AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bilonico


Ce recueil des romans de P. Modiano est composé de dix titres :

- Villa triste (1975)

Une plongée dans la ville d'Annecy où le narrateur (toujours proche, toujours loin comme dans de nombreux romans de Modiano) nous décrit son amour (toujours excessif, toujours aléatoire) pour une jeune actrice et leurs escapades dans les fêtes, restaurants et autres lieux de la ville et de son lac. le narrateur torturé par un passé elliptique se construit une identité mouvante convenant parfaitement à cette ville de faux semblants. Une écriture sublime, un splendide inachèvement.

- Livret de famille (1977)

Suite de courts chapitres sans lien apparent, Livret de famille nous permet d'apprécier le style limpide de Modiano au travers de ses thèmes de prédilection : la quête d'identité et la filiation, les ambiances urbaines, le rapport au proche et au lointain. Un essai autobiographique sublimé par le style et la référence juste. le lecteur se sent proche de Modiano / du narrateur, tout en restant au bord du chemin d'une vie en pointillés. Plus qu'un roman, un tableau de vies.

- Rue des Boutiques Obscures (1978)

Un homme cherche son passé et son identité dans le Paris de l'après seconde guerre mondiale. Modiano confirme son style inimitable et s'amuse à mélanger éléments autobiographiques et inventions romanesques. L'identité et le temps (destructeur / rédempteur) sont les thèmes centraux de cette oeuvre. Un récit abouti, moins elliptique que les précédents mais tout aussi brillant d'une nostalgie mélancolique et d'un amour des détails de la vie quotidienne, ceux qui nous restent quant on a tout perdu ?

- Remise de peine (1978)

Eclairage sur un épisode de l'enfance de l'auteur, entre réalité et imaginaire. Des parents absents, confiés à des amies, Patrick et son frère se retrouvent dans une maison qui accueille par intermittences des personnages mystérieux au passé trouble et au présent incertain. Des pages sublimes sur l'identité et la mémoire, la construction de l'enfant, l'imaginaire comme arme contre l'oubli.

- Chien de printemps (1993)

Court texte (60 pages) présentant la rencontre de l'auteur / narrateur avec le protographe Jansen, ami et collaborateur de Robert Capa. Ce texte est notamment précieux par la mise en perspective de la photographie et de la littérature dans l'exploitationet la description du silence. L'aveu du projet littéraire de Modiano ?

- Dora Bruder (1997)

Magnifique texte de Modiano qui nous plonge dans l'horreur ordinaire de la situation des familles juives dans le Paris de l'Occupation. Modiano, toujours obsédé par la perte d'identité et la manière dont les êtres se dissolvent dans le monde sans laisser d'indices consistants, se lance dans une enquête sur le destin d'une jeune fille juive de seize ans ayant fugué de son pensionnat. L'auteur, par sa recherche, souhaite la sauver, du moins de l'oubli et de l'indifférence et nous apporte le plus beau témoignage d'une histoire qui s'incarne pour toucher au plus profond de l'âme.

Accident nocturne (2003)

Texte dense revenant sur des évènements vécus par l'auteur / narrateur dans son adolescence et le début de sa vie d'adulte. Quête d'identité face à une enfance floue et angoissante. Construction de soi et toujours ce Paris entre chiens et loups.

Un pedigree (2005)

La clef des romans précédents ? Modiano nous raconte sa vie (romancée ?) de sa naissance et sa majorité (vingt et un ans) : entre des parents absents, des pensionnats ou des tierces personnes l'hébergeant.
Chez Modiano, la précision topographique vient toujours en miroir du flou des personnages, issus d'une mémoire et d'une identité toujours défaillantes.

Dans le café de la jeunesse perdue (2007)

Par rapport aux précédents romans composant ce recueil, l'auteur change certaines logiques narratives tout en gardant une qualité littéraire incomparable. Plusieurs narrateurs nous livrent leur point de vue respectif sur des évènements vécus autour d'un point fixe, un café parisien. Modiano s'exerce également à dégager des concepts (fait relativement nouveau par rapport aux romans d'impressions précédents) : les zones neutres et la matière sombre. Ces concepts peuvent s'appliquer tout autant à certains quartiers de Paris ou à certains moments de vie. Un roman tragique et sublime.

L'horizon (2010)

Modiano, moins autobiographique (pas si sur...) nous livre une histoire où les personnages se débattent avec leur passé, où l'oubli protecteur est une mince armure. La solution : pour éviter d'être submergé par les souvenirs destructeurs, il faut regarder l'horizon. Formule magique un peu vaine par laquelle l'auteur fait une pirouette avec la recherche presque analytique des souvenirs. Eternel retour...les dernières pages le suggèrent.
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}