmans, le personnage principal essaie de faire revivre son amie de jeunesse Margaret le Coz grâce à des souvenirs à la fois désordonnés, décousus, imprécis, ce qui crée un tissu narratif volontairement très fragile, toujours au bord de la rupture. Bosmans apparaît autant qu'on puisse en juger comme une sorte de velléitaire, maladroit et vaguement désespéré, peut-être à l'image du narrateur sans que l'on puisse parler de roman autobiographique.
Par rapport à l'ensemble de l'oeuvre de Modiano, l'originalité de L'Horizon provient de la fin du roman où l'on peut peut-être percevoir une sorte d'espoir ou plutôt de chemin vers un espoir possible. L'auteur nous laisse le soin de répondre à la question: Bosmans va-t-il rester le velléitaire qu'il fut pendant toute sa vie?
On aurait presque envie de se poser une autre question: Modiano, dans ses romans, n'est-il pas un reflet de notre civilisation occidentale, très vieille dans sa culture et dans sa tête et qui n'arrive plus tellement à se projeter dans un futur même proche et préfère souvent se contempler dans le miroir des vestiges superbes, mais en ruines, du passé? Modiano semble davantage à l'image du déclin omniprésent dans ses livres plutôt que de jouer le rôle d'éveilleur d'une société repue et satisfaite.
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Une boutique. Enseigne usée. Presque effacée : ..^. . porte.. 3 mots à l'origine. J'entre mais sans entrain. A reculons. Peu de marchandise. Aucune en fait. Un vieil homme bouge. Au fond. Il a la couleur des murs. Je ne l'avais pas vu. Lui si. Il remue ses lèvres. Des mots en sortent. Inintelligibles. Il me prend par la manche. Me tire doucement. Un recoin. Un rideau qu'il tire sur la gauche dans un bruit de tringles. de sa main droite il m'invite à entrer. Je tente de refuser. Il met le doigt devant sa bouche.
- "Chuuut".

20 minutes ont passé. Ou 1h. C'était hier...ou il y a 6 ans. Il faisait un temps infini. Lointain et proche. Ensoleillé de pluie. Je sors de cette échoppe. Je porte un costume. Acheté je pense. Donné ? Pas de vol j'espère. La coupe est large. Je flotte dedans.

-"C'est un Modiano." m'a-t-il murmuré.
- "Un charme est cousu dans sa poche intérieure. Quand on le revêt... vous verrez. Ou vous croirez voir".

Vidi. La rue démarre et la bascule immédiate dans le modianesque. Un présent étiolé. Poursuivi par un passé tenace. Bien qu'incertain cependant. L' équivoque contamine tout. Les personnages, leurs parcours, les paysages, jusqu'à la météo. Une vague à lame, un broyeur de papiers géant qui met en pièces.

Et quelquefois, des détails très précis. Ciselés. Des noms de rues, des adresses, des inscriptions diverses, des enseignes, des écriteaux. L'écriture triviale, quotidienne, informative, qui relocalise, tente de donner une pesanteur à ces silhouettes évanescentes.

Modiano c'est donc avant tout une matière. Plutôt un tissu. Fragile. Ambigu. Il comporte des trous, souvent ajouré. Puis au milieu ; au beau milieu, la trame très fine et serrée ressurgit. Epaisse et unie. Mais moire.

Tout parle dans cette flânerie. Parfois pour ne rien dire. Comme nos souvenirs. Ces bribes qui parfois nous appellent. Nous convoquent. Nous égarent. Fixant des rendez-vous sans dévoiler le qui et le où.

Ces morceaux, ces brisures, se juxtaposent à notre quotidien et le font sursauter. Tressaillir.

Patrick Modiano nous tresse des chaussons de lisières. Car nous sommes toujours au bord. le fantastique gratte aux portes. Prêt à surgir. Et le récit s'écoule sans que l'on s'en rende vraiment compte. Fluide et compliqué.

Une brume dans laquelle vont surgir des visages. Des faux toréros, des prêtres défroqués, de vieilles alpinistes allemandes, des hommes inquiétants aux activités imprécises.

Une ribambelle.

Ils s'avancent vers nous. Puis s'évanouissent. Où vont-ils ? Existe-t-il un lieu ? Un abri où vivent ensemble tous ceux et celles ayant croisé notre chemin ? Éclairés un instant par les phares de nos vies avant de s'éloigner et de disparaître dans la nuit des temps ? Peut-on y accéder ?

Bien sûr.

C'est d'une facilité déconcertante.

C'est du Modiano.
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Lire un Modiano, c'est entrer dans un univers.
Toujours le même, jamais le même.

Un homme écrit son journal.
Des noms se profilent, des lieux apparaissent, des chemins se parcourent, une femme l'accompagne, une espèce de double qui se dédouble, des destins abîmés.

Paris, un ancien Paris, des endroits disparus, d'autres qui portent les stigmates du souvenir.
Puis Berlin, un voyage différent mais tout aussi porteur de ce qui construit l'être qui parcourt la recherche d'un temps révolu.

La magie de Modiano opère.
Du fugitif, des silhouettes, des lisières, un horizon brumeux.
Patrick Modiano nous emmène dans les déambulations d'êtres blessés, d'êtres machiavéliques (la mère) et d'images surgies incomplètes d'un passé relu dans un carnet moleskine refermé sur des écrits qui ont figé le Temps.

L'étrangeté broie et coule douloureusement au fil des pages.
Lire un Modiano, c'est entrer dans un univers, le sien qui dessine en nous ses tentacules jusqu'à la dernière ligne.
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La vie, comme un ligne à l'horizon, comme ces bribes de souvenirs que nous portons en nous et qui nous reviennent quarante ans plus tard alors que nous marchons sur nos proches pas. Tel est le propos du plus récent roman de Patrick Modiano. Un roman sur la mémoire où un Paris loin des grands boulevards se déploie, où entrent en scène personnages glauques, troublants, comme on en trouve dans les cinéma noir des années 40. Personnages fugitifs dont il reste un prénom, une adresse, une impression mais qui ont disparu, emportant avec eux des secrets dont le narrateur ne détiendra jamais la clé.

Un roman tout à fait modianesque, comme je les aime, avec cette impression qu'on touche toujours à l'essentiel, mais en l'effleurant, parce que l'essentiel est ailleurs, dans ce qui est tu. Comme l'horizon dont la ligne bouge sans cesse et que nos mains n'atteindront jamais.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Je viens de terminer le livre de Modiano « l'horizon ». Je ne sais pas si tout le monde est sensible à l'écriture dépouillée et au monde de cet auteur. D'abord un peu réticente devant la fausse fadeur du style, je circule maintenant avec lui dans les couloirs du temps, passé et présent s'y rencontrant, s'y entrecroisant en une trame serrée : cela crée un fondu à la fois terne, doux, terrible et puissant, lancinant et subtil comme la sonate de Vinteuil. Le leitmotiv en est : ce qui a existé une fois ne cesse d'advenir dans un monde bien plus pérenne que le monde réel. Comment effacer ce qui s'est produit une fois, une seule et qui dès lors existera pour la nuit des temps ? Rêves et lieux en garderont la trace mnésique : le souvenir est le palimpseste du passé maintes fois réécrit. On pense également à l'éternel retour borgésien.
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Un Modiano récent et sans une trame narrative guerrière : voilà une toute nouvelle aventure littéraire à commencer, qui plus est quand c'est une trouvaille chez quelque personne âgée qui veut faire partager sa bibliothèque et de lui imprimer un sourire sur un visage

Avec quelques références à mes régions voisines et à une pharmacie lausannoise, l'auteur me flagorne quelque peu. L'histoire en tant que telle est assez fumeuse, comme si un brouillard embourbe les différents personnages ; je ne vois pas vers quel horizon veut nous amener Modiano. Finalement, je pense (avec ma fibre littéraire débutante) qu'il faut juste se laisser emporter par les mots, les phrases, sans vraiment s'attendre à un début ni à une fin ; Modiano, c'est un peu comme prendre un train à une gare et descendre à une autre, sans savoir d'où il venait ni où il part, tout en étant content du voyage et du paysage
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L'horizon”, le dernier roman de Patrick Modiano, nous entraîne une nouvelle fois dans les méandres du passé. le personnage principal, Jean Bosmans, se remémore sa jeunesse et plus particulièrement son histoire d'amour avec Margaret le Coz. Bosmans est devenu un écrivain sexagénaire et ses balades dans les rues de Paris lui évoquent les moments passés avec Margaret. Tous deux débutent dans la vie active et sont en dehors de l'agitation de la jeunesse. Ils sont extrêmement discrets et effacés. A raison d'ailleurs, car tous deux se sentent menacés et harcelés par des parents ou un ancien amant. le présent les angoisse mais le futur n'est guère plus rassurant. Avec le recul des années, Jean Bosmans analyse cette période où il avait l'impression de “(…) marcher souvent sur des sables mouvants. “

Comme souvent chez Patrick Modiano, le personnage central est hanté par ses souvenirs. Paris est encore le lieu des réminiscences, chaque rue renvoie à un souvenir, un moment dans l'histoire de Jean et Margaret. Mais Jean va plus loin que la seule évocation des souvenirs, il imagine un monde parallèle où les personnes croisées seraient toujours présentes. Il l'évoque à propos de l'agence de recrutement qu'il fréquentait avec Margaret : “L'agence Stewart existait-elle toujours ? Il pensa aller vérifier sur place. Au cas où l'agence occuperait les mêmes bureaux, il rechercherait dans les archives sa fiche et celle de Margaret avec leurs photos de l'époque. Et peut-être serait-il reçu par le même blond aux petits yeux bleus. Et tout recommencerait comme avant.” Jean regrette de n'avoir pu profiter pleinement des moments passés avec Margaret. Cette bulle du passé renferme également tous les possibles non réalisés, tous les chemins que Jean n'a pas empruntés. Les vies de Jean Bosmans peuvent se multiplier à l'infini et l'entraînent dans une certaine mélancolie.

Mais les souvenirs ne sont pas qu'une source de tristesse. Patrick Modiano nous laisse entrevoir un espoir : “Pour la première fois, il avait dans la tête le mot : avenir, et un autre mot : l'horizon. Ces soirs-là, les rues désertes et silencieuses du quartier étaient des lignes de fuite, qui débouchaient toutes sur l'avenir et l'HORIZON.” le lecteur n'est pas totalement plongé dans la mélancolie, une lueur apparaît dans la vie de Jean Bosmans. Les derniers paragraphes apportent un éclairage nouveau sur le récit qui les a précédés. Jean ne s'apitoie pas sur ses souvenirs, il évoque Margaret le Coz afin de terminer leur histoire au présent. Sur un thème caractéristique de son oeuvre, Patrick Modiano arrive à surprendre son lecteur avec une subtile variation, une ouverture sur l'horizon.

Une nouvelle fois j'ai été séduite par l'univers et l'écriture envoûtante de Patrick Modiano. “L'horizon” est un roman magnifique et je suis fascinée par la capacité de l'auteur à se renouveler avec finesse. La fin du livre est lumineuse et m'a transportée.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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C'est une belle histoire, remplie de nostalgie et d'espoir. le roman est bien écrit. C'est le premier livre que je lis de cet auteur. J'ai eu envie de le découvrir étant donné qu'il a reçu le prix Nobel de littérature.

Pour plus de précisions, vous pouvez lire ma critique sur mon blog :
Lien : http://joyeuxluronsdelacultu..
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Toujours le même style "Modiano" fait de mystère et envoutement. Un plaisir
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